Line-up sur cet Album
Thierry Lebourg - Chant / François Loprete - Guitares / Olivier Coulon - Guitares / Guillaume Boudou - Basse / Morgan Berthet - Batterie.
Style:
Power / Speed metalDate de sortie:
18 Novembre 2022Label:
Brennus MusicNote du SoilChroniqueur (Mitch) : 7/10
Peut-on dire que ce « A Taste Of Hell » est à Dyslesia ce que « Chinese Democracy » a été à Guns n’Roses ?
Non, car le dépassement de budget studio a dû compter de nombreux zéros de moins (d’autant que le groupe enregistre « à domicile », au Studio Noisefirm, à Ambérieu-en Bugey dans l’Ain, où son chanteur Thierry est ingé-son) ! Et surtout, il n’a pas été précédé d’un teasing, aussi indécent et disproportionné, que celui réalisé en son temps par le « sympathique » Axl Rose !
Il a pourtant fallu patienter 14 bonnes années pour accueillir le successeur de « In Veins, Hearts and Minds » (2008), lui-même séparé par 6 ans de « Years of Secret ». Il faut dire que Dyslesia avait démarré sa carrière sur les chapeaux de roues, avec 3 albums et un DVD entre 1999 et 2004. Le tout, entrecoupé d’une activité live des plus intenses, aux côtés de formations références des années 2000, telles que Vanden Plas, Stratovarius, Symphony X, Rhapsody, Rage, Iron Savior…
Et si prêcher la bonne parole en live, un peu partout en Europe, avait été la méthode de Dyslesia pour creuser son sillon, cela avait également provoqué des dissensions entre ses membres de l’époque. Exit Fabrice Dutour (très actif depuis dans Backroads, Megaphone, IDentity, la série d’albums United Guitars) et son compère batteur François « Boom » Brisk (Megaphone, Virus IV, Vital Breath…), éloignement soudain du milieu du Metal du bassiste Sylvain De Nicola. Si bien que François Loprete, son fondateur, et Thierry Lebourg, son chanteur, se sont longtemps retrouvés seuls avec le projet de relancer la machine à un moment donné.
Au fil des années, ils ont appris à apprécier le guitariste Olivier Coulon, dont le groupe lyonnais Mother & Pearl (Groove Metal) a réalisé tous ses enregistrements studio au fameux Noisefirm, et que Thierry a également suivi en ingé-son live sur plusieurs festivals régionaux (Lions Metal Fest, Leymfest, Rock In Frat…). De discussions sur le matos en échange d’albums, l’idée de composer ensemble l’album du retour de Dyslesia s’est imposée. C’est donc une composition à quatre mains et une plume, dont le résultat nous est proposé, fin 2022, sur l’historique label Brennus.
Pour ne pas retarder plus la réalisation de l’album, le trio n’a pas persisté outre mesure dans la recherche de membres permanents, et a privilégié le choix de musiciens de session de haut niveau et sans risques de plantage. L’excellent et technique Morgan Berthet est donc venu interpréter à la batterie sa vision des 10 titres de l’album. Et sa performance, intense et pleine, est ici largement à la hauteur des formations dans lesquelles on a pu l’apprécier par ailleurs (Myrath, Kadinja, Klone, The Mars Chronicles…).
A la basse, un « voisin » du studio, Guillaume Boudou (déjà vu dans Vital Breath, The Mars Chronicles…), a également rempli l’espace sonore de parties de basse au son typique du jeu aux doigts (très rond, on le croirait presque fretless, bavard dans les notes aiguës), volubiles, mélodiques et galopantes.
Ces deux musiciens ne participeront pas à l’aventure live, ils seront suppléés par deux (très) proches du groupe, qui n’ont pas encore été annoncés officiellement.
Bon, au final, cet album si attendu, que donne-t-il ?!
Avant tout, la longue période à disposition a été optimisée pour affiner et peaufiner chaque titre, on a affaire ici à tout sauf un album bâclé, le soin et la composition appliqués transpirent par les pores de chaque partie instrumentale. Ainsi, Dyslesia 2022 n’est pas dans l’esprit de morceaux live, répétés par un groupe dans la moiteur d’une salle de répète. Il nous livre clairement un album typé projet studio, avec un haut niveau technique, deux guitaristes qui se tirent la bourre avec beaucoup de bravoure instrumentale (les deux sont solistes). Leurs joutes les attirent même parfois carrément dans le Metal Progressif (le titre « Selfish » par exemple), et il faut avouer que cela fonctionne et renouvelle le propos pertinemment. Les souvenirs d’une époque où j’écoutais les Dali’s Dilemma, Dream Theater, Circus Maximus, Angra et Symphony X remontent soudainement !
Pour autant, l’ADN Speed / Power Metal de Dyslesia est bien toujours présent, avec par exemple le titre introductif « On The Way to Your Grave », qui assure la transition entre les époques, avec son refrain fédérateur et ses très jolis soli mélodiques. A ce titre, on peut s’amuser à deviner qui a composé quoi, entre un François Loprete « gardien du temple » et des traditions (même s’il est très sensible à l’actualité guitaristique et métallique), et un Olivier Coulon qui amène la tonalité plus sombre de son groupe principal Mother & Pearl, et quelques gimmicks typiques de son jeu dans M&P, qui se marient très bien à l’univers Dyslesia.
Habitués que nous sommes aux cavalcades Speed Metal et au headbanging arrosé à la bière, cet album s’avère un parti-pris artistique fort, en privilégiant des morceaux ultra-composés et une superposition de musiciens très techniques, à une approche plus spontanée, qui fendrait l’armure et laisserait transparaître plus d’émotion et d’humanité.
Cette remarque s’applique à l’identique au chant de Thierry Lebourg, qui bénéficie d’un traitement très travaillé, assez glacé, avec des voix doublées quasiment en permanence, pour un rendu où la recherche de perfection déshumanise, à mon humble avis, la performance. On n’entend pas un chanteur qui nous raconte une histoire avec émotion, les yeux dans les yeux ; l’impression est difficile à décrire, mais à titre personnel je n’ai pas réussi à « associer » le chant au reste de l’album, comme s’il survolait le mix.
La pochette de l’album ne m’a pas convaincu non plus, pourtant elle représente une belle histoire : proposée par le fils d’Olivier, elle a séduit les membres du groupe qui ont laissé sa chance à la jeunesse. A titre personnel, je trouve ces tons marrons pas très vendeurs, et la composition pas suffisamment lisible. On a coutume de dire qu’un bon tatouage doit être suffisamment accrocheur et lisible pour « percuter » à dix mètres au premier regard, sans que le spectateur n’ait à s’approcher en plissant les yeux et en disant « c’est pas mal, mais c’est quoi… ? » ; à mon sens, c’est un peu le défaut de ce visuel, pas très moderne, en-deçà des possibilités de montage qu’un bon Photoshop peut offrir.
Le challenge et les décisions à prendre étaient périlleux. Refaire du Dyslesia « années 2000 » à l’identique pour brosser les fans historiques dans le sens du poil ? Tout changer et créer à partir d’une page blanche, au risque d’avoir à repartir sous un nouveau nom, si l’écart de style était trop grand ? Dyslesia a donc choisi une voix intermédiaire, en basant la prise de risque sur l’ouverture stylistique instrumentale, en bétonnant ses compos avec un niveau technique élevé et un feeling très « studio » ; mais avec une « proposition » artistique qui aura moins touché votre serviteur sur les aspects vocaux, visuels et émotion (le son global est plutôt sec). Attendons donc de voir et entendre comment ce répertoire sera retranscrit en concerts, le passage au live s’avérant un sacré défi !
Tracklist :
1. On The Way to Your Grave
2. Selfish
3. No God To Pray
4. Voices
5. In The Trench
6. Summer 15
7. Spirit Never Die
8. The Lights Of War
9. Deep Ocean
10. The Ending Light
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