Céphée Lyra – A Sinner’s Loneliness
Line-up sur cet Album
Hector Lugnaz - Batterie Maud Hent - Chant Sylvain Claux - Guitares Aurélien Vissio - Basse
Style:
Metal Progressif et SymphoniqueDate de sortie:
31 décembre 2010Label:
Auto ProductionNote du Soichroniqueur (Fredo) : 8/10
Commençons par une lapalissade : un premier « véritable » album est pour un groupe un moment unique. L’excitation et la légitime béatitude de ses premières démo passées, quand on tient enfin dans ses mains pour la première fois la rondelle en plastique, la cover imprimée sur papier glacé, et qu’on envoie ses premiers exemplaires en promo en attendant les premières chros … tout ça doit sacrément remuer dans la tête des artistes. Finie la rigolade, là, on va jouer dans la cour des grands. L’exposition ne va pas être la même, on ne va pas attirer le même style d’avis, les sollicitations risquent de changer. Cet album se doit d’être la concrétisation d’une somme importante de travail, de sacrifices, de vraies et de fausses joies. Les rhône alpins de Céphée Lyra franchissent maintenant ce pas, avec « Sinners’s Loneliness ». Dans son bel écrin ocre orange, ce disque succède à la demo « Dawn Of Revelation » de 2009, qui avait permis au combo originaire de Chambéry de se faire une belle petite réputation dans le petit monde des groupes menés par une chanteuse. Profitant du rare fait de ne pas avoir subi de grands chamboulements dans le line up, le groupe a changé de méthode pour l’album, celui ci a cette fois été enregistré dans leur propre studio, mixage et mastering ayant été sous traités à un certain Sacha Besson. Cette formule, de plus en plus usitée grâce aux avancées technologiques a très bien fonctionné dans ce cas, la copie est très propre, le son étant très convenable.
Pour bien ressentir l’évolution du groupe, il faut se rappeler que les quelques avis et chroniques de « Dawn Of Revelation » arrivaient tous à la même conclusion : cette formation a un fort potentiel et est à suivre. Tous (et nous y compris) s’accordaient également à souligner le talent et le rôle primordial de la soprano Maud Hent. Pourtant, avec le recul, après avoir été ébloui par sa performance sur la démo, avec la disparition de l’effet de surprise et des écoutes répétées, on pouvait reprocher un certain manque de variété dans ses lignes de chants. C’est un peu le piège, avec ce type d’artistes … mais le moins qu’on puisse dire, c’est que le tir est rectifié. Les envolées lyriques sont toujours présentes, elles sont parfois la base du morceau (« Horsemen Of The Apocalypse »), et quelques vocalises viennent de ci de là aérer des passages plus lourds (« Lost In A Controversial Mind ») ou illuminer une composition par un refrain clinquant (« Burning Paradise » ). Par deux fois la réplique est donnée par des vocaux masculins (les traditionnels mais très réussis grunts de François de Broken Miror sur « A Destructive Victory » ou le très quelconque chant d’un certain Gaetan sur « Deeper Into Rage »). Mais ce qui fait la différence et qui inscrira cet album dans une durée de vie confortable, c’est que le groupe n’abuse pas de son principal atout. Maud module sa voix intelligemment pour planter de nouvelles ambiances. Ici, le texte un peu désabusé par le gâchis écologique que nous faisons de notre Terre de « Burning Paradise » est débité sur les couplets par une voix de poitrine mêlant la solennité et la colère montante, là, ce chant plus grave se veut belliqueux (« Lost In A Controversial Mind »). Et que dire de la douce mélopée qui introduit le poignant « Sons Of Sorrow », sinon qu’elle est juste …féerique. Ajoutez à ça un chœur de 5 personnes (que l’on remarque dès l’intro « Days Of Wrath » , belle déclinaison métallique du « Dies Irae » du Requiem de Mozart) qui confère tout de suite une dimension différente au groupe.
D’autant plus qu’au niveau des compositions, on taquine aussi le niveau supérieur. Plus variées, articulées autours d’orchestrations ciselées et des véritables refrains qui manquaient un peu, elles sont basées sur un mini concept gravitant autour de 3 des péchés capitaux. La colère, d’abord, qui s’exprime par des parties très rapides et très symphoniques qui rappellent les compos de « Dawn Of Revelation », à l’image d’un « Horsemen Of The Apocalypse », avec sa structure très traditionnelle et son allure véloce. L’orgueil, lui, est traité avec des ambiances plus lourdes, plus alambiquées. Les changements de rythmes sont plus nombreux, appuyant ainsi une musicalité plus progressive. « A Destructive Victory » reste la pièce maîtresse de cette partie, ce mid tempo comporte des accélérations fulgurantes, et des passes d’armes intenses entre le clavier et la guitare, qui se mêlent dans une farandole de sons ensorcelants ou plus aériens s’effaçant peu à peu devant le chant lyrique. Enfin, l’envie est d’abord évoquée par un « The Myth », avec son intro lorgnant vers des sonorités orientales et son refrain aussi simple que fédérateur, deux petites phrases qui viennent vous squatter délicieusement l’encéphale. Puis, pour succéder à ce moment de bravoure, le groupe nous gratifie de la plus belle chanson du disque, ma préférée et bientôt la votre, l’envoûtant « Sons Of Sorrow ». Quasiment 9 minutes de bonheur, après la fine pluie d’un triste clavier, les lignes vocales se font poétiques, prenantes, juste interrompues par les éclats métalliques d’une six corde pernicieuse. Le refrain est repris à plusieurs voix pour un rendu grave, majestueux en diable. Sans dire qu’on touche au sublime, on s’en approche quand même beaucoup. Puis le cercle se referme par « Nights Of Envy » qui reprend à son tour l’air du « Dies Irae », concluant ainsi l’album sur une note symphonique et mystique.
En 2010, Noël est donc un peu tombé le 31 décembre, le jour officiel de la sortie de ce « A Sinner’s Loneliness ». Pour ceux qui ont un peu suivi le quatuor (en attendant la ré intégration d’un clavier à temps complet ?), apprécié les démos précédentes, cet enregistrement est la confirmation du potentiel de Céphée Lyra. Pour les autres, il constituera sans doute une très bonne surprise. Et qui sait … les compos de ce disque très riche, intense, varié arriveront peut être à convaincre un label de s’intéresser à cette formation pétrie de talent.
Myspace :
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