Desperation BLVD – Desperation BLVD

Le 15 janvier 2021 posté par Metalfreak

Line-up sur cet Album


  • Crown : guitare
  • Hell : batterie
  • Matt : basse
  • Guests:
  • David Reece (Accept, Bangalore Choir) : chant sur 'North-East Boulevard'
  • Thomas Silver (Hardcore Superstar) : solo guitare sur 'North-East Boulevard'
  • Fabio D'Amore (Serenity) : chant sur 'Hold Back The Rain'
  • Herma (Sick 'n' Beautiful) : chant sur 'Queen of Heartache'
  • Alessia Scolletti (Temperance) : chant sur 'Sorry (I Don't Want You)'
  • Claudio Coassin (Raintime/Fake Idols) : chant sur 'Henhouse Tales'
  • Mattia Martin (Bad as) : chant sur 'November Pain'

Style:

Sleaze Rock

Date de sortie:

06 décembre 2020

Label:

Autoproduction

Note du SoilChroniqueur (Quantum) : 9/10

« A vivre au milieu des fantômes, on devient fantôme soi-même et le monde des démons n’est plus celui des étrangers mais le nôtre, surgi non de la nuit mais de nos entrailles. » Antoine Audouard

Parmi les nombreux styles de musique que j’ai pu écouter et découvrir dans ma vie, il y a un style en particulier qui me questionne beaucoup, notamment quand il s’agit de retracer ses origines : le rock. Principalement parce que le rock me paraît être un style de musique tellement primitif, primaire même, un peu comme le Big-Bang a créé l’univers, que je me demande comment retranscrire avec précision ce qu’était le rock avant. Cela me semble être un point tellement lointain que même après un énorme retour en arrière, on n’atteindra probablement plus jamais ce qu’était les prémices du rock. Ou plutôt, quelle prémices de quelque chose était le rock à son point zéro. C’est souvent une question que je me pose quand j’écoute du rock bien entendu, mais aussi et surtout quand je découvre un autre dérivé du rock. Il y en a des milliers alors autant qu’une vie entière ne suffit pas pour tous les aborder sérieusement. Les survoler, je ne dis pas, mais les aborder non. En tout cas, cette question qui revient souvent, je me la pose pour deux raisons principales : la première parce que j’aimerais savoir quel artiste représenterait le mieux le rock à ses débuts (un peu comme l’éternel débat de « quel groupe était le premier à faire du metal »? voyez-vous), et la seconde comment peut-on avec précision identifier le rock primitif dans les innombrables ramifications musicales qui en ont découlé depuis? Voilà, le rock est un véritable sujet casse-tête pour moi, et si j’adore toujours autant m’aventurer dedans, je me demande très souvent ce qu’est devenu le rock, le vrai rock, le pur! Et si la question revient aujourd’hui, c’est parce que j’entame une chronique pour le compte du groupe Desperation BLVD, qui se targue de faire du « sleaze rock« . Alors, par la présentation de ce premier album, éponyme de surcroit, j’espère avoir un brin de réponses.

Desperation BLVD n’est pas le nom d’une route sans fin, mais bien d’un groupe nous venant d’Italie. Pour ce qui est de la temporalité d’existence, on n’a pas d’informations. Simplement, le groupe est composé d’un trio de musiciens et sort donc ce jour son premier album, un projet musical éponyme de cinq compositions et d’une reprise. Voilà à peu près tout ce qu’on a comme informations à proposer. A noter toutefois un nom connu dans tout cela : l’album a été produit dans le studio de Michele Guaitoli appelé The Groove Factory Studio à Udine. Le nom est connu puisque c’est un membre du groupe Visions of Atlantis! Un premier album produit par un nom connu, on se dit aisément que Desperation BLVD met la barre haute! Voyons si c’est réellement le cas.

Le premier mot qui me vient à l’esprit quand je contemple une première fois l’artwork, et qui est loin d’être un modèle d’élaboration grammaticale je dois le reconnaître, est : cool!. Parce que, oui. La pochette est vraiment cool! Du genre bien accroche-l’oeil avec ce rouge flamboyant, ce décor désertique limite un peu far-west sur les bords, et je me retrouve un peu dans ce décorum de bande-dessinée genre Lucky Luke mais en plus dark, avec ce personnage rockeur mort qui me fait penser à Alice Cooper à l’état de squelette qui a une guitare contre lui alors qu’il est durement empalé, comme le dernier objet précieux de sa vie avant de partir loin. Le petit panneau « lost » est une sorte lui aussi d’avertisseur pour les plus inconscients qui oseraient s’aventurer sur ce boulevard. Le tout est saupoudré d’un logo lui aussi avertisseur avec le nom d’un boulevard (« BLVD ») imaginaire, mais qui se nomme « Desperation ». Une idée d’artwork très originale je dois dire, et j’apprécie l’effort qui est fait pour retranscrire l’originalité du nom du groupe dans cet album éponyme. Je pense que l’on peut affirmer sans vergogne que ce design est là pour planter un décor clair et net, du genre « on ne va pas rigoler ». C’est un peu étonnant d’ailleurs quand on écoute la musique, parce que ce genre de pochette, quand on n’est plus habitué au metal, on la rencontre avec des groupes de grindcore, de stoner ou de death metal. Donc, de voir cela pour un groupe de rock, c’est surprenant. Et excitant à la fois, on se demande avec quelle sauce le rock de Desperation BLVD va nous manger tout cru. En tout cas, j’aime beaucoup cette pochette, elle est… Cool. Oui, tout bêtement.

Par contre, on est aux antipodes de ce à quoi je m’attendais niveau musique! Autant je savais que le rock n’est pas le style de musique qui sert à enfiler des perles on va dire, autant d’avoir un rock comme celui-ci, j’en étais pas prêt du tout. En fait, je pense que la pochette m’a fortement influencé et m’a inséré quelques préjugés bien acérés à grand renfort de gore, de violence et de thrash, rendant la première écoute teintée de stupeur. Fini le suspense : Desperation BLVD propose du rock dans sa forme la plus improbable pour ce à quoi on pourrait s’attendre naïvement, c’est à dire avec des accents un peu glam. C’est idiot à dire mais le genre de rock qui est proposé ici, est celui que vous avez tous écouté au moins une fois dans votre vie, avec les Green Day, les Simple Plan, et j’en passe des mainstream. Cela, c’est pour les parties rock « simples », mais quand les soli arrivent, aussi courts soient-ils, on tombe carrément dans le côté un peu hard rock. C’est donc assez fou parce qu’au plus vous tendez l’oreille, au plus vous n’arrivez pas à identifier le style de rock. On oscille entre une sorte de stoner, de hard rock et de rock mainstream, c’est dingue parce que les morceaux sont courts (six morceaux pour seulement vingt minutes de musique) donc les variations sont assez rapides. En tout cas, cette première écoute permet de bien réveiller les neurones, de bien se trémousser et faire un bon air guitar des familles dans son salon. Alors donc, où se situe le sleaze rock dans tout cela?

Eh bien, il me semble qu’un premier élément de réponse intervient dans la production de ce premier album. Un son incisif, tranchant et sec, avec très peu de rondeurs malgré des riffs typiques du rock. Basé sur un laps de temps relativement court, toute la magie de ce son arrive pourtant très vite puisque l’album démarre sans faux col, directement aux affaires. La production me laisse à penser qu’elle se met au service du public, tentant d’être abordable pour tout le monde, et le moins que l’on puisse dire est que le pari est gagné. Un son bien rock, avec sa part d’old school, mais avec cette incision en plus, qui accentue davantage les riffs « agressifs » et qui amène un vrai sentiment de désespoir. Ce qui est d’autant plus fort puisque ce sentiment atroce dans d’autres cas de figure, passe super bien avec cette musique qui a la patate! Faire du neuf dans le vieux, c’est peut-être cela le pouvoir du rock. Faire d’un sujet d’ordinaire noir un enrobage sur une musique énergique et qui donne le pep, c’est aussi le pouvoir du rock. Et c’est donc le grand pouvoir rudement mené par Desperation BLVD sur ce coup-ci. Pour un premier album, qui plus est autoproduit, la barre est mise très haute en tout cas. Mention spéciale à la reprise du morceau « Hold Back The Rain » de Duran Duran, rondement exécutée et qui semble bien définir la mentalité géniale et pleine de poésie du groupe italien.

Alors, petite originalité dans le travail de composition : il s’agit d’un trio de musiciens qui comprend l’ensemble instrumental basique guitare/basse/batterie. Et donc, il n’y a pas de chanteur propre. Juste une flopée de chanteurs en guest, ça c’est rock! Une base de composition purement instrumentale mais qui pourtant laisse une part importante du gâteau aux chants, et qui démontrent une belle expérience de la musique rock. Pour le reste, je trouve les morceaux accrocheurs, même si les riffs sont ceux que l’on entend partout y compris les soli et les parties refrain. Il ne faut pas spécialement chercher d’originalité dans les six compositions de Desperation BLVD, parce que la musique reste relativement old school, donc avec des riffs qui ont certes fait plaisir à un public planétaire, et qui se trouve toujours appétant en ces riffs-ci, mais qui ne brille pas de recherche on va dire. Ce qui ne m’empêche pas du tout d’aimer beaucoup l’album et d’avoir eu un petit coup de coeur. Je trouve en plus que les pistes étant courtes, l’album a le mérite de s’écouter très vite sans s’essoufler et d’en apprécier que plus la quintessence. C’est donc un très bon point, cette longueur atypiquement courte, même si elle me laisse un peu sur ma faim pour ma part.

Il va de soi que les musiciens sont très bons dans ce qu’ils accomplissent, les instruments sont d’une très belle maitrise et transpirent le rock par tous les pores de leurs bois. Si l’on fait abstraction du manque d’originalité qui incombe un peu aux morceaux, on peut au moins admettre que la maitrise des riffs old school et la réalisation de ces soli sont de fort belle facture. Je me dis finalement que le sleaze rock n’est qu’un dérivé du rock old school avec cette petite touche de désespoir et de noirceur qui se retrouvent dans le concept plus que dans la musique, mais comme je ne connais pas super bien ce style, je me trompe sûrement. Quoiqu’il advienne, le trio italien est très bon et n’a rien à envier à personne tant qu’ils feront ce rock bien énergique.

Les chants à présent. J’ai été là encore très surpris d’apprendre via leur dossier de presse (que je lis après écoute) qu’il y a non pas un, mais plusieurs chanteurs. Parce que les voix ne diffèrent quasiment pas du tout! Il faut véritablement tendre l’oreille pour déceler les toutes petites imperfections qui permettent de différencier les chanteurs, mais franchement, c’est tellement microscopique que vous vous méprendririez aussi. En tout cas, les chanteurs n’ont probablement pas été choisi au hasard puisque, sans être des clones vocaux parfaits, ils ont au moins le mérite de garder la même logique vocale et donc de donner le change. Les chants sont tous donc très rock avec des tessitures aigues, des voix légèrement enraillées pour rajouter encore davantage de piquant, et des envolées superbes sur les refrains des morceaux. Je suis scotché, vraiment, d’une part par ce choix artistique de mettre plusieurs chanteurs sur un album (je me répète, désolé) aussi court, et d’autre part parce que ce choix inattendu s’est avéré tellement payant que je dois dire que j’ai adoré. Voilà! J’ai tout simplement adoré les chants et j’en ai oublié toutes mes réticences et mes questions de départ à deux balles! C’est cool quoi!

Car oui, pour finir ma chronique, je n’ai probablement pas eu de réponse à ma question de départ et mes sempiternelles interrogations existentielles pompeuses. Mais je m’en fous. Parce que sans rentrer dans des détails, on peut dire que la musique proposée par les italiens de Desperation BLVD est extra. Pleine d’énergie, très old school avec quelques petites accentuations glam rock, voir hard rock, et surtout avec une vraie envie de nous faire vibrer. Franchement, ce n’est pas ce qu’on demande au rock les ami(e)s? Moi, je vais répondre donc un gros OUI pour ce premier album éponyme, et non seulement je vous le recommande mais en plus j’invite tous les amateurs du genre à vous replonger dans les prémices de la grandeur qui s’annonçait pour la musique rock. Parce qu’assurément, vous y retrouverez quelques petites nostalgies dans cette poutrerie musicale rock.

Tracklist :

01 November Pain
02 Queen of Heartache
03 Henhouse Tales
04 North-East Boulevard
05 Hold Back The Rain
06 Sorry (I don’t want you)

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