Note du SoilChroniqueur (Quantum) : 7.5/10

Décidément, cette année 2019 m’a offert son lot de sorties en folk metal pour au moins dix ans ! Une année riche qui me conforte dans l’idée que le folk metal aura toujours ses adeptes, ses groupes et ceux près à en devenir les phares et cela m’apporte une bouffée d’oxygène exponentielle ! Parmi ses nombreuses sorties, une m’aura fait plus plaisir encore car, au-delà de l’attente en termes de temps, il y avait aussi celle qui est dans la branche de l’essoufflement : Elvenking !

Je me souviens de la première fois que j’ai écouté Elvenking. Des âmes mal pensantes me disaient que c’était un groupe du fameux sobriquet « folk pouet-pouet ». En deçà du terme extrêmement péjoratif que je ne cautionne pas, je trouve également que c’est manquer de respect au groupe italien, qui existe depuis 1997 (excusez du peu) et qui a sorti pas moins de dix albums, un nombre incalculable de singles et un album live en 2015. Avec une telle contribution, il est difficilement envisageable de mettre sur un rang malaisant un groupe qui a écumé depuis plus de vingt ans les scènes européennes et les grands festivals. En revanche, seuls deux membres originels du groupe subsistent depuis sa création, à savoir Aydan le guitariste/claviériste/chanteur, et Damna le chanteur. Les autres interviennent depuis minimum 2009. Groupe rajeuni, si l’on peut dire. Album rajeuni ? C’est une autre histoire. Le cas présent veut que je sois le digne porteur de « Reader Of The Runes – Divination« , neuvième production du groupe, alors je vais essayer de répondre à cette question de nouvelle jeunesse ou faux élixir de jouvence.

La pochette de l’album est très bien élaborée d’un point de vue graphique avec un luxe de détails qui montre l’importance qui est donné au contexte du CD. Après, je suis assez prudent quand il s’agit de parler de certains symboles comme les runes ici représentées et les associations rapides que l’on fait. Parce que les runes ne sont pas des symboles à prendre à la légère même pour un simple effet visuel comme un tatouage ou un dessin graphique (certains tatoueurs refusent d’ailleurs de les dessiner sur la peau). Cette jeune fille habillée de blanc (cliché…) qui attend son tirage de runes par cette personne qui fait chamane (de dos), le tout dans un décor qui fait penser à une antre genre grotte ou vieille masure, je trouve que ça sent le réchauffé plus qu’une intention sincère. On prêterait volontiers une intention non sincère à ce chamane d’ailleurs, tout le visuel fait penser qu’il va trahir. Personnellement, je suis assez peu emballé par cet artwork qui fait très vu et revu et les fantasmes que l’on fait sur les personnes ayant des pouvoirs de divination me font désormais plus l’effet d’une résignation qu’autre chose. Graphiquement parlant il est très beau, cela ne fait aucun doute ! Mais dans l’intention, je ne suis pas emballé du tout. Il me laisse de marbre.

Musicalement en revanche, je suis plutôt bien à l’aise avec ce qui est proposé car la musique est effectivement très folk metal avec une GROSSE inspiration Ensiferum et Rhapsody of Fire (italiano, si!), donc avec des riffs heavy power et des apports folk. Comme cela, vous voyez assez de quoi je veux parler. Je ne dirais pas qu’il y a quelque chose de nouveau qui transparaît dans la musique, en gros, c’est du déjà écouté plein de fois. Mais au moins, cela a le mérite d’être très bien fait et d’être plaisant à entendre ! Il y a des incorporations dans la musique que j’aime bien comme des choeurs (« Malefica Doctrine »), des instruments à cordes frottées (« Eternal Eleanor »), un piano (« The Misfortune of Virtue »), etc. Il y a une richesse d’instruments utilisés que l’on ne trouve pas partout sur autant de morceaux. C’est un bon point parce que mon premier constat était plutôt mitigé, mais avec cette richesse musicale j’ai rehaussé un peu plus mon avis. Chaque morceau a son univers particulier avec cette même base musicale qui fait très heavy power metal, voir speed metal, et les incorporations folkloriques qui nous font changer de contexte. C’est très intéressant en tout cas, une bonne surprise mais sans non plus m’extasier.

Je ne m’extasie pas parce qu’en fait, j’ai le sentiment que, passée cette analyse musicale qui montre une qualité indéniable, on a surtout affaire à un énième CD du genre. Or, comme je suis avide de découvertes, j’ai énormément de mal à m’enthousiasmer pour la musique d’Elvenking. « Reader Of The Runes – Divination » ne m’apporte vraisemblablement pas de bons augures… J’aurais préféré un autre tirage, un peu plus « frais » dirais-je. Là, le vent qui souffle n’est pas celui de la nouveauté, mais plutôt des ruminations passées, des éternelles retours en arrière. Donc, le précieux coup de jeune dans le line up ne m’apporte pas de satisfaction particulière, et quoiqu’en dise le groupe sur son pressbook, cet album n’est pas du tout leur meilleure production…

Je suis néanmoins surpris de lire le fameux pressbook du groupe qui explique avoir construit un seul et même univers pour tout le CD. De mon propre aveu, j’étais persuadé qu’il y avait des morceaux épars, sans suite logique. Mais visiblement non… Alors je ne sais pas, est-ce un souci de cohérence ? Ou ai-je loupé un truc dans l’écoute ? N’ayant pas pu lire les textes, le problème viendrait peut-être d’ici.Un constat assez indécis sur l’écoute du CD, vous vous ferez votre propre opinion…

Niveau mastering, on devine que l’on a là encore un gros boulot de fait en amont et il en faut beaucoup pour parvenir à trouver une ligne directive pour tout un album avec autant de richesse musicale. Franchement, il n’y a pas grand-chose à redire, c’est un boulot aussi riche que la composition et le résultat est que c’est vraiment un bon CD. On voit que la collaboration avec AFM Records qui dure depuis neuf albums désormais, est fructueuse !

Mais à trop vouloir faire riche et varié, on en oublie parfois l’essentiel, et je ne peux pas m’empêcher de trouver le chant ennuyeux au possible. Je le trouve trop plat, sans puissance réelle. Ou alors, c’est cette abondance d’incorporations qui dénature le chant, c’est possible… Moi je n’aime pas quand le chant est mis de côté comme cela. Probablement qu’en concert, le constat serait tout autre et comme beaucoup de groupes aux influences power speed, j’aurais pris une grosse patate avec le chant. Mais en CD, je ne trouve pas cela transcendant du tout. C’est le critère qui fait que je suis assez déçu de l’album pour le moment. Après, on critique, on critique… On nous demande parfois de dire ce que l’on verrait à la place, comme si cela pouvait asseoir notre légitimité. Honnêtement, et le constat est grave pour moi, puisque je suis chanteur, je ne vois pas du tout ce qu’il faudrait pour positiver le tout. Ou plutôt si, j’ai un début d’idée mais je ne suis pas convaincu du tout : un chant plus lyrique et plus grave, à la Marco de Nightwish par exemple. Mais cela reste du domaine de l’hypothèse.

Après je parlais d’essoufflement dans mon introduction, et je pense que si je ne suis pas emballé par le CD, c’est probablement pour cette raison de déjà entendu. Les groupes qui pullulent dans ce mélange d’épique et de folklorique, je crois qu’à la longue j’ai eu mon compte, et je ne pourrais pas autant aimer qu’auparavant ce style particulier qui continue de faire des adeptes mais qui tourne en rond. Ce qui, encore une fois, n’enlève en rien la qualité du groupe ! Mais j’avais besoin d’écouter autre chose, et sûrement que je n’aurais pas dû choisir ce groupe pour en faire une chronique. Que ce soit les riffs, le chant, les samples… J’ai l’impression d’avoir déjà tout entendu ailleurs, rien d’emballant dans la nouveauté quoi. Je retiendrai la leçon.

Pour finir, Elvenking nous présente un neuvième opus qu’ils voulaient comme le plus épique qu’ils n’aient jamais fait. A mon plus humble avis et après écoute intensive, je pense que cette affirmation est assez présomptueuse tant le groupe peut mieux faire. C’est un CD que je qualifierai de « bon sans plus », il ravira les fans du genre et j’en connais qui le sont déjà, mais me concernant je suis plus partagé : Elvenking n’est pas encore assez légendaire pour que l’on s’extasie devant chacune de ses sortie sans rien trouver à redire, ni plus assez underground pour que l’on loue la marge de progression qu’il peut avoir. A mon sens, Elvenking se situe dans le ventre mou de son existence et va avoir du mal à en sortir avec « Reader Of The Runes – Divination« , je le crains.

Tracklist :

01. Perthro
02. Heathen Divine
03. Divination
04. Silverseal
05. The Misfortune Of Virtue
06. Eternal Eleanor
07. Diamonds In The Night
08. Under The Sign Of A Black Star
09. Malefica Doctrine
10. Sic Semper Tyrannis
11. Warden Of The Bane
12. Reader Of The Runes – Book I

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