Note du Soilchroniqueur (Willhelm von Graffenberg) : 9.5/10

– Huh… What’s up, DoC ?
– Bah bah bah… Un neuvième et nouvel album, pardi : Conversations with Mirrors !

S’il est vrai que te faire prendre en train de discuter avec toi-même devant un miroir peut te faire passer soit pour un con, soit pour un schizo, soit pour un inénarrable narcissique, on peut sans sourciller se dire que c’est une conversation mûrement réfléchie. Par conséquent, il est assez évident que les fils de Caïn ne cherchent pas à se faire qu’Abel dans ce miroir, mais à trouver l’introspection dans leur album de style Goth rock – alors ils cherchent et ils trou-ve-ront…

Nom de Zeus ! Je m’attendais à un peu de violence, de bris de verre et de sept années de malheur et je me suis retrouvé dans un univers d’Alice qui serait passée chercher le lapin blanc de l’autre coté, pas la version sous acide de Lewis Caroll mais plutôt son adaptation vidéoludique (excellent jeu action RPG, prenant et noir, paru sous le titre Retour au pays de la folie).

Et ils sont nombreux les Descendants de Caïn. Tellement qu’on a l’impression de se retrouver dans une soirée blindtest 80’s à tenter de gagner des points en trouvant des morceaux qu’on « connait mais qu’on n’arrive pas à retrouver le titre et le groupe ». C’est diversifié au point qu’on part sur une ambiance limite viking à la Wardruna qui aurait fait un petit stage chez Enigma dans « Shapes in the Mist »…

Jusque là, admettons… Pour enchainer sur un « These Hands » qui évoque davantage les traces non pas des vikings mais de Peter Gabriel et des Pink Floyd des années 90. S’ensuit un « Lost in the Woods » qui évoquerait par l’intro un vieux Eminem mais détrompe de suite avec un rock électro qui serait chanté par le co-compositeur de Dead can Dance (sensation assez récurrente d’ailleurs)… Des fois, la morosité de Nick Cave vient faire son trou dans une terre New Wave (Depeche Mode, Mike Oldfield) et Trip-Hop (Portishead, Massive Attack)… En clair, cet album a une saveur de madeleine de Proust, davantage fourrée à la chauve-souris qu’au cuir & clous et, sans être dérangeant – loin de là, c’est même plutôt apaisant –, est déroutant parce qu’on peut adhérer à chaque ambiance pour chaque morceau, leur différence formant malgré tout un ensemble cohérent et pas disparate. Je n’ai abordé là que l’aspect musical, car le livret du trio londonien – même si c’est le projet d’un seul homme, touche à tout – va dans ce même sens, dépouillé des paroles, avec un artwork par titre, comme une étude sur l’inspiration et le lien entre le visuel et l’auditif, le sensoriel et le sensitif…

On peut dire sans équivoque que Conversations with Mirrors est un album réfléchi – hu, hu, hu… Si le groupe a su se renouveler et s’éloigner petit à petit de ses précédents albums, plus typés Sisters of Mercy, mon seul point noir à percer sur cet album reste l’utilisation de l’autotune sur certains morceaux, qui gâche la paix et l’harmonie générale – que voulez-vous, je déteste cet effet antinaturel…

A écouter avant de se faire l’Abel.

Tracklist:

1. Shapes in the Mist (6:12)
2. These Hands (3:38)
3. Lost in the Woods (3:33)
4. Unbreakable (3:06)
5. Scaring Crows (5:20)
6. Shallow (3:53)
7. Let go (3:25)
8. A Thousand Years (3:43)
9. The Echo and the Voice (4:45)
10. Defiance (4:05)
11. Lost to the Noise (1:58)

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