Borgne – Royaume des Ombres

Le 28 juillet 2012 posté par Gwenn

Line-up sur cet Album


Ormenos: Tous instruments

Style:

Black Metal Dépressif

Date de sortie:

Juin 2012

Label:

Sepulchral Productions

Note de la Soilchroniqueuse (Gwenn): 9/10

 

Borgne. Un oeil unique qui vous regarde. One Man Band créé par Ormenos en 1998 ayant déjà déversé ses sonorités noires à travers I (Démo de 1998), II et III (deux albums sortis en 2007), IV (2009), Entraves de l’Ame (2010), et après Titania (une compilation) sort ce magnifique opus, Royaume des Ombres (Juin 2012). Groupe Suisse qui vient nous prouver que ce pays est loin d’être en reste sur les Terres sombres du Black Metal misanthropique, dépressif, ambiant.

Royaume des Ombres, album phare qui n’a pu s’inventer sans toutes ces années d’expérience. Sans compter et ce n’est pour les sens de chaque amateur qui se respecte, une parenthèse dérisoire, cette tournée effectuée au courant de ce mois de Juillet avec le groupe Forteresse (Québec). Certains s’en souviendront, quelle claque ma parole ! J’y a repéré, au-delà de l’extrême gestion des effets sonores et d’une musique dont le qualificatif de « prenante » serait un misérable adjectif, un contraste énergétique constitué par le jeu de scène des musiciens live, notamment la très forte présence du bassiste et l’effet visuel tout en profondeur créé par une claviériste et d’un guitariste placés plus en retrait mais pas moins indispensables à la réalisation du show. Passons, c’était superbe.

L’Art Work du Royaume des Ombres pourra paraître un classique du genre. Logo Black Metal découpé sur un camaïeu de gris reconstituant un amas de tombes embrumées soulignées d’un corbeau noir. Cependant l’image est très fine et recherchée et surtout, en cohésion avec la musique proposée ici.
L’Introduction, « Fall of the Lost Souls”, plonge immédiatement l’auditeur dans un amas de glue rouge sang. Les sonorités sont travaillées afin de rendre cette profondeur nécessaire au genre et l’effet est instantané. On y trouve un gros travail de clavier, si bien réalisé qu’on en oublierait sa présence. On devine une parfaite gestion des arrangements. C’est indiscutablement le lien parfait entre la vie réelle et le second titre « Suffer as I Paid My Grave » qui d’emblée, est mon morceau favori. Il aurait peut-être pu arriver plus tard dans l’album cependant, la surprise est la même. Un morceau d’une force extraordinaire fait pour vous transporter dans les affres d’un monde où l’on ne sort pas en claquant des doigts. Vous verrez, il prend un goût de reviens-y. Tiré dans la longueur d’une souffrance lascive, les branchages deviennent inextricables et tenaillants. La musique se fait intérieure, vivante, venant remplacer des états d’âme déjà présents. Atmosphère irrespirable créée encore une fois par un chant simple mais justement torturé, des riffs construits selon une architecture lente et lourde, une batterie respectant les codes d’un DSBM de bonne facture, rien ne déroge au style seulement ici, c’est bien réalisé. Les titres ont plus de 11 minutes sur cet opus mais c’est adéquat. Au risque de me répéter, aucun risque d’être en manque d’éléments ici, tout est réuni. Profondeur abyssale, angoisses, cauchemars, et crescendo malsain extrêmement efficace. Ce titre est tellement fort paradoxalement, qu’il aurait pu conclure l’album sans peine.

« In the Realm of the Living I’m Dead”, lié au titre précédent par un habile jeu de clavier doux, démarre différemment et nous place dans un environnement plus ambiant, encore plus intérieur. Toujours posé dans une réalisation parfaite, Borgne joue ici sur des tonalités mineures, répétitives et d’une noirceur sans nom. Jeu de batterie contrasté, entraînant, puissant et cauchemardesque ponctué encore une fois d’un chant sur lequel rien n’est à redire, ainsi que d’une conclusion magistrale… Suivi immédiatement du mauvais rêve suivant, « Only the Dead Can Be Heard” qui diffuse sa colère à travers l’atmosphère avec une attaque beaucoup plus incisive et représentative d’un Black Metal cru sans fioritures. Les alternances entre vélocité et ambiances mauvaises plus longues sont encore une fois parfaitement maîtrisées ce qui procure la sensation agréable d’un titre magnifique qui s’achève langoureusement dans un voyage au sein d’une dépression chronique.

Le cinquième coup de fouet, « All These Screams Through Me” démarre avec des sons de guitare claire qui reposent l’âme. Borgne est un groupe de DS qui n’a pas plongé dans l’erreur d’une homogénéité fade. Borgne, c’est un voyage. Un titre qui raconte une histoire, qui poursuit cette quête vers des réponses introuvables. A ce stade de l’écoute on est complètement dedans, dégustant de nouvelles mélodies, de nouveaux effets de voix toujours aussi torturés. Tonalités plus majestueuses ici, comme pour annoncer une finalité proche, la présence aussi d’un break superbe en son milieu en fait un titre plus structuré dans son histoire, évoluant au gré de l’atmosphère créée par les titres précédents. Une réussite.

Royaume des Ombres se conclut très logiquement avec « The Last Things You Will See », et sans déception, reprenant, pour vous achever d’un dernier coup de boutoir, des riffs acérés et des cris atroces en son début. Titre épique, martial, qui martèle de ses pieds d’acier la pierre. Je vous laisserai écouter la fin avec l’outil de votre propre imagination.

Conclure ? Indispensable, Royaume des Ombres est un pas vers la perfection.

Myspace: http://www.myspace.com/borgne

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