Line-up sur cet Album
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Style:
Black metalDate de sortie:
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Genre : Death Metal
Label : Peaceville Records
Sortie : 1991
Note du SoilChroniqueur (Arno) : 6,5/10
La première fois que j’ai entendu parler de Darkthrone, c’était en 1992 grâce à la revue Metal Hammer. A l’époque, les Norvégiens venaient de sortir A Blaze In The Northern Sky et je me souviens que l’entretien était complètement Evil. Ils annonçaient déjà les sorties d’Under A Funeral Moon puis de Transilvanian Hunger (un disque que j’ai acheté bien plus tard et par lequel j’ai musicalement compris le culte autour de Darkthrone), affirmaient ne jamais vouloir faire de concerts ou encore parlaient de la Black Métal Mafia. Bref, les mecs faisaient bien flipper (j’avais 15 ans), le maquillage n’aidant pas à les faire passer pour de sympathiques allumés.
Soulside Journey étant souvent considéré comme un album n’appartenant pas à la sphère Black Métal et qui pourrait presque être mis de côté au sein de la pléthorique discographie de Darkthrone, commençons par dire ce qui est : s’il s’agit effectivement plus de Death que deBlack, c’est quand même sombre, poisseux comme le Métal l’a rarement été. Relativement bien produit bien que totalement Underground, les vocaux ont effectivement tendance à descendre dans les graves, il y a quelques passages aux claviers, chose ensuite impensable, et les riffs sont finalement presque plus techniques que tout ce que fera la formation par la suite (« Iconoclasm Sweeps Cappadocia » par exemple). Si en plus on ajoute à cela le fait que le disque soit relativement long, à la fois pour le genre pratiqué mais également pour l’époque, on se dit que, peut-être, ce groupe a un truc en plus. Bien sûr, l’obscurité viscérale que seules les âmes les plus noires peuvent produire mais surtout un talent certain pour torcher des titres principalement instrumentaux, le chant étant sur Soulside Journey moins présent que sur les autres disques. Bon, je n’ai pas non plus chronométré et peut-être est-ce faux mais c’est le sentiment que me donnent les onze compositions de ce premier jet malfaisant.
Du coup, Soulside Journey n’est sans doute pas cité, à juste titre, comme étant le meilleur album de Darkthrone ni même comme représentatif de leur carrière mais il reste néanmoins pour moi une étape incontournable dans la connaissance de leur parcours.
- Line up :
Ivar Enger : guitare
Hank Amarillo : batterie
Dag Nilsen : basse
Ted Skjellum : chant, guitare
Tracklist :
1 : Cromlech
2 : Sunrise over Locus Mortis
3 : Soulside Journey
4 : Accumulation of Generalization
5 : Neptune Towers
6 : Sempiternal Sepulchrality
7 : Grave with a View
8 : Iconoclasm Sweeps Cappadocia
9 : Nor the Silent Whispers
10 : The Watchtower
11 : Eon
Genre : Black Metal
Label : Peaceville Records
Sortie : 26/02/1992
Note du SoilChroniqueur (Arno) : 8,5/10
J’occulte volontairement tout ce qui a pu se passer en termes d’extra-musicalité lié au « Black Metal Way Of Life », mon propos n’étant pas de faire une étude, qu’elle soit sociologique ou autre, mais bien de me concentrer sur ce qui, au final, restera : la musique.
Que des choses se soient passé entre Soulside Journey et A Blaze In The Northern Sky, c’est une évidence. Rien que le simple aspect visuel parle de lui-même. En effet, si le superbe logo initial est conservé, ce passage des tonalités bleues glacées, que l’on retrouvera d’ailleurs sur l’énigmatique Total Death (on y reviendra), à ce qui fait l’essence même du Black Métal, à savoir le noir et blanc ultra-minimaliste, en dit suffisamment long sur l’état d’esprit de la formation qui prend alors son assise définitive, organisée autour du duo Nocturno Culto – Fenriz.
Je n’ose pas imaginer le nombre de musiciens qui ont dû fantasmer ou fantasment encore sur les six compositions parfaites (dont l’incontournable « In The Shadow Of The Horns » ou encore le riff final de « Paragon Belial ») d’A Blaze In The Northern Sky car l’image de ces rivières de foutre rance me désespère. Cela dit, il est évident que l’écoute du disque permet de clairement définir les bases ce qu’est leTrue Black Métal, une espèce de cahier des charges codifié, rigoureux, rigoriste même, qui servira de maître étalon afin de définir qui, du moins en Norvège, a le droit de s’habiller en noir et de se maquiller. On vous l’a dit, c’est la mafia ! Et ici on ne parle pas de petites grosses en robe à dentelles qui se sont touchées sur Brandon Lee dans The Crow…
En l’espace d’un an, tout a radicalement changé : la voix est remontée, les tempos sont accélérés, les riffs n’ont plus rien de Death Métalpour s’apparenter, déjà à l’époque, à une espèce de Punk mal embouché et complètement crade, la production a l’impact d’une râpe à fromage sur un crâne chauve, disparition des solos et même si l’on retrouve à l’occasion quelques touches légèrement atmosphériques, elles ne sont là que pour amplifier le malaise et défigurer ce qui pourrait ressembler à un embryon de mélodie. Oui cette phrase est atrocement longue, à l’image d’A Blaze In The Northern Sky : aucun répit pour reprendre son souffle alors que l’Enfer ne fait qu’entrouvrir ses portes.
- Line up :
Nocturno Culto : chant, guitare
Zephyrous : guitare
Fenriz : batterie
Tracklist :
1 : Kathaarian Life Code
2 : In the Shadow of the Horns
3 : Paragon Belial
4 : Where Cold Winds Blow
5 : A Blaze in the Northern Sky
6 : The Pagan Winter
Genre : Black Metal
Label : Peaceville Records
Sortie : 24/06/1993
Note du SoilChroniqueur (Arno) : 9/10
Deuxième volet de ce que l’on pourrait considérer comme la trilogie parfaite de la pure époque True Black Métal de Darkthrone, trilogie composée d’A Blaze In The Northern Sky, Under A Funeral Moon et Transilvanian Hunger, on constate immédiatement que si le trio, qui n’a pas changé, reste dans la droite ligne de sa nouvelle direction musicale, il ne propose pas pour autant une redite de son effort précédent.
Optant pour des tempos majoritairement plus posés au profit d’ambiances sordides à souhait, le groupe a écrit-là ce qu’il se fait sans doute de mieux en matière de perversion sonore et d’absence totale de compromis, Peaceville ayant sans soute parfaitement compris qu’il tenait dans ses rangs un groupe d’exception. Du coup, à mon goût, la performance vocale de Nocturno Culto est un sommet du genre, dans des tonalités qui foutent réellement la frousse, A Funeral Moon étant donc un cauchemar à ciel ouvert, le truc qui revient encore et encore hanter l’auditeur à grands coups de guitares criardes : âmes soumises à une éternelle torture.
D’une noirceur tellement épaisse qu’elle en devient solide, ce disque reste encore aujourd’hui un incontournable, et ce pour de très bonnes raisons : l’abécédaire de l’ignominie, avec en plus des pièces totalement épiques, à l’image des près de huit minutes de « To Walk The Infernal Fields » ou encore les six minutes de « Crossing The Triangle Of Flame ». La première grosse fessée, selon moi, infligée par Darkthrone à toute la scène musicale dite extrême.
- Line up :
Nocturno Culto : chant, guitare
Zephyrous : guitare
Fenriz : batterie
Tracklist :
1 : Natassja In Eternal Sleep
2 : Summer Of The Diabolical Holoc
3 : The Dance Of Eternal Shadows
4 : Unholy Black Metal
5 : To Walk The Infernal Fields
6 : Under A Funeral Moon
7 : Inn I De Dype Skogers Favn
8 : Crossing The Triangle Of Flame
Genre : Black Metal
Label : Peaceville Records
Sortie : 17/02/1994
Note du SoilChroniqueur (Arno) : 9/10
Je sais bien que parler d’album favori pour un groupe tel que Darkthrone peut sembler incongru mais Transilvanian Hunger étant le premier que j’ai acheté, je lui voue une forme d’attachement morbide car, si à l’époque j’écoutais principalement du Thrash et du Death, c’est avec ce disque que j’ai découvert la scène Black Métal. Et en guise d’initiation, je n’aurais pas pu mieux tomber tant il incarne une forme de cruauté froide et implacable. Le son de l’inexorabilité.
Si l’on met de côté le titre éponyme, le désormais duo (adieu Zephyrous) s’enfonce encore davantage dans l’abjection absolue et le refus de faire une musique un tant soit peu écoutable. Morceaux brefs, crus, décharnés, je ne pense pas qu’il soit possible de faire plus spectral que ces huit chants norvégiens à la production rêche, sèche comme le con d’une momie.
Il ne faudrait peut-être pas trop non plus chercher à intellectualiser leur démarche mais quand je contemple la pochette et que je la compare à celle de Panzerfaust, l’album suivant, je me dis qu’avec Transilvanian Hunger, Darkthrone est allé si loin dans la recherche d’une forme obscure qu’il finit par passer de l’autre côté, redécouvrant les ténèbres naturelles d’une forêt la nuit pour délaisser l’éclairage à la bougie dans une cave suintante. Un retour au naturalisme en quelque sorte, le Black Métal se révélant avoir au final une démarche écologique évidente.
Mais trêves d’interprétations foireuses, la seule chose qui compte est que Transilvanian Hunger fait pleuvoir sur le pauvre auditeur une pluie de suie et, après son écoute, il est amené à redéfinir ses canons moraux en termes de tolérance à la douleur et d’excellence musicale. Pour moi, tout simplement incontournable.
- Line up :
Nocturno Culto : chant, guitare
Fenriz : batterie, guitare, basse
Tracklist :
1 : Transilvanian Hunger
2 : Over fjell og gjennom torner
3 : Skald av Satans sol
4 : Slottet i det fjerne
5 : Graven tåkeheimens saler
6 : I en hall med flesk og mjød
7 : As Flittermice as Satans Spys
8 : En ås i dype skogen
Genre : Black Metal
Label : Moonfog Productions
Sortie : 06/06/1995
Note du SoilChroniqueur (Arno) : 7/10
S’il y a une chose que l’on ne pourra jamais dire de Darkthrone, c’est d’être un groupe de feignants. Non content de devenir son propre patron avec Moonfog Productions, le duo continue de sortir des disques à un rythme effréné. Peut-être trop ? En effet, mes sentiments sont mitigés sur ce Panzerfaust. Si les titres épiques sont tout simplement énormes, à l’image de « En Vind Av Sorg », « Hans Siste Vinter » ou surtout de l’imposant « Quintessence » dont le riff restera gravé dans la mémoire de quiconque l’écoutera ne serait-ce qu’une fois, il y a une alternance avec d’autres compositions davantage orientées Thrash Métal, certes crades et rustres mais qui détonnent au milieu de l’ambiance qu’instaurent la pochette et le titre d’ouverture.
Bien sûr, il est louable que Darkthrone ne s’enferme pas dans le style très limité des trois disques précédents, la marge de manœuvre étant somme toute restreinte, mais le fait d’avoir une telle discontinuité ne permet pas à Panzerfaust de se hisser au même rang d’excellence que ses prédécesseurs. Même la production change entre les titres, ceci étant flagrant lors du passage « En Vind Av Sorg – Triumphant Gleam ». Le chant de Nocturno Culto semble également se chercher, hésitant entre un registre où il excellait précédemment et une approche plusPunk, certes encore moins mélodique mais qui peine à trouver ses marques sur des compositions oscillant entre le Black Métal dont il a posé les bases et un Thrash plus convenu, le retour des solos n’étant clairement pas la meilleure chose qui pouvait arriver à leur musique.
Après, je ne vais pas non plus faire mon blasé et Panzerfaust est un disque dont la crasse reste indélébile mais l’on sent déjà poindre la transition, la volonté de passer à autre chose. Bon, il y a quand même « The Hordes Of Nebulah », ça pose un disque.
- Line up :
Nocturno Culto : chant, guitare
Fenriz : batterie, guitare, basse
Tracklist :
1 : En Vind Av Sorg
2 : Triumphant Gleam
3 : The Hordes Of Nebulah
4 : Hans Siste Vinter
5 : Beholding The Throne Of Might
6 : Quintessence
7 : Sno Og Granskog (Utferd)
Genre : Death Metal
Label : Moonfog Productions
Sortie : 1996
Note du SoilChroniqueur (Arno) : 7,5/10
1996, c’est soit l’année à oublier soit une parenthèse géniale dans la carrière de Darkthrone qui publiera deux albums : Goatlord et Total Death.
Goatlord a beau être la réédition de compositions écrites entre Soulside Journey et A Blaze In The Northern Sky, elles ne ressemblent ni à l’un, ni à l’autre. Quelque part entre un Death Métal crasseux mais aux structures surprenantes et un truc inqualifiable, particulièrement expérimental dans son utilisation des claviers ou encore du chant féminin, on se retrouve avec un disque qui, pour ma part, me fait penser à une version dépouillée de ce que proposa Ebony Lake sur On The Eve Of The Grimly Inventive en 1999. Pas tant au niveau du style que du côté des ambiances d’ailleurs.
J’imagine sans problème que l’on puisse être un inconditionnel de Darkthrone et en même temps rejeter en bloc ce Goatlord hautement perturbant et éprouvant. En tout cas, vingt ans après, il conserve son charme ainsi que son mystère. Une pièce à part que j’apprécie non pas parce qu’il s’agit de Darkthrone mais bien parce que les titres sont fumés jusqu’à la moelle.
- Line up:
Nocturno Culto : guitare
Fenriz : batterie, chant
Dag Nilsen : basse
Zephyrous : guitare
Tracklist :
1 : Rex
2 : Pure Demoniac Blessing
3 : (The) Grimness Of Which Shepherds Mourn
4 : Sadomasochistic Rites
5 : As Desertshadows
6 : In His Lovely Kingdom
7 : Black Daimon
8 : Toward(s) The Thornfields
9 : (Birth Of Evil) Virgin Sin
10 : Green Cave Float
Genre : Black Metal
Label : Moonfog Productions
Sortie : 15/01/1996
Note du SoilChroniqueur (Arno) : 8/10
Connaissez-vous cette nouvelle de Lovecraft, « The Colour Out Of Space » ? Total Death en est pour moi l’équivalent. Une musique tombée du ciel où l’écho est un instrument en soi, un truc froid et spectral qui ne met que mieux en lumière tous les défauts de Panzerfaust.
En effet, la grande unicité de l’album, sa cruauté aveugle, lui permet de prétendre à un rang que la précédente sortie (je mets de côtéGoatlord) ne lui permettait pas de revendiquer. Darkthrone n’a pourtant pas choisi la voie de la facilité car, même s’il renoue avec un Black Métal belliqueux (« Gather For Attack On The Pearly Gates »), incisif et épique, il opte également pour un son beaucoup plus moderne, puissant et définitivement moins criard que par le passé : davantage Métal que Black Punk, même si les vocaux respirent l’aliénation.
Total Death m’apparaît donc comme l’un des albums de Darkthrone le plus basé sur le riffing (« Majestic Desolate Eye » par exemple), les compositions étant plus mémorisables que par le passé car moins basées sur le sale et le blast. Sans parler de raffinement, ces huit compositions me semblent clairement faire de ce disque un incontournable, un ovni musical dont la force de glaciation est une des armes principales.
- Line up:
Nocturno Culto : guitare
Fenriz : batterie, chant
Tracklist :
1 : Earth’s Last Picture
2 : Blackwinged
3 : Gather for Attack On The Pearly Gates
4 : Black Victory Of Death
5 : Majestic Desolate Eye
6 : Blasphemer
7 : Ravnajuv
8 : The Serpents Harvest
Genre : Black Metal
Label : Moonfog Productions
Sortie : 07/03/1999
Note du SoilChroniqueur (Arno) : 7/10
Avec le Darkthrone de la seconde moitié des années 90, on a l’impression d’écouter un nouveau groupe à chaque sortie. En effet, l’on peine à trouver des points communs à Panzerfaust, Total Death et ce Ravishing Grimness dont les coups de fouet introductifs (« Lifeless ») semblent établir une relation de maître à esclave entre le groupe et, au choix, son public, le Black Métal ou les autres formations extrêmes.
Cela dit, quel que soit le style dominant sur le disque, la qualité est bel et bien présente, les six longues compositions ici présentées ne dérogeant pas à la règle. Avec les trois pièces maîtresses de plus de sept minutes que sont « The Claws Of Time », « Across The Vacuum » et « Ravishing Grimness », Darkthrone se met à composer dans une veine épique basée sur des tempos plus lents où les riffs, peu nombreux et peu variés, instaurent un climat froid d’où l’empathie est bannie.
Les quelques accélérations présentes renouent avec le côté Punk des années précédentes et, sans parler d’effort mélodique, l’on sent que le duo soigne davantage l’emballage sans pour autant renier ce qu’il est : une bête cruelle qui a déjà assis depuis bien longtemps son autorité sur la scène musicale.
Un putain de disque, certes classique dans sa forme mais parfait dans son exécution.
- Line up:
Nocturno Culto : guitare, chant
Fenriz : batterie
Tracklist :
01 : Lifeless
02 : The Beast
03 : The Claws Of Time
04 : Across The Vacuum
05 : Ravishing Grimness
06 : To The Death (Under The King)
Genre : Black Metal
Label : Moonfog Productions
Sortie : 10/09/2001
Note du SoilChroniqueur (Arno) : 8,5/10
J’occulte volontairement la compilation Preparing For War sortie en 2000 car je considère que c’est réellement avec Plaguewielder que Darkthrone met les pieds dans le 21ème siècle.
Une pochette énigmatique avec des couleurs autres que des déclinés de noir, bleu, blanc ou gris, le duo aurait-il subitement revu son style de prédilection ? Bien heureusement non, il n’a fait, selon moi, qu’améliorer ce qu’il avait écrit sur Ravishing Grimness. Les compositions sont toujours aussi travaillées mais moins répétitives, ajoutant ainsi le vice à la cruauté avec en plus des classiques parmi les classiques tels que « Raining Murder », incontournable, ou « Weakling Avenger » et son introduction bien glauque.
Du coup, si je mets de côté la période bénie des Anciens Dieux 1992 – 1994, je place sans problème Plaguewielder dans mon top 3 des meilleurs albums de Darkthrone. La production est parfaite, claire et sauvage, la batterie de Fenriz a rarement aussi bien sonné, les riffs sont incisifs, systématiquement inspirés et aucun titre ne me semble en deçà. Ils ne pouvaient pas entamer les années 2000 de meilleures manières, le recul des années nous permettant aujourd’hui de comprendre que l’excellence de ce disque était en fait une espèce de champ du cygne : à compter de là Darkthrone va radicalement évoluer, d’abord vers une espèce de Necro Black hostile (Hate Them et The Cult Is Alive) puis en l’entité de Punk Black’n Roll que l’on connaît aujourd’hui. Plaguewielder semble encore meilleur quand on a ça en tête…
- Line up:
Nocturno Culto : chant, guitare, basse
Fenriz : batterie, chant
Tracklist :
1 : Command
2 : I, Voidhanger
3 : Raining Murder
4 : Sin Origin
5 : Weakling Avenger
6 : Wreak
Genre : Black Metal
Label : Moonfog Productions
Sortie : 17/03/2003
Note du SoilChroniqueur (Arno) : 9/10
Il y a des albums, rien qu’à les contempler, tu sais que tu vas prendre une branlée, une sévère, une qui te laissera à moitié mort dans un faussé, la tête cassée. C’est le cas de cet album, tout y est : la pochette inquiétante, le logo central qui semble encore plus agressif que d’habitude et ce titre, parfait : Hate Them. Une profession de foi…
Quand « Rust » débute, c’est fini. Il n’y a plus d’espoir, plus d’amour, plus rien, juste un truc d’une noirceur étouffante qui vient te fouiller le bide, lentement et, en face, un type en noir qui te regarde droit dans les yeux pendant qu’il te lacère la bidoche à grands coups de tessons. Ces sept compositions sont une espèce de synthèse de tout ce dont est capable Darkthrone : il y a à la fois ce sens unique du riff simple mais lancinant, totalement aliénant, qui fait que leur Black Métal a toujours eu des relents méphitiques de Punk, mais également le talent pour toujours composer au moins un titre qui restera dans les anthologies du Métal, « Fucked Up And Ready To Die » en l’occurrence, composition que je ne me lasse pas d’écouter tant sa putréfaction est addictive : l’incarnation musicale du dégoût.
Tout est à l’avenant sur ce Hate Them qui ne souffre d’aucune faille. Sa perfection jette une ombre sur tout ce qu’il pourrait y avoir de beau en ce monde, avec la classe de ceux qui vivent depuis toujours dans l’obscurité.
- Line up:
Nocturno Culto : chant, guitare, basse
Fenriz : batterie
Tracklist :
1 : Rust
2 : Det svartner nå
3 : Fucked Up and Ready to Die
4 : Ytterst i livet
5 : Divided We Stand
6 : Striving for a Piece of Lucifer
7 : In Honour of Thy Name
Genre : Black Metal
Label : Moonfog Productions
Sortie : 06/09/2004
Note du SoilChroniqueur (Arno) : 8/10
Dédié à Quorthon, Sardonic Wrath, doté d’une superbe pochette, poursuit dans l’excellence du style instauré par Hate Them, le fait de retrouver ici un titre intitulé « Hate Is The Law » n’étant sans doute pas un hasard. Cette thématique de la haine, elle imbibe chaque note de ce disque, le porte à un niveau de fureur accrue qui en fait peut-être l’un des disques les plus violents enregistré par Darkthrone, pas tellement en termes de rapidité mais plutôt d’intensité. J’espère que vous avez déjà compris que la vitesse n’avait jamais été un gage de puissance.
Principalement composé autour de titres oscillant entre trois et quatre minutes, le disque fait un effet immédiat plus compact, peut-être plus typiquement Black Métal que les sorties précédentes (effet secondaire de l’hommage ?) dans ses cavalcades rythmiques et, s’il ne contient pas de morceaux qui sortent réellement du lot, c’est plus la performance globale qu’il faut saluer, l’homogénéité des compositions. Les ralentissements sont somptueux (le final de « Straightening Sharks » notamment), je ne parle même plus de la qualité du riffing, immédiatement reconnaissable, « Sacrificing To the God Of Doubt » est un putain d’hymne en puissance, bref il n’y a encore une fois rien à jeter dans ce Sardonic Wrath. Il me procure moins de plaisir malsain que le belliqueux Hate Them mais cette chronique aura au moins eu le mérite de me faire redécouvrir un disque que j’avais un peu trop hâtivement mis de côté.
- Line up:
Nocturno Culto : chant, guitare, basse
Fenriz : batterie, chant
Tracklist :
1 : Order Of The Ominous
2 : Information Wants To Be Syndic
3 : Sjakk Matt Jesu Krist
4 : Straightening Sharks In Heaven
5 : Alle Gegen Alle
6 : Mann Tanker Sitt
7 : Sacrificing to the God of Doubt
8 : Hate Is the Law
9 : Rawness Obsolete
Genre : Black Metal
Label : Peaceville Records
Sortie : 27/02/2006
Note du SoilChroniqueur (Arno) : 8,5/10
Encore une fois, je ne traiterai ni l’EP Under Beskyttelse Av Morke, ni l’édition spéciale de la compilation Preparing For War, ni du single Too Old Too Cold. Non pas parce qu’ils sont inintéressants mais, déjà, parce que je ne les ai pas et ensuite parce qu’il me semble plus pertinent de parler uniquement des LP. C’est un choix contraint en quelque sorte.
Pour The Cult Is Alive, Darkthrone retrouve sa première maison : Peaceville Records. Un retour aux origines sans nostalgie qui, musicalement du moins, n’entraîne aucune régression. En effet, comme l’annonçait le single précédemment cité, la formation prend sur cet album son virage définitif vers un Necro Punk malfaisant joué avec le son le plus roots de la création.
Quand on connaît mal Darkthrone, on peut avoir l’impression qu’ils sortent chaque année le même album et que la seule chose qui change réellement, c’est le nombre de titres et leur durée totale. Or, en dépiautant leur discographie, il apparaît que c’est tout le contraire : le duo n’a jamais joué deux fois la même chose. Bien sûr, il y a le son qui, peu ou prou, reste le même mais la composition n’a jamais stagné et les musiciens ont toujours assumé leurs choix sans jamais faire machine arrière. C’est ça quand on est vieux, on devient obstiné. Moins apte à faire des compromis également. Du coup, je vois The Cult Is Alive comme un gigantesque bras d’honneur car, s’il n’y a effectivement plus grand-chose de Black Métal dans la musique, si ce n’est la voix (et encore), le tout sonne tellement plus méchant que la majorité des groupes qui suivent leur trace que ça en est désolant.
Avec un savoir-faire que seule l’expérience confère, les mecs balancent une collection de riffs mémorables avec un feeling Rock n’Roll qui redonnerait vie à une bite de nonagénaire : à fort volume, tout simplement jouissif, avec quelques pics de testostérone : « Too Old Too Cold », « Whiskey Funeral » ou encore « Atomic Coming ».
- Line up:
Nocturno Culto : chant, guitare, basse
Fenriz : batterie, chant, guitare
Tracklist :
1 : The Cult Of Goliath
2 : Too Old Too Cold
3 : Atomic Coming
4 : Graveyard Slut
5 : Underdogs And Overlords
6 : Whiskey Funeral
7 : De Underjordiske (Aelia Capitolina)
8 : Tyster Pa Gud
9 : Shut Up
10 : Forebyggende Krig
Genre : Punk Black Métal
Label : Peaceville Records
Sortie : 24/09/2007
Note du SoilChroniqueur (Arno) : 6,5/10
Cela fait peut-être des années que Darkthrone n’ose pas faire son Coming Out tout en distillant à droite à gauche des indices quant à la réelle teneur de ses goûts musicaux : le Punk et le Rock n’Roll. J’irais même plus loin en me demandant si cela n’a finalement pas toujours été le cas et si le Black Métal des débuts n’a pas été qu’une façade lorsqu’ils n’avaient pas encore la maturité nécessaire pour assumer cet état de fait. Pas de psychologie de bas étage : aujourd’hui le duo revendique pleinement le droit de jouer du Rock, si cela ne plaît pas à quelqu’un, il peut donc aller se faire mettre et crever : la tombe est prête. Au passage : pire pochette de l’année 2007, haut la main.
Pour ma part, c’est avec ce F.O.A.D. que j’ai commencé à ne plus trop suivre la carrière des Norvégiens. Ce n’est pas que je trouve ce qu’ils font mauvais, c’est juste que leur musique ne me parle plus comme avant, elle ne me convient plus. Les atouts sont pourtant nombreux : les riffs sont toujours efficaces, la musique est toujours aussi crade, le chant ne recherche jamais le beau, autant d’arguments qui, en temps normal, suffisent à me satisfaire. Mais j’ai vraiment trop de mal avec, d’un côté, cette affirmation du Punk (genre qui m’a toujours laissé froid) et de l’autre des titres caricaturaux (« Canadian Metal », « The Church Of Real Metal ») issus des pires albums de Heavy Metal, aux accords lâchés (« F.O.A.D.) et aux solos approximatifs.
Du coup, je me situe clairement dans le camp de ceux qui peuvent aller se faire foutre, ne retrouvant pas ici la malfaisance qui habitait encore The Cult Is Alive. Néanmoins, il n’y a pas non plus de quoi pleurnicher, l’intégrité de Darkthrone n’étant plus à démontrer. Le tout est d’accepter que le groupe ne sera plus jamais le même, c’est dur à avaler.
- Line up:
Nocturno Culto : chant, guitare, basse
Fenriz : batterie, chant, guitare
Tracklist :
1 : These Shores Are Damned
2 : Canadian Metal
3 : The Church Of Real Metal
4 : The Banners Of Old
5 : F.O.A.D
6 : Splitkein Fever
7 : Raised On Rock
8 : Pervertor Of The 7 Gates
9 : Wisdom Of The Dead
Genre : Punk Black Métal
Label : Peaceville Records
Sortie : 20/10/2008
Note du SoilChroniqueur (Arno) : 7,5/10
On ne va pas se faire de mal en s’attardant trop longtemps sur la pochette, ces dernières années n’étant clairement pas la meilleure période esthétique de Darkthrone. Cela dit, il y a une certaine cohérence dans cette culture du moche, le visuel étant la parfaite illustration du contenu musical.
Comme son nom l’indique Dark Thrones And Black Flags (vous avez compris l’allusion ?) reprend là où F.O.A.D. nous avait laissé avec néanmoins un petit truc en plus, mais pas des moindres, à savoir l’apparition ponctuelle d’un chant clair qui me rappelle fortement ce queFenriz faisait dans Isengard. C’est pour moi une très bonne chose si jamais vous vous posez la question.
Sinon, musicalement, même si l’évolution semble minime, les compositions m’apparaissent comme beaucoup plus abouties et inspirées, dans un esprit Punk Garage puant de vérité. Il faut s’y faire, le Black Métal c’est bien fini, adieu les blasts et bienvenue dans le monde du binaire, moins basique que ce que l’on pourrait croire.
Déjà parce que les riffs sont réellement explosifs (« Blacksmith of the North », « Norway In September ») avec une légère touche Heavy Métal à l’ancienne qui confère en fait à Darkthrone une originalité assez unique : celle de sonner comme des Punks qui s’essaieraient à laNWOBHM tout en conservant leur attitude No Future.
Ensuite parce que tout cela est fait avec une fougue et une vigueur dont bien des groupes pourraient s’inspirer, sans pour autant hélas être en mesure de proposer des chansons aussi fortes que par le passé, le titre éponyme mis à part mais qui est un instrumental.
Au final, Dark Thrones And Black Flags est pour moi une excellente surprise, le genre de disque sans prétention qui s’écoute fort et qui fera toujours chier de frousse 80% de la population. Le Culte est toujours en vie.
- Line up:
Nocturno Culto : chant, guitare, basse
Fenriz : batterie, chant, guitare
Tracklist :
1 : The Winds They Called the Dungeon Shaker
2 : Oath Minus
3 : Hiking Metal Punks
4 : Blacksmith of the North
5 : Norway in September
6 : Grizzly Trade
7 : Hanging Out in Haiger
8 : Dark Thrones and Black Flags
9 : Launchpad to Nothingness
10 : Witch Ghetto
Genre : Punk Black Métal
Label : Peaceville Records
Sortie : 05/04/2010
Note du SoilChroniqueur (Arno) : 6/10
Sans faire de la sociologie bon marché, le fait que Darkthrone se considère comme un petit ouvrier (« I Am The Working Class »), un prolétaire du Métal alors que, objectivement, il appartient à l’élite depuis ses débuts, montre bien la grande humilité de Fenriz et Nocturno Culto.
A la fois lucides sur leur parcours et leur situation actuelle (l’ironique « I Am The Graves Of The 80’s ») et ayant ainsi le recul suffisant pour ne pas étouffer sous le poids des responsabilités, le duo a su s’émanciper de son passé pour pouvoir continuer à jouer ce qu’il aime : un truc rustre, simple, envoyé au feeling et où la première prise est la bonne.
Pris dans ce contexte, Circle The Wagons tient ses promesses : aussi subtil qu’une blague de Bigard en fin de banquet, aussi raffiné qu’une chanson de Patrick Sébastien. Mais une fois que l’on a fait abstraction de cela, il reste que ce disque me paraît très dispensable, le groupe commençant déjà à tourner en rond du fait d’un style étanche à toute évolution. Certes, un « Stylised Corpse » reste intéressant (riffing plus lourd, chant inquiétant) mais c’est tout de même très en dessous de ce que le duo nous avait proposé jusqu’ici.
Sans parler de déception, on connaît les règles et elles sont immuables, je regrette néanmoins que le cliché l’emporte sur la rage. Jusqu’à présent, le seul disque que je ne recommanderais pas.
- Line up:
Nocturno Culto : chant, guitare, basse
Fenriz : batterie, chant, guitare
Tracklist :
1 : Those Treasures Will Never Befall You
2 : Running For Borders
3 : I Am The Graves Of The 80’s
4 : Stylised Corpse
5 : Cicle The Wagons
6 : Black Mountain Totem
7 : I Am The Working Class
8 : Eyes Burst At Dawn
9 : Bränn Inte Slottet
Genre : Punk Black Métal
Label : Peaceville Records
Sortie : 25/02/2013
Note du SoilChroniqueur (Arno) : 8,5/10
Oui, Darkthrone est un résistant. Fidèle (seulement deux labels dans sa longue carrière), persévérant, sans compromission commerciale, le groupe retrouve sur The Underground Resistance une inspiration que je pensais morte. Il suffit d’écouter le putain de titre qu’est « Valkyrie », complètement épique, le riff introductif de « Lesser Men » ou les plus de treize minutes de « Leave No Cross Unturned » pour en être convaincu. Un sang neuf irrigue les vieilles artères norvégiennes et ça fait un bien fou, le duo parvenant par une étrange alchimie à renouveler leur style grâce à de très subtils changements : une production légèrement plus soignée, des riffs moins basiquement Rockrenouant avec la crasse d’antan et ce talent quasi unique pour accrocher immédiatement l’oreille et la faire jouir en trente secondes.
S’il a toujours été difficile de dire avec Darkthrone de quoi demain sera fait, et quand bien même la carrière du groupe devait s’arrêter avec ce disque, cela resterait le meilleur testament possible : intègre, respectueux de leurs valeurs et, surtout, largement au-dessus de tout ce qu’il a pu écrire ces dernières années, The Underground Resistance se doit d’être écouté pour ce qu’il est : le refus des conventions et la preuve qu’il est encore possible de conjuguer la réussite artistique avec le respect de soi-même.
- Line up:
Nocturno Culto : chant, guitare, basse
Fenriz : batterie, chant, guitare
Tracklist :
1 : Dead Early
2 : Valkyrie
3 : Lesser Men
4 : The Ones You Left Behind
5 : Come Warfare, The Entire Doom
6 : Leave No Cross Unturned
- Site officiel (Peaceville) : http://peaceville.com/bands/2194
Myspace : https://myspace.com/officialdarkthrone
Facebook : https://www.facebook.com/pages/Darkthrone/101075189934422
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