Note du Soilchroniqueur (Willhelm von Graffenberg) : 4/10

– Bonjour, Docteur Graffenberg
– Bonjour, mademoiselle. Qu’est-ce qui vous amène ?
– Mon bus…
– Oui, d’accord, mais médicalement parlant ?
– Je vais pas bien…
– Super, on avance… Décrivez-moi vos symptômes.
– Je saurais pas trop dire : je me sens morose et j’ai comme un bourdonnement dans l’oreille…
– Bien, déshabillez-vous et dites « 666 ».
– Euh… Non, docteur : c’est juste à l’oreille…
– Oups, pardon, désolé, vieux réflexe… [examen auriculaire rapide] Ouiiii… Oui, je vois… Laissez-moi deviner : vous, vous avez écouté le dernier Deftones !
– Comment vous le savez ?
– C’est simple : ce n’est pas un bourdonnement, mais un bourdon. Vous avez le bourdon !
– Waouh, vous êtes fort ! Mais comment vous savez tout ça ?
– C’est simple : vous n’êtes pas la première à passer me voir pour un cas de déprime de ce type… Vous étiez fan de Deftones, non ?
– Exact !
– Alors tout s’explique : ce dernier Deftones vous a rendue atone tellement il est monotone. Cette sensation de bourdonnement, c’est l’impression que laisse la mollesse de ce dernier album Gore, le mal nommé – croyez-moi sur parole, j’ai déjà vu bien plus gore : j’ai fait gynéco-obstétrique.
– Mais comment vous expliquez ça ?
– Vous avez été exposée à de longues plages mid tempo, sans évolution, dans des structures et enchainement tellement éculés et hors de l’originalité et l’unicité de ce que proposait Deftones que votre besoin de neuf et de retrouver ce petit truc qui vous émerveillait s’est estompé au profit de morceaux qui veulent rentrer dans le rang musical, sans âme ni vie, ni intention, ni effort musical de créativité… Et je ne parle même pas là du duo écrit pour être chanté avec Jerry Cantrell, frontman guitariste et chanteur d’Alice in Chains, sur « Phantom Bride », inexistant pour ainsi dire sur cette piste – heureusement que le solo de guitare rattrape – qui relève à peine le niveau fadasse de l’album. « Xenon » éventuellement rappelle cette recherche qui faisait la couleur des morceaux du groupe, mais tourne vite à une resucée de « Tomorrow never knows » sur la BO de Dangereuse alliance, avec des arrangements pour duo vocal similaires. Même ces lignes vocales – parlons-en, tiens – énergiques, hargneuses, vibrantes et uniques dans leur écriture ont disparu (il doit en rester un reliquat dans « Hearts/Wires ») pour donner dans une interprétation fade et sans signification. Bref, vous êtes totalement déçue, avec l’impression que la magie n’est plus là…

– Oui, c’est pas faux…
– Je vous comprends : j’ai dû m’exposer deux-trois fois à cet album pour pouvoir valider mon diagnostic. Et j’ai commencé à développer les mêmes effets secondaires. A croire que le décès de leur précédent bassiste [Chi Cheng, RIP as a Passenger] sacrément tôt à Sacramento a laissé des séquelles au point de vouloir plonger leur auditoire également dans le coma…
– Et vous me conseillez quoi, pour aller mieux ?
– Déjà, ne plus l’écouter ! Ou alors vous en servir comme suppositoire si vous êtes courageuse – et optimiste. Ma prescription : réécoutez-vous White Pony et Around the Fur… Et si vous craignez de retomber dans la nostalgie, allez écouter d’autres genres ou d’autres groupes de Metal alternatif : comme le nom l’indique, vous avez de l’alternative pour ce faire.
– Merci, Docteur ! Combien je vous dois ?
– Laissez : on s’occupera des modalités de règlement hors chronique pour ne pas choquer les lecteurs sensibles…

Tracklist:
1. Prayers/Triangles (3:38)
2. Acid Hologram (4:03)
3. Doomed User (4:26)
4. Geometric Headdress (3:28)
5. Hearts/Wires (5:20)
6. Pittura Infamante (4:02)
7. Xenon (3:16)
8. (L)mirl (5:02)
9. Gore (4:58)
10. Phantom Bride (4:53)
11. Rubicon (4:56)

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