Line-up sur cet Album
Feskarn : tous les instruments, chants, guimbardes
Style:
Metal Folklorique (un peu Industriel)Date de sortie:
05 février 2021Label:
Vegvisir DistributionNote du SoilChroniqueur (Quantum) : 9.5/10
“Il n’existe que trois êtres respectables : le prêtre, le guerrier, le poète. Savoir, tuer et créer.” Charles Baudelaire
Dernière chronique pour moi suite à un long marathon de sorties du jour à faire pour cette date du 5 février! Franchement, j’ai tout donné, et je vais me presser comme un citron jusqu’à obtenir la substantive boisson de mes tripes pour finir en beauté. Et je finis fort parce que j’aborde un groupe qui sur le papier devrait m’offrir plus de réticences. En effet, je ressens une sorte de répulsion à l’égard du metal folklorique depuis quelques temps, cela fait partie des passades de la vie, comme dit Bénabar dans une de ses chansons : « une passade, qui va passer ». En attendant, tout ce qui est également notifié comme étant du… Gnnnnnnnnnnnnnnn **pas taper, pas taper** du viking metal, cela m’intéresse bien entendu. D’abord parce que j’adore la mythologie nordique tout en étant bien éloigné des clichés à deux balles qui fourmillent sur la scène metal, et surtout je dirais dans la fosse ; et d’autre part parce que cette étiquette que je réfute m’intrigue tout de même. Qu’est-ce qu’un artiste va mettre derrière cette nomination scabreuse? En tout cas, jusqu’à maintenant, les groupes qui vendent leur musique comme étant du viking metal m’ont toujours de près ou de loin déçu. Peut-être parce que cette manière d’aborder le monde des vikings ne me plaît pas, peut-être considère-je que ce n’est pas la meilleure méthode. Enfin, tout cela relève du paranormal et surtout du personnel. Et si j’ai choisi de faire cette chronique, en l’occurrence du groupe Feskarn, c’est en partie parce que je mets de côté la sphère personnelle pour me concentrer sur la sacro-sainte objectivité. Voici donc venir la chronique du groupe Feskarn et de son dernier album : Ravens Way.
Qui est Feskarn? Il s’agit d’un one man band venu de Suède, d’Uppsala pour être comme d’habitude et inutilement plus précis. On ne sait pas grand-chose en vérité sur le fondateur de ce groupe tant la biographie fournie est maigre. On sait simplement qu’il a fait beaucoup de musique électronique (cela aura son importance pour la suite), et c’est tout. Ah oui! Que Feskarn en tant qu’entité musicale existe depuis 2010 et qu’il en est à ce jour à trois albums en comptant celui-ci. Les deux premiers étant Raise Your Swords en 2012 et Östra Aros en 2014. Depuis, c’était silence radio. Sept ans plus tard donc, nous revoilà en prise avec notre ami guerrier et ce Ravens Way. En vérité, je vais vous faire une petite confidence : je ne parle presque jamais de cela dans mes chroniques, mais je regarde souvent les titres des albums et des morceaux, pour voir si cela ne fait pas trop cliché avec la culture viking. Honnêtement là, je suis sceptique. Parce que les titres d’albums ne brillent absolument pas pour leur originalité. De prime abord, cela sent le gros réchauffé… Mais j’ai un devoir d’objectivité, aussi vais-je aller au bout des choses sans me soucier de mes opinions.
Bon, pour la pochette sincèrement, on repassera. Il n’y a rien d’intéressant du tout. Une branche d’arbre, avec trois pauvres corneilles (même pas des corbeaux… Bien joué l’artiste) et une sorte de ciel bleu de nuit qui arrive. Voilà, y a rien à voir, circulez! Je ne parlerais même pas du logo du groupe, avec la sempiternelle police d’écriture qui s’appelle Ruritania et que vous pouvez trouver sur le site dafont.com et avec des groupes comme Anorexia Nervosa, et le fameux nom d’album en alphabet pseudo-viking. Non, sans rire, aucun intérêt du tout cette pochette, elle est nulle de chez nulle. Au choix, je préférerais limite les deux premiers albums, même si on surfait sur des clichés encore plus ridicules. Mais au moins, esthétiquement parlant, c’était plus recherché on va dire. Enfin, plus recherché, c’est encore exagéré…
Mais alors, bon de mes Dieux! La musique, c’est une tuerie! Je ne m’attendais pas franchement à cela, je pensais que j’allais avoir encore un mec qui fait du folk metal soit avec des instruments traditionnels, auquel cas cela m’aurait forcément plu vu mon amour pour les musiques traditionnelles, soit avec un ou des claviers, auquel cas j’aurais été moins emballé selon les cas de figure. Genre, si c’était de la trempe d’un Ensiferum, cela ne m’aurait pas toujours bien plu. Mais en fait, Feskarn va sur un terrain totalement inattendu et qui en plus marche du tonnerre de Dieu : des samples électro! Vous avez bien lu. Le mec parvient à faire – une belle prouesse – de la musique épique et guerrière, limite vraiment folklorique, avec des passages électro indus. C’est énorme! Après, on ne va pas se mentir, les riffs ont été mille fois utilisés, il n’y a rien d’original d’un point de vue mélodique, et il faut vraiment aimer les riffs épiques pour arriver à aimer la musique de Feskarn. Cela, c’est l’évidence même. Mais en ce qui me concerne, cela fait mouche d’une part parce que j’adore ces riffs-ci, y compris quand ils sont simplement réutilisés de manière abusive par d’autres groupes (tant qu’ils le font bien, quoi de plus?), et d’autre part parce que j’adore la musique électro en général, tout ce qui est industriel. Alors là, autant vous dire que la première écoute m’a comblée. Même si tous les morceaux ne m’ont pas plu à échelle égale, mais ça c’est le jeu quand on produit un album de quatorze morceaux.
La production sonne assez autoproduite, je pense que Feskarn a assuré sa production certes avec un label, mais ce dernier a dû se contenter de la diffusion plus que de l’ensemble. Du coup, le son a quelque chose de très « maison » avec une batterie programmée, des claviers sans réels arrangements, les guitares qui sont un peu mises en retrait mais cela, je pense que c’est voulu. En fait, la production a pêché un peu dans le mastering surtout, parce qu’il y a trop de basse fréquence. Ecouter cet album dans un casque n’est pas une sinécure, et je soupçonne le gars d’avoir voulu un son « maison » pour retrouver une forme d’ancienneté, un côté old school avec une référence à des albums des années 90. La batterie programmée est trop « programmée » d’ailleurs, notamment la double pédale est mal sonorisée. C’est un peu dommage parce qu’avec des samples indus, il aurait plus fallu jouer sur une boite à rythme selon moi, le résultat aurait été plus visible et plus harmonieux. Mais en toute franchise, j’adore tellement le son des années 90 que cela ne me choque pas tant que cela. En plus, votre serviteur est un amateur de raw black metal donc question son loupé ou crade, je suis servi. Alors, sans vergogne ni présomption, je peux vous dire que le son ne me choque pas du tout, au contraire, je l’aime beaucoup, même si objectivement parlant il y aurait de quoi bien l’améliorer.
Alors, comment va-t-on appeler la musique? Difficile choix. Pour moi, cela reste du metal folklorique même si l’utilisation d’un clavier est une manière très faussée de faire dans le folk. Mais bon, comme Ensiferum le fait et que tout le monde est content, je n’ai pas forcément mon mot à dire… Mais je suis tenté de rajouter parfois la dénomination industrielle, parce que dans le cas de Feskarn, on peut dire que les samples jouent un rôle prépondérant. Limite central, je dirais d’ailleurs que le metal ici est plus en accompagnement des samples, donc ce ne serait pas volé de dire que la musique est un mélange de metal folklorique et de metal industriel. Cela n’enlève cependant en rien que le metal est très épique, avec des rapidités en tempo et des parties guitares plus d’allure rythmique qu’autre chose. J’adore particulièrement d’ailleurs la rapidité des morceaux, on sent que le mec est fort balèze en vitesse et en justesse. Cela me permet d’ailleurs de préciser, pour les plus sceptiques d’entre vous, que Feskarn fait tout. Absolument tout. Les guitares, la basse, la batterie, les chants et la guimbarde. Donc à ce titre-là, et au vu du résultat de son boulot, on peut facilement dire qu’il assure! Franchement, c’est un très bon album, j’ai adoré les différentes écoutes et certains morceaux restent bien en tête. Non puis l’idée de mettre de la musique électro, je me répète mais c’est une magnifique trouvaille! Ci-joint mon morceau préféré :
D’ailleurs, les compositions ne se limitent pas qu’à des samples électro. Il y a aussi des instrumentations folkloriques, avec des percussions, des chants diphoniques et scaldiques pour lesquels je m’épancherai plus tard, la fameuse guimbarde qui est d’ailleurs le seul instrument folk pur énoncé dans la biographie de Feskarn, quelques captations sonores environnementaux. Bref, cet album est très riche, nous abreuve de beaucoup de recherches et d’expérimentations, et à ce titre c’est un CD qui vaut vraiment le coup. Je suis totalement pour les essais dans la musique, quand c’est fait avec beaucoup de justesse comme ici, cela donne un résultat incroyablement riche. Il y a juste un petit truc qui parfois m’a titillé : je trouve que Feskarn joue un peu trop la carte du folklorique. A utiliser énormément d’instruments, on se perd parfois dans le surplus. Exemple : il y a tantôt du violon, du piano, des percussions aussi diverses que variées, des nappes orchestrales, etc. A la rigueur, j’aurais sur certains morceaux seulement, et une minorité heureusement, préféré une cohérence dans le choix des instruments. Un coup, on se croirait dans un univers fantastique, un coup dans une guerre sanglante, un coup dans un rêve de sorcellerie, bref. C’est parfois quand-même un poil trop riche pour moi.
Les chants d’ailleurs suivent un peu cette logique. Je balaie tout de suite des doutes : j’ai adoré les chants. Surtout les diphoniques, et les déclamations scaldiques. Fortement bien exécutés, ils ont eu le mérite de planter le décor bien typique d’un metal folklorique, voir néofolk. Les chants gutturaux m’ont parfois un peu surpris et fait grincer des dents parce qu’autant certains comme le grunt grave ou le scream high sont très bons, autant certains essais de voix bizarres, d’allure de borborygmes, sont un peu plus contestables. Parfois même, Feskarn s’amuse à faire des voix comme si c’était des créatures genre trolls, gobelins, grenouilles humanoïdes, troglodytes, ou je ne sais quel autre monstre (Gollum? Stitch?), et si c’est assez drôle, n’oublions pas que la musique dans ce cas précis n’est pas non plus un gros délire à la Naheulband! Alors, j’avoue des fois que si je reste sérieux dans mon analyse, je suis un tout petit peu soulé. Mais après, quand on lâche des barrières, on s’éclate à mort! Et sincèrement les chants sont majoritairement énormes. J’adore!
Bon, une courte phrase sur l’univers mythologique de Feskarn qui surfe un peu beaucoup trop souvent sur les clichés redoutés, mais bon… On ne peut pas avoir juste partout hein.
Allez Quantum, dis-le! Dis-le que tu as adoré ce troisième album! N’aie pas peur! **Raclement de gorge, un Mucomyst** Oui ok, j’avoue. J’ai vraiment bien aimé cet album. Il est très épique et entrainant, le metal est un incroyable mélange d’industriel et de folklorique, très original malgré les clichés idiots sur la pochette et le sujet des morceaux. En vérité, c’est plus fort que cela : j’ai tellement pris mon pied sur ce Ravens Way que j’ai totalement oublié le marathon dans lequel je m’étais engagé pour boucler mes sorties du jour. Cet album est un vrai défouloir, un vrai concentré de poésie et d’esprit tantôt festif, tantôt spirituel, tantôt encore guerrier. Je suis presque prêt à accepter l’étiquette de viking metal, mais… Non. Pas encore! Juste pour que Feskarn me comble encore d’un album aussi énorme que celui-ci pour la prochaine fois. Sincèrement, allez découvrir cet album, il est extraordinaire et d’une incroyable richesse et a réussi à totalement me réconcilier avec ce metal folklorique avec lequel j’étais un peu fâché. Quand on sait que le mec gère sa baraque tout seul, c’est tout de même très impressionnant. Chapeau bas!
Tracklist :
1. Ravens Way
2. Broken World
3. Sigur
4. Vägen framåt
5. Parasite
6. War
7. Relics from the Past
8. Livets tid
9. Golden Age
10. Strong from Nature
11. Destroyed
12. Yggdrasil
13. The Frost of the Fallen
14. Ein Bier
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