Line-up sur cet Album
- Igor Lystopad : guitare
- Sad : guitare
- Ruslan Drozd : basse, chant
- Eduard Litvyakov : batterie
- Michele Borniotto : chant
Style:
Brutal Death MetalDate de sortie:
20 décembre 2022Label:
Xtreem MusicNote du SoilChroniqueur (Quantum) : 9/10
« Ne pas sentir la putréfaction du monde moderne est un signe de contamination. » Nicolás Gómez Dávila
Il est rare que je fasse la chronique d’un groupe de Death Metal. Non pas que le genre ne m’intéresse pas en tant que tel, au contraire! J’aime beaucoup de groupes de Death Metal, mais ils sont le plus souvent associés à un autre genre. J’ai par exemple un réel intérêt pour le Doom Death Metal, ou le Blackened Death Metal, en passant par le Death Metal Symphonique. Après, il y a pas mal de groupes de Death Metal que j’aime, comme par exemple Eternal Rot ou Venomous Skeleton, mais le plus souvent j’adhère à l’association avec un autre genre pour la simple et bonne raison que le Death Metal tend à sublimer n’importe quel autre genre. Par sa lourdeur naturelle et sa brutalité, ce style m’apparaît comme étant difficilement chroniquable et analysable dans le sens où hormis la violence déchainée, et la lourdeur dûment citée plus haut, rien ne me semble se dégager pour une analyse concrète. Alors qu’avec un autre genre, on sent que le champ de l’analyse est possible. Après, c’est le jeu de s’intéresser à un genre qui brille plus par son côté old school et sans concession, que par son extrême évolution. Mais j’aime bien ce style! Je suis donc curieux de me frotter au jeu de l’analyse, histoire de voir si ma conviction est vérifiable ou non, ou si je fais fausse route. C’est en cela que j’admire dans la team les chroniqueurs qui arrivent à faire le Death Metal en chronique, on a donc El Professor Inoxidable (à l’espagnol), El Maestro Metalfreako et notre regretté El Brevedad Arno qui s’en est allé vers d’autres cieux. Mais en tout cas, je n’ai pas non plus choisi le groupe Fleshgore et l’album Carnival in Flesh par hasard! Une bonne, très bonne, très très bonne amie d’un autre pays me l’a conseillé alors qu’elle avait vu le groupe en concert dans sa capitale magnifique. Alors, cette chronique, au-delà de la curiosité, c’est une sorte d’hommage que je fais. A défaut de plus. Vous me direz, quoi de plus anti-romantique qu’un album de Death Metal bien épais?
C’est comme tenter de séduire une femme en lui faisant un massage au saindoux! Qui sait, peut-être que Mémé Migou aimerait… Oui je sais, je m’égare. Passons. Fleshgore est un groupe qui nous vient d’Ukraine, de la capitale meurtrie de Kiev. Autant vous dire que de savoir qu’ils ont assuré récemment un concert, qui plus est dans un pays lointain du leur, me soulage quelque peu, même si au départ je n’ai aucune accointance particulière avec eux, hormis donc la guerre en Ukraine qui fait rage et qu’on ne présente plus. Toujours est-il que le quintet existe quand-même depuis 2000, et a sorti pas moins de six albums en comptant ce fameux Carnival in Flesh. Précéderont également trois EPs et trois démos, tous sortis entre chaque album, ce qui montre une forme particulière de régularité dans les sorties. A noter que le label Xtreem Music qui a sorti pratiquement tous les albums, reste fidèle au groupe ukrainien, ce qui démontre une forme de régularité justement, sinon de qualité. Parler de qualité en parlant de Death Metal, voilà un curieux concept… Non je déconne! En tout cas, loin de me laisser perplexe, je dirais que ce parcours qui est à la fois long et qui a connu tout de même de gros changements de line up ne me rebute pas du tout. Je sais que plus un groupe connait une existence longue, plus le risque de chamboulement existe. Et il existe sur cinq membres, deux qui sont les fondateurs du projet! Allez, assez de palabres! On fonce!
J’ai remarqué un truc chez Fleshgore en poussant mes investigations. C’est que les pochettes ont toujours été très jolies! Esthétiquement parlant, parce que dans les détails et le contenu, on n’est loin d’une sinécure. Mais sur le style en lui-même, les images sont toujours très belles et très qualitatives. Et cette dernière qui illustre à merveille Carnival in Flesh ne déroge pas à la règle que s’est imposée le groupe. Alors, sans surprise, le contenu est volontairement gore, provocateur et un brin branché sur la science-fiction. C’est souvent lié d’ailleurs. Vous avez des cadavres sans tête qui semblent porter aux nues une sphère faite de corps humanoïdes en putréfaction, le tout formant donc cet espèce de sphère, le tout sur un décor très planétaire au final. En fait, je ne sais pas s’il faut rechercher un sens profond à cet artwork superbe, mais au moins on retrouve les thématiques qui sont légion dans le genre de musique précédemment nommé. Le gore, la science-fiction, et une bonne dose de macabre. En tout cas, je trouve aussi que les couleurs sont clinquantes au possible ce qui contraste un peu plus avec ce que j’ai déjà vu ailleurs. Dans ce style de pochette je retrouve du Abysmal Dawn par exemple. En tout cas, la pochette ne manque pas d’intérêt. De sens, honnêtement je ne saurais dire. Mais au moins est-elle bien belle et bien attrape-l’oeil!
Après, quand je parlais de Death Metal, je vous expliquais que j’avais une tendance naturelle à aller vers la sophistication et la modernité du style. Fleshgore ne va pas du tout, mais alors, pas du tout dans ce sens! Le Death Metal proposé n’offre aucun compromis, c’est de la bagarre à l’état pur! Une musique brutale et sale, très grasse, avec une vitesse de tempo assez inégale, allant d’un mid tempo rapide et sans concession à quelques passages plus lents, plus oppressants. Mais globalement, la musique de ce Carnival in Flesh est d’une brutalité sans nom. Je note toutefois que quelques soli sont bien placés, avec là encore une vitesse assez impressionnante, suffisamment en tout cas pour me faire plaisir totalement. J’aime bien parce que la musique est très variable dans les riffs, et malgré l’absence pathologique de moments de transition, les morceaux s’apparentant plus à des enchainements de riffs plus qu’autre chose, la musique demeure harmonieuse et si j’ose dire, agréable! La dimension principale de ce Death Metal là est qu’il est résolument brutal. Brutal dans le sens où le but du jeu est de désosser le plus de cous possible, comme si nous n’étions que de vulgaires poulets auxquels on arrachait la tête en la tordant de toutes les forces de bras musclés anonymes. Fleshgore joue la carte subtile du Brutal Death Metal avec un chant qui est là encore d’une vitesse assez impressionnante, et qui s’amuse à aller vers du pig squeal. Voilà! En première écoute, cela reste ce que je recherche quand j’écoute du Death Metal. De la brutalité, encore de la brutalité, toujours de la brutalité. Et pour la fioriture, on repassera, ou on ira voir ailleurs. Carnival in Flesh est un album qui plaire à tous les coups aux amateurs du style old school, ou dans sa forme la plus brutale justement. Pour ma part, j’ai vraiment bien aimé! Cela change de mes éternels tempos doom metal. Mon cou et mes trapèzes avaient oublié cette sensation, gare aux courbatures demain!
Quand on évoque ce style, on pense tout de suite à quelle production on va s’attendre. D’ailleurs, je me suis toujours demandé quelle production siérait véritablement à ce genre qui finalement, est un peu caméléon pour cela. Fleshgore, par son aspect brutal, joue la carte de ce que l’on pourrait trouver dans le Grindcore par exemple, avec une lourdeur excessive mais aussi un son de guitares assez spécial que mon manque d’expérience dans ce registre ne me permet pas de nommer pleinement. La batterie est aussi un peu plus dans cette lignée que l’on entend dans le Grindcore avec un son de caisse claire facilement reconnaissable je trouve. Après, le son est tout de même plutôt propre, pas sale pour un sou. On entend bien chaque instrument, je pense que l’on pourrait probablement reprocher de ne pas entendre assez les parties lead ou soli, qui sont noyés dans le marasme sonore, et le chant parfois aussi est un brin étouffé. Mais cela reste facilement audible et appréciable en l’état. En fait, quand je prends un peu de recul, je me dis que quelque part la production est anecdotique dans ce domaine. Parce que la vitesse d’exécution de la musique, le manque criard de concept clair et surtout l’objectif de taper dans le plus brutal possible fait que finalement, même enregistrer avec un mp3, on kifferait ce genre de musique. Mais je peux me tromper! C’est vrai que les groupes de ce style que j’ai écoutés, poncés et rabotés comme les cors aux pieds au boulot, je me suis toujours contrefiché de la qualité sonore. Pourvu que cela fasse mal. Et Carnival in Flesh fait très très mal!
En l’état, je vais passer tout de suite au chant car je pense que chercher un concept dans ce fracas terrible de corps en putréfaction relèverait de la vanité la plus totale! Et c’est cela qui est jouissif finalement. Alors le chant! Sans suspense, la technique vocale demeure du grunt grave bien grassouillet, avec en plus un débit de paroles qui m’a franchement impressionné. Je ne dis pas cela pour le kiff! Mais j’ai sincèrement été soufflé par le débit de paroles du gars qui parvient, bien entendu avec un effort moindre d’articulation, à suivre le tempo imposé par la musique qui n’est pas des plus lents, loin s’en faut! Et même si je suis très attaché à l’articulation, j’admets que dans le cas de Fleshgore, la capacité à suivre le rythme avec brio a complètement a occulté mon côté rigide là-dessus. Et j’ai également apprécié entendre quelques relents de pig squeal bien rigolos! Cela rajoute un côté décalé à la musique. Mon amie les a vus en concert, je me demande bien s’ils assurent autant en chant et en pig squeal comme sur album! En tout cas sur le chant, rien à redire! Très bon!
Pour conclure cette chronique, Fleshgore, groupe ukrainien, propose un sixième album nommé Carnival in Flesh qui n’a rien à envier à notre bon vieux Mardi Gras! Car de gras, il n’en manque pas ce CD, avec un bon gros Death Metal bien épais et brutal, qu’on saucerait volontiers avec le cadavre de nos ennemis. Fleshgore ne cherche pas à faire dans la dentelle ni dans la fioriture, la musique qui est proposée n’est qu’une énorme déflagration en plusieurs étapes, pour aller jusqu’à l’annihilation de nos esgourdes, de nos cervicales et si possible, la liquéfaction de nos chairs damnées. En fait, on a beau dire, mais quand on décroche quelques minutes de notre psychorigidité analytique, un album comme celui-ci, qui se rapproche plus du saindoux qui a macéré en été sous le soleil que de l’affinage d’un Comté, ne peut que nous satisfaire. Alors, vous qui êtes affranchis de la contrainte de chronique, foncez! Au pire, vous allez vous prendre un mur, au mieux vous allez vous envoler sous l’onde de choc! Fleshgore, je dis oui!
Tracklist :
1. Distorted Lights (05:39)
2. Carnival of Flesh (03:12)
3. Inhuman Existence (03:22)
4. Buried Truth (04:58)
5. Modern Arts of Slavery (03:25)
6. Hive of Insanity (04:44)
7. Invisible Reality (03:39)
8. Frail Utopia (02:53)
9. War is an Amusement (03:11)
10. Ad Astra (03:34)
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