Line-up sur cet Album
- Lukas Haidinger : basse, chant
- Armin Schweiger : batterie
- Philipp Forster : guitare
- Christoph Steinlechner : guitare
Style:
Doom Death Metal MélodiqueDate de sortie:
26 août 2022Label:
Argonauta RecordsNote du SoilChroniqueur (Quantum) : 9/10
“Gloire l’ombre et la honte ont cédé au soleil
Le poids s’est allégé le fardeau s’est fait rire
Gloire le souterrain est devenu sommet
La misère s’est effacée.” Paul Eluard
D’Endonomos, je ne savais rien avant la chronique. Pourtant le groupe est signé chez Argonauta Records dont je fais les chroniques de quasiment tout son roster, et que je suis attentivement tant ce label ne m’a que rarement déçu. De mémoire, une fois. Quand je découvre en amont de l’écoute que le groupe dûment choisi est signé chez le label italien, je sais en général que je pars sur des bases sereines. En revanche, Endonomos est un groupe autrichien, qui vient de la Haute-Autriche. Eh oui! Il y a un Länder qui s’appelle ainsi. Et vous savez le plus fou? C’est que cet état fédéré est en haut du pays! Incroyable non? Je plaisante! L’autre point intéressant est que le quatuor ne s’est formé en tant que tel que depuis 2021! Une jeune formation construite autour de musiciens expérimentés avec de multiples groupes, qui sort ainsi son premier album éponyme après avoir proposé deux singles. Imaginez le rêve : vous sortez un album, vous êtes repéré dès votre première sortie par un gros label! C’est ce dont on rêve tous quand on fait de la musique. Et vous vous dites sûrement comme moi que c’est gage de réussite! Eh bien, nous verrons, comme chaque fois.
Et comme souvent, contrairement à ce que le style pourrait faire croire, l’artwork est superbe et sophistiqué. Il me semble reconnaître le style de peinture, cela se pourrait bien qu’il s’agisse de Paolo Girardi mais je n’ai rien trouvé qui le confirme officiellement. Mais en tout cas, la peinture est vraiment superbe. Ce qui me frappe d’entrée, c’est la paréidolie qui est prenante entre d’un côté la perspective de voir de grands couloirs qui s’ouvrent devant ce personnage qui fait penser à un ermite, et le fait que l’on dirait presque des créatures fantomatiques de dos, avec ce qui ressemble un peu à des têtes tout en haut. De même que les arches font penser à des chutes d’eau, ou comme s’il y avait un vortex en contrebas qui aspirerait le tout. En tout cas, au-delà du style pictural qui me rappelle vraiment au moins un artiste, je reconnais surtout ces cieux bien chargés, sur des tons de couleurs inhabituels qui font souvent soit feu, soit comme ici un peu moisissure ou pollution si vous voyez la subtilité. On dirait bien une sorte de passage pour les Enfers en fait. Et comme l’Enfer est le repère de Lucifer qui est un être lumineux à la base, on pourrait trouver le lien avec ces entrées lumineuses. En tout cas, Endonomos dont la signification pourrait être « l’unique intérieur » joue effectivement bien la carte de la cohérence avec cette pochette qui semble ouvrir des passages vers un pays intérieur et probablement difficile d’accès comme en témoignerait ce personnage d’ermite. Non seulement donc, la pochette est magnifique mais en plus elle est cohérente! Alors là, si vous cherchiez contrat mieux rempli, vous vous casseriez les dents tant Endonomos remplit ses objectifs à la quasi perfection. Excellent travail!
Sans suspense puisque même si je m’évertue à essayer d’en installer un, il est écrit au-dessus de la chronique, Endonomos propose un premier album de doom death metal. On a l’habitude un peu rapide d’attendre de ce genre de musique un truc sans sophistication, bien bourrin et lent, avec ce son épais si singulier et inhérent surtout au death metal et qui accentue considérablement le côté lent du doom metal. Ici, c’est exactement cela! Sauf que : la particularité du groupe autrichien est de se revendiquer d’un apport épique et mélodique qui fait penser à Ahab de leur propre aveu. Moi, quand je vois Ahab, je baye aux corneilles tant j’adore ce groupe. Et contrairement aux nombreuses fois où les labels nous jouent des tours de passe-passe barbant avec des descriptions pleine d’emphase et de mots doux, ici c’est totalement vrai. Endonomos est bien un groupe qui joue la carte du mélodique, en incorporant des lignes de guitares très planantes et un brin oniriques, le tout sur des ajouts en chant clair qui jouent le jeu d’appuyer la lenteur des accords balancés pour donner un côté grandiloquent qui est vachement bien! Attention! Pour autant, il n’y a pas de claviers ou de samples, sinon sur de très très rares moments, et c’est selon moi la grande force de ce premier album Endonomos. L’instrumentation permet de placer des ambiances effectivement malsaines avec ce son épais dont je détaillerai un peu plus la technique en bas, le tout sans avoir recours à des nappes de fond. L’album est vraiment efficace sur ce point en première intention. Mon seul petit reproche intervient sur l’homogénéité de cet album. J’adore très clairement les pistes plus épiques, avec comme je disais cette abondance de mélodies aux guitares qui font un peu doom metal old school et qui sont écrasantes de beauté. Mais par moment, Endonomos semble s’essayer à un registre plus doom death metal old school, avec finalement moins de mélodies, plus de basses fréquences et de rythmiques, et c’est un peu dommage parce que ce premier album se perd un peu parfois. Je pense que c’est dû au fait que le groupe doit encore chercher la bonne formule. Mais voilà! Le constat est là. Ce premier album Endonomos est déjà sacrément prometteur, et j’adore vraiment beaucoup ce côté doom death metal mélodique qui transpire pas mal. On y revient fréquemment, et je dirais que l’ensemble mériterait peut-être un peu plus de logique, mais dans sa globalité, c’est une franche très bonne première! Superbe.
Il convient de préciser un élément important : Lukas Haidinger, qui est le bassiste / chanteur du groupe, est aussi et surtout le fondateur, compositeur et producteur non seulement de l’album, mais aussi de métier. C’est ainsi tout à fait normal d’avoir une production au poil. Le son est épais mais je dirais qu’il n’excède pas une exagération qui pourrait quelque fois faire plus de défaut qu’autre chose. On sent que le groupe a voulu trouver le juste milieu entre un son épais qui ne ferait pas mentir les amateurs de death metal, mais aussi un côté moderne et frais qui contraste avec l’évidente volonté old school d’Endonomos, mais qui offre une place de choix pour la part prépondérante de mélodique dans la musique. Ce qui donne, grossièrement dit, un son lourd mais pas trop. Un côté net et tranchant dans les sonorités de ce premier album qui effectivement fait penser à du Ahab, mais aussi à du doom metal plus moderne comme le ferait Carcolh ou Katatonia par exemple. Les riffs transpirent d’ailleurs le doom heavy metal avec ce côté épique et même très émotionnel qui prend au coeur et aux tripes. Par moment je me suis senti bouleversé par certaines mélodies guitares. La basse et la batterie jouent un rôle simple de marqueurs rythmiques, histoire d’accentuer le tempo et de relever un peu le côté linéaire et lointain du doom metal. Bref! Endonomos est résolument un groupe bien construit, bien expérimenté et qui sait parfaitement où et comment aller pour réussir son entrée dans la cour des grands! C’est un premier album qu’il faudrait selon moi montrer dans les écoles d’ingénieurerie du son tant la propreté et la fluidité sonore est quasiment parfaite! Quel boulot!
Et je crois que c’est une des leçons que l’on tirera de ce premier album. Endonomos est un groupe qui ne peut que bien fonctionner tant le talent et l’expérience sont légion dans ce projet. Même si le concept est flou, j’aime vraiment ce que dégage cet album. On sent de la sérénité, de l’émotion, comme si le voyage entrepris par cet ermite était un chemin vers l’apaisement, le repos. On a rarement des albums estampillés dans un style propre et codé comme le doom death metal qui parviennent à dégager des émotions claires et précises. Endonomos a réussi cet exploit. J’ai été bouleversé dans l’écoute de cet album qui a ravivé des émotions enfouis et je me suis mis à réellement bayer aux corneilles dans le sens où j’ai fermé les yeux, j’ai pénétré ce monde impénétrable et je me suis mis à me sentir apaisé et bien. Avoir couplé la lourdeur du death metal avec un doom heavy metal très old school et mélodique était une très bonne pioche. Un pari pas si risqué que cela puisque beaucoup de groupes ont pondu des albums dans ce style et ont réussi, mais je n’avais encore sincèrement jamais ressenti autant d’authenticité et d’émotion dans un album de doom death metal avant aujourd’hui. C’est toute la magie de cet album! J’ose imaginer le jour où nos camarades autrichiens vont définir, si tant est qu’il le souhaite, un concept-album bien précis, bien chiadé, et nous dérouler un album d’une logique imparable. Je serai conquis! C’est le seul défaut notable selon moi d’Endonomos, ne pas réussir à trouver une ligne directive nette. Rechercher encore son style de prédilection en composant des morceaux plus bruts de pomme, avec moins de mélodie et plus de rythmique. Il faudrait selon moi que le groupe reste dans cette optique de composer du doom death metal mélodique, plutôt que d’explorer les sentiers battus par les autres groupes qui font dans la brutalité avant la subtilité. Restez vraiment dans ce registre et vous m’aurez comme un de vos fanatiques! On verra le prochain, mais d’ores et déjà ce premier album éponyme est un bijou plein de carats et de valeur! Une excellente découverte, bluffante en tous points.
D’ordinaire, j’ai du mal à apprécier le chant clair dans le doom death metal. Mais quand il sert d’accompagnement au chant saturé, je dois admettre que l’idée est séduisante. Et le résultat, s’il n’a pas non plus été exceptionnel, a eu le mérite d’éveiller ma curiosité et de me plaire de manière modérée. En fait, je pense que le chant clair qui reste en fond sonore et ne se contente que de simples déclamations, manque selon moi d’importance. J’aurais bien vu une superposition des deux chants. En revanche, en termes techniques, les deux sont très bons. Le grunt grave est tout à fait opportun comme il est, soit caverneux et profond, et le chant clair reste sur des tonalités baryton, apportant une touche de masculinité un peu plus légère dans un style de musique plus habitué à des chants monstrueux et virils. C’est à peu près tout ce que je peux dire sur les chants, puisque loin d’être exceptionnels tous les deux, ils font largement le job.
Pour conclure, Endonomos est clairement ce que l’on appelle une très bonne surprise! Il convient de rappeler les nombreux arguments qui constituent la surprise : l’album éponyme présenté ici est le premier ; il est directement sorti chez une référence de labels en matière de doom metal et ses cousins ; et le groupe autrichien a largement mis les moyens pour que ce premier album soit plus qu’une simple réussite. Le doom death metal est résolument épique, se teinte de quelques incorporations doom old school sinon doom heavy metal dans des mélodies guitares qui prennent tellement aux tripes que l’on n’en ressort pas indemne. C’est en quelque sorte ce que j’attendais en secret dans ce genre doom death metal : un metal lourd mais qui sait nous prendre de court avec des mélodies qui frôlent l’excellence et l’émotion. On peut ainsi faire du lourd et aussi de l’épique. Endonomos est un exemple parfait, et demeure une sortie incontournable. A ne pas rater!
Tracklist :
1. Wither and Thrive (6:31)
2. Barrier (6:32)
3. Atropos (9:40)
4. Weary (5:33)
5. Rejoice (8:30)
6. Theft (6:42)
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