Note de la SoilChroniqueuse (Migou) : 9/10

Qu’est-ce qui déclenche l’acte d’achat d’un bouquin ? Si on connaît le titre ou l’auteur, on fait confiance… Mais s’il arrive qu’on ne connaisse pas, on se tourne alors qui vers la couverture, qui vers le titre ou qui vers le pitch. Il en va de même avec la musique. Et pour peu que l’on soit un tantinet curieux, on va désirer explorer les genres, passer en revue les compositeurs, tout ce qu’on ne maîtrise pas. Le cœur parle ensuite. On aime ou on n’aime pas. Affaire de goûts. Puis le cerveau prend le relai (parfois) et vient apporter un éclairage analytique. Mais il faut l’avouer, c’est souvent l’artwork qui nous fait craquer, le titre ou le genre…

Mémé avait envie d’explorer un genre qu’elle n’a fait que survoler jusque-là, le doom death. Et parmi les albums proposés, en ce joli mois de mai ensoleillé, il est un groupe qui a retenu son attention : Depressed Mode. Pourquoi ? Oh… Elle se revoit encore au concert de Depeche Mode et ça l’a fait sourire. Depeche Mode version doom death ? L’imagination s’emballe… Mais comme Mémé a tardé à chroniquer l’album, l’actualité a rattrapé le jeu de mot pourri. Et ça l’a bien fait chier. RIP Andy Fletcher…

Par contre, quel soufflet, elle s’est pris, avec « Decade of Silence » ! Elle est passée par toutes les émotions. De l’intérêt, du sourire, de la tristesse, une forme de joie, du transport… « Decade of Silence » est profondément ancré dans la tristesse et la “folie”, de celle engendrée par la prolifération des anxiétés, des angoisses et de toutes autres pensées négatives qui nous rongent de l’intérieur au point où notre cerveau n’arrive plus à s’extraire du négatif. Les titres sont d’ailleurs parlants : “Death Walks Among Us”, ”Endless November”, “Dissociation of the Extinguished Mind”, “Parasites of Mind”, “Eternal Darkness”… On sent bien les paysages hivernaux de la Finlande dont sont originaires les quatre membres de Depressed Mode !

Pour autant, les compositions de « Decade of Silence » possèdent une certaine force solaire. Peut-être le subconscient qui nous crie de garder le menton levé pour ne pas boire la tasse et définitivement se noyer dans la noirceur d’une vie en pleine dépression. Mais pourquoi cette impression d’optimisme est venue de prime abord à l’esprit de Mémé ? Simplement parce que le titre d’ouverture, “Death Walks Among Us “, malgré une lourdeur à la Nile et un côté obscur à la Draconian, ventile autant qu’un Fleshgod Apocalypse (d’ailleurs, avez-vous jeté un œil au line up ? Il y a bel et bien Veronica Bordacchini de Fleshgod Apocalypse au chant). Une vraie copulation tripartite. Et copuler, c’est un peu la vie, non ?

Il y a des samples de violons, de cuivres, une prod large, un son sympho, les riffs répondent aux orchestrations, c’est d’une richesse ! Le growl bien gras, qui se mêle parfois aux chuchotements, se module en refrains en voix claire qui ne sont pas sans rappeler un certain Anaal Nathrakh.

On se dit que le doom a peut-être été un peu oublié, mais qu’importe, un album sur la veine d’un Fleshgod, c’est tout bon. C’est alors que le second morceau “Endless November” vient surprendre par sa lenteur extrême. Ah bah oui… c’est du doom, c’est du death, c’est du doom death ! Les voix se répondent, entre le féminin, proche du lyrique, et la voix masculine claire, offrant un aspect de chœur. Quand en plein milieu du titre arrive ce break très aérien, comme des pizzicati de violons, qui relancent la machine et semblent accélérer sans s’arrêter… Endless… Enfin, au climax, la tension retombe. On repart sur un tempo lent, avec des chants clairs. Une vraie résolution des conflits dans la narration musicale.

Tout au long de l’album « Decade of Silence« , Depressed Mode n’aura de cesse de nous faire naviguer sur les eaux de notre tumulte intérieur, variant les tempos, les chants et les ambiances. Les arrangements y sont fabuleux. Il aura fallu dix ans de pause pour qu’Ossy Salonen, qui avait démarré Depressed Mode comme projet solo en 2005, reprenne la composition. Et, on doit bien l’avouer, pour notre plus grand plaisir !

Du doom death symphonique de haut vol. Des mélodies qui vous squattent la tête et colonisent votre cœur. L’album accompagnera Mémé un bon moment. Et si elle doit vous conseiller une piste, ce sera… ce sera… Impossible de choisir, à chaque écoute d’un morceau, elle se dit que ce sera celui-là, jusqu’au suivant… Débrouillez-vous ! Ecoutez et savourez !

Tracklist :
1. Death Walks Among Us (5:53)
2. Endless November (7:43)
3. Dissociation of the Extinguished Mind (6:56)
4. As the Light Dims (8:58)
5. Parasites of Mind (6:39)
6. Kaamos (Land of Winter) (6:16)
7. Serpents (5:50)
8. Eternal Darkness (5:46)
9. Aeternus (12:09)
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