Note du SoilChroniqueur (Metalfreak) : 9,5/10

Une baffe comme celle là, je ne l’ai pas vue arriver ! Dès la première écoute, la sensation d’avoir assisté à quelque chose de grand ne me lâchait plus, sensation d’autant plus forte que je n’avais jusqu’alors pas écouté cette formation.

Et pourtant, ils ne sont pas nés d’hier : formé en 2007, le désormais trio compte deux membres du groupe de Death Metal Drawned (le batteur et le bassiste-chanteur) et deux membres (le batteur et le guitariste) du groupe de Death/Thrash Metal Early Death (non, ce n’est pas une erreur de calcul). Avant ce Manes Impetus, Essenz a déjà sorti un EP (Metaphysis en 2009) et deux albums, KVIITIIVZ – Beschwörung des Unaussprechlichen (2010) et Mundus Numen sur lesquels je compte bien me pencher sérieusement par la suite.

Et Essenz en a dans le moteur : voilà un mélange de Death, de Black et de Doom des plus froids, sombres et malsains que je n’ai entendu depuis bien longtemps. Capables de nous pondre des titres – sept pour cet album – de grande longueur, oscillant (hormis pour le haineux « Apparitional Spheres » de ‘seulement’ trois minutes) entre six et onze minutes, sachant jouer sur les répétitions et les lancinances sans que la moindre sensation d’ennui ne se manifeste. Essenz nous a en effet envoyé un album dévastateur, d’une intensité et d’une froideur à glacer le sang, et le soin pris pour les arrangements est tel que les passages plus ambiants (ou bruitistes, pour certains) sont autant de passages à nous créer des sensations de malaise.

D’entrée, après une intro bruitiste, « Peeled & released » démarre sur les chapeau : Essenz n’est pas en panne d’… idées et compte bien nous le montrer. Riffs rapides, section rythmique soutenue, chant outretombesque et haineux posé sur une musique d’une intensité remarquable. Ça ne plaisante pas ! Pendant plus de onze minutes, on se prend un déluge de haine et d’occultisme à glacer un iceberg, et les passages doom et dissonants qui s’ensuivent ne font que renforcer une sensation malsaine pourtant déjà bien présente. Le trio arrive avec une facilité insolente à passer du Doom le plus oppressant au Black/Death Metal le plus rapide, tout en restant extrêmement sombre et accordé très bas.

Un tel magma de ténèbres ne peut laisser insensible : une plage ambiante servant d’interlude et « Unfolding Death » peut continuer le travail de sape déjà bien entamé. Encore une fois, la musique est rapide et haineuse au possible : tant de noirceur et de laideur ne peuvent qu’aboutir à de la beauté absolue. Essenz nous étouffe sous une musique monocorde, lancinante et désespérément jouissive.
Avec « Amortal abstract », la donne est toute autre tout en restant dans une certaine continuité.
Ici, on ne parlera pas de rythmique rapide, ni de blasts incessants. Non, ce troisième titre est étouffant, oppressant, donne l’impression qu’on se fait écraser aussi lentement que vicieusement par un rouleau compresseur, avant une accélération intense et salvatrice.

Entre un long (onze minutes, encore) « Randlos gebein » qui alterne mid tempo meurtrier et riff doom répété à l’envi, on est encore servis ! Avec une ambiance mystérieuse et occulte, magnifiée par un growl d’une profondeur abyssale, et des riffs n’hésitant pas à y aller de leur petites dissonances histoire de renforcer les sensations malsaines, on a la totale, avec pour seule envie que ça ne s’arrête jamais. Une outro une nouvelle fois bruitiste avant le rapide et intense « Apparitional Spheres » et « Sermon to the Ghosts » peut s’ensuivre avec ses presque dix minutes de plage ambiante qui n’est pas sans rappeler Darkspace. Plage ambiante qui continue pendant deux bonnes minutes sur le final « Ecstatic Sleep » avant que des riffs limite thrashisants ne déboulent avec des vocaux une nouvelle fois caverneux. Le titre continuera sur une veine bien doom avant de repartir en Black/Death et finir en beauté de façon particulièrement intense…

Et je ne saurais trop conseiller d’écouter l’album en intégralité en fin de chronique, et d’acheter cette petite tuerie dans la foulée… disque dédié à l’esprit infini et à sa manifestation spectrale dans notre monde, le mouvement sans fin, l’inondation de la vie inanimée, la marée des étoiles et la divulgation de la structure intérieure.

Vous n’aviez jamais écouté de Black Metal !

Tracklist :

1. Peeled & released (11:14)
2. Unfolding Death (6:44)
3. Amortal Abstract (7:40)
4. Randlos Gebein (11:22)
5. Apparitional Spheres (3:27)
6. Sermon to the Ghosts (9:28)
7. Ecstatic Sleep (7:25)

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