Note du SoilChroniqueur (Le Révérend) : 10/10

Dix-huit ans (et une grosse semaine) après avoir sorti leur premier long format, Cult of Luna (CoL pour les intimes) nous revient avec un huitième album, A Dawn to Fear chez Metal Blade Records.

Les Suédois, au fil des ans, ont parfaitement maîtrisé leur univers musical, tout en ayant toujours refusé de se laisser enfermer dans un quelconque carcan tout au long de leur carrière.
Les maisons de disques, tout comme leur public, ont dû s’habituer au fil des années à la liberté que s’est donnée le groupe, de vivre leur vie personnelle, leur doute artistique, de créer par envie et non pour un contrat. A Dawn to Fear va dans ce sens-là, on trouve bien sur ce qui fait CoL, ce squelette de riff, la voix de Johannes Persson.
Pour le reste, le groupe a amené ses compositions dans une exploration de leur propre univers, le libérant de toute contrainte. Vertikal (2013) avait déjà ouvert leur musique vers un peu d’électro. Dans ce nouvel opus s’intègre le post-rock et le prog. Mais ce n’est pas simplement d’ajout de style musical dont on parle ici, mais du traitement entier que CoL a amené à sa musique, une alchimie créatrice où elle se réinvente, sans rien faire perdre à l’âme du groupe.
Rarement le groupe nous aura offert une musique aussi intime, où la force brute devient fragile. Un voyage dans une obscurité illuminée d’une douce âpreté.

Cult of Luna a constamment évolué sur un mince fil créatif, ayant toujours su éviter de tomber dans le pompeux et le grandiloquent inutile. «  Ligths On The hill  » donne une bonne représentation de l’album, de cette capacité à éviter les écueils d’une narration trop lourde. Une longue intro sereine jouée à la guitare, avant que ne rugissent un riff et des cris de douleur plein d’amertume, où se superpose un synthé au son grave appuyant cette peine. Au milieu du titre, la voix gutturale de Persson, remplit d’une mélancolie rarement entendue chez lui, donne une amplitude écrasante au morceau ! Quinze minutes absolument fabuleuses, fluides, tel un voyage dans un paysage brumeux, étouffant, frappé par des embruns, nous submergent d’émotion. Certainement un des plus beaux titres de leur carrière. Il en est de même pour le titre éponyme, telle une déprime noire et lente de neuf minutes ; une longue marche funèbre inédite pour CoL, libérant une fureur intérieure, une plainte mettant à nu les émotions.

Mais un tel album ne peut se disséquer « track by track », tant ces huit titres forment un univers cohérent, où les multiples couches se fondent dans une atmosphère mélancolique, une fabrique des mélodies où le talent d’auteur-compositeur des six Suédois explose.
A Dawn to Fear est certainement l’un des disques de Cult of Luna les plus travaillés et expérimentaux. Paradoxalement, il est aussi l’un des plus organiques, tant les notes semblent faites de chair et de sang, d’un être expiant sa détresse, entre fureur, complainte et sérénité, dans ce long poème de soixante-dix-neuf minutes.

Une pure réussite, un grand moment d’écoute, merci Messieurs de nous donner ainsi tant de plaisir auditif  !

Tracklist :

1. The Silent Man (10:36)
2. Lay Your Head to Rest (6:23)
3. A Dawn to Fear (8:53)
4. Nightwalkers (10:48)
5. Lights on the Hill (15:07)
6. We Feel the End (7:06)
7. Inland Rain (7:00)
8. The Fall (13:13)

BandCamp : https://cultoflunaofsweden.bandcamp.com/
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