Note du Soilchroniqueur (Bodom):
6 / 10

Et si les insectes, nos si charmants et rampants amis s’adonnaient en cachette à l’écoute de notre musique favorite, quelles pourraient être les accointances de chacun ? Une étude, certes simple (et complètement inutile) basée sur le comportement et les attitudes des-dîtes bestioles permettrait d’établir un parallèle amusant avec leur style de prédilection. Assurément, les papillons se poseraient en progueux avertis, tandis que les mantes religieuses lorgneraient sans doute plus vers le grind (et vas-y que je te bouffe la tête en pleine partie de baise), les scarabées vers le doom, les sauterelles vers le speed, etc. Et les fourmis alors, me demanderez-vous ? Et bien, ce serait au rythme du heavy-metal, que nos petites ouvrières s’affaireraient à la tâche.

Mais passons outre ces considérations ento-mélomanes, il serait plutôt temps de se pencher un peu sur ce « Walkyria« , seconde démo des lyonnais de Bel O Kan (clin d’œil, vous l’aurez compris à l’œuvre de Bernard Werber).

A peine avons-nous pénétré les tréfonds obscures de cette fourmilière (d’idées), que nous voilà directement mis dans le bain par un ‘The spell’ heavy-metal et accrocheur à souhait. La magie opère rapidement, nous avons à faire ici à un heavy de bonne facture, assez old-school, directement influencé par les débuts d’Iron Maiden/Helloween (en moins thrash) pour l’assise rythmique aussi bien qu’After Forever ou encore Kamelot pour d’autres influences discernables çà et là.

La mère pondeuse partie, ce sont les douces mélopées de la jeune et nouvelle reine qui viennent nous accueillir, et qui, malgré un manque de puissance par moment, font déjà preuve d’un entrain communicatif. En effet, tandis que celle-ci pousse la chansonnette, les masses laborieuses ne restent pas inactives, s’affairant à ériger les structures de ce futur empire en devenir. Aucun temps mort : tagada tagada, ça galope dans les couloirs, à un rythme soutenu, pendant que les soldats affûtent leurs armes, se livrant à quelques duels et prouvant par là même leur valeur.

Tout le monde travaille de concert et d’arrache pied pour ces six titres (dont une interlude) convaincants et homogènes. Petites nuances et escapades vers d’autres terrains pour certains d’entre eux comme ce ‘Dark & light’, plus dramatique et épique, ou au contraire ce ‘Ten thousand milliard’ assez enjoué et rapide, flirtant avec le speed sur son intro. Pas de gros reproche à faire pour ce disque ne serait-ce peut-être, que de développer les arrangements sur les couplets trop souvent centrés sur un duo batterie/basse (sans oublier le chant), avec de courts accords guitaristiques plaqués dessus. Le mixe assez clair, est de bonne qualité avec un petit côté vintage plaisant mais peut-être un tantinet trop prononcé au détriment de la puissance. Un choix, qui au final ne nuit absolument pas à l’écoute de ce « Walkyria« .

Quoi qu’il en soit, voici donc une démo honnête, sans gros défaut du moment que l’on apprécie le style, mais avec quelques petits points à prendre en compte afin d’enfoncer le clou, pour la suite des évènements.

En aparté de cette chronique (cette démo datant de deux ans tout de même), il me parait judicieux de terminer par un petit commentaire sur le présent du groupe. Des œufs ont éclos, des larves ont grandi et même si le fond reste le même, la forme a tout de même subi un beau lifting, s’agrémentant désormais d’un claviériste et d’une choriste (outre un changement de guitariste), prenant ainsi une petite tournure plus sympho pas déplaisante du tout … tout en restant foncièrement heavy.

Bodom