Line-up sur cet Album
- Sergio Vasquez : basse
- Craig Hathaway : guitare, claviers
- Howard Taylor Jolin : chant, guitare, claviers
- Latoya Forks : batterie
Style:
Drone Metal / Doom MetalDate de sortie:
25 juillet 2021Label:
AutoproductionNote du SoilChroniqueur (Quantum) : 7/10
“A vivre au milieu des fantômes, on devient fantôme soi-même et le monde des démons n’est plus celui des étrangers mais le nôtre, surgi non de la nuit mais de nos entrailles.” Antoine Audouard
Mon attrait certain pour le drone metal remonte à ma prise de connaissance avec Sunn 0))). Les circonstances exactes, je ne m’en rappelle pas, je crois que c’est au hasard de mes pérégrinations sur Internet. J’avais notamment pour habitude de découvrir les groupes en surfant sur Wikipédia. Le premier morceau, ça je m’en souviens bien, c’est le cover de Cursed Realms (Of the Winterdemons) d’Immortal. Je me suis pris une putain de claque, totalement hypnotisé par les longues minutes qui défilent avec ces guitares incroyablement distendues, le chant de Scott Conner qui est monstrueux et qui me fout encore des frissons à ce jour. Il faut avoir une sacrée dose de Folie pour savoir apprécier un album aussi dingue de « Black One« , qui date de 2005, j’avais 15 ans. Et depuis, je n’ai jamais lâché mon amour pour le drone metal et le drone ambient, qui sont deux choses différentes. Et je me réjouis de voir des amateurs de ces genres fourmiller de plus en plus. « Mon nom est légion car nous sommes nombreux » et je sais que nous le serons. En tout cas, me voici donc aux prises avec un groupe que je ne connaissais pas, et pour cause, il vous suffira de lire la biographie pour comprendre. Il s’agit de Born a Ghost et de son premier album nommé « The Beginning to an Ending« .
Derrière ce nom presque poétique, sinon macabre, se cache un groupe qui provient de Tacoma aux États-Unis. Composé d’un quatuor musical, Born a Ghost existe depuis 2011. Jusqu’ici, tout va bien! Sauf que. Le groupe n’a absolument rien sorti de concret de 2011 à… 2020. Neuf années de silence, peut-être je l’espère quelques concerts, mais rien de concret. En 2020 il y eut un EP nommé « SGNLS » et un single cette année. Alors, le plus cocasse est que ce premier album « The Beginning to an Ending » est finalement un rassemblement de l’EP un an avant et du single deux titres. Avec fort heureusement quelques pistes en plus, sinon on toucherait du doigt l’inutilité absolue. Après avoir écouté l’album, j’ai probablement un élément de réponse pour justifier un silence pareil, parce que sincèrement j’ai un peu de mal à comprendre ces groupes qui attendent aussi longtemps pour sortir un CD. Normalement, quand on monte un groupe c’est pour déverser sa motivation la plus suprême, ne pas attendre béatement comme le psychotique attend de gagner au Loto sans y jouer! C’est étrange, cela questionne forcément et quelque part, cela rend la perspective de découvrir ce premier album plu excitant que la moyenne. « The Beginning to an Ending » se présente donc à ce jour comme le premier album du groupe américain, et il est bon de préciser que ce dernier est autoproduit. Le démarchage vient donc directement du groupe, ce qui est à souligner. L’effort méritait donc bel et bien une chronique, c’est parti!
La pochette me laisse un peu dubitatif, mais c’est lassant. J’ai le sentiment de me répéter de plus en plus, je radote mais parce que c’est encore un constat que je fais et qui me force à demeurer perplexe. Concernant le design lui-même, je n’ai pas grand-chose à reprocher, la métaphore de l’arbre mort au milieu d’une clairière bordée d’une forêt de conifères, on la connait un peu. C’est une sorte de facilité, ou du moins de clarté dans le sens caché que l’on met à sa musique. La couleur caca d’oie est agréable, on sent qu’il s’agit d’un banal montage Photoshop et l’application d’une teinte générale sur une photographie ou une retouche. Je me demande d’ailleurs si au départ Born a Ghost n’a pas voulu donner un effet sépia sur la photo, et qu’ils se sont un peu lourdés. Je disais que je n’ai rien à reprocher à l’artwork sinon ce manque flagrant d’originalité. Mais j’en ai franchement marre de ces groupes qui ne font pas l’effort de mettre leurs noms et le nom de l’album sur la pochette. Bon sang! Mais comment réfléchissent-ils? Il faut arrêter, Born a Ghost n’est connu sûrement de personne ou presque hormis les familles de chacun, la logique voudrait que l’on mette son identité quoi! C’est comme quand vous rencontrez quelqu’un, vous commencez par dire « Bonjour! Quantum, enchanté! » et non « Bonjour! Je suis chroniqueur ». Bref, moi je vais finir par sacquer les groupes qui ne mettent rien d’identitaire sur leurs pochettes parce que, désolé ce n’est pas très professionnel, mais cela me gonfle royalement.
Pour la musique, mon premier ressenti était mitigé. Pour des raisons qui s’opposent et s’entrechoquent plus qu’elles ne se complètent. D’abord le style musical de l’album est difficile à décrire puisqu’il n’est pas une osmose profonde mais plus un enchevêtrement de styles différents. On sent tout de suite que « The Beginning to an Ending » est un rassemblement de deux entités contraires, le fameux EP et les singles. Une compilation avant l’heure et nommée autrement. Toujours est-il que l’on a à boire et à manger et qu’il faut savoir digérer cette mixture éparse, qui se situe entre du drone metal, du drone ambient mais très industriel, du doom metal limite death et que le groupe tente (vainement) de rassembler autour d’une étiquette scabreuse de « post-metal« . Mais normalement, le post-metal requiert un minimum d’expérimentation, mais on en est loin concernant Born a Ghost. Je dirais que l’on est clairement, trop clairement même sur un entre-deux drone metal / doom metal qui n’est guère expérimental. Déjà écouté plusieurs fois, je n’ai pas l’effet de surprise. Le groupe ne casse pas la baraque, les morceaux sont même trop courts pour que l’on profite pleinement des ambiances malgré tout malsaines et dérangeantes. En fait, les américains ont du potentiel c’est indéniable. Les parties ambient sont intéressantes, surtout qu’il y a une utilisation de claviers analogiques que j’adore, donc les sons très électriques et aléatoires cela me parle! Mais les parties metal sont insuffisantes. Elles n’insufflent pas ce malaise que l’on attend de la part d’un genre musical qui n’est là que pour secouer les neurones et rendre mal à l’aise. « The Beginning to an Ending » n’est pas franchement réussi, et la première écoute m’aura laissé majoritairement de marbre. Dommage.
La production manque de peu de choses pourtant, je trouve le son très intéressant. On a l’habitude d’un drone metal lancinant et épais sonoriquement parlant, là les guitares sont légèrement plus tranchantes. Je ne pensais pas que ce jeu de guitare me plairait, en tout cas loin de dénaturer l’ensemble, cela lui donne une autre dimension. Après, il me serait compliqué de donner une place importante à la batterie, elle est quasiment absente comme dans ce genre de metal qui parfois n’en utilise même pas. La basse est en retrait, ce qui justement étaye mon propos selon lequel la musique de Born a Ghost ne peut pas être du post-metal. Le chant change beaucoup donc la ligne de conduite dévie pas mal. En vrai, c’est bluffant parce que la production pourrait mettre en valeur le peu de variations qu’il y a dans une musique qui en a besoin pour ne pas tourner en rond. Mais c’est encore insuffisant. Enfin! Légèrement mieux que précédemment ceci dit. Mais insuffisant.
L’avantage de « The Beginning to an Ending » c’est qu’il est court à l’écoute, donc on peut y revenir plusieurs fois pour tenter de comprendre ce qui cloche et a contrario, ce qui fonctionne. Et je n’ai guère varier mon primo constat. Born a Ghost a des qualités intrinsèques qui sont réelles, mais qui souffrent d’une certaine suffisance. Je pense déjà que les pistes devraient être un poil plus longues pour augmenter l’effet ambient qui met du temps à s’installer par définition. Ensuite, il faut trouver un liant entre les genres qui ne se mélangent pas ou peu, ce qui donne une saveur trop changeante à « The Beginning to an Ending« . Enfin, et c’est le point qui m’est apparu après quelques écoutes, je pense qu’il faut intensifier les parties drone metal. En vérité, le doom metal n’a rien à faire dans cet album, il aurait fallu mettre plus en exergue le drone metal voire le drone ambient, qui sont les vraies dispositions talentueuses de Born a Ghost. J’ai largement préféré les moments très drone, tandis que les parties doom metal sont trop courtes et trop éparses. C’est un gros risque d’avoir voulu faire des compositions courtes pour des genres très longs à se mettre en place. Et le résultat est encore le maître mot de cette chronique : insuffisant.
Enfin, le chant m’a là aussi un peu désarçonné. Il y a une trop grande variation des techniques, on a une majorité growl medium voire grunt grave fort bien exécutée, qui donne une saveur limite doom death metal ou funeral doom par moment. Et la profondeur, la construction sonore en studio amène un côté caverneux extrêmement à propos, qui donne une touche supérieure de malsanité dans la musique fort sombre de Born a Ghost. Par contre, il y a eu de courts moments de tentatives désespérées de scream, ou de voix de gorge aiguë qui est catastrophique. Elle est rarissime mais le peu que j’ai entendu, j’ai serré les mâchoires et frôlé le bruxisme. C’est juste insupportable pour le chanteur que je suis… Ni fait ni à faire! Mais pour le chant estampillé growl, c’est très bon. Probablement l’élément salvateur de cet album au résultat moyen.
Pour conclure, je dirais que ce premier album est l’exemple typique de ce qu’il ne faut pas faire dans l’intention finale. Partant sûrement d’un postulat que l’on peut contester mais qui a parfois donner de bons résultats, et qui consiste à rassembler deux précédentes productions dans une seule, « The Beginning to an Ending » souffre donc de ce rassemblement intempestif et légèrement hasardeux. Une certaine errance identitaire demeure avec ce drone metal qui se rentre dedans avec un doom metal, et quelques incorporations ambient qui sont de bon aloi mais qui sont au milieu de ce choc des cultures. Le résultat final est donc un peu décevant, l’ennui demeure parfois et l’envie d’y revenir ne s’y prête que si l’on s’accroche avec des éléments isolés mais satisfaisants. Autrement, je peux dire que l’intérêt demeurera moyen, à l’image de cet album qui ne se verra noté que par une note moyenne, en espérant un dénouement plus positif à l’avenir et que le maître mot ne soit plus l’insuffisance. Born a Ghost n’est en tout cas pas près de laisser son fantôme s’installer, pourvu que cela dure.
Tracklist :
1. Shun the Believer 04:30
2. The Beginning to an Ending 03:24
3. Neurotic 05:09
4. Blind Witness 05:38
5. Mildew 04:33
6. The Long Road 04:13
7. Echoes 05:19
8. Rot Sequence 03:40
9. The Tower 08:06
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