Darkenhöld – Memoria Sylvarum
Line-up sur cet Album
- Aldébaran – composition, guitare, clavier, basse et chœurs (depuis 2008)
- Cervantès – textes, chant (depuis 2008)
- Aboth – batterie, percussions, clavier (depuis 2008)
- Aleevok – basse (depuis 2010)
- Anthony – guitare (depuis 2010)
Style:
Medieval Black metalDate de sortie:
17 Mai 2017Label:
AutoproductionNote du SoilChroniqueur (Quantum) : 9/10
« Entre l’histoire et la légende, je choisirai toujours la légende. » (John Ford)
Oyez, profanateurs des célestes chroniques ! Ce soir, ou à cette heure avancée de la nuit, je ne crierai point haro sur quelqu’un ! Et sûrement pas sur Darkenhöld, qui – j’irai droit au but – est un de nos groupes dont on se doit d’être le plus fier. Un groupe tellement peu reconnu à sa juste valeur à mon sens, et pourtant si talentueux. Dignes porteurs étendards du Black Metal français qui a su conserver une essence qui lui est propre et forge son idée comme le forgeron façonne l’épée. J’ai nommé Black Metal médiéval ! C’est ainsi qu’officiellement ce soir, le roi est mort mais j’élèverai sur le pavois le dauphin des seigneurs niçois le dûment nommé Memoria Sylvarum (« Bois de mémoire » en latin). C’est ainsi, devant mes oreilles et yeux ébahis, que je me met flamberge au vent et croise le fer pour une énième épopée.
La production demeure dans la lignée des précédents albums : un black metal à la sonorité grinçante. On ne parle plus, à ce stade, de retour aux sources mais d’un maintien, tant Darkenhöld tient à conserver cet esprit d’ancienneté pour probablement (je subodore) accentuer l’aspect reculé de leurs narrations légendaires. En tout cas, en plus d’être dans une démarche sincère, le rendu final est tout simplement mystique. En fermant les yeux, on voyage. La part belle est donnée à la profondeur également, dans le sens de sonorités et de textes. Décisivement, la cohérence est totalement respectée sur tous les sens du terme. La recherche est exactement la même que sur les autres : la quintessence la plus fluide. Excellent !
Les compositions sont d’une efficacité redoutable. A défaut d’avoir plusieurs cordes à un arc, les guitaristes et bassiste en ont suffisamment à leurs instruments pour nous transporter dans les époques retirées des guerres, contes et légendes.
Mais ce que j’apprécie – mieux encore, que j’idolâtre -, c’est cette capacité dans les compositions d’insuffler une âme historique mais sans instruments folk comme la mode actuelle l’impose de plus en plus, ou sans l’outrecuidante utilisation de riffs mille fois utilisés. Avec nos compères, pas de fioritures ! L’ambiance guerrière est directement déposée aux rythmes des riffs aussi sombres que païens et l’utilisation judicieuse, avec justesse, du clavier et des chœurs. Les compositions, en particulier « Ruines scellées en la vieille forêt » et « Clameur des falaises » me font penser au groupe Ancient et son album Svartalvheim qui fut un de mes premiers CDs ; c’est vous dire si la référence est d’une importance capitale pour comprendre ce que me fait ressentir le dernier né de Darkenhöld : une jouissance. Un album tout à fait « à brule-pourpoint ». Si l’on s’attarde plus attentivement sur certains morceaux, on en viendrait presque à disparaître un instant dans les couloirs du temps. « Errances » par exemple, est un modèle en la matière, de même que « Sous la voûte des chênes » qui bâtit une forêt imaginaire pour nous garder prisonnier… Il m’est très clairement difficile de revenir complètement au réel après l’écoute primale du CD, d’autant que la dernière chanson dure presque neuf minutes et que non seulement elle n’est pas du tout lassante, mais en plus c’est peut-être le morceau qui achève de nous faire planer ! Je suis ailleurs et j’ai du mal à rentrer.
Le chant est de surcroit en scream, parfaitement exécuté avec une reverb ambiante tout à fait à propos. On n’est pas non plus dans les cris de Mélusine mais pas loin !
Les textes, quant à eux, demeurent tout aussi poétiques que le reste. J’adore cette volonté d’écrire des textes en vers, tant notre langue fourmille de possibilités. Quand on s’intéresse à l’aspect poétique, on ne peut rester de marbre devant les paroles des chansons de cet album, car elles sont à la fois suffisamment harmonieuses pour être déclamées à haute voix comme on lirait du Hölderlin par exemple, et inscrites dans une richesse de vocabulaire qui me laisse assez impressionné.
Un régal pour les oreilles, les yeux, mais en même temps… N’est-ce pas le compositeur de génie de feu-Artefact qui officie derrière ces entrainantes mélopées de légendes ? Après tout, tout apparait logique.
Darkenhöld, une fois n’est pas coutume, nous hypnotise littéralement par sa musique. On la croirait encore une fois tout droit sortie des tréfonds du Moyen-Âge. Je ne suis pas totalement objectif certes, mais nos camarades niçois continuent à officier dans l’ombre et c’est ce qui me dérange. Parce qu’au regard de l’album Memoria Sylvarum, je ne comprends vraiment pas pourquoi on ne leur accorde pas la reconnaissance qu’ils méritent tant l’album frôle la perfection. Une fois de plus, vous portez la pertuisane bien haute !
[P.S: j’aimerais dédicacer cette chronique à une amie, très chère amie, qui nous a quittés en mai des suites d’un cancer. A seulement 29 ans… Le groupe se joint à moi pour t’exprimer combien nous pensons à toi.
Repose en paix J.]
Tracklist :
1. Sombre val (03:17)
2. La chevauchée des esprits de jadis (04:33)
3. Ruines scellées en la vieille forêt (04:33)
4. A l’orée de l’escalier sylvestre (07:14)
5. La grotte de la chèvre d’or (01:48)
6. Sous la voûte de chênes (05:19)
7. Clameur des falaises (04:39)
8. Errances [Lueur des sources oubliées] (04:27)
9. Présence des orbes (08:29)
Site officiel : https://darkenhold.bandcamp.com/
Myspace : https://myspace.com/darkenhold
Facebook : https://www.facebook.com/Darkenhold/
Youtube : http://www.youtube.com/user/magicspellcraft
Chronique « Castellum » : http://www.soilchronicles.fr/chroniques/darkenhold-castellum
Laissez un commentaire