Cloven – Twilight’s Heart

Le 15 février 2025 posté par Metalfreak

Line-up sur cet Album


Dave Bach : tous les instruments, chant

Style:

Dark Ambient

Date de sortie:

11 octobre 2024

Label:

WormHoleDeath

Note du SoilChroniqueur (Quantum) : 5.5/10

Voix de la vie, silence de la mort, le clivage est si simple.” Michel Cyprien

La rédaction de cette nouvelle chronique coïncide avec la sortie d’un nouvel épisode d’une de mes chaînes YouTube favorites, la seule qui selon moi vaut la peine d’être écoutée en matière d’urbex et de paranormal : GussDx. Pour ceux et celles qui ne connaissent pas, Guillaume Durieux est un gars qui explore des lieux abandonnés ou habités, des ruines d’une maison délaissée, des châteaux restaurés en passant par des églises ou des anciens terrains militaires. Il tente de trouver des indices permettant d’étayer la présence ou non de phénomènes paranormaux. La chaîne YouTube a connu deux histoires. La première histoire était très clairement dans le sensationnel avec une exagération qui frôlait le ridicule. L’aveu terrible fait par son créateur – qui a reconnu des trucages sur certaines de ses enquêtes – a entraîné un silence de quelques années. La seconde histoire, elle, se rapproche finalement d’éléments authentiques, avec des précautions assumées à chaque début d’enquête. Pour vous la faire courte, s’il n’y a rien à démontrer de paranormal, il n’y a rien, point. En revanche, GussDx compense la très grande majorité de vidéos où il ne se passe rien (hormis ses déambulations nocturnes et ses témoignages historiques, somme toute déjà très intéressants quand on fait fi de la dimension paranormale que l’on attend et du suspense qui en découle) par un montage vidéo franchement génial et surtout, SURTOUT, une bande-son dingue. Bande-son que par ailleurs, il compose lui-même de A à Z, comme il me l’avait expliqué dans un commentaire sur Facebook. La musique présente sur ses vidéos, quelques fois renouvelées, permet cette imprégnation totalement en osmose avec le contenu visuel qui fait que l’on est captivé du début à la fin. Et le mixage, si tant est qu’il y en ait réellement un, est aux petits oignons pour ne pas étouffer les bruits réels filmés et ses commentaires à voix haute. Non content d’avoir su rebondir remarquablement bien après le fiasco initial, GussDx nous gratifie, quand on aime le genre musical, d’une dark ambient ahurissante. Enfin, surtout très bien composée, minimaliste au possible, et bien évidemment, flippante. Tout simplement flippante ! Pourquoi je me suis embarqué dans une diatribe sur une de mes chaînes YouTube préférées, sinon la seule ? Parce qu’elle entre totalement en intérêt pour vous raconter mon amour de la dark ambient. J’avais fait l’éloge du dungeon synth sur une de mes dernières chroniques, laissez-moi une fois encore vous présenter un projet de dark ambient. Celui-ci se nomme Cloven et l’album qui va vous être présenté s’appelle « Twilight’s Heart« . De là à vous garantir qu’il s’agit d’un bon album, il n’y a qu’un pas. Mais un gros.

Cloven est le projet d’un musicien nommé Dave Bach, qui nous vient tout droit du Canada. On ne sait pas vraiment depuis quand le one-man band existe, mais si on se réfère à la première sortie de Cloven, il semblerait qu’il soit d’un an à peine, soit janvier 2024. Le mec a été particulièrement prolifique puisqu’il a sorti cinq albums sur Bandcamp. Pas plus, pas moins. Le tout en une petite année. Ce n’est pas la première fois que je constate que des projets de ce type de musique sont aussi prolifiques en matière de quantité de sorties. Généralement, comme j’en parlais en message privé avec le musicien de Necrocachot, autant de sorties témoignent d’un certain manque d’inspiration au bout d’un moment, surtout quand on cherche à changer l’univers de chaque sortie. Il vaut parfois mieux avoir un projet qui met plusieurs années à sortir quelque chose qu’un projet ultra compositeur. En tout cas, je ne pourrais attester ou non de la qualité générale de Cloven puisqu’il s’agit de ma première expérience avec ce « Twilight’s Heart« . Une chose est sûre, deux curiosités m’attirent : en premier, le mot « cloven » qui vient de l’anglais « to cleave » qui signifie « séparer, cliver », et en second le fait que Dave Bach parle de « sigil » pour justifier son album. Comme j’attache une grande importance à ce qu’est un sigil, je suis impatient de me frotter à ce nouveau projet.

La pochette dans un premier temps m’a quelque peu laissé perplexe et m’a fait craindre quelque chose qui s’est plus ou moins confirmé par la suite. Je n’ai rien contre les groupes qui proposent une pochette avec simplement un logo, mais cela manque quand-même cruellement d’imagination. Cloven ne s’est manifestement pas plus embarrassé que cela pour illustrer son « Twilight’s Heart« . On y voit ainsi le logo du projet, ou tout du moins un symbole qui se rapproche du logo que l’on voit sur le Bandcamp. Le tout surplombe un fond gris, très flou, d’où l’on peut distinguer avec difficulté qu’il y a des motifs mais sans que l’on comprenne quoi. Je pense pour le coup que c’est fait exprès, parce que cela renvoie à un état de brouillard qui colle bien avec ce justificatif énigmatique présent sur le Bandcamp qui dit : « Le sceau que l’on voit ici s’appelle Twilight’s Heart. J’aimerais pouvoir l’expliquer… J’espère que d’autres personnes pourront voir sa profondeur et sa charge. Je me fane sous ses pieds…« . Ce que je retiens ici c’est que son auteur explique qu’il a composé cet album sans tellement comprendre le pourquoi du comment, et qu’il espère que l’auditeur va retenir les émotions plutôt que le fond. Il y a donc, sous l’apparente banalité de la pochette, une certaine volonté d’être raccord avec ce véritable flou artistique ; terme qui n’a pour ainsi dire jamais été aussi opportun pour parler d’un album. Nous verrons pourquoi après. Ce que l’on retiendra de la pochette est que derrière ce procédé simple se cache finalement une sorte de mystère, y compris pour son auteur. Comme une voie impénétrable qui s’enfuit dans l’inconscient. C’est ainsi que sur la forme, je reste réellement sur ma faim, tandis que sur le fond, je trouve qu’il y avait de l’idée. Bref, si son auteur s’est égaré, je le suis moi-même un peu au moment d’aborder l’écoute de « Twilight’s Heart« . Impossible de savoir si je suis insatisfait ou pas. Si encore il y avait au moins eu le nom de l’album sur le devant de l’artwork, cela m’aurait un peu réconcilié…

La musique que j’abordais en première intention m’a fait à peu de choses près le même effet. Bon, sans surprise, on est sur une musique dark ambient avec toutefois quelques subtilités qu’il convient de montrer. D’ordinaire la dark ambient est plus ou moins composée avec des banques-sons que l’on trouve sur des logiciels d’ordinateur, ou des claviers, ou pour les plus sophistiquées, carrément des captations sonores. Ici, Cloven se paye le luxe d’édulcorer la terreur propice à ce style de musique avec quelques incorporations acoustiques, une guitare par exemple. Cela donne un élément un peu hybride, entre la dark ambient et une tentative un peu vaine de faire de la dark folklorique. J’aime beaucoup les deux genres cités mais j’éprouve une certaine difficulté à entrer dans la démarche artistique de ce « Twilight’s Heart » parce que je n’ai guère gouté au minimalisme des éléments dark ambient, surtout accompagnés d’une tentative d’instrumentation acoustique pas franchement appropriée. J’ai du mal à comprendre la corrélation que Dave Bach a essayé de mettre en place entre la dark ambient composée ici, bien sombre, lancinante et oppressante, et la partie plus dark folklorique qui me semble beaucoup plus mélancolique, et qui ne correspond pas vraiment avec la noirceur en fond sonore. Les six compositions sont par ailleurs plutôt ressemblantes, pas tellement sophistiquées. Il arrive un moment où on finit par tourner en rond. Après, si l’on s’arrête strictement aux ingrédients dark ambient, je trouve quand-même du positif parce que les éléments sont là. Le minimalisme, l’oppression sonore, tout est en main pour que cela fonctionne ! Si on isolait potentiellement les instrumentations dark folkloriques, cela pourrait fonctionner aussi, quoiqu’un peu moins, quand on se réfère à ce qui se fait de bien dans ce domaine. En résumé, la première écoute m’a laissé circonspect, plus par un mélange hasardeux qu’un réel talent de composition. On a surtout la désagréable impression que ce « Twilight’s Heart » a été composé sans vraiment faire preuve d’introspection, comme s’il s’agissait d’un premier jet laissé pour compte dans un disque dur externe et qu’on a décidé un jour, sans réflexion aucune, de faire sortir de l’oubli dans lequel, peut-être, il aurait dû garder sa place. Je suis sévère mais j’ai tenté d’aller plus loin, vous verrez plus tard.

Pour la partie production, c’est probablement la seule partie de l’album pour laquelle je n’ai rien à redire de répréhensible. Au moins, la partie sonore est plus qu’abordable et encore une fois, sans vouloir me montrer redondant, si l’on isolait chaque partie musicale, elle serait très bonne y compris d’un point de vue sonore. La partie dark ambient occupe un espace sonore qui n’est pas désagréable du tout, et fait son boulot naturel d’oppression sur la psyché qui, ma foi, ne manque pas d’élan. On devine à l’oreille un spectre sonore qui englobe bien l’espace et qui bourdonne avec générosité. La partie que j’appelle de manière cavalière « dark folklorique » mériterait d’être plus travaillée certes, mais au moins sonoriquement parlant, elle n’est pas non plus horrible ! Vous prenez une guitare sèche, un peu comme le faisait Vàli de son temps, vous y mettez quelques retouches judicieuses dans le mixage, et vous obtenez un résultat extraordinaire ! Pourquoi faire complexe quand le minimalisme que je chéris tant peut vous transporter ? Eh bien c’est possible, à condition qu’on y mette son intention artistique, ce qui n’est pas le cas pour Cloven. A mon sens, cette production très bonne relèverait presque d’un « pas fait exprès » de la part de son auteur au vu de la maladresse de composition. J’ai la naïveté de croire qu’à défaut d’avoir réellement mis du soin et de la retenue dans son analyse de composition, il en aura au moins mis un peu (le minimum syndical) dans le son qui l’accompagne. C’est déjà pas mal !

En fin de compte, Cloven s’est à mon avis tiré une balle dans le pied quand il dit ceci sur son Bandcamp : « En tout cas, pendant que RUINED [album précédent] est en maintenance, j’ai pensé que je sortirais cet EP, pour qu’il ne pourrisse pas simplement sur mon disque dur. J’espère que vous l’apprécierez. » Voilà. Net et sans bavure. Cloven a sorti, de son propre aveu, « Twilight’s Heart » pour qu’il ne moisisse pas dans les méandres de son disque dur. C’est vraiment dommage parce qu’on le sent, ce côté sans réelle intentionnalité artistique. C’est tout le problème ! On le sent dans la pochette, on le sent dans la musique, on le sent moins dans la production mais parce qu’au final, il y a eu un probable sursaut d’orgueil. On sent que cet album a été composé sans autre intention que celle d’être une sorte de défouloir totalement personnel et insondable. Il a, par ailleurs, hésité à le sortir comme il le dit indirectement. Cet album est donc vide de sens, non pas pour son auteur (et encore…), mais surtout pour l’auditeur. Tout simplement. Je comprends et je respecte l’idée de faire de la musique uniquement pour se soulager de quelque chose, ou parfois parce que, comme l’angoisse, on n’a pas toujours de prodrome pour expliquer ce qu’il se passe dans notre tête. Mais quand on décide de dévoiler cette intimité suprême que représente un album comme « Twilight’s Heart« , il faut quand-même montrer qu’on l’a motivé ! Sinon, à quoi bon ? C’est comme si vous cuisiniez pour vos invités mais que vous n’étiez soit pas inspiré, soit pas motivé. Le résultat est que, vous avez beau refaire la même recette de votre hachis parmentier, il sera moins savoureux. La musique, qu’elle soit dark ambient ou autre, c’est pareil. Rien de mieux que l’authenticité. Désolé pour lui mais je comprends mieux désormais les errances multiples et la raison pour laquelle cet album ne m’a pas parlé plus que cela. Dommage.

Sans vouloir enfoncer le clou, ce qui aurait largement sauvé les apparences aurait été le chant, surtout quand on sent que la musique provient d’un truc très enfoui et pudique, sauf qu’il ne remplit pas son rôle, mais alors pas du tout. Je ne comprends pas du tout le choix de la technique vocale pour argumenter la musique de « Twilight’s Heart« . Cette voix laconique, qui semble vouloir reproduire des voix emblématiques comme Leonard Cohen (je dis bien « vouloir reproduire ») ne fonctionne pas ici. Déjà parce que la monotonie pathologique de la voix rend l’ensemble soporifique et ensuite parce qu’on ne comprend pas ce qui est chanté. Et les Dieux savent que je peux me montrer très tatillon sur les chants dont on ne comprend pas les paroles ! C’est d’autant plus frustrant que je pense que Cloven a des choses à raconter, on le devine. Mais alors, pourquoi se la jouer voix mélancolique quand, d’une part, on fait une musique qui se veut noire et effrayante en prime intention, et d’autre part si c’est pour ne rien capter ?… Le pire est que j’adore naturellement les timbres de voix graves en chant clair ! Mais là, on frôle le borborygme plus qu’un chant qui vient des tripes. Non décidément, le chant n’est ni fait ni à faire. Il faudrait tout revoir de A à Z.

Bon, bon, bon… Comment finir ?… Par les fondamentaux d’une conclusion, sûrement. A défaut de mieux… Cloven, one-man band canadien mené par Dave Bach, sortait l’an dernier un album nommé « Twilight’s Heart« . Le titre de l’album était prometteur quand on est comme moi en recherche d’émotions dans la musique. Sur le papier, la musique devait cocher toutes les cases pour m’agréer, une dark ambient simple me plaisant d’office, alors imaginez avec quelques incorporations présentées dans les propos alambiquées du dossier de presse. Mais quelle déception ! On se retrouve avec une musique qui n’est pas loin de tomber dans une sorte de fadeur, ne déclenchant pour sillons sur les écrans de notre psyché qu’un électroencéphalogramme musical plat. Mais ne cherchez pas plus loin, son auteur lui-même ne semble pas savoir pourquoi il a sorti cet album. Enfin, si ! Pour éviter qu’il ne pourrisse dans le compost de son disque dur. En fait, c’est bien le problème principal de « Twilight’s Heart« . Quand on ne lui trouve aucun autre but indirect que le simple haussement d’épaules de l’artiste qui se dit : « Ouais bon… On va le sortir, on verra bien », cela ne peut pas fonctionner. L’émotion musicale se partage, se vit avec l’auditeur. Or, Cloven, dans le cas présent, ne fait que se contempler, et se complait dans l’anhédonie qui entoure son intention artistique. Je promets néanmoins d’écouter le reste de la discographie car je suis naïf, je veux croire que « Twilight’s Heart » n’est qu’une erreur de parcours. Mais pour le coup, cela me parait en être une belle.

Tracklist :

  1. In the House of Silence 04:43
  2. L’appel du Vide 05:08
  3. Wrapped in Talons 04:48
  4. Love & Fire 05:53
  5. Twilight’s Heart 04:17
  6. Apparition 04:20

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