Line-up sur cet Album
- Leo Skiadas : tous les instruments, chant
- Guest :
- Johnny Papaioannou : guitares, basse
Style:
Cold Wave / Dark WaveDate de sortie:
14 février 2022Label:
Wave RecordsNote du SoilChroniqueur (Quantum) : 7.5/10
“Dans l’uniformité de circonstances identiques, chaque expérience prend une dimension singulière et tragique.” Madeleine Ouellette-Michalska
Nous n’avons pas la même manière d’appréhender le monde, c’est un fait. Mais je me suis souvent demandé jusqu’à quand les égrégores pouvaient nous rassembler. Loin de moi l’idée de créer une secte, je vous vois venir à trois kilomètres! Mais par moment, les interactions sociales m’intéressent au plus haut point. Moi qui suis en difficulté pour connaître ma place d’abord dans une foule, ensuite dans le monde en général, je voue une curiosité sans faille aux interactions que mes congénères peuvent avoir entre eux, notamment lors de grands évènements culturels. Sous-entendu, un festival. Pour la notion d’égrégore, c’est encore plus flagrant si on considère comme moi que la musique metal est un égrégore incroyable. Il y a une telle charge émotionnelle dans un concert de metal que c’en est fascinant. Souvent, je regarde la réaction des gens face à un groupe, puis un autre, ou entre eux, ce qui me donne quelques billes supplémentaires au passage pour les reports de concert. Je suis en mesure de dire que déjà, selon le style de metal, c’est radicalement différent. Mais l’Homme a cette capacité innée de changer son comportement en fonction du style de musique abordé. Loin du metal parfois! Moi, je suis un exemple typique de cette adaptabilité, cette malléabilité. J’écoute de tout, vraiment. Je vais même sur des groupes et artistes dont l’évocation du nom causerait mon excommunion de la musique metal, et je ne m’aventurerais surtout pas à les dire ce soir. Mais en tout cas, on voit bien que la musique a un effet totalement différent sur nous selon le contexte, le style et les émotions préalables. Je ne prends pas du tout le même plaisir à écouter du dungeon synth que du black metal, ou quand je vais arpenter les plates-bandes du heavy metal et que de suite après, je pars sur du blues ou de la musique cubaine par exemple. C’est pour cela également, pour cette curiosité personnelle, que je ne fais pas QUE du metal chez Soil Chronicles. Dès que je peux, je me lance sur de néofolk, ou tout ce qui est wave quelque chose. Voilà la raison pour laquelle votre humble et dévoué serviteur Quantum va faire la chronique d’un projet rare chez moi, qui se nomme Cinemascope et qui sort l’album « A Crack on the Wall » depuis la Saint-Valentin! Cela se fête un peu, non?
Bon, le problème quand on chronique autre chose que du metal, c’est qu’on ne peut pas appeler notre ami Metal Archives! C’est un peu du genre « démerdez-vous avec ce que vous avez ». Donc, on a simplement comme information plausible que Cinemascope est un projet de musique grec, en provenance de la capitale Athènes. On apprend également qu’à la base, le projet n’est l’œuvre que d’une seule et même personne, du nom de Leo Skiadas mais que pour cet album, il a fait appel pour la première fois à un deuxième larron du nom de Johnny Papaioannou pour les guitares. C’est donc plutôt une bonne chose que de faire intervenir une tierce personne pour pourquoi pas améliorer le tout, on verra! « A Crack on the Wall » serait aussi le deuxième album, le premier se nommant « Stains of Live » et était sorti en… 2014. Comme le stipule donc lui-même Skiadas, il aura fallu huit années pour qu’un successeur désigné voit le jour, et ces laps de temps très longs ne me rassurent jamais beaucoup. Nombre de groupes qui tentent une sorte de retour pour au final mieux se casser la tronche, c’est déjà arrivé. En espérant que Cinemascope ne se viande pas non plus, parce que sur le papier même si les informations sont manquantes, le projet semble ambitieux et très sérieux. A voir donc!
En tout cas, pour le style proposé, je suis un peu interloqué par la pochette. Non pas qu’elle soit moche, c’est même carrément l’inverse. Mais d’avoir pris une photographie de paysage, avec ce côté certes beau mais finalement plutôt lambda, pour illustrer un « une fissure sur le mur ». En plus, la photographie n’est pas très nette, on voit bien que c’est une sorte d’agrandissement pour faire la dimension d’une pochette d’album. Sur le paysage lui-même, je n’ai rien à redire si ce n’est qu’il est très beau, c’est indéniable, et l’effet brouillard ou nuage bas est d’un bel effet. En plus le temps est mauvais, ajoutant un côté triste à ce paysage un peu torturé. Mais pour le sens en lui-même, c’est assez incompréhensible et ce, même quand on tente d’y trouver une métaphore. Je ne nie pas du tout le fait que pour Cinemascope il y a du sens derrière tout cela, peut-être un côté échappatoire avec la perspective d’aller sur ce paysage pour changer d’air en quelque sorte, mais j’ai beau me creuser les neurones, je ne vois pas. Pour moi, l’idée d’une fissure sur un mur c’est une sorte d’expression de faiblesse, d’une rupture esthétique sur un mur parfaitement lisse, dans le sens propre comme figuré du terme. Voilà comment je voyais la chose en parlant d' »A Crack on the Wall« . Et si encore une fois je ne nie pas le sens caché de cet artwork somme toute plutôt sympathique, voire joli comme tout, il est suffisamment dissimulé pour devenir insondable, et cela c’est franchement dommage. Il y aurait eu largement moyen de faire mieux, plus travaillé, quitte à prendre des risques financiers. Prendre une photographie de paysage, c’est trop lambda pour moi. Non merci!
Alors, quid du style ce soir? Cinemascope l’annonce lui-même et je le trouve tout à fait raisonnable, il s’agit d’un mélange de dark wave et de cold wave. La différence est mince, mais elle existe. Historiquement parlant, mais aussi dans la construction. La dark wave est assez inhérente au mouvement gothique et partage avec lui les affres de la souffrance, avec donc des thématiques abordées qui sont sensiblement les mêmes. La cold wave est moins là-dedans, offrant des passages très dansants et une atmosphère un peu plus légère. A l’écoute, on voit bien que Cinemascope joue de cette différence avec une majorité très cold wave dans la construction des morceaux qui sont bien électro, avec des sonorités très années 80 voire 70, et des thématiques qui évoquent plus le côté « sehnsucht » de la dark wave, quelque chose de personnel mais étonnement sombre et du domaine du vague-à-l’âme. Bon! Mes explications n’engagent que moi, et je ne suis pas un expert de ces styles même si je les affectionne beaucoup. Sur « A Crack on the Wall« , on a en tout cas une certaine constance dans la musique, très électro avec quelques apports en guitares saturées mais cela reste du grand classique, avec un côté dansant pas désagréable du tout, des atmosphères old school prenantes et une musique entrainante. La dimension personnelle est bien présente, et peut par moment un peu perdre l’auditeur, mais cet album demeure accessible à tout un chacun, ne tombe pas dans des fioritures outrancières et même le chant est de bon aloi. Je pense que l’on peut facilement dire qu' »A Crack on the Wall » est un album que n’importe qui ou presque pourrait découvrir sans souffrir d’un ressentiment ou une forme de perdition. C’est, grosso modo, résumé par « simple mais efficace ». Et c’est très bien comme ça! Bonne première écoute pour moi.
La production est empreinte de nostalgisme à gogo! On sent que le maître bâtisseur derrière Cinemascope est un fervent amoureux de ces années 70 et 80 qui ont marqué l’avènement de cet cold wave et sa cousine dark wave. De fait, il fallait pour que tout soit raccord un son typique de ces époques, ce que « A Crack on the Wall » amène avec un certain brio. On a donc un son très marqué par l’utilisation de claviers anciens, limite analogiques sur certains passages, ce côté « chaud » du son que j’ai toujours aimé et que j’ai retrouvé par exemple chez Antivote ou un groupe italien dont j’ai mangé le nom. Cette mise en avant d’un apport atmosphérique dans la musique a toujours été selon moi ce qui a fait marcher ces styles, outre bien sûr le folklore vestimentaire et culturel autour. Mais chez Cinemascope, c’est intéressant sa manière de mettre les préoccupations modernes sur des sonorités anciennes. Non seulement cela fonctionne très bien mais en plus, je dirais que cela sublime ces fameuses préoccupations. On pourrait considérer au vu de cette production excellente que Cinemascope a bien fait de mettre au gout du jour une fois de plus ce qui représente pour moi un début de perfection dans la musique : ce son doux mais planant pour un truc sombre. Une belle trouvaille sonore ce « A Crack on the Wall« !
Si j’avais juste un petit reproche à faire, c’est clairement celui de la subjectivité. Cinemascope qui mène sa barque tout seul propose une musique qui contraste entre sa part accessible sur le plan musical et fort bien composée, et sa part insondable qui est inhérente au fait qu’il soit seul. C’est son projet et il nous le fait ressentir comme tel. Maintenant, il faudrait simplement essayer de moins plonger dans les profondeurs de son esprit et essayer de nous offrir des accroches pour que l’on puisse remonter avec lui. Parce que la musique a tendance à nous happer vers le fond, mais du coup on peut être rebuté. C’est ce qu’il s’est passé à quelques reprises me concernant, je me suis arrêté en cours de route à pas mal de reprises. Cela reste néanmoins un album comme je disais bien abordable, la musique est apaisante, rythmée parfois, dansante beaucoup et les ambiances sont très prenantes. Je ne peux me risquer à en dire plus, parce qu' »A Crack on the Wall » est un album qui s’écoute, qui se savoure plus qu’il ne s’étudie, donc je vous laisserai voir. Pour moi, c’est un petit oui on va dire.
Le chant est là aussi dans la mouvance que l’on connaît bien, des voix tranquilles comme je dis mais assez monocordes. Ce n’est pas exactement ce que je préfère, surtout quand le chant clair est posé comme cela, avec le sentiment d’un certain je-m’en-foutisme dans l’intention, même si dans les faits ce n’est pas le cas du tout. Mais en tout cas, ce dernier reste fidèle au genre, à la nostalgie des années citées, et je trouve qu’au moins l’ensemble est cohérent. La thématique du chant est encore un peu insondable mais tout en étant aisé d’écoute, ce qui est un peu paradoxal. Mais en tout cas, ce n’est pas le chant qui m’inspirera le plus ce soir. Il est bien! Techniquement parlant il est bien. Mais cela s’arrête là pour moi.
Pour conclure, Cinemascope est un groupe qui nous amène un second album qui répond au nom mystérieux d' »A Crack on the Wall« . Album qui se situe dans une mouvance totale de cold wave et dark wave, avec donc un côté dansant très marqué, quelques atmosphères également prenantes et mises en avant, le tout sur un fond artistique intéressant. C’est donc un album qui pourrait largement prêter satisfaction! Seulement, le projet étant celui d’une seule personne, même accompagnée sur cet album d’un guitariste en plus, on sent qu’il y a une grosse dimension personnelle. Et cette dernière amène l’album à tomber dans le piège somme toute minime mais quand-même, de la subjectivité. On a parfois du mal à suivre et comprendre où notre ami veut en venir, ce qui occasionne pour ma part quelques moments un peu de dubitation. Suffisants en tout cas pour me donner le doute sur si j’aime ou non cet album. Bon! Au final, je peux dire que je l’aime bien, sans pour autant me projeter dans une éventualité d’achats et de suivre Cinemascope. Cela restera donc un petit oui pour moi. Et encore, je suis gentil, on peut dire qu’il y a mieux dans le genre.
Tracklist :
1. Ocean 05:28
2. Vicious Circle Game 04:05
3. In Silence 03:22
4. Leaving Is My Way To Breathe 05:21
5. Die In Summer 04:24
6. Fall 04:24
7. Sometimes 03:46
8. Let Me Be Angel 06:52
Laissez un commentaire