Note du SoilChroniqueur (Quantum) : 9/10

Il est toujours plaisant de voir des groupes français émerger, renouveler un peu les rangs et donner une bouffée d’oxygène à notre scène parfois vieillissante et assombrie par les illustres groupes. C’est probablement chauvin ce que je vais dire, mais cela fait toujours quelque chose d’avoir entre les mains un CD français. Les attentes sont plus grandes et c’est normal. N’y voyez pas que les groupes français encourent un risque supplémentaire, loin s’en faut ! Mais le résultat dépend souvent de la hauteur avec laquelle on trépigne de se plonger dans ce CD qui, qui sait, laissera les prémices d’un futur grand groupe. Bon, je m’égare en sentimentalisme, on va passer aux choses sérieuses (clin d’œil au groupe).

Bad tripes est un groupe de Marseille qui propose un savant mélange de Shock Rock et de Metal. La thématique principal de leur troisième album, Les contes de la tripe, est le monde de l’horreur, des contes et du gore. L’originalité première est, en effet, de parler de gore sans tomber dans le piège facile du grindcore. Sont associés, à tort, grindcore et gore pour des raisons esthétiques, de cohérence. Or, le premier bon point de Bad tripes est d’arriver à parler de gore sans distiller une épaisse bouillie musicale de brutalité. La musique est dansante, entrainante et, quelques fois, avec un soupçon de brutalité selon les besoins. On devine assez aisément que la subtilité du Shock Rock étant le spectacle, la mise en scène dans un espèce de théâtralisme, la musique des marseillais amène en live une mise en scène un peu, si j’ose dire, à la Lordi avec costumes, saynètes et maquillages. La pochette est d’ailleurs dans la veine de certains posters des films de Rob Zombie : les films d’horreur gore, les comédies noires mais avec une imagerie qui rappelle les années 50. Cet univers n’est pas pour me déplaire ! J’en apprécie de surcroit l’originalité, et l’écoute me promet une belle surprise !

Effectivement, on peut dire que l’ambiance est résolument dans l’horreur, avec ce côté un peu vieillot qui a son charme. Cela commence par une introduction digne de certaines musiques des films d’Hitchcock. Puis viennent les compositions, aussi variées les unes que les autres notamment dans les sujets racontés dans les textes. Le moins qu’on puisse accorder à Bad tripes est la qualité de son travail de composition. Les morceaux sont d’un mastering impeccable et sont TOUS très bien ficelés. Il n’y a pas un morceau qui se veut plus travaillé que les autres ! C’est un plaisir d’écouter l’album car, non contents d’être accrocheuse, chaque musique est comme une histoire qui fait bouillonner notre imaginaire : on se croirait presque revenus à l’époque où nos mères lisaient des contes pour nous endormir, à ceci près que ces contes-là sont terrifiants et qu’on ne les conseillerait pas aux petits enfants. En tout cas, pour les grands enfants tels que moi, si!
Les morceaux ne sont ni trop agressifs, ni trop langoureux : il y a une alternance de riffs qui sont posés selon les besoins des morceaux. On a l’impression que les couplets et refrains sont composés de telle manière que les textes et riffs se marient parfaitement. Il n’y a, en effet, pas cette incohérence que l’on trouve sur beaucoup de compositions, en particulier quand le sujet des textes ne colle pas avec l’ambiance de la musique ; là, aucune place à la fausse note que ce soit dans les instruments – d’ailleurs j’ai appris qu’il n’y avait qu’une guitare, cela ne se ressent absolument pas dans les morceaux – et les écrits. Tout correspond en tout point, laissant place à une écoute entrainante et rythmée qui, ma foi, est excellente ! Attention, de fait, à ne pas lâcher le volant quand vous écoutez l’album parce que c’est hyper tentant !

Mais le point le plus positif que je tienne à mettre en avant, surtout en tant que chanteur, c’est le chant. Autant je ne suis pas un fanatique des voix féminines car, selon moi, beaucoup trop « identiques » les unes envers les autres (mais ce n’est que mon avis), autant je ne manquerai pour rien au monde de faire bonne presse au chant de Hikiko ! Il brille par son originalité, son étendue vocale allant du chant clair au scream qui sonne un peu punk, et surtout, SURTOUT, son talent pour parler de stupre et de gore avec une voix parfois sensuelle et ensorcelante. Je ne peux m’empêcher de penser au film La maison des mille morts de Rob Zombie et le rôle joué par Sheri Moon, à la fois sexy et diabolique. C’est assez rare chez moi pour être souligné mais je suis tout bonnement et simplement charmé, envouté par ce chant tantôt nasillard, tantôt charmeur. Comme une agressivité sensuelle… Ce sont quarante-cinq minutes de grand cinéma, si je puis dire !

Je terminerai mon propos en disant que ce disque est une véritable révélation ! Un vrai bonheur auditif, avec cette touche particulière qui donne non seulement envie de le réécouter encore et encore, comme un film qu’on adore et qu’on connait par cœur, mais aussi d’aller voir nos fiers maitres frenchies de l’horreur en concert et d’apprécier tout le spectacle que promet chaque chanson de l’album Les contes de la tripe. Mention encore toute spéciale au chant de Hikiko : bravo à toi et il me tarde de te rencontrer pour te féliciter, t’admirer sur scène, me faire hypnotiser par ta voix si traitresse… Une merveille ! A acheter de toute urgence ! (D’ailleurs, je m’en vais de ce pas acquérir les deux anciens albums )

Tracklist :

1. Moteur, Action ! (02:05)
2. Fuck Me Freddy (02:51)
3. Hansel (03:15)
4. Elizabeth (04:40)
5. Baby Porn (03:33)
6. L’ogre de Barbarie (05:10)
7. Car nous sommes nombreux (04:43)
8. La bouchère de Hanovre (04:12)
9. Dame Eléphant (03:37)
10. Gretel (02:55)
11. Les Rendez-Vous de la Bête (03:32)
12. Sombre Pigalle (04:41)

Site officiel : http://www.badtripes.fr/
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