Line-up sur cet Album
- Sergio Vasquez : basse
- Craig Hathaway : guitare, claviers
- Howard Taylor Jolin : chant, guitare, claviers
- Latoya Forks : batterie
Style:
Drone Metal / Doom MetalDate de sortie:
02 janvier 2023Label:
AutoproductionNote du SoilChroniqueur (Quantum) : 7.75/10
“Inutile d’employer un thermomètre de haute précision pour prendre la température d’un fantôme.” Jean Rostand
Je vous le rabâche sans arrêt, je n’aime pas prendre deux fois le même groupe. Les circonstances les plus fréquentes sont que je n’accroche pas des masses à un premier album et que je ne veuille pas approfondir le sujet, mais j’allais dire, au même titre qu’un auditeur normal finalement! Quand vous n’aimez pas un premier album, il n’est pas rare que vous n’alliez pas plus loin dans la recherche et la découverte. Vous vous arrêtez là, point. Eh bien en ce qui me concerne, généralement c’est pareil. Sauf que… D’une part, la probabilité de ne pas aimer un groupe amène parfois à ne pas se souvenir qu’on en a fait une chronique. Donc, quand on oublie, il arrive que l’on reprenne le même groupe et que l’on ait le déclic en écoutant l’album suivant. D’autre part, il peut arriver que même en n’ayant pas aimé un album, on veuille redonner une chance au dit groupe et que l’on se remette à écouter les albums d’après, histoire d’être sûr et certain qu’il n’y ait réellement pas quelque chose à sauvegarder. Cela m’est arrivé à de maintes reprises, et il m’est même arrivé d’aller vers la première hypothèse, celle de l’oubli, et de faire une belle surprise! Bon… Ce n’est pas souvent non plus, ne rêvez pas.
Aussi, suis-je censé obéir à ma petite voix intérieure et ne pas réécouter un groupe une deuxième fois. Malheureusement, j’ai beau tenté de me convaincre que je fais le bon choix, je désobéis souvent à ma conscience. Non, ce n’est pas Jiminy Cricket non plus! J’ai beau avoir un long nez, je n’en suis pas pour autant moins une tête de bûche. En tout cas, tout cette diatribe inutile pour vous dire que ce soir, j’ai suivi le même cheminement que celui du petit chroniqueur sans cervelle, qui se promet de ne pas creuser davantage un groupe qui l’a, de près ou de loin, déçu mais qui, d’abord par oubli, ensuite aussi par orgueil, a fini par récidiver. Le groupe que je m’apprête en effet à chroniquer est un groupe qui m’avait offert un brin de déception il y a plus d’un an. Le groupe s’appelle Born A Ghost, et cette-fois, l’EP s’intitule Stairway to an Empty Room. Et comme j’étais très sceptique sur le méfait précédent, même si intérieurement j’ai dû me promettre à un moment donné que je n’irai pas plus loin, pardonnez-moi mon Père parce que j’ai pêché. Par orgueil, gourmandise et vanité.
En fait, comme rien n’a bougé depuis la dernière fois, je vais reprendre ma présentation d’avant.
Derrière ce nom presque poétique, sinon macabre, se cache un groupe qui provient de Tacoma aux États-Unis. Composé d’un quatuor musical, Born a Ghost existe depuis 2011. Jusqu’ici, tout va bien! Sauf que… Le groupe n’a absolument rien sorti de concret de 2011 à… 2020. Neuf années de silence, peut-être je l’espère quelques concerts, mais rien de concret. En 2020 il y eut un EP nommé « SGNLS » et un single cette année.
Alors, le plus cocasse est que ce premier album « The Beginning to an Ending » est finalement un rassemblement de l’EP un an avant et du single deux titres. Avec fort heureusement quelques pistes en plus, sinon on toucherait du doigt l’inutilité absolue. Après avoir écouté l’album, j’ai probablement un élément de réponse pour justifier un silence pareil, parce que sincèrement j’ai un peu de mal à comprendre ces groupes qui attendent aussi longtemps pour sortir un CD.
Normalement, quand on monte un groupe c’est pour déverser sa motivation la plus suprême, ne pas attendre béatement comme le psychotique attend de gagner au Loto sans y jouer! C’est étrange, cela questionne forcément et quelque part, cela rend la perspective de découvrir ce premier album plu excitant que la moyenne. « The Beginning to an Ending » se présente donc à ce jour comme le premier album du groupe américain, et il est bon de préciser que ce dernier est autoproduit. Le démarchage vient donc directement du groupe, ce qui est à souligner. L’effort méritait donc bel et bien une chronique, c’est parti!
Mais non. J’ajouterai que cette-fois, Born a Ghost a proposé un EP moins de deux ans après ce fameux album. L’effort est important et demeure autoproduit. Alors bien? Ou pas bien. Nous allons voir.
J’avais été agacé par la pochette de l’album d’avant qui ne brillait pas par l’originalité, et qui surtout ne faisait pas mention du groupe et du nom de l’album, truc qui a tendance à fortement m’exaspérer, j’admets. Maintenant on va aller voir cette nouvelle pochette dont le design m’inspire déjà un peu plus de choses. Autant son prédécesseur n’était effectivement pas terrible, autant celui-ci présent ressemble déjà plus à une image nouvelle et intéressante. L’idée d’avoir cette représentation absurde et déstructurée d’une pièce quelconque, probablement une chambre, avec cet escalier dont on ignore totalement l’orientation, qui s’orne de parures étranges et qui semble en tout cas entouré par des tableaux tous aussi beaux les uns que les autres, il y a quelque chose de très clairement curieux et attrape-l’oeil dans cet artwork. J’aime beaucoup le style en tableau de l’image, qui d’ailleurs me paraît être un tableau authentique. Il y a de l’idée quand il faut représenter le nom de l’album, traduit par « un escalier pour une chambre vide« , par cette éminence absurde, et je note en tout cas qu’il y a un réel effort de fait par rapport à la dernière fois pour donner du sens à cet album, d’un point de vue strictement visuel. L’idée de départ est donc très bien! Sauf que… Encore une fois, Born a Ghost (dont on pourrait faire un jeu de mot avec l’adjectif « borné ») n’a mis aucune référence directe à son nom ni à celui de l’album. Et cela, encore une fois, cela m’agace.
Et autre chose qui me turlupine, mais cela ce n’est pas un cas isolé de leur part : il n’y a pas la signature de l’auteur de ce tableau. Parce que je me doute un peu qu’il s’agisse d’un tableau détourné pour le bien de choisir un artwork efficace, mais tout de même… Mettez moi la signature du génie qui a peint cette toile quoi! Bordel! Ce n’est pas compliqué, ça s’appelle du plagiat si on était pointilleux. Mais enfin… J’ai beau demeurer encore un peu tatillon avec nos amis américains, je note quand-même qu’il y a eu un effort important de fait pour « Stairway to an Empty Room ». Donc, c’est bien, on progresse bien!
Pour la musique, je dirais que c’est à peu près la même chose. Le groupe n’ayant offert qu’un empilement de deux précédentes sorties pour faire un album avec « The Beginning of an Ending« , a cette fois sorti un ouvrage unique et non basé sur des sorties déjà existantes. La musique reste dans un jus sensiblement identique à mon constat précédent également, avec un balancement entre un doom metal plutôt commun et sans réel saveur expérimentale particulière, et quelques éléments de drone metal qui sont là pour planter une sorte de décor ambient plutôt intéressante.
Maintenant, je note avec satisfaction que Born a Ghost a arrêté d’appeler sa musique « post-metal« , se contentant d’assumer un virage Doom Metal ou Drone Metal plus consensuel et surtout plus honnête. Après l’on pourrait se dire qu’il y a tout de même quelques variations rythmiques qui plaident en faveur d’un côté un peu plus Doom Metal Progressif, mais on est quand-même très loin d’une réelle expérimentation qui était revendiquée auparavant. C’est donc un point marquant!
Le virage mérite d’être souligné car quand on n’a pas la déception et la frustration que j’avais eues avant, on apprécie tout de suite beaucoup mieux la musique. Il y a toujours de légères incorporations Drone Ambient voire Industrielles, mais cela reste au compte-gouttes, pas suffisamment pour coller une étiquette en plus, et cela me sied. L’autre point positif de cet album reste la longueur des pistes. Suffisamment longues pour apprécier la musique et suffisamment courtes pour ne pas tomber dans la redondance. En tout cas, je note que Born a Ghost a fait de gros efforts en allant sur des sentiers musicaux plus francs, moins alambiqués. La musique reste assez peu originale vu qu’elle se situe plus spécifiquement sur un Doom Metal classique, un peu arrondi peut-être, et un Drone Metal / Ambient qui était déjà un de mes points forts. « Stairway to an Empty Room » marque un point très solide pour la suite de la carrière des américains, probablement un tournant de maturité et de sincérité qui, je le martèle, manquaient cruellement il y a deux ans. Cet EP, le deuxième dans la hiérarchie, est donc plutôt bien voire très bien! Bravo, beau progrès!
La production demeure à peu près là encore la même que l’ancien album, qui, je dirais, faisait la part belle au Drone Metal mais qui cette-fois offre un peu plus de place au Doom Metal. J’entends par là que le son est bien épais, gardant cet aspect tranchant des guitares qui avaient, je l’admets aujourd’hui, une dissonance intéressante quand on se situe sur un style censé être lent et épais, limite Doom Death Metal par moment. La batterie a un peu plus de place également, ce qui confirme mon penchant pour un Doom Metal plus présent et donc offrant une perspective musicale plus marquée par la maturité. La basse demeure quant à elle quasiment absente, ou en retrait, ce qui reste aussi normal même si je le déplore. Et le son général de cet EP [i] »Stairway to an Empty Room »[/i] n’est finalement que la suite logique de ce basculement intéressant et prenant sur un Doom Metal limite très épais, à la coloration Doom Death Metal presque totale, même si ce côté tranchant des guitares maintient la frontière fermée pour le moment en partie avec le Doom Metal tout court. En tout état de fait, ce n’est pas une production qui fait la part belle à la mélodie ni aux envolées diaboliques. La musique demeure lente, oppressante au possible, et limite très dérangeante pour la psyché.
Le Drone Metal est en tout cas bien accompagné par la lancinance importante et la distorsion massive des guitares. Voilà! Tout cela fleure bon le renouveau, ou le maintien à flots de ce qui faisait selon moi l’un des (seuls) points forts du précédent album : la production. La constance demeure avec une petite pointe de maturité qui ne me déplait pas du tout. Belle pioche!
Le constat après plusieurs écoutes prévaut donc sur le renouveau et surtout, ce qui manquait cruellement avant : le liant. Je disais que le premier album de Born a Ghost manquait de liant, puisque distinctement le groupe avait collé deux sorties précédentes, qui n’avait rien à voir entre elles sonoriquement parlant et dans le style, et, je suis désolé de le dire mais pour moi avec du recul, ce n’était pas un album du tout. Plus une compilation ratée. Ici, cet EP ferait presque office de réel premier album! Parce qu’il prend exactement ce qui manquait à savoir un liant entre le Drone Metal et le Doom Metal. L’harmonie existe, elle n’est pas extraordinaire non plus mais au moins ça y est! Elle est là, elle permet de lisser tout cela avec une certaine aisance, permettant à la composition de prendre une ébauche d’identité musicale et offrant enfin des perspectives prometteuses et rassurantes.
Maintenant, le concept album demeure bien abstrait, j’ai lu quelques textes, et manifestement il n’y a pas grand-chose qui rassemble les pistes entre elles d’un point de vue strictement conceptuel. C’est dommage parce que la cassure entre les pistes ayant été lissée, on aurait pu avoir de quoi pondre un super concept album, avec une idée directrice, un sujet précis et développé par l’enchainement logique des morceaux. Mais ici, non. Cela demeure une sorte là encore de compilation, avec tantôt une composition qui évoque Dieu, tantôt une autre avec un escalier à treize marches, etc. Tout cela demeure encore flou pour moi. Mais ne soyons pas cuistres! Born a Ghost a fait un travail d’épuration de sa musique qui m’a sincèrement fait plaisir. Qui m’a probablement aussi un peu réconcilié avec le quatuor ricain. Le chemin va être encore long, mais on tient le bon bout de ficelle, il ne manque plus qu’à la dérouler tranquillement pour trouver la bonne issue. Allez! On va être sympathique. C’était bien, une belle écoute et une belle redécouverte. Et le pire c’est qu’en relisant ma précédente chronique, je disais que le Doom Metal n’avait rien à faire dans la musique de Born a Ghost, qu’il fallait mettre en exergue le Drone Metal et le Drone Ambient… Grand bien m’en a pris de changer d’avis!
Enfin, le chant reste tout même une demi-déception puisque, alors que la partie instrumentale avait très clairement gagné en maturité, le chant reste encore sur une fausse expérimentation, avec des parties growls adaptées aux circonstances et un scream qui porte très mal son nom tant la technique est défaillante. Je ne comprends pas vraiment cette persistance à vouloir placer des parties en high scream désespéremment inadaptées et mauvaises, alors que le growl, qu’il soit medium ou en technique grunt grave qui fait toujours doom death metal d’ailleurs, fonctionne très bien tout seul… Cela reste un mystère. Moi, j’ai ma théorie mais elle ne va pas plaire. C’est qu’à mon avis, le chanteur est pété d’orgueil et n’a pas voulu changer ses parties à lui. Il doit être convaincu qu’il est bon chanteur, ce qui est vrai pour la moitié de sa technique vocale. Je serais lui, je ravalerais ma fierté et je renoncerais à ce high scream horrible qui casse toute la dynamique épaisse d’un point de vue sonore et fait du mal à l’auditeur. Mais vraiment…
Pour conclure cette nouvelle chronique, Born a Ghost revient aux affaires beaucoup plus tôt que prévu avec un EP, le deuxième de la discographie, qui est sortie il y a trois jours, date d’écriture de la chronique. « Stairway to an Empty Room » se présente ainsi à nous toujours en autoproduction, surfant sur un Drone Metal (voire Ambient) et un Doom Metal. La grande satisfaction de ce nouveau chapitre discographique est que le groupe a clairement épuré sa musique pour se concentrer non pas sur l’ersatz d’expérimentation d’avant, et est allé sur quelque chose de plus consensuel et consciencieux. C’est une belle avancée pour la formation américaine qui selon moi avait fait un premier album trop brouillon, manquant de liant. Cette-fois, l’harmonie commence à poindre le bout de son nez. L’EP n’est pas parfait mais commence à faire entrevoir les prémices d’une musique prometteuse et inspirée! Hormis le chant, cela commence donc enfin à ressembler à quelque chose d’abouti et de mature! A encourager!
Tracklist :
1. 43 05:53
2. Halls of Disrepair 04:53
3. Stairway to an Empty Room 03:55
4. When the Last Light Fades 05:09
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