Line-up sur cet Album
- Aaron Charles - Guitares, Chant
- Jordan Guerette - Guitares, Chant, Claviers
- Evan Lovely – Basse
- Ray Capizzo – Batterie
Style:
Black Metal FolkloriqueDate de sortie:
25 mars 2022Label:
EisenwaldNote du SoilChroniqueur (Migou) : 7/10
Les aventures de Mémé : « au pays de Falls of Rauros »
« Dis, Migou, Tu m’emmèneras un jour voir les chutes de Rauros ?
– Mais enfin, Mémé, ça n’existe pas ! C’est n’est pas notre monde, c’est celui de Tolkien, voyons…
– Ma p’tite chérie, me crois-tu née de la dernière pluie ? Je te parlais d’aller en concert voir et écouter les Chutes de Rauros !
– Ohhhh… Falls of Rauros, le groupe de folk black metal de Portland ?! »
Mémé a des envies de voyage en ce moment. Et son envol, elle le fait à travers l’univers du metal. Mémé metal ! Ça lui va comme un gant, ce surnom ! A force de me seriner « mets du metal, Migou, mets du Metal ! », je lui ai rétorqué « et toi, mets ta langue (oui, je sais, le jeu de mots est pourrave) dans ta poche, mémé ! »
Eh bien, que nenni ! Elle a la langue bien pendue et le gosier toujours prêt à s’enfiler une bonne rasade de musique extrême.
Pour cette étape, Mémé s’offre donc un shot de black metal. Degré de loudness ? Ma foi, ça ne tabasse pas tant que ça. Les mélodies atmosphériques, que certains taxeront de folk notamment avec les nappes des claviers, adoucissent l’amertume d’un chant décharné d’hyène en rut (c’est l’expression favorite de pépé !) qui laisse un arrière-goût amer de bile refoulée par le ressac de trémolo pickings, propres à faire frétiller les aficionados du genre.
Pour son sixième album, Falls of Rauros, ce quatuor fondé par le duo Aaron Charles et Ray Capizzo, a pris un nouveau virage avec les six titres composant « Key To A Vanishing Future ». Leur fan base y est habituée. Les quatre gars de Portland sont constamment à la recherche de nouveaux sons, et ce, depuis 2005.
Leur pénultième album, « Patterns in Mythology » (2019), était d’une facture black metal plus dans la tradition attendue du genre. Alors que dans « Key To A Vanishing Future », nous avons à faire à un black teinté de rock, ce qui est leur patte, mais avec de gros clins d’œil – disent-ils – au prog et au death. On y reviendra un peu plus tard…
Il me semble important de donner leur façon d’envisager la musique. Non comme un arc-en-ciel entre les genres et sous-genres multiples, mais en façonnant chaque genre, chaque sous-genre, pour extraire de chacun une part, la meilleure facette, et l’inclure aux autres. Ils se sont faits sorciers, invoquant les esprits devant un chaudron bouillonnant, jetant au feu purificateur chaque ingrédient pris à droite et à gauche : une pincée de death, des ailes de black atmosphérique, une rasade de black mélodique, des poils de rock, une once de poussière de folk et un œil de prog. Et de ce brouet, en macération depuis trois ans, il en sort une potion, l’essence même d’une véritable clé pour un voyage métaphysique au travers d’un monde qui ne nous appartient pas.
Mémé l’a bue cul sec, sa dose de troisième œil ! Elle en a le tournis. Ce dont il est question dans « Key To A Vanishing Future », c’est bel et bien de l’héritage qu’elle, ses contemporains et leurs ancêtres nous laissent en guise de planète, léguant aux générations en devenir un futur pourrissant. Dès lors, que pouvons-nous faire d’autre, nous qui n’avons pas eu le choix de naître en ce bas monde, si ce n’est de traverser ce désert, « persister, trouver du courage, tenir bon pendant que le monde connu se rétrécit » (« Know world Narrows ») ?
Jusqu’à la lie, Mémé absorbera les paroles de l’album. Ce sera sa punition pour n’avoir prêté attention aux cris de la planète !
Ceci dit, et pour en revenir à un sujet plus léger, Mémé est une véritable fétichiste de la basse. Elle frétille dès qu’elle aperçoit un bassiste aux longs cheveux noirs et soyeux ! Et, si elle commence à avoir la vue déclinante, bien qu’elle trouve ça cool d’être presbyte (Oups ! Mémé ! Voyons !), la cataracte ne l’empêche pas d’apprécier le son d’une basse perçant le mix. Comme c’est le cas, chez Falls of Rauros, souvent en intro avec les claviers qui posent l’ambiance (« Know World Narrows » par exemple). Le chant, typé black metal, est assez en arrière. Très mélodique, le fait d’être à deux voix offre à certains moments des sensations de chœur spectral donnant la réplique aux guitares. Celles-ci résonnent parfois en tremolo picking, parfois en mélodies claires surfant sur des soli que les groupes de rock n’auraient pas reniés. On alterne véritablement entre des instants de black metal et d’autres que les ondes FM ne rechigneraient pas à passer. « Survival Poem » en est un bel exemple : l’intro est « easy », plutôt rock, quand entrent le chant et la batterie qui nous plongent dans une atmosphère black ; on repart ensuite, vers 2:40, sur un passage plus prog dans le développement mélodique et harmonique et le changement rythmique ; vers 3:20, on revient sur une ambiance épurée ; et même si le chant hurlé, appelé par la batterie à 3:40, est décharné, le côté chœur mélodique le rend facile d’accès.
D’ailleurs, dès les premières notes du morceau d’ouverture, « Clarity », Mémé sourit béatement et se met à fredonner « Where the streets have no name… » Elle s’attendait à voir surgir Bono. Un début très pop rock, finalement… Même si on sent que le morceau va prendre une tout autre direction, avec la montée en intensité suivie d’une cassure qui relance sur une ambiance plus dark et finalement l’entrée en scène du chant à la fois décharné, mélo et rock. Un étonnant mélange, qui laisse à Mémé un petit goût de mélo pop black dans la bouche. Et l’intro de « Daggers In Floodlight », le titre suivant, ne va pas à contresens, rappelant à Mémé les slows langoureux de ses jeunes années.
Bref, un shot de black mélo, un autre de rock, encore un p’tit dernier de prog… Mais pour ce qui est du death, c’est le black out. Peut-être n’avait-elle pas bien réglé son sonotone ? Pour autant les changements aussi bien rythmiques que d’atmosphères, dans la continuité ou parfois en virage brut, rendent l’opus intéressant.
Bah voilà… Ça y est ! Mémé a la gueule de bois… version guimauve !
Tracklist :
1. Clarity (7:26)
2. Desert of Heart (7:25)
3. Survival Poem (6:45)
4. Known World Narrows (7:48)
5. Daggers In Floodlight (7:59)
6. Poverty Hymn (6:35)
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