Line-up sur cet Album
- Nikita Kamprad : guitare, chant
- Tobias Schuler : batterie
- Nico Ziska : basse
- Nicolas Rausch : guitare
Style:
Black Metal ProgressifDate de sortie:
19 novembre 2021Label:
Season of MistNote du SoilChroniqueur (Quantum) : 9/10
« La liberté est un bien fragile que tous les hommes désirent, et dont ils abusent. » Proverbe français
On a parfois la chance de pouvoir écouter des avant-premières du haut du panier. Je m’en rends compte, même si je fuis souvent les gros groupes pour des raisons un peu idiotes, je le reconnais. Vous voulez les connaître? C’est une question surtout de visibilité et de ce que je peux humblement apporter aux groupes. Car il existe un bienfait méconnu des chroniques, c’est que certains groupes les lisent pour avoir des axes d’amélioration. On ne prétend rien hein! Mais il est vrai que nous portons un regard extérieur sur la musique, le processus pour la créer et le résultat final. Et parfois, je dis bien parfois, oui! Je pense que l’on peut amener un autre regard pour les groupes. On ne fait pas de chronique pour les descendre gratuitement, on fait des chroniques d’abord parce qu’on aime cela (il faut comprendre le temps que cela nous prend en plus), ensuite parce qu’on aime découvrir des groupes, et enfin parce que tout ce qui est produit d’un point de vue analytique sert aux lecteurs mais aussi aux musiciens. Sinon, à qui profiteraient ces écrits? Franchement. Il faut voir ce côté face de l’exercice de la chronique. En tout cas, j’aime particulièrement le peu de release du jour qui sont des groupes connus, parce qu’il y a cette satisfaction totalement gratuite d’écouter avant tout le monde. Voilà, c’est dit. L’honnêteté fait mal je sais, mais j’adore ce petit côté pervers de l’exercice. Quoiqu’il en soit, je ne fais pas trop le malin parce que je m’attaque à Der Weg Einer Freiheit. Et non seulement c’est technique, mais en plus c’est beau. Deuxième contact pour moi avec le groupe, pour l’occasion de la sortie de « Noktvrn« . Vous êtes partants? Moi aussi!
Der Weg einer Freiheit est un groupe qui se situe en Allemagne, dans la belle ville de Würzburg en Bavière. Existant depuis 2009, le groupe qui est signé chez Season of Mist (excusez du peu!) a sorti à ce jour et avec « Noktvrn » cinq albums, une démo, trois EPs, un album live et un box spécial avec les trois premières sorties ensemble. On pourrait se dire que le groupe paraît jeune, et j’ai du mal à me sortir de cette idée fixe. Parce que la musique sonne comme quelque chose de bien plus moderne? Probablement. On pourrait se dire de prime abord que ce qui fascine chez Der Weg einer Freiheit, c’est cette refonte importante du genre musical qui lui incombe. On n’écoute pas cette musique de la même manière que l’on écouterait l’essence même, la base séculaire d’un genre qui évolue ou reste campé sur ses positions. C’est typiquement un groupe clivant. Quoiqu’il en soit, si on aime le genre, on pourrait presque trouver que chaque album est un vrai chef d’œuvre. J’avais fait la chronique de « Finisterre« , je l’avais crédité d’un « petit » 8/10. Autant dire que j’ai un peu honte quand on voit comme j’aime cet album aujourd’hui. Mais j’étais jeune… Non je déconne. Allez! Assez bavassé. Passons à la chronique de ce « Noktvrn » qui est bien le cinquième album de Der Weg einer Freiheit.
Alors, pour ce qui est de l’artwork, j’avoue que je ne sais pas tellement quoi en penser. Un peu décontenancé par cette sensation malaisante de vide, mais plus encore, ce côté mathématique. On dirait une figure géométrique très précise, je suis certain que cela va me faire déclic pendant que j’écris (en fait non) mais je suis un peu décontenancé. J’aime beaucoup la couleur mauve claire, en réfraction directe avec le noir. En fin de compte, on dirait une représentation très carrée, à l’image de Der Weg einer Freiheit en somme, d’un ciel nocturne en devenir, avec un coucher de soleil. Mais ce n’est qu’une hypothèse. Je serai sincère en disant que cet artwork ne me plaît pas beaucoup, j’aime simplement la couleur et le côté moderne de l’image, mais je préférais une pochette comme « Finisterre » par exemple. Je trouve en fait que cet artwork est trop abstrait pour avoir un sens évident. Après je sais que Der Weg einer Freiheit est un groupe très complexe mais non. J’ai du mal à apprécier le travail qui a été fait… Voilà. Je suis limité au-devant de la pochette en plus, je me suis souvent rendu compte que l’ensemble était bien plus beau. C’est la limite que j’ai à chaque tentative d’analyse pertinente des pochettes.
Der Weg einer Freiheit ne laisse personne indifférent. D’abord parce que le groupe allemand officie dans une musique largement étiquetée black metal. Cela ne fait guère l’ombre d’un doute, tant dans l’utilisation des harmoniques, d’un son nasillard extrêmement fort et glacial, de longs moments de blast beat intenses qui m’ont toujours mis sur le cul notamment par la performance sportive du batteur, ces moments de guitares qui donnent une coloration extrêmement tragique dans les mélodies. Tout y passe! Le chat bien entendu, dans une forme de high scream qui mue par moment dans des déclamations légèrement sludgiennes. Mais voilà, il fallait que ce « Noktvrn » soit dans la même veine qui fait presque l’identité forte du groupe, et les subtilités extrêmement prépondérantes sont là. A savoir, des moments calmes, en clean par moment, qui amène des moments de pause quasiment atmosphériques, du moins post-black metal qui m’interroge sur le pourquoi de ce désaveu d’étiquette qui me semble pourtant évident. L’autre subtilité, beaucoup moins habituelle celle-ci, est la présence de passages détonnant en chant clair. Je vous avouerai que je suis moins convaincu mais pourquoi pas! Cela permet d’amener de nouvelles perspectives, pas inintéressantes du tout mais qui détonnent vraiment. Après, je vous mentirai en disant que « Noktvrn » apporte son lot de renouveau, c’est ce qui me confirme l’idée selon laquelle Der Weg einer Freiheit a trouvé son identité profonde, celle qui mélange art et sincérité. Parce qu’au moins, la musique transpire de sincérité, de réflexion philosophique sur l’existence. Et rien que pour cela, le black metal est bien leur meilleur discours. C’est un superbe album, comme les précédents. Tout y est pour passer un chouette moment.
La production est à la hauteur des attentes, et je dirais qu’elle aussi n’a pas significativement varié depuis « Finisterre« . Je retrouve là aussi la même empreinte, la même saveur. Un black metal qui n’est pas agressif en lui-même mais tranchant comme un blizzard d’hiver. Un son linéaire, régulier et carré. C’est exactement les adjectifs qui conviennent pour parler de « Noktvrn » et plus généralement de la musique des allemands. Les moments plus tranquilles se voient dotés de quelques arrangements aux guitares bien opportuns, au service de ces moments plus tragiques, plus tristes encore. Il y a une part de dépression dans cet album qui sonne en tout cas plus noir que les précédents, d’où le nom surement. En tout cas, Der Weg einer Freiheit étant un groupe dont la réputation n’est plus à démontrer, on s’attendait à une performance ubuesque dans la production. On l’a eu, et elle est franchement magnifique. Énorme travail!
Vous voyez poindre un très bon album, il faut le croire. « Noktvrn » se pare d’un black metal progressif innové dans une sphère moderne, presque post-black metal dans l’alternance de moments plus posés et dans ce son offrant une linéarité envoutante. J’aime bien le fait que Der Weg einer Freiheit utilise des harmoniques à outrance, ce n’est pas rare dans le genre mais sur des temps aussi longs un peu plus. J’en débattais avec un camarade qui bosse dans un studio et qui trouvait que cette utilisation ambitieuse des harmoniques était la signature du groupe mais risquait de lasser l’auditeur. Moi, je considère que cette signature nécessite que l’on apprivoise la musique, cela peut en effet surprendre. Après, la longueur des pistes, légèrement plus courtes que les anciens albums, permet de moins s’épuiser à l’écoute. Enfin bon, quoiqu’il en soit, « Noktvrn » est un excellent album, et trouvera son auditoire sans difficulté. Et j’en ferai partie! C’est sûr.
Le chant, pour terminer, reste majoritairement sur la même tonalité que les précédents, rien de neuf. Un high scream d’une très grande maitrise, avec cette petite touche sludgienne que j’aime beaucoup dont transpirent une vraie rage et une volonté d’exprimer les états d’âme du moment. Mais voilà, il fallait bien que Der Weg einer Freiheit farfouille dans quoi ils peuvent évoluer, et contre toute attente, c’est dans l’incorporation légère de parties en chant clair. Faisant appel au chanteur Dávid Makó, musicien de The Devil’s Trade que j’adore, je ne pouvais qu’aimer le petit clin d’œil. Mais ce sont les autres moments que j’aime un peu moins. Je trouve que cette recherche indicible d’innovation pousse le groupe allemand à faire fausse route. J’aurais préféré que la musique change un peu au détriment d’un chant qui resterait le même. Mais c’est comme ça. Un chant globalement satisfaisant en tout cas, le high scream est toujours aussi excellent en tout cas. Le reste…
Allez les ami(e)s, on va arrêter ici pour ce soir. L’une des grosses sorties de cette fin d’année, en tout cas en parlant de notoriété, est signée Der Weg einer Freiheit et son cinquième album nommé « Noktvrn« . On ne peut pas tellement dire du mal de ce genre d’albums qui est paré d’une production largement à la hauteur de sa réputation et de son importance croissante dans le milieu metal extrême, ni de la musique black metal du groupe allemand qui n’est plus à défendre du tout. Un album qui maintient l’identité de plus en plus marquée de Der Weg einer Freiheit qui va probablement faire partie des plus grands un jour. En tout état de cause, « Noktvrn » est un album absolument époustouflant, comme chaque fois avec eux. Un black metal progressif qui mélange linéarité pleine d’harmoniques, et moments apaisants, presque langoureux. Je pense que comme moi, vous serez emporté par l’évidence que « Noktvrn » ne restera pas dans la pénombre timide de la scène qui se cherche encore des étoiles pour briller plus fort. Der Weg einer Freiheit en fait partie, alors contemplez les cieux et profitez. Superbe album.
Tracklist :
1. Finisterre II 01:52
2. Monument 06:46
3. Am Rande der Dunkelheit 08:18
4. Immortal 06:50
5. Morgen 07:00
6. Gegen das Licht 11:13
7. Haven 05:45
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