Mental Vortex

Sortie : 12/08/1991
Note : 9,75/10

Étrange comme je me souviens encore parfaitement dans quelles circonstances j’ai acheté Mental Vortex, en cassette, l’année de sa sortie. Je me souviens également très bien de la déception première qui fut la mienne lorsque je l’ai écouté. Très clairement, je n’avais pas encore une maturité musicale suffisante pour apprécier ce disque à sa juste valeur et la voix de Ron Royce me rebutait terriblement. À l’époque, il me fallait des choses plus simples à appréhender, comme Slayer, Metallica ou Sepultura. Ce quatrième disque de Coroner a donc longtemps pris la poussière avant que je me décide à le ré écouter, bien des années plus tard. Là, ce fut la claque : je comprenais enfin tout le génie des Suisses.
Le Thrash Métal que propose le trio est d’une froideur absolue : rythmiques cliniques, chant minimaliste, prépondérance de l’instrumental, complexité absolue des structures, en 1991, je n’étais pas prêt. Cette ambiance de morgue touche parfois au sublime (le pont atmosphérique de « Divine Step » notamment) et le groupe ne se départit jamais d’une classe incroyable pour sortir des riffs venus d’ailleurs, « Pale Sister » ou « About Life » en tête, ainsi que des solos somptueux, Tommy T. Baron étant un véritable monstre sur ce disque. À ce titre, son intervention sur « Son Of Lilith » devrait faire partie du panthéon des plus beaux solos jamais joués. Coroner est également capable de sortir des trucs incroyablement épais (« Semtex Revolution » qui bénéficie lui aussi d’un pont sublime de noirceur), l’aspect labyrinthique des compositions pouvant parfois me rappeler … And Justice For All, en plus concentré et surtout avec un batteur digne de ce nom en la personne de Marquis Marky.
L’album s’achève sur une reprise aussi surprenante que réussie : « I Want You (She’s So Heavy) » des Beatles, dont le traitement colle parfaitement à l’esprit du groupe. Il m’aura fallu du temps pour l’apprivoiser mais Mental Vortex est un incontournable du Thrash, encore aujourd’hui.

1 : Divine Step (Conceptu Mortis)
2 : Son Of Lilith
3 : Semtex Revolution
4 : Sirens
5 : Metamorphosis
6 : Pale Sister
7 : About Life
8 : I Want You (She’s So Heavy)

Grin

Sortie : 10/09/1993
Note : 7,5/10

Si l’on demande à un fan de Coroner de nommer son album favori, il n’y a qu’une chance infime pour qu’il désigne Grin. Il faut dire que l’album a de quoi déstabiliser les suiveurs de la première heure, ne serait-ce qu’à cause de cette introduction tribale (« Dream Path ») suivie d’un « The Lethargic Age » bien éloigné des rythmiques couperets d’antan. Du coup, on pourrait hâtivement conclure que Coroner a perdu son fluide, que c’est la fin (ce qui est le cas d’ailleurs.)
Pourtant, cet album testamentaire ne mérite pas tant de dédain. En effet, l’on y retrouve des titres plus fidèles à ce qu’on connaissait des Suisses (« Internal Conflicts ») mais, surtout, il faudrait reconnaître à la formation le mérite d’avoir su intelligemment évoluer, même si c’est vers des choses parfois plus abordables et groovy (« Caveat »). Rien de honteux. De plus, Tommy T. Baron nous sort encore des riffs énormes (« Serpent Moves » ou le génial « Paralized, Mesmerized »), certes plus basiques que par le passé mais toujours aussi inspirés, plus humains.
Si j’ai moi aussi tendance à considérer que Grin est l’album le moins bon de la carrière de Coroner, c’est plus parce que les précédents ont placé la barre trop haut que par une réelle baisse d’inspiration sur celui-ci. De toute façon, il faut l’écouter au moins une fois car il est un peu aux Suisses ce qu’est Renewal à Kreator : un disque incompris.

1 : Dream Path
2 : The Lethargic Age
3 : Internal Conflicts
4 : Caveat (To The Coming)
5 : Serpent Moves
6 : Status: Still Thinking
7 : Theme for Silence
8 : Paralized, Mesmerized
9 : Grin (Nails Hurt)
10 : Host

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