Line-up sur cet Album
• Shagrath : Chant, Claviers
• Silenoz : Guitare rythmique
• Galder : Guitare lead
• Gerlioz : Claviers (membre de session non crédité)
• ? : Basse
• Daray : Batterie (membre de session non crédité)
Style:
Symphonic Black MetalDate de sortie:
4 Mai 2018Label:
Nuclear Blast Records
Note du Soilchroniqueur (Willhelm von Graffenberg) : 7.5/10
En bon follower de la première heure de Dimmu Borgir, ayant suivi leur évolution d’un Black Metal mélodique vers leur aspect le plus symphonique, je ne pouvais pas ne pas sauter sur l’occasion de la sortie de Eonian, leur dixième et dernier opus, pour en faire la chronique.
Autant dire qu’il déçoit directement, cet album, tant on ne reconnait que difficilement même les aspects les plus récents du groupe. Les singles/clips n’auguraient pas du bon déjà, mais j’avoue que je me suis difficilement retrouvé dans des marquages connus, non que ce soit mal mais l’identité musicale du groupe en a pris un coup. On n’abordera même pas l’artwork qui n’évoque pas forcément grand-chose…
D’entrée de jeu, « The Unveiling » assoit les bases du « on va pas faire ce qu’on a déjà fait » avec une sorte d’électro mêlant des chœurs aux guitares au son tellement chelou dans la lead que je me suis demandé si ça n’avait pas été doublé par un son midi, idem pour le son de caisse claire super agressif et déséquilibré… Et stylistiquement, on part davantage vers un dérivé de Nightwish période Oceanborn, très (trop) « joyeux », mélangé avec du Calladan Broad. « Interdimensional Summit » ne fera que confirmer cette impression, donnant presque dans le Epica.
Je pense que ce qui met d’autant plus l’accent sur ce ressenti est le mixage et la présence des chœurs, ainsi que le choix de patches de claviers. Ça, on ne pourra toujours pas renier à Dimmu Borgir leur volonté de mettre un orchestre et des chœurs et les rendre toujours plus intelligibles… Mais trop présents pour le coup, selon moi : ils en deviennent l’élément essentiel. Non, que j’adore cette idée – qui ne serait pas saisi par l’épique d’un chœur harmonisé et hymnique, avec des arrangements bien construits ? Et franchement quand on l’occasion de travailler avec la célèbre Schola Cantorum, un des chœurs les plus balaises à l’heure actuelle, ici arrangés par Gaute Storaas, il y a plutôt intérêt que ça sonne et de les mettre en avant. Mais ça bouscule clairement les habitudes, autant que d’entendre un solo teinté Heavy Metal sur un « Ætheric » (au chœur de seconde partie assez magique, mais qui sonne comme du Epica) à la structure d’un « Gateways » (cf. précédent album).
Et pourtant le fond borgirien est toujours présent, voire même celui d’un retour aux sources : sur « Aetheric », justement on revient un peu à Spiritual black Dimensions et Puritanical euphoric Misanthropia en arrière plan. Idem pour « The Empyrean Phoenix », teinté BM/Death jusqu’à l’entrée des claviers et des chœurs, qui deviennent redondants dans leur écriture. « Council of Wolves and Snakes » (clip ci-dessous) semble ramener vers les ténèbres d’un BM sérieux et caverneux… jusqu’à ce qu’un aspect tribal sorti du cul de Sepultura/Soulfly fasse son apparition. Encore une fois, je ne vais pas cracher dans la soupe de l’initiative, d’autant quand elle s’ensuit de quelque chose de plus proche du Dimmu Borgir AOC mais on se sent limite pris en otage d’un hors-sujet WTF.
En fait, on a l’impression que Dimmu Borgir semble vouloir se réapproprier une identité norvégiano-viking en allant piocher tant dans une imagerie médiévale voire antique que chez ses confrères et voisins scandinaves. Le tout en restant dans un état d’esprit propice à leur volonté de grandiose et de grandiloquent, parce qu’on ne pourra absolument pas accuser le groupe de s’être tourné les pouces tant la diversité des sources sonores (et la difficulté de toutes les faire cohabiter dans un rendu totalement honorable) est un travail titanesque. Mais franchement, ce qui rend le résultat assez absurde, c’est ce patch de clavier lead « goutte d’eau » venu de la New Wave des 80’s, d’autant qu’il pollue la présence de tout le reste au point qu’on n’entende plus que lui, agaçant par sa monotonie. C’est d’autant plus imposant sur un « Lightbringer » qui part complètement en cacahuète, tantôt BM, tantôt sympho, tantôt prog…
Sans avoir un riff marquant, « I am Sovereign » et sa construction m’ont particulièrement plu, une sorte de Danse du Sabre, de danse macabre sur fond arabisant avec l’arrivée des chœurs planants et apaisants sur la fin. Ceci n’a pour but que de ramener vers une brutalité toute frontale sur « Archaic Correspondance » qui rappellera un certain Death Cult Armageddon à quelques uns, mais qui irait lorgner vers du Septicflesh. C’est d’ailleurs vraiment la seconde partie de l’album qui ramène vers l’univers obscur de Dimmu Borgir et qui sonne comme la plus réussie et rassurante, subjectivement, et c’est bien là le risque stratégique qu’a pris le groupe : mettre des titres très éloignés voire discordants de leurs précédents opus en début d’album, promouvoir ceux-là, quand la suite de l’album disperse moins leurs fans ou habitués. D’autant quand le majestueux finale « Rite of Passage » remet dans des terres connues en encore et toujours plus épique d’un « Perfection or Vanity » (sur Puritanical euphoric Misanthropia) qui aurait fusionné avec « Endings and Continuations » (sur Abrahadabra)
Cet album est cohérent du point de vue thématique : le temps qui passe, sa perception, son illusion, l’aspect diabolique sous-jacent… Tout ceci enchevêtré explique cette avancée et ce recul simultané, ce mélange de tant de choses d’apparence illogique et pourtant qui s’imbriquent parfaitement, surtout quand il s’avère que certains morceaux ont été composés en 2012 et n’avaient pas été enregistrés… Mais sans savoir tout ça, le résultat ressenti est le suivant : le tour de magie d’Abrahadabra s’est mué en un « expecto patronum » ; Dimmu Borgir semble se chercher un nouveau Patronus en allant vagabonder un peu partout sans aboutir à quelque chose de réellement évident, ce qui en fait l’album le plus fade et décousu de toute leur discographie. Autant dire que les aficionados d’In Sorte Diaboli et son grain brutal vont vite se sauver – je ne préconise rien pour les admirateurs d’avant Spiritual black Dimensions, voire Enthroned Darkness triumphant, ils ont déjà quitté le drakkar depuis bien longtemps… –, et que ceux qui avaient apprécié tous les aspects symphoniques et exubérants de Puritanial euphoric Misanthropia jusqu’à Abrahadabra vont savourer de nombreux moments en étant perdus à d’autres.
A écouter avec son loup et son serpent en se faisant des peintures de guerre sur son armure de plates de GN.
Tracklist :
1. The Unveiling (5:47)
2. Interdimensional Summit (4:39)
3. Ætheric (5:27)
4. Council of Wolves and Snakes (5:19)
5. The Empyrean Phoenix (4:44)
6. Lightbringer (6:06)
7. I am Sovereign (6:48)
8. Archaic Correspondence (4:55)
9. Alpha Aeon Omega (5:18)
10. Rite of Passage (5:16)
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