Note de la Soilchroniqueuse (Migou) : 9/10

« On n’est pas sérieux, quand on a dix-sept ans.[…] Le vent chargé de bruits, − la ville n’est pas loin ! -, a des parfums de vigne et des parfums de bière… » A. Rimbaud

A 17 ans comme à XX, DeathAwaits a de la bouteille, n’en déplaise au poète (bien que je me sois laissé dire que la bière, il ne crachait pas dessus comme sur les tombes). Les semelles aVENTureuses, le groupe sillonne les villes et les vinyles depuis un bon moment. D’ailleurs, parlant de XX… On n’a pas tous les jours XX ans ! Alors, pendant les 365 jours que durera 2022, je connais un (groupe) jeunot qui n’a pas fini de souffler ses bougies en bonne compagnie.

Et ce n’est pas peu dire ! A la petite sauterie organisée pour l’occasion par DeathAwaits itself, il y a une liste d’invités longue comme les bas de Mémé. Pas moins de 6 grands noms issus des scènes Death, Deathcore, Tech Death, Death Mélo, Brutal Death, Groove Metal, Hardcore et crossover ! Et bien entendu, se rajoute celui de DeathAwaits, avec son Death Thrash, technique et mélodique qui emprunte à chacune des scènes sus-citées. Pas de vigile à l’entrée du studio d’enregistrement pour fêter dignement les XX ans du groupe, mais on peut tout de même vérifier si tout le monde est bien arrivé. Voyons voir… Monsieur Julien Truchan (Benighted), OK ! Monsieur Grimo (Cytotoxin), Check ! Monsieur Renato Di Folco ( Trepalium, Les Tambours du Bronx), entrez donc ! Monsieur Eris ( Caligula, Beneath an Obsidian Sky, Anthropofago), je vous en prie ! Monsieur Arno Dhenain Le Bourhis (Black Bomb A), et qu’ça saute ! Et…. Holala ! Je n’ai pas compris votre nom… votre… ah ! Vous ne parlez pas français… Ok… Your name ! Mister ? Riley McShane (Allegaeon) ! Yessss ! That’s good.
That’s all folks !

Et des cadeaux, il y en a des paquets, dans ce XX ! Des breaks au piano, m’sieurs-dames ! Oui oui oui ! Un piano classique qui parfois s’envole et nous fait planer au-dessus des salles Pleyel et autres grands conservatoires et parfois revient nous chatouiller les cervicales quand il se mêle aux riffs des guitares et à la rythmique, permettant à la formation de retomber sur ses pattes et repartir dans la dévastation de leur death- grind – core -Thrash technique et brutal… Boum ! Sur le cul, Mémé ! Il va falloir la ménager, sous peine de la retrouver en déambulateur !
Dans un autre paquet cadeau, on retrouve les ralentissements qui vous font balancer du corps et de la tête (« Claws Of Bigotry » mais pas que…), et des harmoniques et du swipping dignes d’un Morbid Angel (« Worship »).
Et là… scritch scritch (Imaginez le bruit d’un papier cadeau en train d’être déchiré, sinon j’ai l’air bien bête)… des accélérations qui vous perdent rythmiquement (« Sedition Charges »).
Les compositions s’enchaînent sans répit, nous enchaînant les oreilles sans repos au LP, les obligeant à écouter et réécouter et ré-réécouter et… (vous avez compris, quoi !)

Il y a de la virtuosité technique chez les guitares (Jordan Bonnevialle et Olivier Dupont) – « Sedition Charges », « Worship » et bien d’autres encore. Des riffs incisifs qui tombent dans les break où tout le monde se retrouve en pleine stase, et ça repart de plus belle avec les riffs qui déboîtent et les voix qui gargouillent (« The Beast Within », entre autres). Et que dire de ces riffs qui se mêlent au piano… enfin, plutôt l’inverse, le piano qui se mêle aux riffs des guitares comme dans l’intro de « Uprooted »… Mémé en a encore la chair de poule ! La technicité, c’était déjà le cas dans les précédents albums mais il faut avouer qu’on a pris un cran au-dessus en terme de richesse de composition, comme on prend un an supplémentaire à chaque anniversaire ! Le tout servi par une production et un son à la hauteur de ces XX années d’existence.

Florian Garrigue, chanteur et seul membre de la formation initiale, nous fait démonstration de ses voix. Et quelles voix ! Tuyau, porc, core. Tout y passe. Et les nombreux duos offrent un élargissement de la palette des couleurs vocales. Un savoureux mélange de voix bien graves et grasses, avec les premiers titres  (Julien Truchan pour « Sever Again », Sebastian Grimh pour « The Beast Within »). Des voix plus aiguës, sur un autre registre que le growl pur et dur (Renato Di Folco pour « Angel of Mercy », Eris pour « Claws of Bigotry » et Arno Dhenain Le Bourhis pour « Incuria Sui »). Et retour aux voix parlées, aux bruits et samples, souvent employés dans Rapture Smites, sur le dernier titre qui retrouve le growl de Riley McShane.

Bien entendu, on n’oublie pas le jeu monstrueux de Tommy Bonnevialle, le batteur, sans qui la mise en place ne pourrait être aussi parfaite, tant les changements rythmiques sont omniprésents… Mais je lui réserve une ovation à part. Mon petit doigt m’a dit que… ce piano qui fait si bien l’amour aux guitares, aux voix, aux compositions… Ce piano que bien des musiciens classiques rêveraient de dérouler…. ce piano, ce serait aussi Tommy… Big up !

Et dernier paquet cadeau… Pour la première fois un passage en français qui leur va à ravir et bien au-delà dans « Incuria Sui » !

« Saisi d’un frisson…. » Oui, Mémé est littéralement saisie d’un frisson. Ce XX de DeathAwaits est pétillant comme un champagne, goûteux comme un gâteau d’anniversaire, sulfureux comme une bougie qui se consume en attendant la fin du couplet « joyeux anniversaire, DeathAwaits…. »

Parce que les fleurs, c’est périssable, Mémé vous apporte sa fan attitude en guise de cadeau.

Tracklist :

1. Worship (4:46)
2. Sever Again (ft. Julien Truchan) (4:47)
3. The Beast Within (ft. Sebastian Grimh) (3:37)
4. Uprooted (5:41)
5. Angel of Mercy (ft. Renato di Folco) (4:10)
6. Claws of Bigotry (ft. Eris) (3:18)
7. Incuia Sui (ft. Arno Dhenain Le Bourhis) (3:40)
8. Sedition Charges (4:08)
9. Nomophobic (ft. Riley McShane) (5:10)

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