Line-up sur cet Album
- Stephen Quinn : basse, chant
- Robert Farrow : batterie, percussions
- Martin Farrow : guitare, chant
- Paul Quinn : guitare, chant
Style:
Doom Metal PaganiqueDate de sortie:
16 avril 2021Label:
Satanath RecordsNote du SoilChroniqueur (Quantum) : 9/10
» Ne donne pas de cerises aux cochons, ne donne pas de conseils à un fou. « Proverbe gaélique
Il faut être un peu fou pour faire des chroniques d’album, quand-même… Quoi?? C’est maintenant qu’il le découvre? Ohlala le mec quoi, il vient de quelle planète? Non mais bien sûr que je rigole à moitié, j’adore écrire des chroniques. Mais je me rends compte qu’il faut avoir une belle dose de patience, de temps et de passion pour écrire des chroniques. J’ai fait ce constat parce que je suis tombé sur deux anciennes chroniques que j’avais écrites et remises au gout du jour pour une discussion Facebook. Je les ai relues toutes les deux et je me suis aperçu pour l’une que je m’étais farci un des sons les plus horribles qui m’aient été donné d’entendre, et pour l’autre l’un des albums les plus mutants qui soient et qui proposent un des mélanges musicaux les plus dingues. Pour comprendre, vous pouvez les retrouver ici et ici. Mais pour le reste, oui des fois on a de sacrés styles de metal, on se demande même comment c’est réalisable une telle mixité. Mais on a aussi de très bonnes surprises, c’est pour cela que j’adore aller vers les styles un peu hybrides, voire carrément farfelus, parce que je me dis que le jeu en vaut la chandelle. Soit au pire des cas je me marre un bon coup, soit je suis médusé comme dirait l’autre, soit je suis complètement sous le charme. Alors quand je tombe sur une appellation étrange, je fonce! C’est ainsi que pour cette nouvelle chronique, un groupe dans notre liste incommensurablement longue comme la Tour de Pise de notre Monstre Spaghetti en Béton Armé Chris Metalfreak, ou comme la barbichette de notre King-Kong en Bronze des Années Romaines Antirouille, a attiré mon attention. Rien que par le style proposé, mais aussi par le nom! Ce groupe, c’est Corr Mhóna, et ils reviennent aux affaires avec un album qui s’appelle Abhainn. Sorti chez Satanath Records qu’en ce moment, pour des chroniques, je bouffe au petit-déjeuner, au déjeuner, au gouter et au dîner. Je vous ai épargné ma tentation de vous coller une citation du Seigneur des Anneaux concernant les repas des Hobbits, vous me remercierez!
Et il aura fallu attendre sept longues années pour offrir un successeur à Dair, premier album de Corr Mhóna. Groupe qui nous vient de Cork en Irlande comme un certain Soothslayer que j’ai fait récemment en chronique et dont l’un des membres de Corr Mhóna est un ancien de l’autre, le groupe a la particularité peu banale d’être composé de quatre membres, deux fratries différentes. Les frères Quinn et les frères Farrow, sont donc les têtes pensantes de ce projet musical crée en 2008. A ce jour, ils ont à leur actif une démo et un EP sorti en 2009, et il aura fallu attendre cinq années pour que Dair sorte en autoproduction. Un groupe qui n’a pas une énorme créativité, ou qui accorde probablement un soin plus que détaillé à ces sorties très rares. Il n’en demeure pas moins que sur le papier, ce second album a tout pour me plaire! Le groupe se vante d’écrire ces textes en gaélique irlandais (que l’on nomme « gaeilge ») et Corr Mhóna est le nom gaélique pour parler de l’animal héron, ou mot pour mot « La chose tordue de la tourbière ». Tout un programme! Moi qui aime découvrir de nouveaux horizons musicaux, je sens que je vais me régaler!
Abhainn signifie en gaélique irlandais « rivière, fleuve ». Ainsi l’artwork fonctionne sur des teintes de couleurs bleutées et blanches et donnent un franc effet aquatique. Je suis surtout très épaté par le côté très moderne de la pochette qui contraste avec idiotement, ce que je me représentais pour le style de metal ici. Comme quoi, tomber dans les clichés sert parfois la bonne cause des groupes qui est celle de la surprise totale! Nous avons quand-même une iconographie un peu ancienne au milieu avec un personnage masculin, vieux, qui semble aussi aquatique mais là j’en suis moins certain. J’ai demandé à mon encyclopédie mythologique préférée qui est ma femme Evely, qui n’a pas su me dire (pour une fois!) de qui il s’agissait potentiellement. Mais je doute fort que ce soit une figure inventée. A creuser! D’autre part, je suis très étonné par le mélange assez fou de modernité avec le côté bleu électrique qui me fait penser à la pochette du dernier Mitochondrial Sun, et le jeu de l’antédiluvien du logo du groupe et du nom de l’album! On sent déjà les prémices d’un mélange musical assez inédit pour moi, et je ne vous cache pas que cette pochette a été un formidable tremplin pour me lancer dans l’écoute. C’est exactement ce qu’on lui demande, et Corr Mhóna a choisi une superbe pochette, intelligente, efficace et originale! J’adore.
La musique n’est pas en reste même si sur le papier je trouvais l’idée beaucoup plus attrayante! Lorsque j’ai vu le mélange annoncé de doom metal et de pagan, je me suis dit directement que je devais écouter et écrire sur cela! Corr Mhóna est le premier groupe que je découvre qui me propose deux styles que j’affectionne tout particulièrement et dont je suis très curieux d’entendre ce que donne le mélange potentiel. En fin de compte, le mélange n’est pas si évident. On est plus sur une émulsion qu’un réel mélange pour le coup. Vous avez très souvent dans les dix compositions qui jonchent l’album, tantôt des parties doom metal, tantôt des parties plus pagan dans le sens énergique et épique. Rarement une vraie fusion des deux, ce qui est dommage parce que c’était mon intérêt principal de départ, de savoir comment ils mélangeraient tout cela nos irlandais. Par contre, n’en faisant pas tout un fromage, j’ai persévéré dans l’écoute et j’ai découvert un groupe aux influences ethniques assez folles, et la musique s’en ressent. J’ai le sentiment que finalement, avoir scindé en deux les références doom et pagan permet de donner une vraie ambiance grave et guerrière aux compositions. Loin donc d’être une déception, cette première écoute a été une révélation! Je me suis régalé, complètement laissé aller sur les différentes parties et j’ai trouvé au final qu’il y avait une réelle identité pour Corr Mhóna avec cet Abhainn là. Une belle découverte qui a rapidement effacé ma déception du début!
La production n’y est pas pour rien du tout. Mon autre moment d’ébahissement s’est d’ailleurs situé dans ce liant manquant entre les genres, qui se retrouve dans le son qui parvient à rester le même y compris dans les variations de style. Et ça, je ne sais pas si vous mesurez à quel point c’est une prouesse! D’autant qu’on a l’habitude d’écouter du pagan dans du black metal ou dans des styles beaucoup plus rapides en tempo, et qu’ici sur un style doom metal très lourd et lent, on a donc ce mélange qui a réussi à se faire sur la production. Je suis sincèrement bluffé, et c’est assez rare pour être souligné. Je ne sais pas du tout comment Corr Mhóna a pu sortir de son chapeau de magicien talentueux ce lapin inattendu, mais en tout cas j’aurais applaudi si on se serait retrouvé dans un spectacle de magie. Rien à redire du tout, c’est juste incroyable.
Après plusieurs écoutes, je me suis remémoré cette discussion que j’ai eu tout récemment concernant le groupe Sepulcros avec un confrère de Scholomance Webzine, et dont on parlait de cette capacité des groupes comme Sepulcros à insuffler un doute affreux, voire un dégout profond sur l’auditeur, avant de laisser place à la musique et progressivement au plaisir. Cela existe, et je crois que je viens de trouver mon exemple parfait avec Corr Mhóna. Au début, comme je disais, j’ai douté. Puis, bon an mal an, les différentes écoutes m’ont conduit à ne plus avoir du tout de doutes. Corr Mhóna est un groupe solidement ancré dans des traditions ancestrales et gaéliques, mais aussi dans une recherche de modernité. Cette dualité m’est véritablement chère, aussi ai-je encensé chaque composition d’Abhainn avec le respect que l’on doit! Tout dans les compositions respirent le talent, j’adore les alternances de doom metal et de passages plus rapides, limites speed metal, qui donnent une dimension puissante et omnipotente. L’autre point de grande satisfaction est la longueur modérée des morceaux, qui font donc la part belle à des ambiances guerrières courtes mais profondes, contrairement à la longueur parfois oppressante du doom. Bref, vous l’aurez compris, pas besoin de tortiller des hanches pour pisser droit : j’ai adoré Abhainn. Cet album est une pure tuerie!
Les deux fratries Quinn et Farrow ont beaucoup de talent et je suis très content. C’est idiot dit comme ça, je sais! Mais je suis content parce que cela me fait tout bêtement plaisir de voir deux fois deux frères qui jouent ensemble. Cela confère un esprit famille qui me ravit, je ne sais pas pourquoi en plus. C’est comme ça! On peut se dire que deux fois deux frères, cela amène évidemment une grande osmose dans la composition et c’est sûrement vrai vu que le groupe n’a pas changé de line up depuis ses débuts en 2008, donc on peut supposer que cette osmose existe bel et bien. En tout état de cause, le groupe compose super bien et les musiciens sont tous très bons, sans hésitation possible.
Et le chant ne déroge pas à la règle, ou devrais-je d’ailleurs dire LES chants. Ils sont trois à se le partager sur quatre, et on entend bien que chacun a sa technique propre. Encore une fois, je me répète, mais chaque utilisation des chants relève de l’intelligence. Une alternance intéressante de chants clairs et d’un chant scream ou growl medium, qui rajoutent des touches tantôt émouvantes, tantôt plus souffreteuses. J’apprécie d’ailleurs pour une fois beaucoup plus les chants clairs que le saturé qui heureusement se montre moins présent. Mais en tout cas, les chants sont techniquement très bons et les paroles en gaélique irlandais (que je n’ai hélas pas pu lire) sont en totale symbiose avec les chants. Du gros boulot!
Je me suis amusé, à défaut d’avoir les textes, à traduire le nom des morceaux. Alors, je ne suis pas certain du tout des traductions, mais l’on a des références animales (loir, etc), des géographies (Surrey, etc ), des objets (brouette, etc), un peu de tout !
Allez les ami(e)s, il est temps de mettre le point final à cette chronique. Un écrit très dithyrambique pour Corr Mhóna et son second album Abhainn mais qui vaut largement les tirades lyriques qui m’ont animé ce soir. Car le quatuor « familial » irlandais nous emmène vers un mélange incroyable de doom metal et de pagan, entrainant une dualité qui va jusqu’à celle plus impressionnante de la modernité et de l’ancien. Corr Mhóna réussit donc à réconcilier ou concilier sans plus d’ambition deux dualités d’un coup, et je suis totalement sur le cul de voir à quel point cette conciliation fonctionne. C’est un album qu’il faut absolument découvrir, la curiosité se fera doublée très vite par l’extase que procure la musique, et toute sa philosophie du duel artistique que j’ai énoncé tout au long de la chronique. Un album franchement génial, et très bien fait!
Tracklist :
1. An Fheoir 03:38
2. An tSúir 02:34
3. An Bhearú 03:34
4. An Laoi 08:00
5. Banda 08:33
6. Cumar an Dá Uisce 02:22
7. An tSláine 06:15
8. Uaimh 01:19
9. An tSionann 10:38
10. An tSuláin 08:41
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