Line-up sur cet Album
Giannis Sevi – Chant / Zisis Sapnaras – Guitares / John Poulkaris – Guitares / Lazaros Paikos – Basse / Aghs Tzoukopoulos – Batterie.
Style:
Avant-garde Black metalDate de sortie:
21 juin 2024Label:
AutoproductionNote du SoilChroniqueur (VeninWeirdSide) : 9/10
Je n’ai jamais écouté une seule fois de metal expérimental, tous styles confondus mais voir « Black » dans le nom du style m’intrigue et m’invite à me jeter à l’eau. C’est donc avec les Grecs de Carnivora’s Feast que je vais découvrir cet univers. Et dès la première chanson (enfin… « chanson » avec de très gros guillemets) « Genocide », je sais que ca va être… Drôle ? Amusant ? Mais peut-être aussi embarrassant ? Ce premier son commence par deux bruits de tuyaux qui semblent fuir puis une voix robotisée mettant assez mal à l’aise arrive avant d’être à son tour recouverte par une sorte de locomotive… Et c’est tout pour le premier morceau (Quand je dis que ca va être drôle…)
Alors que « Commander » commence sur une intro typique Black metal, on enchaîne sans transition sur un passage style mathcore à la The Dillinger Escape Plan d’une vingtaine de seconde avant de revenir sur des accords dissonants, accompagnés de sons qu’on dirait sortis d’un mauvais film d’horreur mais le mélange donne quelque chose plutôt homogène. Puis le riff d’intro revient et également le passage mathcore avant de finir sur une outro un peu aliencore. Pour une première chanson, j’ai le sourire aux lèvres.
Suit ensuite « Shepherd » qui finalement ne présente pas du tout de choses rappelant le black metal, mais plutôt quelque chose de très prog et mathcore encore une fois surtout avec ce solo de guitare de John Poulkaris à la fin de la chanson. Solo qui sera la seule chose variante de la chanson car le reste niveau mélodie, ne change pas du tout.
Vient alors le titre éponyme de l’album « Teufel » qui réutilise la même sonorité que « Shepherd » mais avec un ensemble musical assez flou, rappelant évidemment Black, mais aussi mathcore, Rock’n’roll et même un peu deathcore sur certains passages (notamment de 1:40 à 1:51). à partir de 2:13, on arrive sur un ensemble musical limite aliencore comme si le groupe voulait tromper notre cerveau qui à toujours tendance à vouloir assimiler quelque chose qu’il découvre à quelque chose qu’il connaît. Mais le mien à ce moment est un peu perdu.
On se détend un peu avec l’intro de « The Fence » qui nous ramène au style de base du groupe à savoir le Black, qui me rappelerait presque un petit air de riffs à la Dark Funeral. La touche prog à la Tool avec les tempos irrégulier rajoute quelque chose d’assez troublant mais qu’on a quand même envie de découvrir. C’est en fin de compte presque la chanson entière qui est composée de juste ce mélange Dark Funeral / Tool, mais termine avec un changement de sonorité à la fin faisant presque Black Atmosphérique.
Alors que l’intro de « Heynas Project » commence, je m’attends à quelque chose d’hyper gras et bourrin, or il n’en est rien, Il semble y avoir une influence Daughters alternant avec un riff plutôt thrash metal rappelant un peu Slayer surtout au niveau de la sonorité et des techniques utilisées à la guitare (Hammer-On et Pull-Off). Le fan de clown que je suis est comblé entre 2:11 et 2:27 avec les rires de Giannis, qui m’inspirent personnellement le premier EP de Bawdy Festival avec ce côté clown de l’horreur. C’est finalement à la toute fin de la chanson que le groupe retourne sur le black metal en terminant sur un blast de batterie assez « Classique » (même si, on l’a compris, rien ne sera « classique » avec ces garçons)
Enchaîne « Carnivorous » toujours dans cette vibe dissonante à la Daughters limite Noise. Le tempo de celle-là, en première partie, est lent mais reste bien lourd et ces rires à nouveau de 1:42 à 2:02 font toujours leur petit effet et me font maintenant adorer ce groupe. John Poulkaris démontre encore une fois tout son savoir faire de 4:01 à 5:00 nous pondant un solo bien technique, rendant la chanson, qui jusqu’ici, était plutôt lourde et dissonante, limite mélodique.
Mélodique, ce n’est pas le mot que j’emploirais pour décrire le morceau suivant « Aurora ». Alors ce n’est évidemment pas pour me déplaire, mais les guitares mixées sur un demi-ton d ‘écart entre elles donnent un côté aliencore à l’ensemble musical. Elles sont cependant moins présentes, pour laisser plus de place à la batterie d’Aghs Tzoukopoulos, qui a de sacrés poignets et une belle endurance, le tout avec une certaine propreté.
Le morceau suivant, « Ruins » n’en est pas vraiment un puisqu’il contient juste des bruits, comme des coups contre une paroi métallique, ainsi que des murmures, le tout mettant plutôt mal à l’aise, pouvant nous faire presque penser à l’univers de la saga de films Saw.
Etait-ce peut-être une pause avant le morceau suivant « Gradual Sunsets » qui commence tout de suite avec un tremolo bien typique black metal qui se révèle être le riff principal de ce track avant d’être couplé à un autre riff assez « tricky » typique prog, en polyrythme, irrégulier. L’intro dure assez longtemps (1:41 sur 4:53) de chanson, et le riff prog est amené de manière brutale comme pour dire « Tu t’attendais à ça ? Bah nan, t’auras ça ». Les tonalités changent à partir de 3:01 laissant place à du Mi, du Fa, du Sol# et du Sol avant de revenir sur du Ré# et du Do# pour terminer la chanson sur à nouveau un long trémolo, comme ça servait à la fois d’intro et d’outro.
En parlant d’outro, on arrive déjà sur le dernier morceau de cet album, « We, The Foul and Wreched », qui nous offre un petit retour aux « sources » ou plutôt aux influences utilisées dans les premières chansons de cet album, à savoir surtout Dark Funeral et The Dillinger Escape Plan que ça soit au niveau sonorité, structure, accords… mais avec une petite touche de death metal en plus. L’expérimentation jusqu’au bout. Mais je ne peux pas m’empêcher d’être frustré par la fin de cette dernière chanson… Un trémolo de 3:13 à 3:48 et juste après… une ligne de basse limite electro avec une batterie étrange, le tout enregistré avec le même micro que celui qu’utilise Jean-Louis Costes probablement. Et ça, jusqu’à la fin…
Finir là-dessus, après une masterclass comme ça ? Je trouve que c’est dommage…. La frustration encore quand j’écris ces lignes… Alors d’accord, c’est de l’expérimental, donc d’accord, il ne faut pas s’attendre à quelque chose de super logique et d’hyper organisé et peut-être suis-je encore trop inexpérimenté dans ce milieu pour comprendre absolument tous les sens (s’il y en a) et tous les messages que le style peut avoir l’habitude de proposer, mais finir sur juste cet ensemble électro est quand même vachement osé et nous fait même oublier qu’on « sort » d’un album qui a une base quand même Black Metal. C’est un gros détail oui, mais même si je trouve ça dommage, l’album dans son ensemble ne m’aura absolument pas déçu et commencer l’expérimental par un groupe comme Carnivora’s Feast est une belle porte d’entrée à ce milieu. Il y a absolument eu tous les styles possibles ou presque, mais c’est ça l’expérimental en même temps, et le mélange de tout ça ne m’a bizarrement pas du tout dérangé. Les Grecs de Carnivora’s Feast n’ont pas fini de faire parler d’eux et s’ils viennent en France un jour, ils peuvent compter sur moi pour les voir !
Tracklist :
1. Genocide (1:06)
2. Commander (4:25)
3. Shepherd (4:25)
4. Teufel (3:26)
5. The Fence (4:42)
6. Hyenas Instinct (4:47)
7. Carnivorous (6:19)
8. Aurora (3:25)
9. Ruins (3:21)
10. Gradual Sunsets (4:53)
11. We, the Foul and Wretched (5:36)
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