Cromworx – Cromworx

Le 3 février 2023 posté par Metalfreak

Line-up sur cet Album


  • Crom : composition, synthétiseurs
  • Guest : Lhydia - voix sur 5

Style:

Dungeon Synth / Dark Ambient / New Age

Date de sortie:

03 février 2023

Label:

Northern Silence Productions

Note du SoilChroniqueur (Quantum) : 8/10

Ceux que nous appelons anciens étaient vraiment nouveaux en toutes choses.” Blaise Pascal

Vous savez ce que j’aime dans le principe même de faire de la musique? C’est de se dire qu’on ne se décourage jamais quand on est un passionné. On arrive toujours à garder le filon de l’envie, et on déroule ce dernier inlassablement jusqu’à ce que parfois l’on accouche d’un ouvrage intéressant. Alors ! Il est bien évident qu’il n’y a pas plus exigeant envers lui-même et sa création qu’un artiste lambda. Repérant les imperfections de son ouvrage, ayant l’œil ou l’oreille aiguisés par des années de création, la moindre écorchure, la moindre fausse note devient une tempête dans un verre d’eau. Et c’est en cela que beaucoup d’entre nous – car je me mets dedans, ayant moi-même bon nombre de créations cachées – n’osent jamais sortir quelque chose de leur jardin secret. Vous n’avez pas dans votre entourage des personnes qui vous confient qu’ils ont écrit un livre, ou de la poésie, ou même des chansons, et qui ne veulent pas vous les révéler au grand jour ? De peur de se mettre à nu, d’être jugées. Ou alors, tout simplement parce qu’elles ne sont pas capable de reconnaître qu’elles peuvent avoir pondu un truc énorme. L’avis extérieur dans ce cas est important, mais il faut aussi que la personne en question se motive et parvienne enfin à se décider à sortir, peu importe le résultat sur l’opinion des autres, ce qu’elle a enfoui en elle. C’est ce principe-là que j’adore ! Et quand on me demande mon avis, bien entendu, j’en suis le premier honoré. Pas par le biais d’une chronique qui demeure finalement un avis des plus objectifs, mais quand on me demande mes propres ressentis. Voilà d’où vient mon petit plaisir de découvrir, parfois par mes errances YouTubiennes ou Facebookiennes, des petites pépites sorties du chapeau d’un magicien imaginaire. Pour cette nouvelle chronique, c’est en étant chez mon boss Metalfreak que mes oreilles ont frémi. Dès les premières notes, j’ai senti que c’était l’œuvre d’une seule personne déjà, que cette personne avait sorti une musique qui valait largement la peine de s’y intéresser, surtout quand on aime le genre, et que surtout, cela semblait être un truc totalement intimiste. Une sorte de musique sortie soudainement du placard, comme pour être enfin révélée au grand jour ! Et cette musique, mes ami(e)s, on va encore m’accuser gentiment de faire dans le lèche-quelque chose, mais cela valait largement la peine de la sortir. Je vous présente donc en exclusivité ce soir, car l’album sortira en février, Cromworx et son album éponyme.

Derrière le nom de Cromworx se cache en fin de compte un dénommé Peter Gall, connu sous le nom de scène de Grom. Musicien slovaque, il est principalement connu pour être le claviériste et chanteur du groupe Orkrist, actif depuis 2000 et dont Peter Gall est un des membres fondateurs. On ne va pas tellement parler d’Orkrist ici, car question discographie on a connu plus vivace. Mais passons. En tout cas, on apprend surtout par le label Northern Silence Productions, excusez du peu, que Cromworx est un projet musical qui est resté en sommeil pendant… Vingt-deux ans. Ce qui signifie qu’hormis quelques menus arrangements, la musique proposée date réellement d’il y a vingt-deux ans. Si on réfléchit un peu, elle date surtout de la fondation d’Orkrist, et il est probable que le groupe qui compose du Black Metal mélodique et folklorique, ait pu avoir une influence sur cette musique étrange, qui semble dépoussiérée comme si l’on retrouvait au fond d’une bibliothèque un de nos livres d’enfance. Cromworx est donc un projet qui éclate enfin au goût du jour ! Album éponyme, je crois que l’on va s’embarquer dans une sorte de voyage dans des temps anciens, à tous points de vue. Vous êtes prêts ?… Oui. Là, j’attends bêtement que vous me répondiez « oui ». Je suis fou.

Bon. Depuis le temps, vous commencez à connaître votre humble serviteur. Mes correcteurs aussi malheureusement. On va aborder dans un premier temps la perspective de l’artwork, partie d’un CD si chère à mes yeux. On a typiquement ce que j’attendais de la part d’un album de ce genre. Je trouve en effet que le style pictural qui évoque un dessin au crayon à papier colle idéalement, d’autant qu’on parle ici d’univers médiéval. Quoi de mieux alors que ce dessin d’un village fortifié, un peu dans le genre d’ailleurs qu’on trouve chez moi ? J’entends par « chez moi » mon Ardèche chérie parce que des villages de ce type, médiévaux, j’en connais pas des masses en Isère, mais c’est plus une question de méconnaissance qu’autre chose ! Passons ! On a donc cette gravure très jolie, dans un style que j’affectionne d’autant plus que cela me rappelle également les dessins que faisait mon grand-père jusqu’à sa mort, et dont le coup de crayon m’a toujours bluffé même après des années. Vous aurez remarqué comme moi la petite subtilité de ces yeux dans le ciel, yeux menaçants et qui semblent provenir d’une légende, ou d’une sorte de sorcellerie, comme une malédiction qui sévirait sur le village en question. Il serait donc une mise en scène de présages, de croyances et d’autres joyeusetés de ce genre dans Cromworx ? On dirait bien ! Et j’aime bien le style gothique de l’écriture du nom de l’album, en même temps le nom du projet. Donc, selon moi, on a tout ce qu’il faut pour avoir une mise en bouche intéressante et alléchante avant de se plonger dans l’écoute d’un album de ce genre, comme Cromworx ose proposer enfin ! De toute manière, mon album préféré de tous les temps étant Fjelltronnen de Wongraven, qui reprend un peu la même idée en termes de pochettes macabres en noir et blanc, ce genre d’artwork ne peut que faire mouche d’autant que le procédé de gravure au crayon reste rare dans le style extrême. Très bel ouvrage camarade, très bon choix !

J’avais grande hâte de vous révéler le contenu de ce Cromworx. Parce que même si la musique va parler à plus d’un, il convient de préciser que c’est un peu plus subtil d’expliquer le contenu de cet album. Majoritairement, il est facile de vous montrer que l’on a un album de Dungeon Synth, cela ne fait absolument aucun doute. On a tous les ingrédients pour parfaire ce style, soit des éléments médiévaux manifestes, une musique systématiquement ou presque exécutée aux synthétiseurs, avec des bandes sons Dungeon Synth typiques, que l’on reconnaîtrait partout quand on connait le genre comme dans l’un des derniers albums d’Inexistence, ou dans les albums de Vetus Sepulcrum pour ne citer que du moderne, puisque l’on pourrait aller jusqu’à Wongraven justement ou Mortiis, mais il se dégage surtout un côté épique absolument incroyable, que l’on entendrait dans les albums de Summoning par exemple, certains riffs frôlant même un peu le copié-collé selon moi. En tout cas, les bandes-sons utilisées sont caractéristiques du genre, et je retrouve totalement les ingrédients nécessaires pour me faire aimer ce genre musical que j’adore. Mais ! Selon moi, Cromworx innove un peu le genre en incorporant des passages clairement plus Dark Ambient, notamment selon les besoins des morceaux quand il faut rendre l’atmosphère plus noire ou macabre, ce qui corrobore la pochette qui mélange habilement ambiance médiévale et sorcellerie. Et j’ai cru remarquer quelques incorporations plus New Age. Alors, cela, c’est un peu plus surprenant et c’est à mettre sous le joug de mon interprétation personnelle, mais certains passages étant plus électroniques ou industriels, et la rythmique globale des pistes qui sont des percussions clairement programmées sur des vieilles boites à rythme, on dirait clairement par moment de la musique New Age. Et cela, franchement, j’adore ! Ce mélange, je ne le pensais pas possible pour des raisons factuelles d’écart de « générations », vu que la musique New Age est censée faire un peu plus moderne que le Dungeon Synth, mais le mélange proposé par Cromworx, s’il s’avère réel, est absolument génial.
Pour le reste, je dirais qu’en première écoute, ce que je trouve un peu dommage, c’est que l’album est un simple recueil de différentes pistes qui n’ont pas grand-chose à voir l’une avec l’autre. Du coup, même s’il existe un terreau stylistique commun, la musique souffre par moment de quelques illogismes dans les enchainements de pistes qui fait qu’on ne peut pas totalement savourer une écoute entière, sans faire de pause. L’idéal est ainsi d’écouter Cromworx comme un album temporaire, pour se donner une ambiance sympathique et furtive, pour voyager le temps de quatre ou cinq pistes, et de faire autre chose, puis revenir, etc. En écoute d’une traite, cela me semble difficile si on attache de l’importance à l’enchainement logique. Mais pour le reste, que ce soit la composition, le son très old school sur lequel je reviendrai tout de suite, je me suis régalé. Comme disait le boss Metalfreak qui se languissait de zapper l’album tant il n’aimait pas, il faut que cela plaise et cela peut convenir à des initiés. Bon, il ne l’a pas dit comme cela, mais l’idée était là ! Moi, étant un grand amateur de ces genres Dungeon Synth, Dark Ambient et New Age, je me suis bien régalé !

Compliqué, cependant, de parler de production quand on a qu’un ou deux claviers pour construire une musique. Mais au moins pouvons-nous nous attarder sur le son en lui-même, qui sonne comme un truc très old school. Et c’est normal ! Comme j’évoquais plus haut, hormis quelques petits arrangements, le son n’a pas bougé en vingt-deux années de sommeil. Ce qui revient donc à une sonorité typique des claviers parfois analogiques, sinon des claviers avec des bandes-sons anciennes et des sonorités qui, de toute façon, doivent sonner médiévales et ancien temps. Le résultat est un ensemble instrumental, avec parfois quelques rajouts de dernière minute de voix féminines éthérées et voluptueuses, ou quelques murmures macabres. Les instrumentations sont très variées, avec tantôt des passages classiques, tantôt des passages plus épiques et puissants. Je trouve les percussions censées représenter une batterie un peu faiblardes sur les bords, il aurait fallu remonter un peu le tout et ajuster pour soit donner un son de batterie qui n’aurait pas forcément été le bienvenue, soit mettre des percussions plus franches, histoire de donner un aspect plus martial quand il faut. Mais le reste, toute la partie purement instrumentale, avec les nappes de fond puissantes et les mélodies oniriques et épiques, est irréprochable. Le mec maîtrise son instrument principal qu’est le clavier, cela s’entend d’ici, et le fait d’avoir choisi les bande-sons idoines, les avoir assemblées entre elles pour donner ce Dungeon Synth du nom de Cromworx est le reflet d’un très grand talent de compositeur. On se demande ainsi pourquoi il aura fallu attendre vingt-deux années de labeur et de silence pour enfin mettre en lumière cette musique médiévale et noire, très empreinte d’une nostalgie des années 90 pour le Dungeon Synth et des années 2000 pour la New Age. En tout cas, sur la production, l’album est très bon, ne manquant plus qu’un peu plus de robustesse dans les parties rythmiques pour me complaire totalement.

Et le petit souci rencontré dans les différentes écoutes, mais qui demeure une de mes tares principales en tant que chroniqueur, c’est que je n’ai pas pu m’empêcher de chercher une quelconque suite logique entre les pistes. Il semblerait qu’il y en ait une, somme toute légère, puisque les pistes portent des noms qui trahissent une forme de logique, avec une introduction et un outro, mais aussi comme des chapitres. Pourtant, j’ai beau avoir réécouté l’album plusieurs fois, je n’ai pas trouvé de réels liens entre les pistes. Cela n’enlève en rien que l’album Cromworx est superbe, loin de là ! Mais je suis convaincu qu’un album avec un concept plus précis, une vraie histoire à raconter comme le Dunegon Synth offre souvent, aurait été beaucoup plus apprécié que ce dernier qui fonctionne plus comme une compilation de pleins de compositions en sommeil, qui n’ont pas ou peu de liens entre elles et qui finalement ne sont qu’un enchainement net et tranchant de pistes différentes. Ce qui est passablement dommage tant l’ambiance générale reste la même, soit médiévale et ensorceleuse, mais on ne devine pas de lien concret. Voilà, c’était ma petite déception du soir. Elle est largement modeste comparée au reste de l’album qui respire la bonne musique d’antan et dont le compositeur n’est qu’un talentueux musicien, et j’ai adoré écouter plusieurs fois ce Cromworx qui finira à coup sûr dans ma collection abusive de CDs.

Et comme il n’y a pas de chant précis, c’est le moment de mettre un point final à cette nouvelle chronique ! Cromworx propose un premier album éponyme, sorti chez un excellent label comme Northern Silence Productions qui a su vanter les mérites de ce dernier et l’a présenté comme « un des meilleurs albums de Dungeon Synth médiévaux jamais réalisés auparavant » avec tout un tas de propos alambiqués après, comme on connait bien sûr. Moi, je n’irai pas jusque là, clairement. L’album est excellent, mélange subtil de Dungeon Synth, de Dark Ambient et peut-être également, à mon interprétation, de musique New Age, et les ambiances sont effectivement magnifiques, pleines de poésie, de mauvais sorts, de légendes et d’autres contes médiévaux. Mais l’album souffre de légères imperfections qui montrent que même si le talent est là, même si la recette rendant le mets Dungeon Synth avec tous ses arômes est respectée, il y a quelques maladresses qui, une fois corrigées, pourraient offrir à Cromworx ce superlatif digne des grands fayotages de certains parmi l’équipe de Soil Chronicles. Mais pour le moment, le projet solo du musicien slovaque devra se contenter de cette note « modeste » qu’est le 8/10. Vous voyez l’ironie de mes propos j’espère?

Tracklist :

1. Prologue (03:28)
2. Unnamed Themes (Part I) (03:12)
3. Das Opfer deiner Finsternis (02:36)
4. Intermezzo I (01:30)
5. The Curse of Averon (03:55)
6. Intermezzo II (00:44)
7. Sea, Wind and the Moonlight Chant (02:31)
8. Unnamed Themes (Part II) (03:12 )
9. Intermezzo III (00:34)
10. Phantasmarch (01:58)
11. The Darf-men Song (02:07)
12. Unnamed Themes (Part III) (04:53)
13. Intermezzo IV (01:03)
14. Drommefanger II (A Tribute to Forlorn) (02:49)
15. Intermezzo V (00:33)
16. Horns are calling (Electrospective) (03:44)
17. Kingdom of Filth (03:25)
18. Intermezzo VI (00:56)
19. The Dragon´s Lair (A Tribute to Pazuzu) (04:09)
20. Intermezzo VII (00:39)
21. Epilogue (03:38 )

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