Line-up sur cet Album
- Arne "Lanvall" Stockhammer : claviers, guitare
- Sabine Edelsbacher : chant
- Dominik Sebastian : guitare
- Johannes Jungreithmeier : batterie
- Stefan Gimpl : basse
Style:
Metal SymphoniqueDate de sortie:
25 octobre 2019Label:
SteamhammerNote du SoilChroniqueur (Quantum) : 6.5/10
« Dans le jardin d’Eden, il y a des pommes superbes, des pêches juteuses, des abricots moelleux… tous les fruits sont à l’avenant sauf les poires qui sont à lavement. » Marc Escaryol.
Petit calembour du matin ravive l’écrivain ! Et de l’humour, il va m’en falloir une bonne dose avant d’entamer l’écoute d’Edenbridge parce que le groupe touche à un style que j’ai toujours trouvé mal analysé et très surcoté. Je risque donc de passer pour le gros casse-pied de bas étage, tatillon pour rien, mais le terme même de « metal symphonique » me dérange. J’entends par là qu’il y a une énorme différence entre la dénomination commune de « symphonique » usitée ici et une vraie symphonie. En dehors des quelques groupes qui font l’effort de composer de vraies ensembles symphoniques (et pas forcément avec de vrais orchestres !), la majorité colle l’étiquette « symphonique » derrière deux lignes de samples orchestraux et une ligne de chœurs en MAO et revendique de faire de la musique « (metal) symphonique ». Or, ce n’est pas ça. Je suis désolé mais vraiment, non. Ce n’est absolument pas cela…
Mon préambule est d’emblée agressif, je le reconnais volontiers, et j’assume également qu’il ne constitue qu’un avis personnel qui n’engage que l’auteur de cette chronique, c’est à dire moi. Mais si j’ai choisi Edenbridge, et que je continue à écouter des groupes du genre, ce n’est pas par plaisir sadique et pour flatter mon autosatisfaction ! C’est justement parce que je suis tombé sur des perles, et parfois des pots-pourris malheureusement…
Mais avant de commencer, petite présentation du groupe car même s’il semble y avoir une belle notoriété les concernant, personnellement je ne les connaissais pas du tout avant. Formé en Autriche en 1998, le groupe a connu quelques changements de line up depuis, avec pour seuls rescapés la chanteuse Sabine Edelsbacher et le claviériste Lanvall. Cela n’a pas empêché le duo et ses complices de sortir pas moins de dix albums studio en comptant le dernier nommé « Dynamind« , trois albums live, une compilation en 2007 et un petit nombre de singles en plus. Un pedigree bien rempli pour un groupe ayant donc une certaine reconnaissance, quoique pas non plus extraordinaire comparé à certains groupes du même style et ayant moins de CDs au compteur.
Délicat donc d’aborder un groupe avec déjà un beau bagage et l’artwork me promet l’inverse de ce que j’attendais de ma part : ne pas avoir grand-chose à dire. On reste sur du classique pour du symphonique : des couleurs vives avec ce violet, des symboles qui allient foi et romantisme avec cette coupe qui me fait penser au Graal, et ces buissons en bas. Le fond en chapelle bourrée de végétations et cette lumière, tout cela fait classique dans le sens déjà vu plein de fois. Je n’ai jamais été spécialement emballé par ce genre de design, trop réchauffé pour moi. Même le logo du groupe est déjà mille fois vu, mais bon… Objectivement c’est très joli, mais d’un point de vue plus personnel, ça m’en touche une sans faire bouger l’autre dirons-nous. Je ne vais donc pas m’étendre davantage, je vous laisse vous faire votre appréciation.
C’est musicalement par contre que je vais avoir des choses à dire ! Parce que, pour faire court, ce n’est pas du symphonique comme je l’entends et parce que, clairement, c’est un copier-coller d’Amaranthe mais sans les chants masculins. Alors, ok ! On a le metal qui fait très néo-classique, c’est à dire ce metal si particulier qui a pour but de s’adapter parfaitement à des arrangements orchestraux et que l’on retrouve dans bon nombre de groupes du genre (ou qui se prétendent l’être) et cela, pour sûr, c’est très bien composé et arrangé ! Pas de souci là-dessus.
Ok également pour la richesse des morceaux, qui ne restent finalement pas figés dans une même ligne directive. Il y a en effet de vrais morceaux aux accents « symphoniques » comme « The Memory Hunter » aux fortes parties heavy metal ou « What Dreams May Come » qui incorpore quelques passages indus, « On the Other Side » qui propose plutôt de la musique d’accompagnement folklorique, « Tauerngold » et ses passages acoustiques, sa rythmique posée et son clavier qui balance des samples noirs, et ainsi de suite. C’est même le point fort de beaucoup de ces groupes qui savent nous transporter dans différents voyages et montrent une richesse d’inspiration assez impressionnante parfois. Contrat rempli pour cela, et même de bien belle facture. Mais alors, me direz-vous, qu’est ce qui cloche ici ?
L’un des points faibles de cet album est que le chant ne correspond pas à du lyrique et donc, par définition, ne peut pas se calquer sur du VRAI symphonique. Cette vérité énoncée n’est pas valable partout bien entendu, Dimmu Borgir n’a pas de chant lyrique du tout ! On est d’accord. Toutefois, ici, je m’en tiens à l’exemple des groupes à chanteuse, et les exemples des groupes qui ont dû, en changeant de frontwoman, adapter leur composition et les concepts de leurs albums sont légion. Nightwish, au hasard (bien entendu), n’a-t-il pas dû changer ses compositions pour adapter les morceaux sur le chant et non pas l’inverse ? Avez-vous remarqué des variations extraordinaires chez les groupes comme Epica ou Within Temptation (au hasard aussi bien entendu) qui n’ont, eux, jamais changé de chanteuse ? Si on suit cette logique, Edenbridge ne peut pas se vanter de faire du symphonique dans le sens où l’un des ingrédients prépondérants pour composer les morceaux n’en est pas. Mais cet exemple, encore une fois, n’est pas valable QUE pour Edenbridge.
L’autre, malheureusement beaucoup trop commun à mon goût, est justement ce manque de travail dans la réalisation des parties claviers. Alors, attention ! Je ne suis pas en train de dire qu’il faille que tous les groupes qui se revendiquent comme étant symphonique aient les mêmes moyens que Nightwish et compagnie ! Loin s’en faut. Mais ne serait-ce que de sortir du sempiternel combo « un sample orchestral, un sample choir, un sample plus indus » m’aurait vraiment fait plaisir. Et des groupes qui font cet effort, tout en ayant des moyens limités, j’en connais (Ossonor coucou !). Là, encore une fois, c’est du banal. Du réchauffé. Ici, il n’y a rien de grandiloquent, de réellement instrumental. Juste du clavier tout bête. Les compositions ont beau être sympas, moi je n’y vois rien d’exceptionnel du tout… Vous aimez Amaranthe ? Alors vous allez adorer cet album parce que c’est presque du copier-coller. Si, cependant, l’on reste sur la qualité des morceaux et des musiciens, il n’y a rien à contester du tout puisqu’ils sont tous bons, et même le chant féminin, sujet sensible chez moi, me plaît bien stricto facto.
Par contre, bien que n’ayant pas eu accès à tous les textes, ceux que j’ai lus sont très bien écrits ! En vers ou en prose, j’ai beaucoup aimé les lire car il y a une richesse d’écriture et un sens de la phrase assez intéressant. Le texte d’ »On The Other Side » par exemple est très agréable à lire et assez chiadé ! Ou celui de « Dynamind » qui détaille un peu la métaphore de polarité qui sert à l’équilibre de l’humanité. Donc, de très bons textes et qui donnent finalement un sens aux morceaux et au chant. Un peu le point positif qui manquait pour rééquilibrer le négatif justement !
Je vais en finir avec cette chronique sur une constatation bigarrée (et cela n’a rien d’humoristique !). Si l’on demeure simplement sur un versant de plaisir, Edenbridge joue son rôle de bonne manière et ravira ses auditeurs sans aucun doute. Mais dès que l’on creuse un peu, on s’aperçoit qu’il y a beaucoup de choses qui ne vont pas, comme tout ce que j’ai décrit plus haut. Et alors, dès que l’on a tendance à creuser jusqu’au noyau comme moi, c’est quasiment impossible de prendre du plaisir et d’apprécier l’analyse de « Dynamind« . Parce que, quand on aime la musique, on ne peut pas se contenter d’un tel travail – surtout après neuf albums – on se doit d’avoir une attente plus sévère. Et, au-delà de ma déception, je suis surtout un peu triste qu’un groupe garde cette recette qui manque de goût et de passion pour un dixième album. J’attends beaucoup plus de ces groupes avec une bosse trop souvent roulée pour ne pas proposer mieux à ses fans. Et les textes ne suffisent pas à donner à Edenbridge une belle place dans un top CD de 2019, non. Franchement, je finirai par un « peu largement faire mieux ».
PS : je fais un petit hommage à une chronique anglophone que j’ai lue, par curiosité, qui disait que cet album était une « Toyota Eco ». Je suis complètement d’accord et suis même admiratif de la métaphore !
Tracklist :
1. The Memory Hunter
2. Live and Let Go
3. Where the Oceans Collide
4. On the Other Side
5. All Our Yesterdays
6. The Edge of Your World
7. Tauerngold
8. What Dreams May Come
9. The Last of His Kind
10. Dynamind
Facebook : https://www.facebook.com/EdenbridgeOfficial/
Site officiel : https://www.edenbridge.org/
Bandcamp : https://www.facebook.com/EdenbridgeOfficial/
Myspace : https://myspace.com/edenbridge/bio
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