Note du Soilchroniqueur (Willhelm von Graffenberg) : 7.5/10

Salut-cifer, ici-mériès… C’est sur ce calembour foireux que débutera la chronique de Tandis que les parjures se meurent par Ave Tenebrae.

Comme on peut aisément s’en douter, le groupe du Val d’Oise, formé en 1998, disparu en 2000 et reparu en 2008, propose un deuxième album – après Les chants de Mnemosyne en 2013 – qui fait dans le Black Metal old school, typé Scandinavie, avec une arrière trame de Death et Dark, ceci dès le titre d’ouverture « A travers la prairie d’aspholèles » (avec une faute de frappe sur la back cover > asphoDèles). Noir, c’est noir, on le sait, mais n’y a-t-il plus d’espoir, autre que de réentendre des poncifs ? Oui et non, d’une part parce que leur logo est lisible, donc pas assez TRVE, d’autre part dans le sens où la musique proposée est dans ces carcans mais en sort en évitant d’être monotone, par des jeux harmoniques dissonants aux guitares, épaulés par une basse qui claque, ne se cantonnant pas aux deux mêmes accords mineurs enchainés ; la mélodie et les harmonies vient y prendre leur part, se permettant même une introduction digne d’un prélude et fugue de Bach/Buxtehude dans « Quand notre monde a perdu son éclat » ou une citation bien cachée du Confutatis de Mozart dans « Elagabalium » (en référence à l’empereur romain), et les passages en son clair assez fréquents permettent de ne pas ressentir de lassitude, tels le pont central de « La gloire des avatars déchus », éthéré et majestueux dans ses arpèges, ou celui jazzy et fugué aux guitares acoustiques de « La table d’émeraude ». On ajoute la présence d’un batteur de session, émanant de Nightcreepers, qui fait également bien sa part dans la dureté du maelstrom mais aussi la souplesse du vortex rythmique. Point positif pour la musique donc !

Comme vous pouvez vous en douter également, les paroles sont en français, enfin vomies en français et c’est aussi là qu’est mon problème : je sais que peu se soucient de comprendre les paroles – voire même la majorité s’en foutent – mais je trouve toujours dommage dans des morceaux de type chanson de se casser la tête à pondre des textes, tout ésotériques soient-ils, qui se veulent un peu chiadés, pour n’en comprendre goutte… Seuls quelques instants lors des parties en son clair me permettent d’y déceler des bribes de mots (« lacère de ses rayons (…) les entrailles », « Jupiter réduit en esclavage », etc.), ce qui m’a permis de savoir assurément qu’ils étaient en français. Ce défaut majeur des groupes français (mais pas qu’eux) est de miser sur le son avant l’intelligibilité, ce qui est loin d’être impossible puisque, quitte à passer pour un vieux con qui radote, des textes de SAS de L’Argilière dans Misanthrope sont largement compréhensibles et rajoutent du cachet aux morceaux. [Aparté : on retrouve par moments de l’écriture de Misanthrope dans la composition]. Point négatif pour les paroles donc !

Comme vous pouvez enfin vous en douter, si j’ai beaucoup apprécié cet album, que j’ai trouvé bon et intéressant du point de vue de la composition, sa diversité et sa nécessité d’attention quasi perpétuelle… bref, sa grande qualité, je reste mitigé sur le point de l’équilibre entre paroles et musique : un effort est à faire soit sur le mix, soit sur l’articulation.

A écouter en pensant que si dragasum fait danser les nanas sur son rythme, Mephisto fait les paroles, en se rappelant que c’est lui qui a créé les mots pour mieux mentir. Ave !

Tracklist:

1. A travers la prairie d’asphodèles (7:44)
2. Elagabalium (6:47)
3. La tristesse du bien divin (7:26)
4. Quand notre monde a perdu son éclat (5:27)
5. La gloire des avatars déchus (7:32)
6. La table d’émeraude (5:03)
7. Tandis que les parjures se meurent (7:30)

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