Line-up sur cet Album
- Burton C. Bell : Chant
- Dino Cazares : Guitares
- Tony Campos : Basse
- Mike Heller : Batterie
Style:
Metal IndustrielDate de sortie:
07 août 2015Label:
Nuclear Blast RecordsNote du SoilChroniqueur (Wilhelm von Graffenberg) : 8.99/10
La madeleine de Proust… Cette expression qui fait allusion à ces petits actes, petits événements, odeurs, sensations qui, brutalement, font ressurgir des tréfonds de notre mémoire de lointains souvenirs, souvent chargés d’émotion… « Ce soir, j’attendais Madeleine » disait Jacques Brel… Je viens d’entrevoir la mienne…
Il y a vingt ans sortait Demanufacture… Mes années de lycée de jeune metalleux découvrant les subdivisions de notre genre musical favori sont restées bloquées sur cet album, entre autres à me poser la question : « mais bordel, comment ils ont ce son si particulier ? Et la batterie, c’est une boite à rythme ? » Bref, j’ai juré pendant des années par cet album comme « culte/de référence » (visiblement, je ne suis pas le seul à le considérer comme tel, vu que pour leur prochain passage en France, avec Once Human en première partie, Fear Factory va jouer l’intégralité d’icelui), à rechercher les samples utilisés pour faire de ce metal industriel un cas unique (j’ai eu beau chercher, je n’ai en mémoire que la percussion de machine industrielle qui me résonne en tête, celle tirée du Terminator de J. Cameron utilisée sur « Pisschrist ») et une patte si particulière qu’aucun groupe n’arrive à imiter ou égaler. Voila aussi pourquoi, j’ai craché directement sur ses successeurs (après écoute, hein, je ne crache pas dans la soupe avant d’y avoir gouté), le pire étant sur Obsolete, tous ces albums de tous les groupes sous label Roadrunner (Machine Head, Soulfly, Sepultura, etc.) de cette époque et tous produits par Ross Robinson, avec le même son neo metal, donc exit toute originalité… Des immondes copies conformes fadasses ! J’ai redécouvert furtivement le groupe via Mechanize, mais mon anamour était encore très présent et cet album n’avait pas su raviver la flamme…
Vingt ans plus tard, et après de nombreuses prises de tête internes (je vous passe le Amour, Gloire & Beauté sauce metal qui fait et défait les groupes à base de « je t’aime, moi non plus »), le Fear Factory nouveau – la « New Breed » devrais-je dire, pour les citer – est arrivée et semble se consolider avec ce dixième album intitulé Genexus. Le groupe a-t-il su tirer des leçons de son passé tumultueux ? Dino et Burton feront-ils enfin la paix avec Raymond et Christian ? Vous le saurez au prochain épisode…
Il en est qui cherchent la fontaine de jouvence, je crois l’avoir partiellement découverte en ayant l’impression de revenir 18 ans plus tôt, avec ce qui aurait dû être une continuité logique à Demanufacture… Et putain, ça fait du bien !!! (Cri du cœur). Des riffs ultra tranchants simultanés à la guitare, la basse et la batterie en totale symbiose qui créent un groove totalement martial, la hargne de Burton C. Bell et ses phases mélodiques sur les refrains (on sent que sa petite escapade dans Ascension of the Watchers a eu un impact sur son approche), ce son bien particulier, acéré, ciselé avec cette froideur synthétique et ces samples en arrière plan… On peut supposer également le passage et les influences de nouveaux styles de metal qui ont eu leur incidence : je pense à des Scar Symmetry dans certains enchainements d’accords ou effets de guitare, idem pour des Chimaira ou des Born of Osiris dans le coté technical « t’arrives plus à compter les temps et les repères ». Le groupe a quand même du mal à se départir de certains mauvais plis pris dans la période honnie ci-dessus citée, comme cette envie sous-jacente de faire de chaque titre un formatage de tube (assez ironique pour un groupe qui gueulait sur les scènes du Ozzfest 97 : « this is a song you’ve never seen played on MTV… Fuck MTV : this is Replica ») avec des structures assez similaires – on s’attend aux refrains en chant clair – ou encore ce riffing typique de leur période Robinson (flagrant sur « Soul Hacker », le gros furoncle à percer de l’album).
Ceci dit, le groupe arrive encore à me surprendre, que ce soit sur le point de vue sonore et idées de mix que du point de vue de la composition… et ça, ça me branche ! Même si le groupe est surtout connu et notoire pour sa machinerie rythmique, il en a gagné en harmonies et en mélodicité : on retrouve les bases, parfois même directement tirées de Demanufacture (on s’y croirait vraiment dans « Promotech »… tellement qu’on a envie d’entendre un « Where is your saviour now » chanté à la fin du morceau) mais agrémentées de nouveautés. Il est clair que Fear Factory a su à la fois rebondir mais aussi exploiter les avancées technologiques sans tomber dans la facilité de faire du copié-collé de leur passé (ce serait doucement hypocrite de la part d’un groupe dont les thématiques sont tournées vers le futur).
Genexus termine sur le long morceau, « Expiration date », une balade metal indus (oui, ça parait bizarre à concevoir), en mode majeur, assez atypique de la part de Fear Factory… comme une sensation finale, ce sentiment intense et pénétrant d’avoir fait la paix avec le passé, attisé par un ostinato d’harmoniques et de notes éparses de piano… Leurre, bien évidemment, puisque la longue outro, le dernier tiers dudit morceau, revient en mode mineur, citant en filigrane le thème de Terminator, avec les ponctuations de frappes métalliques de machines… Un passé enterré mais toujours existant… “Somewhere my heart beats in silence ; I made my way through the violence… Nobody lives forever. »
Certains formatés au son de cette promo fin 90’s de chez Roadrunner s’en sont plus ou moins bien sortis… Sepultura a eu et a encore beaucoup de mal à le faire, Soulfly s’en est assez vite retourné faire du Soulfly, Machine Head nous a pondu deux chefs-d’œuvre consécutifs… Fear Factory est sur une très bonne voie pour retrouver ce qui a fait son essence et sa quintessence.
A écouter en se tapant une Madeleine… ou une Germaine… ou une Mathilde… en fait, peu importe son prénom, tant qu’elle aime le metal indus. « Demain, j’attendrai Madeleine… »
P.S : Fear Factory et Once Human vous donnent rendez-vous à :
-Nimes (Paloma / Smac De Nimes Metropole) le 19/11/2015
-Nilvange (Le Gueulard Plus) le 20/11/2015
-Paris (Le Tabendo) le 21/11/2015
Tracklist :
1. Autonomous Combat System (5:28)
2. Anodized (4:48)
3. Dielectric (4:20)
4. Soul Hacker (3:13)
5. Promotech (4:56)
6. Genexus (4:49)
7. Church of Execution (3:22)
8. Regenerate (4:03)
9. Battle for Utopia (4:15)
10. Expiration Date (8:49)
11. Mandatory Suicide (Genexus remix) [bonus track] (5:44)
12. Enhanced Reality [bonus track] (5:36)
Site officiel : http://fearfactory.com/
Facebook : https://www.facebook.com/fearfactory
Youtube : https://www.youtube.com/user/fearfactorymusic
1 Commentaire sur “Fear Factory – Genexus”
Posté: 30th Nov 2015 vers 1 h 51 min
[…] tirés de Obsolete, « Shock » et « Edgecrusher ». Enfin trois morceaux tirés de Genexus (http://www.soilchronicles.fr/chroniques/fear-factory-genexus) : « Soul Hacker », « Dielectric » et « Regenerate », le concert s’achèvera sur […]
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