Line-up sur cet Album
Willdric Lievin : basse Philippe Giordana : claviers JB Pol : batterie Sylvain Cohen : guitare Francesco Cavalieri : chant
Style:
Power Metal SymphoniqueDate de sortie:
22 Mai 2020Label:
Massacre RecordsNote du SoilChroniqueur (Quantum) : 8.5/10
“Il n’existe que des contes de fées sanglants. Tout conte de fées est issu des profondeurs du sang et de la peur.” (Franz Kafka)
C’est que j’en oublierais presque qu’il y a des groupes de Metal pas du tout bourrins ! A force de taper dans le dur, j’avais oublié qu’il existait des styles plus « consensuels », on va dire… De ceux que les puristes ou autres fermés d’esprit verraient comme du « cucul-la-praline » ou je ne sais quelle autre ineptie. Certes, ce genre de musique n’est pas ma came, j’en conviens parfaitement. Mais je me souviens aussi que, si les CDs de ce style n’abondent pas dans ma discothèque, il n’en demeure pas moins que quelques morceaux ont jalonné ma vie et font partie de moi. Les ballades du groupe Stratovarius, par exemple, ou le morceau si magnifique « The Bard’s Song » de Blind Guardian ou alors le projet de Luca Turilli. Sans compter bien entendu mes camarades isérois d’Eltharia dont j’ai tous les albums et que je salue bien amicalement, les Italiens de Wind Rose et leur univers digne de Thorin Ecu-de-Chêne. Donc, je pense que l’on peut considérer mon attirance pour le Power Metal comme un secret de Polichinelle que je mets au grand jour pour le bien du webzine. Prêt ainsi à révéler une partie de ma vie privée aux médias et m’exposer à demi-nu aux yeux de tous, j’espère avoir une augmentation du salaire que je n’ai pas en parlant d’un groupe bien connu de chez nous et qui signe son grand retour après des années de silence avec ce nouvel album : j’ai nommé Fairyland.
Fairyland, pour ceux et celles qui l’ignoraient encore, existe depuis 2003 et jette son ancre à Nice. Le groupe, qui compte dans ses rangs deux musiciens du lineup originel et, notamment, le chanteur de Wind Rose, Francesco Cavalieri, que je salue, a connu une période faste avec trois albums sortis entre 2003 et 2009, sur une moyenne de trois ans entre chaque… Et puis… Plus rien ! De mémoire, je ne me souviens pas que le groupe ait annoncé sa dissolution ou quelque chose du genre. Mais il y eut un remaniement de lineup entre 2013 et 2015, et tout ce temps a été mis à profit pour sortir ce fameux et attendu quatrième album appelé « Osyrhianta« . Ce qui me plaisait dans le groupe Fairyland, c’était l’idée des albums concepts avec le premier qui gravitait autour du monde imaginaire Osyrhia et dont les albums suivants découlent. J’aime cette idée depuis toujours et j’ose croire, sans être un fin connaisseur de l’univers du groupe, que ce nouveau chapitre ouvre de nouvelles pages à son histoire.
Pochette assez classique du genre, sur un univers « heroic fantasy » bien marqué, et une chose que j’ai souvent l’impression de retrouver dans beaucoup de projets power metal (mais je peux me tromper) : des références chrétiennes. On voit bien en effet un archange, ange-guerrier qui amène un espoir semble-t-il colossal à une population en liesse ou des guerriers en attente d’un chef. Il y a bien entendu ce décor de cathédrale en ruine, ce soleil qui se lève au-dessus des montagnes, cette colombe qui s’envole. Tout ce décorum sent l’espoir, ce côté épique est bien mis en avant comme souvent dans ce style. Même le logo a bien cet aspect un peu fantaisiste, tout correspond à un schéma typique. Je ne dirai pas que cela me déplaît, mais étant habitué, à défaut d’écouter, à connaitre ce type de pochettes pour le style power metal, je ne suis pas surpris plus que cela. Ces références chrétiennes, directes ou pas, ne me parlent franchement pas et, de fait, si j’admire le travail qui est fait pour cette pochette et qui symbolise malgré tout bien le retour du groupe (un peu grandiloquent, voire présomptueux tout de même en mettant en scène une forme d’espoir, comme si le public metal attendait cela comme le Messie), je reste de marbre.
Pour la musique, c’est à peu près le même constat que je vais faire. Au moins, on est sur une ligne directive stricte. A ceci près que, si je devais résumer mon ressenti, je dirais que contrairement à de précédents groupes de Power Metal dont j’ai été amené à faire une chronique (Edenbridge, Earthshine et Elvenking, par exemple), j’aime bien la musique ! Je pense que la différence se joue sur les ambiances au clavier qui sont rendues, et qui sont à mon sens beaucoup plus travaillées que ce que j’ai pu entendre avant. Flirtant pourtant avec la limite qui consiste en du trop-plein de symphonique, les claviers sont de fait très attractifs et plantent bien les scènes de chaque morceau. Pour le reste, je peux dire que cela reste du Power Metal classique, avec des envolées à la guitare comme les gens aiment, une batterie qui a la patate, les riffs qui sont bien épiques. Bref, du grand classique.
Des fois, l’on pourrait se dire qu’il ne faut pas que l’on chronique un style qui ne nous renvoie que du déjà-vu. C’est probablement vrai mais, si je me force parfois, c’est pour deux raisons : la première est que l’on peut tomber sur une pépite, une perle rare et qu’il serait dommage de passer à côté. Et la deuxième est que c’est un bon moyen pour nous, chroniqueurs, de mettre nos ressentis et avis à rude épreuve face à l’adversité qu’est l’objectivité pure. Voilà pourquoi je me force encore aujourd’hui à faire du Power Metal en chronique.
Sur l’ensemble, je me surprends donc à faire de ce constat de banalité, une force. Parce que sincèrement, l’écoute de l’album est très agréable ! La faute au son qui est bien préparé et, en même temps, on n’en attend pas moins d’un groupe qui met en scène son retour sur la pochette. Non, vraiment, le son est impeccable. Ici, point de lourdeur, place à la fioriture, à cette forme de légèreté qui transperce les émotions. C’est d’ailleurs l’un des rares sons que je connaisse qui a peu évolué tant il s’était bonifié par le passé et continue, malgré tous les progrès que l’on a fait depuis, à soulever les foules. Il faut bien l’admettre et je me prête ici à l’aimer. Est-ce l’effet cocorico du groupe ?
Ce côté chauvin n’écarte pas moins que les compositions sont toutes bien faites, avec ce que je disais plus haut et ces claviers qui font tout. Pour le côté metal, cela reste sur un truc classique du genre avec de belles mélodies à la guitare, quelques soli et envolées bien sympathiques, une batterie énergique dont j’ai toujours admiré cet équilibre entre « speed » et souplesse et, là encore, on ne voit cela que dans le Power Metal. Mais comme je disais, la grande force des morceaux, ce sont indéniablement les claviers : accouchant d’un assemblage orchestral très riche et très prenant sans être dans l’exagération, il y a vraiment un plus au travers duquel il est inconcevable de passer et qui rappelle surtout combien le travail au clavier est long, fastidieux mais rarement décevant. Ceux qui critiquent les orchestrations trop élaborées n’ont qu’à prendre un clavier et compter les heures de travail qu’il faut pour, d’une part, créer chaque ligne avec chaque banque de sons (qu’il faut au préalable étudier) et, d’autre part, pour mixer le tout pour que le résultat soit nickel. Je n’ai jamais remis en question l’usage de claviers dans le Metal pour ces deux raisons, j’ai été amené à critiquer parfois l’exagération de ces derniers. Mais le poste de claviériste est celui que je respecte le plus et celui de Fairyland ne fait pas exception. Son travail est remarquable et est le point fort incontestable de l’album.
Et que dire du chant. Quelle bonne pioche que d’avoir choisi Cavalieri ! Son travail au sein de Wind Rose est incroyable, sa présence scénique l’est tout autant (pour avoir partagé une date avec eux, je peux vous assurer que vu de la fosse, on dirait vraiment un nain !) et sa voix, que j’aimais bien mais sans hyperboliser dans Wind Rose est encore plus belle dans Fairyland ! Pour moi, c’est le meilleur chanteur que pouvait choisir nos Niçois, indéniablement. Et tout l’album n’en sort que bonifié par sa capacité vocale et son accompagnement avec les chœurs qui rajoutent une touche de majesté. Excellent choix de frontman pour ce retour, en espérant que le groupe en sera digne pour les concerts.
Les textes sont bien évidemment épiques au possible avec une dimension très propre au groupe, où l’on retrouve bel et bien le concept général qu’est Osyrhia et son histoire. J’admire sincèrement les groupes qui perpétuent leur univers, jusqu’à nous gratifier d’un travail imaginatif digne d’un roman fantaisiste. L’anglais est une langue très arrondie dans les sonorités et se prête bien au chant clair, je trouve. Et ici, encore une fois – je vais ployer devant lui -, Cavalieri marie bien sa voix avec les textes. Une affaire de phonétique qui colle parfaitement ! Et loin d’être anodins, les textes nous content une histoire et cela me donne encore plus envie d’approfondir ma connaissance du groupe en écoutant les précédents albums. Un peu comme une saga que l’on découvre par hasard et que l’on reprend depuis le début.
Vous l’aurez sûrement compris, je mets un point final très positif à cette nouvelle chronique et je lève mon mug de café au grand retour sur la scène française et européenne de Fairyland, qui nous offre après onze années d’attente ce nouvel acte à leur pièce de théâtre. A n’en pas douter, ce groupe pèse sur l’échiquier du Metal français et sur le Power européen qui pourtant connait d’illustres représentants. Quelle place aura Fairyland avec ce changement drastique de lineup et ce nouvel album très très bon ? Nous en saurons plus je l’espère. En tout cas, très bonne surprise pour moi et je risque de faire exception et de garnir ma discothèque avec du Power Metal. Ils auront en tout cas une bonne place au côté de Wind Rose et de « Somewhere far beyond » de Blind Guardian.
Tracklist :
1. The Age of Birth
2. Across the Snow
3. The hidden Kingdom of Eloran
4. Eleandra
5. Heralds of the Green Lands
6. Alone we stand
7. Hubris et Orbis
8. Mount Mirenor
9. Of Hope and Despair in Osyrhia
10. The Age of Light
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