Domino and the Ghosts – Songs for… Glasgow ...
Line-up sur cet Album
- Domino : chant, guitare
- Baptiste Bouchard : guitare, basse, piano, etc
- Simon Lemmonier : batterie, shaker, violoncelle
- Béra : chant (sur "Song to Celebrate")
Style:
Grunge et plus encoreDate de sortie:
15 novembre 2014Label:
AutoproductionNote du Soilchroniqueur (Lusaimoi) : 8,5/10
En 2012, With Decay… and no Compassion, s’affichait avec ce paysage urbain nocturne et ces quatre titres qui avaient pour principal/unique défaut une durée totale de 12 minutes. Un an plus tard, surgissait I Am the Noise… You’re my Silence, que je n’ai découvert que récemment et qui enfonçait le clou du premier EP tout en restant dans sa continuité. Toujours aussi étonnant, toujours aussi lourd, même si ce terme peut sonner comme une insulte à la subtilité du projet, toujours aussi splendide avec un « You’re my Silence » qui suffit pour convaincre.
Fin 2014, la trilogie se termine, avec Songs For… Glasgow. Cet EP plus long, atteignant la demi-heure, s’éloigne quelque peu de ses prédécesseurs pour explorer d’autres chemins. Et ce n’est pas vraiment étonnant, lorsqu’on connait le côté expérimental de Domino & the Ghosts. Un aspect qui n’apparait pourtant pas comme tel, lorsqu’on écoute ses compositions la première fois. Il transparait, si, mais c’est d’abord une certaine simplicité qui nous saute aux oreilles.
Car cette recherche de nouvelles sonorités n’est pas due à un besoin de se démarquer des autres pour exister, pour se défaire de la masse. Non, elle est plus liée au plaisir. La simple envie de Domino de faire la musique qui lui plait, qui lui parle, celle qui lui correspond, correspond à ses goûts, éclectiques, sans se poser d’autres questions. C’est peut-être aussi l’un des sens cachés de cet artwork aux multiples influences. Le groupe lui-même préfère qu’on appelle sa musique comme on veut, qu’on ne lui attache aucune étiquette. On peine d’ailleurs à rattacher Domino & the Ghosts à une scène particulière.
J’aurais personnellement tendance à le rapprocher du Grunge, pour le côté rugueux et un peu sale de la production. Baptiste Bouchard (producteur d’Agora Fidelio, My Own Private Alaska mais aussi du groupe de Pop Cats on Trees), également guitariste et bassiste sur la trilogie, conserve des liens avec les deux précédents enregistrements, tout en s’en éloignant. On sent ainsi un son un brin plus propre, mais toujours assez massif et gardant un côté artisanal qui sied si bien à l’univers développé.
Grunge, on le sent aussi dans cet aspect brut – que l’on retrouve surtout dans « Lovers » et « Dance With Me », deux titres saturés de cet EP –, allié à cette simplicité dont je parlais plus haut, qui ne fait que refléter la sincérité du projet. En effet, Domino & the Ghosts, ne cherche pas à impressionner, ni à cacher ses erreurs, comme sur « If We Fall Together », sorte de chanson d’amour mélancolique semblant capturer l’instant sans se soucier de la perfection, ce qui ne fait qu’intensifier son propos.
Grunge, on y pense aussi pour ce chant qui, comme le reste de la musique, ne va pas dans la performance mais reste dans l’émotion. Une émotion qui, malgré le thème principal (l’amour), reste toujours très éloignée du larmoyant ou du mielleux.
Mais sur Song for… Glasgow, Domino explore d’autres univers, débranche ses instruments et se penche vers l’acoustique pour une série de titres qui semble prendre un même point de départ pour mieux nous surprendre ensuite. Dès le premier morceau, d’apparence simple, triste et fantomatique aussi – dans la voix mais pas seulement –, le groupe nous trompe avec une seconde partie saturée que l’on n’attendait pas.
« Delicate » semble lui répondre en débutant calmement, par une mélodie épurée et sereine (qui contraste avec un « Lovers » au riff plus rageur, qui semble tourner en boucle, mais, travaillé, trituré, ne se répète jamais tout en gardant son côté hypnotique). Mais à cette mélodie succède un passage faussement électrique aux multiples trouvailles que l’on ne découvre qu’au fil des écoutes.
Quant à « Song To Celebrate », il joue lui aussi la carte de l’intro à la simplicité touchante qui renvoie à celle de « Delicate », tout en dévoilant une atmosphère plus triste et noire. La similitude s’arrête néanmoins à ce point, car il s’agit ici d’une lente montée en puissance dont le paroxysme vient conclure l’EP. Une fin envoûtante qui sait ménager ses effets pour les sortir et nous toucher en plein cœur sans pour autant aller dans la démesure. La force est dans la retenue. Une force que ce morceau trouve dans la justesse et qui dure pendant plus de quatre minutes, se renouvelant pour s’intensifier plus encore, sans jamais casser ce beau moment.
La simplicité qui nous sautait aux oreilles au premier abord n’est pas forcément fausse. Elle revient souvent à l’esprit, lorsqu’on écoute Songs for… Glasgow. D’elle naît l’émotion. Une émotion pas facile d’ailleurs. Tout en sincérité, là où elle pourrait devenir caricaturale chez quelqu’un d’autre, avec nombre d’effets inutiles.
Mais cette simplicité est également trompeuse, car comme ses prédécesseurs, Songs for… Glasgow est d’une richesse qui ne dévoile ses secrets qu’après de nombreuses écoutes. Et il n’est pas rare même après des dizaines de passages sur la chaîne, d’entendre un élément à côté duquel on était passé jusqu’alors.
Domino & the Ghosts poursuit son chemin, sans se soucier du reste et il est impossible de prédire sa suite, notamment parce qu’il ne reste du line-up de ce CD que Domino, la tête pensante du groupe. Qu’importe ! La confiance est de mise car c’est un projet qui n’a jamais déçu et qui possède quelque chose de difficile à définir et c’est finalement ce qui le rend si prenant, si attachant.
Tracklist:
1. Nelly Glasgow
2. Lovers
3. Delicate
4. Dance With Me
5. If We Fall Together
6. Song To Celebrate
Bandcamp: dominoandtheghosts.bandcamp.com
Facebook: www.facebook.com/pages/Domino-And-The-Ghosts
1 Commentaire sur “Domino and the Ghosts – Songs for… Glasgow”
Posté: 17th Mai 2017 vers 19 h 29 min
[…] sa première trilogie, dont With decay… And no Compassion et Songs for… Glasgow (oui, j’ai loupé I Am the Noise… You’re my Silence, mais il vaut tout aussi le coup) […]
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