Note du SoilChroniqueur (Fast Freddy) : 6,5/10

« Dislocated » est le premier album long format de Charles East, compositeur et musicien sud-africain, qui, autour du piano, établi la jonction de plusieurs courants musicaux pour nous livrer, fort d’une inspiration lugubre, une œuvre immersive bouleversante, certes éloignée du metal mais qui sera parlante pour les amateurs de doom, de black atmosphérique ou encore de dark ambiant qui trouvent dans des artistes hors metal, comme Diamanda Galás par exemple, une âme authentique et profonde qu’il est agréable de sonder. Alors, il apparait compliqué de définir et de catégoriser en un style unique la musique de Charles East que nous avons ici estampillée de dark, de gothique et d’alternatif au sens d’out of the box, à défaut d’être un peu réducteur au regard de la créativité débordante puisant dans moult influences et registres différents. A travers une dizaine de titres, il nous offre un voyage d’une quarantaine de minutes que chacun appréciera à l’aune de la noirceur de ses pensées ou de son état mental pour en ressentir toute la portée.

Autant dire que Charles East ne nous attire pas sur ces chemins verdoyants, bordés de fleurs multicolores et bercés par des gazouillis printaniers ; ceux qui ne sont pas prêt psychologiquement pour absorber une bonne dose de musique qui ravivera dans leur mémoire des moments difficiles, douloureux qui ont frisé la dépression, risquent de ne pas en sortir indemne ! Ils auront probablement l’impression d’être poursuivi dans les méandres de leurs souvenirs obscurs et indélébiles qui jalonneront sans cesse leur vie malheureuse. Bref, sur un plan musical comme sur celui des émotions, il s’agit d’un antithèse de l’hymne à la joie en quelque sorte ! L’artwork de la pochette ne laisse pas non plus de doute sur le sujet.

Tout est noirceur mais beauté pour qui sait se plonger dans ce registre en prenant garde de ne pas flirter avec le vide abyssal par trop d’errance de l’âme ! Mais comment ne pas se laisser transporter par le magnifique « It holds my viscera » qui ouvre de manière magistrale cet opus ! Véritable moment en suspension, d’une richesse émotionnelle rare, bercé que l’on est par les notes presque minimalistes du piano, le tremolo de la voix lancinante et une certaine puissance musicale pourtant si simple mais subtilement efficace ! « Venom » possède la capacité à vous faire sentir mal à l’aise du début à la fin et ce n’est clairement pas avec « I am the plague » ou encore « Is this my doom ? » à la fois dépressif et oppressant à souhait, que vous trouverez une certaine positivité à laquelle vous pouvez espérer vous raccrocher.

Ce qui peut paraitre paradoxal, c’est que malgré le côté malaisant qui accompagne l’écoute, il semble compliqué d’en sortir avant la fin, comme si une attraction invisible et inaudible ne vous donnait pas la force d’en sortir à votre guise, par vos propres moyens. Il y a un côté effrayant vu sous cet angle, mais c’est bien ce que le reste de l’écoute nous fait ressentir également ! L’atmosphère pesante est le fil conducteur de cette galette au côté sinistre ; « Vibrates » et « The mouth » en sont des exemples parmi tant d’autres !

« Dislocated », premier long format de Charles East, s’apprécie pleinement lorsque l’on se laisse glisser dans les affres de l’obscurité émotionnelle si bien mise en musique ici ; encore faut-il garder à l’esprit de faire preuve d’un certain détachement au risque de ne pas en sortir indemne ! Et vous, êtes-vous prêt pour vivre une expérience intense ?

Tracklist :

1. It Holds my viscera 06:45
2. Venom 04:00
3. I am the plague 04:57
4. Is this my doom ? 03:33
5. Diseased 02:57
6. I am your consequence 03:50
7. Resting in the blood (Feat. Eva O) 02:56
8. Inside my pestilence and rage oblectation vibrates 02:21
9. The mouth 04:31
10. Damnation 04:49

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