Line-up sur cet Album


  • Line up Dead Witches :
  • Mark Greening : batterie
  • Oliver Hill : guitare
  • Sam Cutbush : basse
  • Spring Thompson : chant
  • Line up Witchthroat Serpent :
  • Lo Klav : basse
  • Niko Lass : batterie
  • Fredrik Bolzann : chant, guitare

Style:

Doom Metal / Stoner

Date de sortie:

18 juin 2021

Label:

Heavy Psych Sounds Records

Note du SoilChroniqueur (Quantum) : 8.5/10

Le sorcier tue, mais n’hérite jamais.” Proverbe nigritien

Vous vous souvenez du phénomène Harry Potter? En tout cas, ma génération, celles des années 90, doit s’en souvenir. Cela avait été un incroyable phénomène de mode, un truc de dingue. Qui touchait les générations d’avant, et certaines d’aujourd’hui. Je dis ça parce que dans le metal, on a tous cet effet de cirque qui consiste à attendre une sortie avec impatience, au point de guetter la moindre annonce, de mettre son compte bancaire en ligne en marque-pages, prêts à dégainer le premier comme Lucky Luke. Dans la vie d’un chroniqueur, c’est pareil. On guette sur les listes les albums ou autres qui nous tombent dessus. Qui plus est quand on nous octroie un genre particulier, que l’on bosse avec des labels qui sont souvent les mêmes en fin de compte, et que l’on développe une relation certes platonique et distancielle, mais surtout privilégiée. Et puis, cela permet de dire à un label récurrent « cette sortie était superbe, très bon choix » ou « cette dernière était mauvaise, à ne plus refaire », etc. Voilà! C’est ainsi, on guette. On devine parfois à l’avance ce que l’on risque de trouver dans notre liste de vœux mensuels quand on suit les réseaux sociaux, et quand le couperet tombe, on explose de joie! En ce qui me concerne, il y a un label qui sort depuis peu des splits qui, ma foi, sont forts attrayants. Heavy Psych Sounds, pour ne pas le nommer, a pris l’habitude de mettre en valeur son roster via de courts splits. On en est à ce jour au sixième niveau, dûment appelé pour l’occasion Doom Sessions Vol. 666! Cela a de la gueule, mortecouille! Et pour ce sixième opus, dont vous aurez probablement compris que j’attendais avec l’impatience d’un gosse devant le sapin en décembre, les groupes qui auront l’honneur d’être mis en exergue sont Dead Witches et Witchthroat Serpent. Cela sent bon la sorcellerie!

Les présentations s’imposent me direz-vous! Dead Witches est un groupe qui contient deux nationalités dans son antre : anglaise et italienne. De fait, on retrouve dans ses rangs un certain Mark Greening qui n’est autre que l’ancien maitre des futs d’Electric Wizard! Excusez du peu. Je disais que le groupe avait une double nationalité mais en vérité, je pense que sa localisation principale est Bournemouth en Angleterre. Pour l’anniversaire de création, on repassera, il n’y a pas d’éléments concrets sur une date. En revanche, Dead Witches a à ses actifs deux albums chez le même label! Et ce, depuis 2017, donc on peut supposer que le groupe a une belle créativité. Pour l’autre groupe, Witchthroat Serpent, les données sont plus précises. On sait donc que le groupe nous vient tout droit de Toulouse! Eh ouiiiiiiiii, cocorico! Que ce dernier existe depuis 2011, et qu’à ce jour nos amis de la ville Rose ont sorti trois albums et un EP. Non seulement on a un groupe français qui est représenté par le label Heavy Psych Sounds, mais qu’en plus il figure sur un split pour le mettre en avant. Chouette perspective! A noter au passage que le split est la première collaboration avec le label. Oui, je sais. Je m’emballe bien vite mais franchement, notre côté chauvin renforcé par l’Euro de football parle. Voilà pour les présentations.

La pochette pour ce sixième volet de la saga Doom Session est bien belle. On jongle plus cette fois sur le domaine de la sorcellerie ou de l’exorcisme, encore que les deux peuvent être étroitement liés, avec cette impression d’affiche de film au cinéma. Coup classique que cette jeune fille en chemise de nuit qui flotte dans les airs comme si elle était possédée par une âme maléfique, ou qu’elle subissait un sortilège de lévitation. Le côté sépia renforce un peu l’hypothèse de la reproduction d’une affiche d’un vieux film et la police de caractère rouge pour le titre du split et le nom des groupes est un facteur supplémentaire étayant. Le choix des pochettes a toujours ou presque été un choix judicieux de la part du label, j’aime tout particulièrement son souhait de reproduire des motifs vintage, cela s’est vu quasiment chaque fois et je ne me lasse pas du tout pour le moment de ces choix. J’avais toutefois une nette préférence pour le volet 4, mais je me dois d’admettre que ce Doom Sessions Vol. 666 a su se parer de beaux atouts avec cet artwork simple mais efficace. Le décor est planté en tout cas et c’est bien là tout ce que l’on demande à une pochette lambda.

Il y a deux facettes assez distinctes je trouve entre Dead Witches et Witchthroat Serpent. Le premier nommé ne nous honorera que d’un seul morceau mais relativement long, quatorze minutes, mais qui sonne bien plus doom metal que réellement stoner. Un morceau minimaliste au possible où s’enchaineront sur ce laps de temps conséquent environ deux ou trois riffs différents avec une partie clean au milieu. Un doom metal donc typique du style, lent et très lourd. La partie stoner est finalement plus assurée par la basse omniprésente, pour le reste les riffs m’apparaissent plus heavy à la doom old school. Un morceau que j’ai trouvé fort plaisant, intéressant, même si pour le coup la longueur est un peu trop importante pour que je reste concentré et que je prenne un vrai plaisir. On va dire que cette première écoute ne m’amènera pas à en faire d’autres et je reste plutôt tranquille. Je pense que le groupe a voulu rester d’une certaine simplicité, et le nom du morceau le démontre un peu. Pour Witchthroat Serpent le constat est assez différent. La musique est beaucoup plus stoner, limite heavy metal sur les bords, et l’aspect doom metal est moins envahissant. Les riffs sont plus rapides que le premier nommé, le son est encore plus lourd avec cette basse bien épaisse, et franchement sans être chauvin du tout, les riffs sont vingt fois plus puissants que ceux des anglais! Il y a en plus quelques dissonances rythmiques notamment sur le deuxième morceau qui permettent d’avoir une certaine approche de la chose, un côté plus attentif qui ne laisse pas indifférent. La musique est à la fois lente, et à la fois pleine d’énergie, et cette symbiose épatante entre stoner et doom metal, quand elle est présente comme ça, j’adore. Effectivement, avoir plusieurs écoutes ne me poserait aucun souci concernant Witchthroat Serpent! C’est clairement le groupe français qui gagne mon estime pour ce Doom Session Vol. 666! Mais comme on n’est pas là pour comparer, je dirais que les deux sont différents mais dignes que l’on porte le même intérêt.

Les productions sont différentes aussi. Pas radicalement mais avec quelques points différentiels. Dead Witches va se doter d’un son un peu moins épais, mais avec une lourdeur dans les riffs qui rattrapent un peu le truc. Je trouve que les anglais jouent une carte de simplicité qui ferait office de joker mais qui se retrouve avec la valeur d’une carte à chiffre on va dire. Je pense qu’il pourrait y avoir mieux en la matière, je ne suis pas hyper convaincu. J’aime bien la production mais je trouve qu’il manque un peu d’épaisseur, la lourdeur ne fait vraiment pas tout. Pour les français de Witchthroat Serpent, je trouve que l’ensemble produit est impeccable! Je préfère de loin ce son très stoner, avec une basse au diapason et le reste qui englobe bien cette dernière avec générosité. On va surement me taxer de favoritisme, mais ce n’est pas le cas. Je trouve simplement que c’est exactement le son qu’il aurait fallu pour Dead Witches aussi. Encore un certain clivage que je m’efforce de ne pas trop faire mais que les deux groupes m’obligent à mentionner un peu quand-même…

Je me suis Yann-Moixisé comme j’aime à le dire : je me suis arrêté à ma première écoute. Parce qu’elle m’a suffi pour me faire mon opinion et que le constat resterait invariablement le même. C’est un peu dérangeant mais je ne peux m’empêcher de cliver les deux groupes. Dead Witches, en ne proposant qu’un morceau, n’a pas obtenu les mêmes faveurs que Witchthroat Serpent dans le sens où les armes n’étaient pas égales de base. Et je préfère bêtement les riffs des français, bien stoner, plutôt que la carte doom metal des anglais et qui reste un peu trop old school et minimum. Un peu plus d’élaboration et de sophistication m’aurait fait changer d’avis, celle de Witchthroat Serpent est réelle tandis que Dead Witches est trop simpliste pour moi. Voilà, je vais m’arrêter là pour les écoutes, j’ai été assez succinct je pense.

Un paragraphe simplement pour comparer les deux chants. Pour les anglais de Dead Witches c’est ce qui sauve clairement les apparences. D’abord parce que c’est une chanteuse et surtout parce qu’elle a un beau coffre! Je dirais vulgairement qu’elle envoie la purée, la camarade! C’est un chant majoritairement clair, un peu rocailleux, limite rock avec une vraie puissance vocale qui me fascine sincèrement. J’ai du mal avec les voix féminines dès lors qu’elles sont plus un adage d’atout de charme qu’une vraie performance vocale. Mais ici, force m’est de constater que Spring Thompson envoie du lourd, et j’aime énormément son chant. Witchthroat Serpent est un peu plus classique si j’ose dire, avec un chant clair masculin qui apporte plus la touche doom metal qu’il manquait et qui permet un mariage musical superbe. Peut-être qu’il manque de temps à autre un peu plus de puissance, je trouve en effet parfois le chant un peu trop calme, mais globalement c’est du très bon! Je ne connaissais pas les toulousains, sachez que je suis conquis. Mais il fallait que je ramène un peu l’égalité entre les deux groupes qui composent le split Doom Session Vol. 666, et pour le coup je préfère le chant de Dead Witches. J’ai fait mon béat!

Pour terminer cette chronique en release du jour, je ne peux qu’encore une fois m’incliner devant l’intelligence du label Heavy Psych Sounds, qui sort un sixième volet sous couvert d’un certain maléfisme mais qui fait l’effet d’une petite lumière dans une journée sombre. Les deux groupes qui représentent le label ce jour, Dead Witches et Witchthroat Serpent, offrent un joli tour de passe-passe musical qui laisse interrogateur sur quelques points de comparaison. Mais encore faut-il oser comparer les groupes en profondeur, alors que l’écoute d’un split peut supposer ne pas avoir à choisir. Toutefois, quelques petits détails, somme toute insignifiants, me pousse à préférer l’un d’entre eux. Mais si l’on reste sur de l’objectivité pure, les groupes offrent une belle prestation doom metal et stoner, avec trois morceaux accrocheurs, bien rock et bien épais, offrant un bel écrin pour un bijou de split. Et c’est le moment de citer la célèbre publicité pour souligner le talent du label et de ces groupes : « je l’aurai un jour… Je l’aurai! »

Tracklist :

01. Die (14:04)
02. The Fall of Whitewood (07:42)
03. Cyanide Laced-Flavor (09:54)

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