Dead Space Chamber Music – The Black Hours

Le 27 janvier 2022 posté par Metalfreak

Line-up sur cet Album


Tom Bush : guitare, samples Katie Murt : batterie, percussions Liz Paxton : violoncelle Ellen Southern : chant, percussion, psaltérion

Style:

Ethereal Wave / Néoclassique

Date de sortie:

03 décembre 2021

Label:

Autoproduction

Note du SoilChroniqueur (Quantum) : 8.5/10

 

« L’écriture a cette vertu de nous faire exister quand nous n’existons plus pour personne. De là sa magie, sa divine hérédité. » George Perros

On a tous nos périodes où on écoute plus un genre que d’autres. En ce moment, hormis les chroniques que j’écris, je suis très tourné sur des mélodies plus douces, plus apaisées. Sûrement par un besoin important d’épancher une certaine mélancolie, ou du moins une recherche de magie dans un monde qui m’apparaît sombre, je m’attache à écouter de la musique très folklorique, ou à défaut acoustique comme on l’appelle vulgairement. En ce moment donc, et par exemple, j’écoute énormément l’album « Chants From Another Place » de Jonathan Hultén que certains connaissent pour son ancien rôle de frontman dans le groupe Tribulation. C’est ce genre d’ambiances que je cherche en ce moment précis, avec une pointe de poésie, de sauvagerie, de chamanisme et de sensation de voyage. Cela me fait du bien de me dire que quelque part, on peut changer d’horizon rien qu’en écoutant de douces mélopées. Exit la brutalité du metal, au moins pour quelques jours, histoire de me regonfler le moral. C’est difficile de se raccrocher à des petites bribes de la vie qui vous redonnent autant de satisfaction que les grandeurs du destin. J’ai toujours été envahi par la musique, mes pensées sont musicophages et n’arrivent pas à se détacher de ce paradoxe entre soulagement et souffrance d’une addiction. Moi, je considère que la musique en est une, et qu’il faut composer avec pour essayer de ne pas sombrer dans une lassitude du quotidien et dans les turpitudes de la routine. Alors, ce soir, j’ai décidé peut-être un peu par résignation, sinon par un élan de curiosité qui est la seule survivante de ma morosité, de vous parler de Dead Space Chamber Music et de son prochain album nommé « The Black Hours« .

Dead Space Chamber Music, outre ce nom original et un peu énigmatique, cache en réalité un projet musical solide et déjà bien ancré. Groupe qui naquit à Bristol en Angleterre à une année mystère mais à mon plus humble avis et en se fiant à la première sortie du groupe, on peut supposer vers 2015 ou 2016, qui a déjà proposé pas moins d’une quinzaine de sorties différentes. Outre les trois albums avec ce dernier, il y a deux singles, deux EPs, huit sorties diverses comme des splits par exemple. C’est donc un groupe que l’on pourrait considérer comme prolifique, inspiré et qui ne se repose pas sur ses lauriers. J’ai vu défiler une multitude de styles potentiels pour définir la musique de Dead Space Chamber Music, autant vous dire qu’entre, je cite, « dark ambient / ritual / gothic / ethereal wave / dark neoclassical trio of cello, guitar and voice » il y a tout de même quelques approches contraires dans la démarche musicale, même si subtilement les uns les autres sont liés par des liens sanguins plus chromosomiquement proches qu’on ne le croit. Mais sur la musique en elle-même, je vais sûrement vers une sorte de casse-tête. Et comme j’adore faire bosser mon cerveau, je suis content! Enfin, disons que cela va m’occuper un moment.

Pour la pochette, on est sur quelque chose d’assez simple mais de très beau. Il y a une sorte de dimension funèbre très marquée avec ce fond noir usé qui rappelle un peu les pochettes ravagées par le temps, l’usage intensif et donc une forme de fatigue. Exactement ce que semble traduire le nom de l’album « The Black Hours« , avec une métaphore qui me semble prononcée autour de l’usure et de la fin. Typiquement le genre de pochettes qui ne me fallait pas ce soir, mais bon. La couronne mortuaire est superbe avec ce mélange qui fonctionne toujours (ce n’est pas le Marquis de Soil Chronicles qui me contredira, lui qui adore ou abhorre la fleur de lys sur le bleu roi) de bleu et d’or. Les bordures plus dorées encore et les noms sont beaux mais une autre typographie m’aurait ravi davantage, histoire de donner un côté encore plus mélancolique, mais j’aime bien aussi cette simplicité qui rappelle les vieux carnets de note. Franchement, je ne sais pas pourquoi je chipote sur des détails existentiels qui concernent les artworks quand on voit que dans le cas de Dead Space Chamber Music les choses simples sont efficaces comme un coup de canif dans les côtes. Vous prenez un fond noir stylisé vieux carnet usé, une couronne de fleurs dorée et bleue, et vous avez un artwork efficace, beau et mélancolique. Voilà donc une pochette qui va à l’encontre de ce que d’habitude je défends farouchement, et qui m’a donné une leçon ce soir. Très belle pochette!

Vous vous souvenez de mon descriptif de la musique de Dead Space Chamber Music? Alors, ce n’est pas moi qui l’aie faite hein! Mais je vous fais une petite piqûre de rappel : « dark ambient / ritual / gothic / ethereal wave / dark neoclassical trio of cello, guitar and voice. » Pour l’album « The Black Hours« , je pense que l’on se situe plus sur une musique qui oscille entre la dark ambient et la musique néoclassique dans la fondation des morceaux, mais dans les ambiances et l’univers il y a des éléments visuels notamment de darkwave mais comme c’est devenu un style de musique un peu fourre-tout dans la mouvance gothique, je pense que cela ne veut plus dire grand-chose dans le cas présent. Mais la musique fonctionne comme un quatuor violoncelle, batterie (percussions), guitare et chant clair ce qui laisse une place importante à l’impromptuosité de la musique à la fois néoclassique (encore qu’un seul violoncelle dans un ensemble musical pose question) et ambiante. L’aspect général est en tout cas darkwave dans la mesure où les atmosphères sont à la fois oniriques, chamaniques et surtout romantiques. Il y a une sorte d’hybridité entre un côté Garmarna et Dead Can Dance. En gros, pour faire simple, « The Black Hours » est du genre ethereal wave, avec un chant limite féérique et des ambiances romantiques. Gothiques, je n’irai pas jusque-là néanmoins mais je peux me tromper. Vous voyez que mon déroulé n’est pas vraiment didactique mais trahit un égarement de la pensée sur des analyses pseudo-sérieuses de la musique de Dead Space Chamber Music parce qu’elle est complexe, très complexe. La longueur des pistes n’arrange en rien l’affaire et permettent en tout cas d’installer une forme d’hypnose musicale qui s’avère totale, sinon grandiose. Cet album se prévaut au constat d’une première écoute d’un vrai talent, d’une expérience scénique qui se mue en une volonté de chambouler les codes pour avoir le plus d’authenticité possible, rendant donc cet album sous un linceul plombant de sincérité et de sagesse. Bref! Je me suis régalé de bout en bout même si les ambiances générales ne m’ont pas permis de me remonter le moral, bien au contraire. Mais c’est le but du jeu ma Lucette.

Pour la production, il y a un truc qui me chiffonne un peu. J’ai mis un peu de temps à le savoir et j’ai surtout été grandement influencé par le premier morceau qui propose des percussions qui me paraissent bien loupées dans la sonorisation. Une sorte de parasitage qui ne m’a pas mis dans de bonnes conditions et qui m’a malheureusement je crois pas mal dirigé dans le mauvais sens de l’appréciation et de l’abord de cet album. Dead Space Chamber Music a pourtant de quoi me plaire mais il y a un truc qui ne me va pas. Je pense qu’il y a quelque chose de l’ordre de l’oppression sonore, comme si le groupe essayait de déstabiliser l’auditeur et de le mettre mal à l’aise. Moi, j’ai quand-même pas mal écouté de groupes dans le genre darkwave et tous avaient le soin de rester sur un son correctement mixé, là c’est un peu comme si les instruments ne se mélangeait pas comme il faudrait. J’ai le sentiment d’un entrelacs qui fait que les instruments se chevauchent sans trop se mélanger, c’est un peu déroutant. Mais je me refuse à croire que Dead Space Chamber Music ait pu se tromper comme cela, cela doit être fait exprès. N’oublions pas en plus, sans que ce soit une explication rationnelle, que le groupe produit lui-même ses albums pour le moment. Peut-être qu’un avis extérieur serait bienvenue. Mais quoiqu’il advienne, je trouve que le mixage n’est pas bon, les instruments sont trop aléatoirement montrés et je pense qu’il faudrait revoir la place de chaque ligne instrumentale dans le mixage. On n’entend pas assez la guitare, on entend trop le chant par moment, le violoncelle est légèrement trop en retrait, voilà des exemples concrets pour clôturer ce paragraphe.

Mais si l’on fait abstraction de ce défaut de mixage, et je sais que bon nombre d’entre vous y parviendront, l’album « The Black Hours » dégage véritablement des ambiances magnifiques. Un peu minimalistes dans le sens où il existe souvent un riff principal qui va tourner en boucle et sera accompagné par diverses incorporations, mais le résultat est que l’on s’insinue dans les morceaux et l’on se laisse porter comme si l’on flottait dans un nuage sinueux. L’apport du violoncelle dans un élan néoclassique est primordial et constitue le point central avec le chant clair féminin du groupe Dead Space Chamber Music. C’est indiscutablement la base instrumentale primaire et je dirais que la guitare et les percussions sont secondaires. Ces dernières ont bien évidemment un rôle important en tant que marqueur rythmique et dans cette simplicité qui touche les utilisations de tambourins dans des rites ésotériques par exemple, mais franchement le duo violoncelle et chant est THE PLACE TO BE. Les ambiances chamaniques sont essentiellement de ce fait précises. Maintenant il me serait réducteur de considérer que Dead Space Chamber Music ne vit que pour ce duo, mais comme je disais, ce mixage fait qu’on n’entend peu la guitare et les percussions sont relativement insignifiantes dans la technicité pour ne pas avoir un rôle prépondérant. Aussi vais-je considérer que cet album est très bon, intéressant et ne manque pas de possibilités de progression. Et cela, j’y suis sensible parce que je pense que le groupe britannique a de quoi avancer, a de quoi se maturer pour arriver un jour à taper dans l’œil d’un label. Qui sait.

Le chant donc! Je l’ai mis en point central de la composition et ce n’est pas pour rien, d’une part parce que le chant féminin reste l’une des composantes principales du style ethereal wave. Il était donc normal que j’en fasse un paragraphe, même si je le fais chaque fois. Concernant « The Black Hours« , je trouve que là où ce dernier se démarque légèrement de ce qui se fait habituellement, c’est qu’il est plus « fort » dans l’intention que réellement doux et planant. Le côté féérique est moins présent, on sent surtout une forte part émotionnelle et une recherche d’aspiration thymique pour l’auditeur qui se retrouve non pas dans un délire enchanteresse, mais dans une sorte de procession personnelle et solitaire que la chanteuse veut maladivement nous faire partager. On a donc un chant qui sur la technique vocale est irréprochable et sur la démarche artistique a tout juste. Voilà sans vergogne selon moi le point fort de l’album, conjointement avec le violoncelle mais même si ce dernier n’existait pas, le chant comblerait tout seul le vide occasionné. Dommage juste encore une fois que le mixage le mette un peu trop en avant par moment.

Finissons-en les ami(e)s si vous le voulez bien. Dead Space Chamber Music signe une nouvelle sortie, la troisième de sa courte expérience qui se nomme « The Black Hours » et sonne effectivement comme si les heures de l’existence devenaient sombres à tout jamais. Un album qui s’habille d’atouts musicaux non sans rappeler des groupes pionniers du genre darkwavenéoclassique voire et surtout selon moi ethereal wave, avec une dimension onirique et mélancolico-romantique. Une musique qui fonctionne sur une base instrumentale relativement simple mais efficace, dont l’honneur n’est hélas pas rendu par un mixage scabreux et qui mériterait selon moi une oreille extérieure histoire de contrer le mauvais sort. Mais partant sur le constat objectif que le chant et le violoncelle sont suffisamment solides pour sublimer le tout, Dead Space Chamber Music signe une belle sortie et ne peut que s’améliorer, cela ne fait aucun doute. Voilà donc un album qu’il faut mettre en avant et qui sent bon le mortuaire magnifique.

 

Tracklist :

1. Liement me Deport 03:33
2. Bryd one Brere (Bird on a Briar) 05:34
3. Ion I 03:38
4. Mari Lwyd / Morfa’r Frenhines (Grey Mare / Queen’s Marsh) 07:29
5. Ion II 04:16
6. The Pit / Dissolved in Ashes 13:20
7. Douce Colombe Jolie 05:00

 

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