Note du SoilChroniqueur (Kenpachi) : 7.5/10 

Deathwhite est l’un de ces groupes absolument inconnus dans nos contrées, et tout démarre donc d’une découverte. Il a fallu fouiner un tantinet, histoire de pouvoir connaitre un minimum sur le groupe, et autant dire qu’il n’y avait pas énormément à découvrir de ce groupe mystérieux se cachant derrière l’anonymat. Effectivement, le combo américain (Pittsburgh) formé en 2012 est formé de deux musiciens inconnus, se dévoilant sous les pseudonymes AM (batterie) et LM (chant et guitare). A leur actif, avant ce premier album, deux EPs ont vu le jour : le premier, Ethereal, sorti en 2014, suivi de Solitary Martyr en 2015. C’est à peu près tout ce qui était entre mes mains de ce groupe ne voulant pas dévoiler son visage et faisant des photos promotionnelles ne laissant pas apparaitre leurs visages. Le mystère absolu, saupoudré d’un artwork, il faut le dire, absolument somptueux, signé Jérôme “Pyrogas” Comentale (tiens, un Français venant de Nantes !), bien que tout aussi mystérieux qu’eux. Sombre, en noir et blanc, un cimetière entourant une colline sur lequel se dresse un arbre mort, un homme se dirigeant, semble-t-il, vers le sommet, le soleil pointant péniblement son nez au loin au travers des nuages. La pochette est sobre mais belle, sombre mais une lumière au loin laisse entrevoir quelque chose de moins triste que prévu au premier abord… Je ne sais où je vais et je me laisse donc guider par cet album estampillé Dark Metal mélodique signé chez Season of Mist.

Le premier morceau intitulé « The Grace of the Dark » débute sans préavis avec le premier riff en guise d’introduction et ne semble pas si mal, accompagné de la batterie, pour ensuite se calmer et laisser place à un son plus cristallin à la guitare, accompagné de la voix de son maître-chanteur et guitariste. Ce sentiment au début de l’album m’est resté jusqu’à la fin et au fil des écoutes de cet album, toujours pareil : “Je connais cette fois, mais d’où ?”, et impossible de mettre la main sur un nom ou autre chose (même si, à titre personnel, j’y trouve un petit coté Textures sur les derniers albums niveau sonorité, au quelque part…) A vrai dire, c’est un peu le genre de voix passe-partout que l’on pourrait entendre sur n’importe quel album mais qui est bien exécutée et qui laisse tout de même, même si cela parait contradictoire, une sorte d’originalité. Seconde impression me sautant au museau : la batterie prend l’ascendant sur la guitare, elle est clairement mise en avant tout au long de l’album. C’est un choix comme un autre, surtout lorsqu’il s’agit d’un duo : aurait-il été préférable d’équilibrer un peu plus, ou de mettre la guitare plutôt en avant à la place ? C’est une affaire de goûts et je dois avouer que ce n’est pas pour me déplaire.

Le second titre, « Contrition », s’enchaîne sans difficulté, dans la même veine que le titre précédent, sans que rien ne jure, mais ne semble plus vraiment être original par rapport au premier, même si “l’explosion” guitare-batterie se fait un peu brusque entre la fin du premier titre extrêmement calme et le début de ce second titre qui pète au nez sans prévenir. A l’inverse, après être passé par ce titre, s’enchaîne le troisième titre, “Poisoned”, où le groupe prend la décision d’introduire leur nouveau morceau par une guitare acoustique et c’est tout à fait plaisant, le morceau ayant ainsi une part d’originalité par rapport aux deux morceaux précédents, avec cette guitare acoustique faisant son apparition au long du morceau et apportant ainsi un relief intéressant et nécessaire.

Je me rends donc compte, au fil des écoutes, que ce schéma d’enchaînement de morceaux se poursuit tout au long de l’album : une chanson qui démarre fort, puis une autre qui démarre calmement, puis de nouveau une chanson un peu plus costaude dans son début, puis à nouveau une chanson calme… Je ne saurais dire si c’est une volonté du groupe, mais le pattern est à souligner, à mon sens, et apporte un petit quelque chose qui ne me laisse pas de marbre. En effet, bien que ces morceaux démarrent de manière totalement différente et que la composition de chacun des morceaux leur soit propre, qu’ils ont tous leur propre identité et distinguables les uns des autres sans le moindre problème, l’album garde une certaine homogénéité malgré ces enchaînements entre les morceaux qui peuvent déstabiliser un peu lors de la première écoute. C’est de la musique à la fois calme et velue, forte et douce, puissante et tendre, sachant trouver un équilibre agréable et intelligemment réfléchi entre toutes ces facettes, permettant une écoute agréable et permettre à l’auditeur de voyager.

Les références musicales que l’auditeur trouvera au long de son écoute semblent claires, puisque cet album mélange la mélancolie d’un Ghost Brigade avec des pincées de Moonspell et d’Amorphis. Qui n’y verrait pas Deathwhite suivre les pas sombres et obscures d’un Katatonia ou d’un Paradise Lost, en passant par un Anathema ? La noirceur absolue d’un My Dying Bride ? On trouve vraiment tous ces aspects d’une musique gothique, emprunte de Doom mélodique tout au long de l’album, et, malgré tout, des passages plus lumineux et entraînants (« Death and the Master »). En parlant de ce titre, je dois avouer qu’il est mon coup de cœur et titre préféré de cet opus ; il est à la fois différent des autres morceaux mais en même temps dans la continuité logique de cet album, et il comporte tout ce qu’est l’album à lui seul : sombre et lumineux à la fois (surement le plus lumineux de l’album), mélangeant des rythmes lents et rapides, une technique indéniable sans en faire des caisses inutiles pour autant, une voix magnifique, un solo de Joe Bonaddio (actuel Godless and whithout Fear et Only Death is certain) de toute beauté. Bien que ce titre soit le plus long de l’album (6:25), il garde toute sa puissance du début à la fin et on ne voudrait absolument pas l’amputer.

L’album se clos avec « For a black Tomorrow », un titre lourd, relativement lent et calme, plutôt bien réfléchi pour terminer un album, avec un certain Shane Mayer (Mutalist) qui n’est autre que le producteur, de l’album (!), qui signe le solo de ce titre de clôture.

Vous l’aurez compris, l’album peut paraître un peu déroutant au premier abord, sur lequel seul le chant clair existe (exit le fan de Metal n’aimant que les cris : ici, il s’arrachera certainement les lobes de l’oreille en jurant que plus jamais on ne l’y reprendrait mais je t’aurai pourtant prévenu : ne l’écoute pas, toi, l’allergique au chant clair !), avec des enchainements entre les titres qui, à première écoute, sont surprenants mais qui gardent tout de même un pattern logique (même si je ne suis toujours pas certain qu’il s’agissait véritablement d’une volonté des artistes). Une jolie découverte que ces sombres inconnus anonymes et j’attendrai de voir ce que propose la suite de leur parcours. Le groupe, citant eux-même Nietzsche : “L’avenir influence le présent tout autant que le passé”, semble fort de ses deux premiers EPs passés pour avoir forgé cet album aujourd’hui, visant probablement à enfoncer le clou plus tard en utilisant cet album comme première brique à leur édifice… et c’est tout ce que je leur souhaite !

Tracklist :

1. The Grace of the Dark (4:06)
2. Contrition (4:11)
3. Poisoned (4:56)
4. Just remember (4:44)
5. Eden (4:13)
6. Dreaming the Inverse (5:01)
7. Death and the Master (6:25)
8. Prison of Thought (5:25)
9. For a black Tomorrow (4:13)

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