Note de la Soilchroniqueuse (Gwenn) : 06/10

Mories semble être un sacré coco. Etant l’unique compositeur et créateur des projets Gnaw Their Tongues et De Magia Veterum, c’est avec ce dicton de « jamais deux sans trois » que le musicien néerlandais se met au travail avec cette nouvelle formation qui porte le doux nom de Cloak of Altering.

Dans une interview publiée par « Lucker’s Path », Mories semble penser que le principal souci environnant le Black Metal néerlandais est que je cite « chaque groupe cherche à avoir le même son que son voisin, si Urfaust a un son qui leur est propre, cela ne suffit pas ». Pour donner raison à Mories, il est évident que sa musique est loin de respecter les codes relatifs à une forme de Black Metal prédéfinie. Tant mieux pour certains, d’autres crieront au scandale. Le principal restant encore de prendre du plaisir à créer. Et Mories paraît avoir pris son pied dans cette avalanche de sonorités aussi surprenantes que variées. Je l’imagine très bien devant son Pc la cigarette au bec, à chercher dans son for intérieur ce qu’il pourrait encore faire passer en musique.

J’ai été intéressée d’en écrire la chronique car le Black Metal est pour moi dans les médias quelque chose qui se compare au cinéma. Plus on me dit que c’est pauvre et sans intérêt, plus j’y vais. Cloak of Altering est donc un projet classé sous l’avant-garde Black Metal. Certes, ça n’est pas commun et plutôt d’aspect bordélique à la première écoute. Cependant à sa décharge, ça n’est pas parce que la culture Black Metal respecte des lois symétriques parfois presque parfaites qu’il faut impérativement suivre cette règle. De nombreuses formations s’arrangent très bien de la nécessité de faire passer une essence musicale bien plus que de faire du Copy Paste. Quelque part, c’est une démarche louable et permet, dans une évolution intelligente du style, de continuer à porter le drapeau du Black Metal tout en y apportant une certaine hétérogénéité.
La seule symétrie respectée par Cloak of Altering est dans la composition, que je qualifierais de « nature morte », de la pochette. Deux têtes de mort qui paraissent avoir fumé la moquette au sein d’une composition florale jaune orangée. Pourquoi pas…

Première chose qui me surprend fortement surtout après avoir jeté un œil sur les premières chroniques parues çà et là, la musique est un bazar absolu mais ma foi, c’est technique, ambiant parfois, et pas inintéressant du tout. Il y a en effet un jeu illimité de sons, de rythmes, d’effets chaotiques et une voix placée en arrière-plan qui assure le relief de l’ensemble. Certains passages sont vraiment chouettes dans les ambiances qu’ils dégagent et cet album est à prendre (cela n’engage que moi) petits bouts par petits bouts. L’exemple le plus marquant ici est dans la structure du morceau éponyme, « Cloak of Altering ».

Si l’on pourra reprocher à Mories d’avoir étalé son imagination à la manière d’un feu d’artifice, on pourra lui donner la palme d’une originalité culottée qui dans cette période où le Black Metal tend à redevenir tel qu’il était dans les années 90, est une prouesse osée. The Night Comes Illuminated with Death est indéniablement un album à placer dans un contexte de découvertes et d’expérimentations sonores. Il est indispensable ici de retirer ses œillères cousues par un Black Metal formaté. Ceci dit un brin de structuralisme saurait être une qualité encore à travailler afin d’arriver à une performance qui gagnerait en maturité. Les passages issus d’outre-tombe pourquoi pas plus poussés, plus mystérieux, et chaque morceau pourrait encore se différencier les uns des autres avec des sonorités qui leur seraient uniques, mais c’est une manière personnelle de voir les choses.

En tous les cas, je ne jette pas cet album à la poubelle comme le conseillent beaucoup de médias.

Myspace : http://www.myspace.com/cloakofaltering