Line-up sur cet Album
Brouillard – Tous les instruments, chant. Guests : Zemus / Elluneira
Style:
Black Metal AtmosphériqueDate de sortie:
15 février 2023TranscendanceLabel:
TranscendanceNote du SoilChroniqueur (Seblack) : 9,5/10
Semblable et différent ou différent et semblable ? La nuance est mince, voire inexistante et pourtant… A la fin de l’écoute de ce nouvel album de Brouillard, chacun mettra bien ce qu’il voudra derrière ce point d’interrogation. Mais oui cet album est à la fois différent et semblable…. ou semblable et différent. Question à la con, hein ?. Oui mais c’est important les questions, surtout les questions à la con.
Des questions, Brouillard semble s’en être posée à s’en donner le vertige pour ce nouveau chapitre. Si on omet les titres sortis l’an passé avec Drache et le «joli vilain petit canard » plus ou moins jeté aux corbeaux de 2021, voilà plus de trois longues années que Brouillard ne s’était pas signalé sous la forme d’un album.
Pour autant, il faudrait être bien injuste ou ignorant pour affirmer que sa créatrice baillait aux corneilles, en témoignent ses autres projets : Sphere, Transcending Rites et J’ai Si Froid… devenu Vertige ; cela sans compter tout l’investissement personnel dans le label Transcendance.
Mais dans tout cela, Brouillard semblait…comme embrouillé, tapi dans l’ombre, un peu coincé quelque part entre passé et présent, entre plaine et montagne.
L’entité Brouillard allait elle subir le même sort que J’ai si Froid… ? Je n’ai pas été loin de le penser, mais non. Point du tout. Brouillard est de retour. Et quel retour…
Oh à première vue, il ne semble pas si différent que les autres ce Brouillard où toutes les pistes interprétées par Brouillard se nomment Brouillard. L’artwork en noir et blanc s’inscrit dans une certaine filiation avec cette silhouette s’enfonçant dans la brume, masque jeté à terre, ne révélant qu’à la nature son vrai visage.
Le début de l’album, lui même, semble tout aussi familier avec ses guitares glaçantes comme un méchant vent du Nord vous arrivant en pleine face et cette voix écorchée, un peu lointaine, émergeant de la brume.
Mais assez vite, on sent que ce disque va emprunter des sentiers nouveaux car il n’y a pas que sur l’artwork que le masque tombe. Une voix claire résonne, égraine ses mots et assène cette question / réponse aux accents de couperet : « Qu’est ce que la réussite pour nous ? C’est la liberté ».
Et cette liberté croyez bien qu’elle va la prendre et galoper avec. Oui sur cet album, Brouillard envoie au diable tous les faux-semblants qui nous enchaînent à une matérialité vaine, à une spiritualité de pacotille et à une existence rance. Se délestant de tous ces foutus codes, qu’ils soient sociétaux ou même musicaux, les notes, les mélodies respirent, vivent et nous cueillent là où on ne les attendait pas. Brouillard brouille les pistes, tutoyant aussi bien les bas fonds de l’âme que des firmaments insoupçonnés. Entre voix parlées, chœurs inspirants ou avec ce morceau instrumental flamboyant, cette nouvelle offrande fourmille d’audace.
Brouillard n’étant pas que Brouillard, on retrouve ici des atmosphères qui donnent la sensation de s’élever, de voyager comme on le ferait à l’écoute de Transcending Rites, un voyage qui peut nous mener si loin, là haut, dans les cieux constellés de Sphère, sans oublier, bien sur, la contemplation, la nature, cette soif de liberté propre à Vertige. Quatre entités en une seule personne, quatre pistes comme autant de points cardinaux, différents autant qu’inséparables. Brouillard est parvenu à se réinventer sans pour autant se renier de quelque manière que ce soit.
Si ce cinquième album frappe par sa variété, il demeure parfaitement cohérent car tenu et porté par la personnalité forte de sa créatrice que ce soit au travers de l’instrumentation, de sa voix et de son verbe tout autant poétique, qu’acerbe et désarmant de sincérité.
La patte assurée de Déhà dans le son de cet opus ne doit pas être oubliée car elle constitue un liant qui met en valeur une musique saisissante dans ses nuances et ses contrastes. Soulignons aussi la participation de Zemus (Broyeur d’Enfance) désormais bien connu des amateurs de musique noire et d’Elluneira dont le texte et la voix viennent habiter ces vingt minutes finales où définitivement le masque tombe.
En un mot comme en mille, ces nouvelles compositions de Brouillard étonnent autant qu’elles ravissent, elles touchent autant qu’elles font mouche. Loin de se dissiper l’épais nuage de brume laisse aussi entrevoir, là, une ligne de crêtes où galoper et peut-être s’abîmer… et ici une voûte étoilée et un rayon de lune pour rêver tout éveillé. Un univers tout en contrastes à savourer loin de tout, loin de tous.
Tracklist :
1. Brouillard (18:00)
2. Brouillard (11:27)
3. Brouillard (09:10)
4. Brouillard (20:30)
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