Line-up sur cet Album
- Ole Nogva : guitare, chant, synthétiseur
- Petter Solvik Dahle : basse
- Erik Bråten : batterie
Style:
Stoner / Rock PsychédéliqueDate de sortie:
13 novembre 2020Label:
All Good Clean RecordsNote du SoilChroniqueur (Quantum) : 8.5/10
“En astronomie, pour vous, Uranus et orbite sont sûrement des obscénités...” Claude Pinoteau
« Uranus est la septième planète du Système solaire par ordre d’éloignement au Soleil. Elle orbite autour de celui-ci à une distance d’environ 19,2 unités astronomiques (2,87 milliards de kilomètres), avec une période de révolution de 84,05 années terrestres. Il s’agit de la quatrième planète la plus massive du Système solaire et de la troisième plus grande par la taille. Elle est la première planète découverte à l’époque moderne avec un télescope et non connue depuis l’Antiquité. Bien qu’elle soit visible à l’œil nu, son caractère planétaire n’est alors pas identifié en raison de son très faible éclat et de son déplacement apparent dans le ciel très lent. William Herschel l’observe pour la première fois le 13 mars 1781 et la confirmation qu’il s’agit d’une planète et non d’une comète est faite pendant les mois qui suivent. » Le souci, c’est que je passe parfois plus de temps à réfléchir à une « bonne » introduction de chronique que l’analyse elle-même. Aussi, étant pris un peu par les échéances des releases du jour et pour remplir notre forum un peu famélique en ce moment, je suis obligé de vous faire une minute découverte à deux francs six sous. Aussi, le choix d’Uranus, et plus précisément de l’astronomie n’est pas dû au hasard, auquel je ne crois pas. J’ai toujours été féru d’astronomie, en primaire j’avais fait un exposé sur le système solaire à des CM1/CM2, moi-même étant en CP. Vous voyez venir le petit génie? Bon, trêve de plaisanterie. J’ai choisi totalement délibérément le dernier album de Dune Seaen conséquence, puisqu’il s’appelle Moons of Uranus . Allons-y gaiement!
Alors, méfiance ami(e)s lecteur(e)s, parce que des albums qui se nomment Moons of Uranus, il y en a eu deux en 2020. Celui que Benoit Martiny Band, qui comme son nom l’indique est le groupe du batteur Benoit Martiny, et qui produit du jazz rock. Et donc celui qui nous intéresse, qui nous vient de Norvège et qui est en fait un trio de musiciens. Il faut savoir que le groupe est relativement jeune, je n’ai pas de date précise pour vous parler de la formation du trio, mais ce dernier a déjà eu le temps de proposer un EP et deux albums en comptant ce dernier. Le premier album est éponyme et a vu le jour en 2019, soit un an avant ce Moons of Uranus. Voilà, grosso modo tout ce qu’on a pour présenter les norvégiens. Comme quoi, nous ferons taire les mauvaises langues : la Norvège n’est pas QUE le pays du black metal satanique! Il peut y avoir des extraterrestres qui nous causent des extrasystoles comme celui-ci.
Et lorsque je vous parle d’extraterrestres, j’exagère à peine. La pochette est en vérité sur la vague vintage qui ressort de plus en plus de la nostalgie d’une époque musicale révolue, mais remise tant bien que mal au gout du jour. Une pochette typique d’un vinyle j’ai envie de dire, d’autant que ce deuxième album ne sort qu’en version LP (grrrrrrrrrr). J’adore vraiment le ton de couleurs de l’artwork, l’idée de colorer ce décor de canyon, ou de manière plus chauvine qui me fait penser aux Gorges de l’Ardèche, donne une vraie touche ancienne. Limite un peu psychédélique avec ces couleurs que l’on verrait plus soit avec des lunettes 3D, soit après quelques champignons hallucinogènes. Ce ciel jaune clair et cette coulée d’eau jaune brillante donne une note de brillance sympathique et très attrape-l-œil. Et puis, que dire du logo du groupe bien entendu. Typique d’une époque lointaine de musique, très empreinte de souvenirs. Bon, vous l’aurez compris hein! J’aime beaucoup cette pochette, je l’aurais limite accroché au mur chez moi pour en faire une sorte de tableau décoratif. L’allusion à des satellites d’Uranus n’est pas non plus anodine dans le sens où l’on pourrait sans peine s’imaginer que cette représentation d’une nature rocheuse et colorée de la sorte pourrait être le sol d’une planète. Artwork qui fait mouche et bien raccord avec le titre de l’album, la musique et le côté vintage. Excellent taff.
Alors je dois bien admettre que j’ai été un peu en peine pour définir avec exactitude le style de musique du trio norvégien. Présenté comme un groupe de stoner dans notre listing, il est vrai que je m’y attendais sincèrement. Sauf que, si stoner il y a, déjà ce n’est pas du metal. Plutôt une sorte de stoner rock dans sa base essentielle. Mais il faut aussi rajouter un élément prépondérant et inattendu dans la musique de Dune Sea : le psychédélique. La présence de claviers très, encore une fois, vintage me conforte sincèrement que le groupe oscille entre une base stoner rock assez précise, et des incorporations importantes de passages psychédéliques, qui d’ailleurs me fait plus pencher la balance vers son côté. En même temps, la frontière entre le stoner et le rock en général étant mince, on ne peut pas réellement se tromper. Simplement, la basse bien forte et le côté rock américain est bien stoner. Bon! Cela n’empêche pas que l’album est très agréable à écouter, la première rencontre auditive m’a bien plu. Il y a une sorte d’énergie communicative dans la musique de Dune Sea et j’apprécie surtout cet aspect un peu « martien » dans le son et les riffs incontournables et bien rock. Après, il est aisé de déterminer que la musique transpire par cascade la nostalgie et cette dernière est une vraie bouffée d’air frais vers l’ancien. En tout cas, une bonne première écoute qui a eu le mérite de me faire hésiter entre deux styles, finalement pas si éloignés que cela.
Quitte à jouer la carte du vintage, Dune Sea va au bout des choses! La production sonne comme un vieux vinyle déjà bien poncé, et j’adore! C’est vraiment le gros point fort de l’album, ce genre de son bien vieux, bien jauni par le temps mais en même temps fait par des jeunes, j’adore. Quelque part, l’immortalité du rock réside dans ce genre de démarche artistique où la jeunesse rend hommage à la vieillesse. Je m’attendais toutefois à une production plus récente, alors en toute franchise j’ai mis un peu de temps avant de comprendre le délire et d’y pénétrer corps et âme. Mais une fois dedans, c’est impossible de ne pas aimer ce son. C’est juste impossible! Avec cette guitare qui est toute seule mais qui est gonflée à bloc et déborde de patates, cette basse ultra forte qui est typique du genre stoner, et ce chant lointain comme un pulsar intergalactique, tout est réuni pour plaire à la fois aux nostalgiques, et à la fois à cette jeunesse que j’admire par son abnégation à rester fidèle à la beauté lointaine du rock. D’ailleurs, le son m’achève de penser définitivement qu’il s’agit d’un album de rock psychédélique, sinon le son serait beaucoup plus épais s’il s’agissait de stoner. Vraiment une superbe production, intelligente et racée!
Pour ce qui est des compositions, je dirais que c’est un peu le cas lambda d’un album que l’on découvre : des morceaux me plaisent, d’autres non. Il y a une forme un peu d’inégalité dans la composition en elle-même, avec tantôt des riffs accrocheurs, tantôt plus posés, qui fait qu’on en a pour tous les gouts. Je n’aime pas donner de précisions concernant quels morceaux j’aime et vice versa pour n’influencer personne. Mais je dirais qu’il y a une variabilité qui, selon moi, aurait pu être un tout petit peu moins éparse. Ce qui n’empêche pas qu’il y a un point commun fort appréciable quand on fait la chronique d’un album : le rapport longueur/nombre des pistes qui est raisonnable, et permet à tout auditeur de se pencher sur le cas de ce Moons of Uranus sans souffrir de céphalées ou de fatigue psychique. On va dire, pour faire court, que l’album en lui-même se réécoute sans problème, et ravira tout le monde comme je disais plus haut, avec néanmoins un bémol sur la variabilité un chouia trop présente.
Les musiciens sont donc intelligents, nostalgiques et talentueux. J’aime tout particulièrement les arrangements à outrance qu’ils ont portés à leurs instruments, et j’aime aussi bien les parties claviers. Les arrangements font justement tout le charme du jeu des zicos, et du son aussi, mais on voit qu’il y a surtout eu une réflexion importante sur comment représenter leur vision de la musique. Et la meilleure possible reste la manière d’arranger le son de son instrument! C’est donc un acte prépondérant et un constat légitime que de dire qu’ils sont pétris de talents ces jeunes nordiques. Le clavier en est un parfait exemple : le peu de présence est faite avec parcimonie intelligente et les soli sont géniaux. Plein de panache! C’est très plaisant de pouvoir faire ce paragraphe sur le talent des mecs qui font Dune Sea.
Et le chant pour en finir, me laissera probablement l’idée la moins élogieuse de Moons of Uranus. Rien de méchant du tout, rassurez-vous. Simplement et je vais commencer par le point faible comme cela, ce sera plus édulcoré, les lignes de chant me dérangent un peu. Je les trouve simplistes, répétitives, sans réelle réflexion rythmique. En gros, le chanteur ne s’est pas foulé du tout sur ses lignes de chant! Elles sont même peu inspirées d’un point de vue textuelle, du peu que je comprends parce que je trouve au passage que le chant est un peu trop en retrait du reste dans le mixage. Du coup je n’ai pas franchement compris ce qui se disait dans cet album ce qui est dommage et frustrant. Donc, des lignes de chant trop pareilles et pas du tout rassembleuses. Par contre, le chant en lui-même me plait beaucoup, on dirait un lointain appel d’une autre race d’exo planète! Comme un message spatial, aérien et mystérieux aussi. Fascinant est le mot juste. Moi j’ai bien aimé l’arrangement qui était fait sur le chant pour le rendre en écholalie comme cela, mais j’aurais effectivement là encore préféré qu’il soit un peu plus audible, plus mis en avant. Mais bon ce n’est pas si grave, rien de bien méchant.
Pour conclure, je dirais que ce deuxième album est intéressant à pratiquement tout point de vue. J’aime vraiment les CDs qui sont ancrés dans une recherche nostalgique et obsessionnelle du fameux « Son », ce petit truc qui veut nous rappeler que la musique a existé de cette manière-ci, qu’elle a fait le bonheur incommensurable d’une génération avant nous et qu’il faut pour cela des groupes de la trempe de Dune Sea pour se risquer à retranscrire tout cela dans un album, qui plus est à notre époque de modernité outrageante. J’ai donc sans surprise vraiment bien aimé ce Moons of Uranus qui m’a replongé dans mes souvenirs d’enfance et ces bouquins d’astronomie que je dévorais tant. Il y a bien un ou deux détails à régler avant de prétendre à un album extra, mais on est déjà sur des bases vraiment solides, et j’espère qu’elles le demeureront. Et vive la Norvège sortie de ses carcans idiots de black metal!
Tracklist :
Side A
A1 First Contact (3:23)
A2 Shaman (3:43)
A3 Absinthe Blues (2:33)
A4 Tusken (2:57)
A5 Moon Of Uranus (4:07)
Side B
B1 Air (4:14)
B2 Draw 4 (2:08)
B3 Oracle (3:55)
B4 Sarlacc (3:03)
B5 Globe Of Dust (4:48)
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