Sixième album studio en dix huit ans pour le quatuor de brutes épaisses de Criminal, combo chilien formé par Anton Reisenegger le chanteur et Rodrigo Contreras le guitariste. Un nouveau bassiste, Dan Biggin, qui sera donc le quatrième à s’y coller ; un artwork cover plutôt réussi ce qui ne gâche rien, et un nouveau label teuton: Massacre Records. Une fois qu’il aura été dit que le groupe s’est délocalisé au Royaume uni et est désormais mi-anglais mi-chilien -le batteur Zac O’Neil portant bien son nom-, le tour des nouveautés coté line-up et logistique aura été bouclé. Car pour le reste et donc plus précisément les douze titres de ce White Hell, le classique et l’usuel seront de sortie, sans rémissions possibles.

Quatre ans après un « Sicario » qui envoyait déjà bien l’avoine, cette nouvelle offrande passe dans la catégorie supérieure et assène le grain méchamment. Le combo propose toujours son hybride de Thrash et de Death à la sauce suédoise, saupoudré de vocalises teintées hardcore, mais y a ajouté une corde essentielle : La maturité. Cela possède toujours des réminiscences de Machine Head, Slayer, et plus encore du Sepultura initial, mais toutes ces influences ont été définitivement digérées au profit d’une véritable marque de fabrique labellisée Criminal.
Des tempos généralement middle pour mieux faire ressortir les accélérations ravageuses ; un gros son bien comme on les aime, des soli qui déchirent tels ceux sur « Strange ways » ou « Bastardom », et des vocalises hormonées et emplis de testostérones en fil conducteur de cet opus… Rien ne manque et le résultat est probant. La tracklist est ainsi assez complète, résolument tournée vers l’impact frontal, et appréciable sur la qualité intrinsèque même si seul « Crime and Punishment » pourra postuler à la rubrique « véritable tuerie »…

Car un monolithe de bémol qualitatif vient plomber en partie ce « White hell ». Les compositions relativement unidimensionnelles (chant, tempo…) qui entraînent un sentiment d’itération, mais plus encore de déjà entendu. A dose homéopathique, la séduction virile se fera par la maîtrise collective du combo à asséner la recette miracle utilisée pour les caciques de ce genre Metal ; mais à moins d’être un adepte extrême et exclusif pur et dur de Thrash, on décrochera sur la longueur de ce Scud. Ceci non par manque de qualité celle-ci étant indéniable, mais tout simplement par une trop grande homogénéité des douze titres manquant pour le moins d’unicité, de caractère propre, ou tout simplement d’originalité.

Au final, un résultat correct et intéressant qui satisfera les aficionados de Thrash mais qui ne se démarquera en aucun cas des myriades de sorties actuelles. Quelques prises de risque dans les breaks, quelques tiroirs dans les plages délivrées, quelques originalités créatrices auraient pu faire tendre cet opus vers l’excellence… En guise de quoi, Criminal se contente de délivrer une offrande aseptisée, calibrée, et par la même à la portée réduite. Dommage car le potentiel ne se discute pas ; mais on aurait aimé que la bande à Anton se lâche plus franchement, à l’image par exemple de leurs confrères de label les Danois de « The Burning » au « Rewakening » ravageur.