La Suède, plus connue dans notre milieu métallique pour nous avoir donné les joyaux du death metal « à l’ Européenne », a réussi à accoucher de quelques perles de pur heavy metal. Du bon vieux heavy comme on l’aime, avec des cavalcades épiques de guitares bien grasses, une section basse batterie carrée au son bien rond, un chanteur puissant sachant aussi bien nous titiller l’ouie de ses montées dans les aigus que dans les descentes plus graves, histoire de paraître bien méchant … Cette petite description un rien parodique vous fera sûrement penser aux maîtres du genre, les fameux Hammerfall, une bande de suédois ayant il y a quelques années remis au goût du jour ce genre un peu vieillissant, créant de par la même un courant que nos valeureux journalistes n’ont pas traîné à baptiser « true Heavy Metal » (faudra quand même qu’on me fasse découvrir un jour le « false heavy metal »…). Et bien aujourd’hui nous allons nous pencher sur un de leurs dauphins, Crystal Eyes qui ont devancé de quelques mois leur chef de file dans le calendrier des sorties.

Chained est déjà le sixième album des cinq de Borås, dans la région de Göteborg, ville bien connue des métallos comme étant le creuset européen du death metal. Dans le cas qui nous intéresse, point de blast ou de sinistres grognements, mais 8 titres d’un heavy metal inspiré et très bien ficelé. Les titres s ‘enchaînent comme des perles sans aucun temps mort et réussissent à capter l’attention de l’auditeur par leur variété ne conférant pas à l’ensemble le coté linéaire qu’on peut craindre des qu’on a affaire à un album se réclamant de ce style entendu et re entendu moult fois. Chaque titre amene son petit quelque chose : un gros refrain qui flingue (« Ride The Rainbow », « Fighting ») une intro tonitruante et un rythme élevé (« waves of war ») ou alors acoustique pour aboutir sur un rythmique bien lourde (« Dying in the rain » et ses jolis petits arpèges) ou alors le petit break acoustique de « Fire of Hades ».

En fait la qualité de cet album réside dans le fait que contrairement à certains, ils n’essaient pas d’en « faire trop », et restent vraiment dans ce qu’ils savent faire : Nico ne tente pas les montées débiles dans les aigus pour montrer qu’il sait faire, la paire de guitaristes ne se lance pas dans des démonstrations « malmsteenesques » ni ne multiplie les breaks qui rendraient l’écoute plus laborieuse.
Chained est donc un très bon album, qui nous permet de patienter avant la sortie tant attendue du chef de file, le sus nommé Hammerfall. Ceux ci sont prévenus : avec cette sortie pleine de simplicité et d’efficacité, la barre est haute, et on peut dire maintenant que la bagarre pour la suprématie du style est engagée.