Note du SoilChroniqueur (Fast Freddy) : 9/10

« Prude » est le cinquième opus de Drug Church, combo originaire d’Albany, état de New-York qui donne dans le post punk, post hardcore depuis leurs débuts. Autant vous dire que lorsque cette nouvelle galette est apparue dans la liste des chroniques à effectuer ce mois-ci, je n’ai pas tardé à m’en saisir, restant sur l’excellente impression qui était la mienne avec « Hygiène », album dont vous trouverez la chronique effectuée deux ans plus tôt dans les liens ci-dessous et qui m’avait fait plonger pleinement dans l’univers musical du groupe sans m’en faire ressortir indemne !

Les morceaux sont courts, sous les trois minutes pour leur majeure partie, et l’album dépasse à peine les vingt-huit minutes d’écoute. Ceci dit, comme Drug Church n’est pas du genre à y aller par quatre chemins en termes de composition et d’écriture, le temps est exploité à chaque seconde et retransmet à chaque instant l’intensité musicale qui nous explose au visage ou les émotions à fleur de peau que l’on peut ressentir au gré des mélodies parfois hypnotiques ou dans la voix d’écorché vif de Nick, voix si caractéristique que l’on reconnaitrait au milieu de mille autres !

C’est avec « Mad Care » que s’ouvre ce nouveau voyage et il ne faut pas trente seconde d’écoute pour s’apercevoir que Drug Church reste dans la droite ligne de leur style, livrant avec une énergie brute et intacte une musique qui semble composée quelques minutes auparavant et enregistrée en une seule prise ! De quoi débuter sur les chapeaux de roues !

« Myopic » est accrocheur, livré sur un rythme plus lent mais en gardant tous les codes de la musique du groupe. Les guitares oscillent entre riffs énergiques et mélodies parfois limites psychédéliques qui peuvent rendre le titre addictif, surtout couplés avec le chant distillé avec tripes et conviction. Ce chant, fait de rage et de fougue incontrôlée, est un invariant tout au long de l’écoute, agissant comme une sorte d’exutoire, façon « tout ce que j’ai en moi et qui me pourrit l’existence doit sortir » !

« Demolition Man » semble un peu plus lissé, pas au point non plus d’être qualifié plus mainstream, mais probablement plus abordable pour qui veut approcher le style du groupe en douceur. C’est également le cas pour « Yankee Trails » qui joue davantage sur les émotions, que ce soit musicalement ou sur l’aspect vocal, montrant aussi la capacité du groupe à canaliser son énergie.

On retrouve parfois des ambiances proches de celles des Pixies, sur « Business Ethics » par exemple, que ce soit avec une ligne de basse en phase avec celles que Kim Deal pouvait nous sortir au début des nineties ou encore avec des intonations de voix rappelant celle de Franck Black, ce qui n’est pas sans me déplaire, puisque mon adolescence a aussi été bercée par la formation emblématique de Boston ! A chaque titre, on n’est pas surpris car on se dit d’emblée que c’est du Drug Church mais on se laisse bercer et envouter car chacun à sa propre âme, montrant le carrefour d’influences diverses que la musique du groupe représente, mêlant rock alternatif, post punk, post hardcore, grunge le tout en obtenant un résultat d’authenticité qui pourrait paraitre impossible mais qui l’est bel et bien… Sujet d’authenticité d’ailleurs évoqué dans les paroles de « Chow » !

« Peer Review », morceau le plus long du haut de ses trois minutes et quarante-trois secondes, vient conclure un album qui fait bigrement plaisir en ce début d’automne morose et qui confirme que Drug Church, à l’instar du bon vin, se bonifie avec le temps et occupe une place particulière sur la scène post-hardcore dans ce premier quart de siècle ! Peut-être que le fait d’avoir un line up inchangé depuis leurs débuts il y a treize ans maintenant n’y est pas étranger, ou tout simplement que Drug Church ne triche pas et met la sincérité au cours de leur musique… Toujours est-il que « Prude » est à mettre entre toutes les bonnes oreilles dignes de ce nom, au risque que son écoute ne devienne addictive pour beaucoup !

Tracklist :

1. Mad Care 2:25
2. Myopic 2:56
3. Hey Listen 2:41
4. Demolition Man 2:45
5. Business Ethics 2:48
6. Slide 2 Me 2:37
7. Chow 2:49
8. The Bitters 3:10
9. Yankee Trails 2:47
10. Peer Review 3:43

Facebook Bandcamp Instagram Chronique de « Hygiène »