Line-up sur cet Album
• Eugen Dodenhoeft : Chant, Guitare, Batterie programmée, Basse
• Tommi Halme : Guitare lead
• Patrick Stäudle & Stephan Ahrendt : Backing vocals
Style:
Death Symphonic Power Metal and friendsDate de sortie:
1er Septembre 2016Label:
AutoproductionNote du Soilchroniqueur (Willhelm von Graffenberg) : 7.5/10
Allez, allez, les enfants, on s’assoit, on s’installe et on commence le cours de Français. Aujourd’hui, on va parler des figures de styles que sont l’oxymore et le pléonasme. On va prendre des exemples avec A frozen Flame of Ice, deuxième album du groupe allemand Far Beyond. Un oxymore est une figure d’opposition qui consiste à réunir deux termes de sens contraires à l’intérieur d’un même syntagme, c’est-à-dire dans un même groupe de mots. J’espère que cette définition ne vous est pas clairement incohérente, mais une flamme par exemple ne peut pas être de glace. Le pléonasme quant à lui est une « Répétition dans un même énoncé de mots ayant le même sens, soit par maladresse (par exemple descendre en bas), soit dans une intention stylistique » – ahhhh, que ne serais-je un homme désemparé, seul avec sa solitude solitaire à rêver d’onirisme sans Larousse et ses Robert ? C’est le « Captain Obvious » de la littérature que Lapalisse n’aurait point renié… Dans le cas présent la glace est naturellement gelée… M’voyez ? Mais trêve de laïus rhétorique, passons à la chronique…
Un oxymore est forcément quelque chose de paradoxal, et pour commencer avec les oxymores, ce groupe n’est qu’un… Oui, un one-man-band, celui d’Eugen Dodenhoeft, un SGF – Sans Groupe Fixe – malgré son passage dans Euphoreon, projet qui, grosso modo, repose sur les mêmes bases : lui seul aux commandes avec un comparse… Ensuite, malgré son nombre de piste réduit (six), il ne s’agit pas d’un EP mais d’un LP dont chaque morceau s’étend de 6 minutes à 11 minutes trente. Et débuter un album par une piste longue, la plus longue d’ailleurs, est déjà paradoxal en soi. Mais naviguer dans des styles qui semblent opposés dans le Metal l’est tout autant : flirter avec le Power mais avec une voix death, tout en faisant l’inverse sur des riffs death mais avec de la voix claire… A la limite, pourquoi pas : si ce n’est pas forcément tout neuf (on sent des idées piochées chez Equilibrium et Insomnium), ça reste assez peu exploité et ça mêle épisme – une barbarité de mon cru pour l’aspect épique – et noirceur, d’autant si ça défend un propos ancré dans un univers heroic fantasy, très probablement inspiré de Skyrim (« The Elder’s Scroll V » pour les intimes) si l’on repère les « Dovakin » scandés dans « Unrelenting Force ». Ultime paradoxe : seules 40 copies ont été éditées, donc diffuser un truc ultra collector est délicat, d’autant quand toutes les pistes finissent sur Bandcamp, Spotify et Youtube… Mais bon, on n’est plus à un paradoxe près : on se laisse à imaginer que l’auteur-compositeur-omnifacteur ne fait tout ceci que pour la diffusion à perte de son œuvre sans chercher à rentrer dans ses frais (ce qui peut être artistiquement louable mais économiquement stupide).
Passons aux répétitions pléonasmatiques car elles sont pléthore. Il faut dire que dans un long morceau, c’est délicat de ne pas redonder (surtout si on prend comme esthétique des genres qui misent sur l’ostinato). Et évidemment, de manière évidente, la ficelle du thème-et-variation est usée jusqu’à la corde. « La chanson reste la même » pour reprendre la traduction du titre d’un morceau de Led Zep, homonyme de la deuxième piste de cet album, mais n’ayant rien à voir ; certes, les plages sont variées, ne sachant plus trop ou emmener l’auditeur, à part dans les ambiances un univers fantastique – ce qui est en soi un pléonasme par redondance du paragraphe ci-dessus – mais ça finit par ressembler à un fourre-tout sans queue ni tête… enfin sans préambule ni conclusion, aussi vaste qu’une carte de Skyrim et ses sous-quêtes. Heureusement que les guests sortent du lot sans… Ah non, en fait, j’aurais la même remarque à faire sur leur présence, de manière molle réitérée – je parle des chœurs – et a contrario sur l’absence d’un vrai orchestre, simulé – ou plutôt « émulé » – par des sons synthétiques de MAO obsolètes et qui font perdre de la qualité d’écoute et d’envie d’en entendre plus par les oreilles de ta tête.
Passé tout ceci, j’aimerais ajouter à cette chronique une dernière figure de style : l’emphase, celle que je vais faire sur les artworks du livret (par Felipe Machado Franco), somptueusement magnifiques – oui, je sais, je redonde, mais pléonasmes obligent – et l’obscure clarté du mix – oui, je sais, c’est antithétique mais oxymores obligent.
Un album qui a du potentiel mais ne sait pas l’exploiter pleinement pour en faire quelque chose de cohérent et qui ne perde pas ses auditeurs dans un ensemble indigeste et poussif, à l’instar de cette chronique totalement pédante qui a perdu ses lecteurs limite avant le deuxième paragraphe (si ce n’est le premier) – toutes mes félicitations aux warriors qui ont tenu bon : vous méritez qu’on vous remette un trophée en forme de flamme glacée.
A écouter en se disant qu’un silence éloquent nécessite une absence de bruit.
Tracklist:
1. Evernight – Part I (11:36)
2. The Song remains the same (8:51)
3. A frozen Flame of Ice (7:41)
4. Last Farewell (5:58)
5. Unrelenting Force (8:36)
6. Evernight – Part II (8:33)
Facebook: https://www.facebook.com/FarBeyondMusic/
Site officiel: http://www.far-beyond.com/
Bandcamp: https://farbeyond.bandcamp.com/album/a-frozen-flame-of-ice
Spotify: https://open.spotify.com/artist/1JWM3aah8mDUF50eSwaoqJ
Youtube: https://www.youtube.com/channel/UCcFKqwT5gojNuHnvsiuhiDw
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