Line-up sur cet Album
Petri Ravn : guitare, chant Bastien : batterie Étrange Garçon : guitare Ondine : chant Christopher : basse (live)
Style:
Black metal dépressifDate de sortie:
14 septembre 2019Label:
Nar ProductionsNote du SoilChroniqueur (Quantum) : 7/10
« N’importe ! elle n’était pas heureuse, ne l’avait jamais été. D’où venait donc cette insuffisance de la vie, cette pourriture instantanée des choses où elle s’appuyait ? » Gustave Flaubert
Cette chronique est une suite logique amorcée depuis la sortie du premier CD de Bovary. J’ai envie d’écrire que, d’une certaine manière, la boucle est bouclée avec cette troisième bafouille sur le groupe originaire d’Embrun. J’avais en effet déjà écrit sur leur première démo nommée « Mes Racines dans le Désert« , pour ensuite assister à l’un de leurs concerts, à Grenoble pour être exact. Et cette prestation live m’avait, à l’époque, laissé dubitatif sur la suite du groupe de black dépressif. Si la première démo avait non seulement son lot de compositions sur la setlist du concert mais aussi son lot de satisfaction à mes oreilles (ma chronique avait été plutôt élogieuse), les morceaux joués du deuxième opus ci-contre m’avait fait le total effet inverse : inappropriés face aux « anciens », moins percutants, moins forts à jouer sur mes sentiments. En d’autres termes plus courts, j’avais été très déçu. Et c’est de manière décente que je me suis résolu à ne pas rester sur un échec et d’offrir « une deuxième chance » à Bovary de me convaincre que je faisais fausse route, et que cette deuxième démo appelée « Sur ce Mur trop Souillé » avait forcément du potentiel. Alors, allons-y !
Quelles sont les nouveautés par rapport à ma première chronique? Eh bien, déjà, il y a eu un sacré changement de line up depuis ! Seul subsistent Petri Ravn à la guitare et celui qui se fait nommer « Étrange Garçon » et qui est en fait le musicien de nombreux groupes aujourd’hui disparus, Saurus. Il avait caché son implication sur le premier CD, ce qui m’avait un peu agacé à l’époque, mais bon. Passons. Un nouveau bassiste (et ancien soileur !), un nouveau batteur et une nouvelle chanteuse en la personne d’Ondine et qui quittera le groupe à son tour (d’après les rumeurs). Je me méfie un peu des changements comme cela, on ne sait jamais quoi penser de l’harmonie du groupe : est-ce le résultat d’un manque d’implication ? D’un leader trop « tyrannique » ou difficile à suivre dans les pérégrinations ? Est-ce tout simplement la fatalité ? En tout cas, je pense, avant d’entamer l’écoute du CD, qu’il va y avoir du changement.
L’artwork est du même acabit que le premier, ce qui m’avait beaucoup plu à l’époque et continue donc de bien me plaire ici. Le contour noir va bien avec le logo et les branches en blanc autour de la photo principale qui, cette fois, montre une petite chapelle qui semble à l’abandon. Une référence à la religion qui me semble assez acide, surtout si on interprète la logique avec le titre « Sur ce Mur trop Souillé« . Je ne vais pas essayer d’interpréter de trop cet artwork car je rentrerais dans des suppositions bizarres, mais en tout cas bon point que ce design !
Seule surprise et non des moindres : deux morceaux de la première démo se mêlent aux nouveaux, comme sur la setlist. Ce qui signifie qu’il s’agit plutôt d’un album dissimulé en démo. La tentation de commencer par les morceaux que je connais est grande, mais je joue le jeu de faire dans l’ordre. Suffisamment pour constater ce que je craignais… Franchement, dans le talent de Saurus il y a quand-même une constante qui, des fois, m’accable un peu : son inconstance. J’adore ses morceaux de black dépressifs et je devine que dans chacun d’eux il y met énormément de lui, de ses ressentis. Comment ne pas être empathique face à cela ? Mais derrière ce talent, il y a surtout un côté freelance que je trouve trop présent. Les expérimentations c’est bien, mais quand ces dernières dénaturent totalement le but d’une composition, c’est trop. Les morceaux « Irrécupérable(s!!) » et « Nous sommes… » en sont de parfaits exemples : ils démarrent sur les bases que j’adore, et d’un coup, sans trop comprendre pourquoi, on passe à des riffs qui n’ont rien à voir du tout! Du genre heavy metal, thrash metal, groovy… Mais bordel ! Pourquoi ? Pourquoi faire ces assemblages hasardeux ?? Alors que Saurus excelle dans des passages en clean, acoustiques, et des blasts bien noirs, il s’essaye étrangement à des expérimentations qui n’ont rien à voir. Imaginez le public dans la fosse (c’est un peu ce qu’il s’est produit d’ailleurs au concert) qui reste de marbre devant les débuts de morceaux bien dépressifs, lancinants à souhait, et qui d’un coup se retrouve avec un riff très thrash qui donne envie de secouer ses cervicales ! Comment s’y retrouver ?…
Vous l’aurez compris, j’allais presque m’adresser à lui parce que c’est un mal récurrent dans sa discographie. S’éparpiller à force de vouloir expérimenter tel changement, tel son, etc… Vous vous attendiez à un CD bien noir ? Raté. Vous aurez un amalgame de riffs qui n’ont pas grand-chose à voir entre eux. Dommage, vraiment dommage… On pourrait en revanche y voir un « retour nostalgique » et pratiquement old school vers la musique punk, mais cela m’étonnerait. Je me comprends…
Le morceau « Arsenic » m’avait l’espace d’un moment fait plaisir, mais lui aussi retombe dans cette expérimentation redondante. Ce sera le cas pour pas mal de morceaux, cette entrée en matière captivante qui va se scinder avec une autre partie beaucoup moins « touchante », plus bougeant. En fait, cela reste mon idée personnelle, donc je suis convaincu que ce CD aura des amateurs (d’ailleurs les commentaires sur YouTube en attestent), mais moi qui adore l’esprit black dépressif, de le « souiller » avec des riffs qui feraient bouger une fosse de metalleux je trouve que cela reste du gâchis. Mais bien entendu, ce n’est que mon point de vue ami(s) lecteur(s).
Après, je suis déçu oui, mais il n’en demeure pas moins que les morceaux de ce CD ont quelque chose qui intéresse l’auditeur ! Il y a de très bons points comme le chant d’Ondine que je préfère mille fois à celui de Queen Thrash, y compris en chant clair. Il y a aussi l’introduction du CD qui est éponyme et qui, à la manière de la démo précédente, plante un décor chargé d’émotion. Certains effets de guitare m’apparaissent comme inutiles, d’autres beaucoup moins comme sur certains passages de « Nous sommes… » ou La Lumière t’évince » et cette disto très « garage » mais qui fait le job sur un aspect atmosphérique. Quand je parlais de talent chez Saurus, réellement il y en a comme il y en a eu par le passé ! Il suffirait que quelqu’un d’autre du groupe le régule un peu, voilà tout… Qu’il confie les clés du camion de temps en temps pour éviter de faire des écarts de fatigue sur la route. Petri Ravn peut-être ?
L’autre point de plaisance de cette démo est la différence de mixage avec la première. Il y a eu une montée claire en puissance, et même s’il subsiste un son assez crade et brut, il est de bien meilleure qualité si je puis dire. L’exemple avec le morceau « Ta Vie c’est mes Chiottes » est frappant : le chant est bien mis en valeur, les instruments sont plus audibles, bref. Il y a de l’amélioration et le son est bien plus sympa à écouter !
Par contre, autant j’attarde toujours un peu de lignes sur les textes quand je peux le faire, autant vu le nombre de fautes d’orthographe qu’il y a dans le livret, je ne vais même pas m’y attarder dessus. Cela traduit un vrai manque de sérieux donc pour moi, c’est non. Putain quoi… Un petit effort de ce côté-là, c’est insurmontable ?
Bon… Je suis bien en peine de finir cette chronique car je suis très partagé dans ce que je dois conclure. Si l’on reste au stade de l’écoute, c’est un bon CD sans plus avec des qualités dans la composition qui ne laisse pas indifférent du tout. Si l’on pousse l’analyse dans ses retranchements, on ne peut pas s’empêcher de trouver des choses limite choquantes. Je ne sais pas si, à la longue, j’arriverais à écouter ce CD sans faire la moue, juste pour le plaisir. Derrière ce constat, je vois surtout le besoin de laisser crier mon cœur, ce dernier suppliant le ou les créateurs de Bovary de ne plus jamais essayer d’expérimenter ! Le black dépressif est clairement le point fort de ce groupe, alors s’il pouvait demeurer sur cette ligne directive, Bovary ferait de moi un auditeur comblé ! Mais s’il continue de chercher à se démarquer, ou si son maître-penseur continue à ne pas filtrer ses ardeurs de mélomane, s’il ne cherche pas à se structurer un peu, alors ce sera sans moi…
C’est en cela que ma note finale est la même que le précédent opus, et j’espère que ce sentiment d’alternance entre des points forts d’amélioration et des points faibles de régression amèneront un jour un constat plus positif et non cette lancinante stagnation de Bovary, qui mérite mieux j’en suis persuadé.
Tracklist :
1. Sur ce mur trop souillé 02:19
2. Nous sommes… 06:04
3. …Irrécupérable 04:22
4. Arsenic 06:44
5. Ta vie, c’est mes Chiottes 05:17
6. La Lumière t’évince 07:00
7. …Et je ne serais plus là pour l’attendre 07:10
8. Bovary 02:32
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