Line-up sur cet Album


  • Aleevok : tous les instruments, chant

Style:

Black Metal Atmosphérique / Pagan

Date de sortie:

24 janvier 2020 (CD) / 26 février 2021 (Vinyle et K7)

Label:

Northern Silence Productions

Note du SoilChroniqueur (Quantum) : 9.75/10

Nulle montagne sans vallée.” Proverbe français

Cette chronique, c’est l’histoire d’un miracle que l’on attendait plus. Mais d’abord, attachons-nous, si vous le voulez bien, à la notion de « miracle ». Selon Wikipedia, cette incroyable puissance encyclopédienne, « Un miracle désigne un fait extraordinaire, dépourvu d’explication scientifique, qui est alors vu comme surnaturel et attribué à une puissance divine. Il est accompli soit directement, soit par l’intermédiaire d’un serviteur de cette divinité. Il s’agit là d’une notion religieuse non reconnue par la science, pour laquelle le concept de phénomène inexplicable (généralement associé aux miracles) n’existe pas. La science ne connaît que des phénomènes inexpliqués, c’est-à-dire non encore élucidés en l’état actuel du savoir. » Il est fort à parier que nous n’avons pas le même sens profond de cette notion. Pour moi, un miracle s’apparente à l’adaptation sans accroc de l’intelligence dans le cerveau primitif de Mythoman. Si tu nous lis, on t’embrasse! Non plus sérieusement, je parle de miracle parce que nous avons tous des coups de cœur, plusieurs dans une même année quand on est un tant soit peu curieux, et il est rare de proposer spontanément une chronique sur un coup de cœur, d’abord par risque de biaiser un avis objectif, et ensuite parce que l’analyse est souvent surpassé par l’émotion que procure ce coup de cœur. Aussi, lorsque la perspective de faire la chronique du premier album du one-man band Belore, j’ai hésité. Puis, finalement j’ai foncé parce qu’incontestablement, il mérite une vitrine.

Alors, qui est aux commandes de ce groupe au nom sonnant et trébuchant? Il s’agit ni plus ni moins que le bassiste concert de Darkenhöld, groupe que dans le milieu black metal français on ne présente plus je crois. Aleevok a donc décidé de se lancer dans un projet solo autour de thématiques communes, soit le médiéval et son aspect épico-légendaire. Mais il est bon de rappeler que le bien nommé Aleevok n’a pas connu que Darkenhöld. Il a également officié dans les groupes Continuum (metal progressif), DXS (metal industriel), et Hamka qui est un groupe ayant la particularité de mélanger du power metal symphonique avec des éléments ethniques et qu’à titre personnel, je recommande chaudement. Tous ces groupes gravitent autour de Nice et Antibes, tandis que le lieu de résidence principale de notre intéressé musicien est Marseille. Un musicien au parcours riche, qui n’a pas à rougir de son curriculum vitae et qui promettait donc mille merveilles avec son premier album, sous l’étendard de Belore, intitulé Journey Through Mountains and Valleys . Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les promesses sont largement tenues.

A commencer par le choix de pochette. Avant de me lancer dans cette chronique, autant vous prévenir tout de suite : j’ai acheté le CD en prévente, et dès réception je suis littéralement tombé amoureux de la pochette. Je serais incapable de dire si les paysages que l’on voit sont réels, mais à l’intérieur il est stipulé qu’ils sont photographiés. En tout cas, j’adore surtout cette nuance de bleu et ce décor nuageux, avec cette montagne enneigée au loin et cette vallée rocheuse de près. Il y a quelque chose d’agréable, de vertigineux dans ce paysage. On ne peut pas dire d’ailleurs qu’il y a une dimension paganique franche dans le sens où les dernières sorties dans cette mouvance-ci font la part belle aux symboles ésotériques, ou tout simplement à des représentations médiévales. Ici, Belore fait une sorte d’éloge profonde, presqu’intimiste et philosophique, à la Nature, et cette référence me fait un bien fou au moral. Si tel est le cas, je ne peux que partager cette démarche et me sentir concerné de près, ce qui est un excellent avantage pour Aleevok. Cela peut vous sembler insignifiant, mais en ce qui me concerne, ce choix d’artwork est déterminant pour la suite de ma chronique et a été le premier facteur déclenchant mon achat. Comme quoi, quand on vous bassine avec nos théories scabreuses sur l’intérêt majeur des artworks, ce n’est pas pour rien. En tout état de cause, celui-ci est magnifique et me plaît énormément.

Et que dire de la musique… Je me souviens de mon premier contact avec Belore, il s’agissait du morceau The Return of the Fallen Heroes qui était publié en avant-première. Et j’ai eu un énorme coup de foudre musical pour ce morceau qui mélange habilement nostalgie et majestuosité. C’est donc cette simple première écoute de ce premier morceau qui m’a décidé à acheter l’album, et je m’étais de fait réservé la surprise des autres morceaux comme je fais à chaque fois. Donc! Vous qui découvrirez l’album, vous saurez que la musique scintille entre un black metal pagan et des intrusions atmosphériques importantes que l’on distingue dans l’utilisation des claviers et les parties black metal rarement agressives, plus aériennes. Cet album fonctionne tout du long comme un amphotère : on a d’un côté une base musicale froide et incisive (l’acide) et la partie plus médiévalo-paganique avec des parties épiques et atmosphériques (basique). Je trouve que parvenir à mélanger ces deux genres assez antithétiques relève dans le cas de Journey Through Mountains and Valleys du génie artistique. Autant je ne doutais pas du talent d’Aleevok pour avoir écouté ces différents projets musicaux, autant le voir faire cavalier seul avec autant d’aisance me laisse pantois d’admiration. Bref, cette première écoute dans le cas de la chronique – puisque j’ai depuis longtemps poncé cet album de long en large – m’apporte encore une fois son lot de satisfaction ultime. J’adore profondément la musique de Belore et tout le reste qui en découlera.

La vraie subtilité provient du son. Alors, je pense que notre ami a voulu faire la part belle aux parties atmosphériques et rythmiques plus qu’aux guitares et basse puisque le son est largement dominé par les nappes de claviers et les quelques parties plus folk. D’ailleurs, loin de dénaturer l’aspect metal de la musique, d’avoir mis en avant de cette manière-ci les accords aux claviers donne une dimension encore plus puissante et solennelle que ne l’aurait fait les ensembles cordes frottées. En tout cas, les parties guitares sont en retrait et ce n’est pas plus mal. La seule petite déception, minime au vu du reste, sera pour cette batterie programmée mal réglée qui a tendance à enlever dans certaines pistes l’importance pourtant primordiale que l’on doit donner aux percussions dans ce type de musique. Mais bon, c’est un détail au vu du résultat. Un son qui pourrait surprendre quelques personnes pointilleuses et, si j’ose dire, « conservatrices » dans la recherche d’un son moderne, mais qui plaira d’une part aux personnes qui aiment les sons plus sales du black metal, et d’autre part les personnes qui trouveront que l’importance n’est pas la qualité, mais l’intention artistique, et que dans le cas de Belore, l’intention est là, transpirante de passion, et que l’autoproduction remplit son rôle à merveille, sans fausse note. Un son spécial mais redoutablement efficace!

Les compositions tiennent en un mot : prodigieuses. Vraiment prodigieuses (ce qui fait deux!). Je crois bien qu’en l’espace de huit morceaux, la messe est dite. Cet album brille totalement par le talent et l’immense boulot qui a été fait de la part d’Aleevok pour accoucher de ces morceaux bien construits, intelligemment distillé comme je stipulais plus haut en parlant de la première écoute. L’avantage est qu’il ne faut pas tourner autour du pot cent sept années pour se rendre compte que les compositions sont belles, poétiques et majestueuses. J’apprécie surtout l’alternance de parties plus metal et de moments plus calmes, faisant la part belle à des instrumentations en clean, des chœurs qui sont magnifiques en chant clair. Mais le plus beau reste que les morceaux varient comme il faut, sans trop en faire ni pas du tout, rendant l’écoute facile, accessible malgré ce son particulier qui risque de décourager certains d’entre vous, et qui réveillent sincèrement les guerriers qui sommeillent en nous. Je considère, pour revenir à ce morceau particulièrement puisque c’est celui qui m’a instantanément fait aimer Belore, que The Return of the Fallen Heroes est une vraie hymne. Sérieusement. Bon, je vous avais prévenu, je serai difficilement objectif! Mais franchement, vous n’avez qu’à constater par vous-mêmes, et si vous me rejoignez dans ce que je dis d’élogieux sur le travail de composition et le Talent avec un grand T de la part d’Aleevok, vous comprendrez comme moi que c’est impossible de rester froid et distant. La musique prend aux tripes, normal que l’on s’extasie.

Le chant est quant à lui, et en toute sincérité, sûrement pas le point fort de notre camarade païen, mais il reste malgré tout abordable et plutôt en accord avec la musique. Les screams ne sont pas high tout d’abord, ce qui pourrait là aussi faire tiquer les amateurs de black metal bien true, je dirais presque que l’on se rapproche de la technique vocale d’un growl aigu plus que de scream en voix de tête. Et l’autre point qui est bon de rappeler est que le chant apparaît comme étant très peu retouché ce qui est une preuve, selon moi, d’une recherche d’authenticité importante et qui sonne donc comme un gage positif de plaisance. Je préfère mille fois avoir un chant naturel au maximum (car les retouches sont irrémédiables) comme ici, qu’un chant « autotuné »à deux balles qui sonnent juste mais faux. L’hypocrisie dans le chant, on n’en a marre! Alors, sincèrement les ami(e)s, écoutez celui-ci et savourez. Parce qu’il a beau être originalement produit, le chant reste en harmonie totale avec la musique et c’est tout ce qu’on lui demande.

Enfin, et même si j’aurais adoré voir des textes en français, j’ai lu les textes parce que je sentais une vraie poésie dans ces derniers, et je n’ai pas été déçu. La traduction un peu hasardeuse que je peux faire de certains textes en anglais n’apporte pas forcément ce que je recherche, d’où ma frustration. Mais ils ont vraiment le mérite d’être métaphoriques et d’une profondeur telle qu’on partage toutes les sensations qui se présentent : l’esprit d’un roi mort, la respiration apaisante des montagnes, les rites d’initiation la nuit, etc. Tout est fait pour nous faire se coller littéralement aux textes de l’auteur et j’adore cela.

J’ai essayé comme dirait l’autre d’être objectif, mais je me dois bien de reconnaître en mettant un point final à cette chronique, que malgré l’année écoulée entre la sortie de ce premier album pour Belore et maintenant, j’ai toujours autant d’amour et d’admiration pour ce Journey Through Mountains and Valleys. Parce qu’il me parle sur bien des points comme le paganisme, les esprits des rois de jadis, la Nature, la spiritualité qu’il y a en chaque guerrier, etc. Parce que la musique est une ode entière à l’Histoire et la nostalgie des temps reculés. Et parce que je crois que l’on peut définitivement considérer Aleevok comme un musicien de génie, qui a réussi à sortir un album qui se situe toujours entre deux hémisphères mais qui les rassemble pour donner le raffinement ultime, l’orgasme musical et poétique dans un tout premier album. C’était LA sortie de l’année 2020 pendant de longs mois de disette musicale, c’est probablement encore à ce jour, et après une longue réflexion sur mon top quelque chose, mon album de l’année 2020 et cette année 2021 démarre avec une sortie en pré-commande en vinyle et K7. Un album fabuleux, une véritable pièce-maîtresse et Belore sera, s’il persévère, un immense projet et je n’ai qu’un regret pour finir : qu’aucun label français n’est proposé de produire ce chef d’œuvre absolu, et qu’il ait fallu qu’Aleevok aille voir en Allemagne pour exister…

Je profite de cette chronique, en espérant que tu la lises jusqu’au bout Aleevok, pour la dédier à notre amie commune, Joey, qui nous a quittés beaucoup trop tôt et qui, j’espère, appréciera l’hommage que je te rends comme ta musique. Puisse-t-elle éclairer tes montagnes et tes vallées de héros comme elle avait éclairé mon existence.

Tracklist :

1. The Valley of the Giants 08:43
2. The Whispering Mountains 09:52
3. The Bewitching Horns 06:46
4. The Howlings Fields 05:20
5. The Initiation Ritual 08:11
6. The King’s Funeral 04:53
7. The Return of the Fallen Heroes 06:13
8. The Serenity of Steel 02:44

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