Note du Soilchroniqueur (Erikillmister) : 8/10

Formé en 2014 par Julien Soler et David Mazeline sur les cendres encore fumantes de Last Barons, Fogwax, combo originaire de basse Normandie (St Lô) vient nous proposer son premier album répondant au doux vocable de « swiming with sharks ».

Les comparses de Julien Soler revisitent avec talent tout au long des 9 titres qui composent cet opus les principes de base du stoner, sans pour autant plagier les maitres du genre. En effet, on se rend vite compte que les musiciens ont su avec beaucoup de brio disséminer ça et là toute une palette d’influences allant du blues bien graisseux (« Man of the Year ») au grunge dépenaillé et malsain du début des 90’s (« Fight Women », « Despotic Anxiety » avec en prime un sax et un accordéon délicieusement décalés), en passant par l’instrumental suranné (« Blood Eagle ») et sa cohorte d’arpèges enjôleurs… On pourrait également évoquer une lointaine filiation avec le Queen of the Stone Age des début , « Big black Nowhere » se situant, à mon avis, dans la droite lignée de ce que la folle équipe du sieur Josh Homme savait si bien faire avant de se diluer dans les projets solo des uns et des autres… Si un titre devait résumer à lui seul le melting pot que constitue la musique de Fogwax, je citerais sans aucune hésitation « Spider will have his Revenge against the Town » avec son côté alambiqué et tortueux. J’évoquais le grunge plus haut, on en retrouve les rémanences également sur « ocelot » et un chant fortement inspiré d’Eddy Vedder. J’aime également beaucoup « ice cold man », son riff rouillé et poussiéreux, entêtant à souhait, dans la droite lignée des Bad Seeds de Nick Cave si il fallait donner matière à comparer. J’ai gardé volontairement pour la fin le titre le plus stoner du lot, « Face the Sun » mon favori, qui devrait sans nul doute faire un carton en live.

Nous avons affaire ici à un groupe intelligent, qui a su parfaitement assimiler ses diverses influences afin de mélanger le tout et proposer à nos oreilles un savant dosage de ces divers courants qui suintent dans ce très bon « Swiming with Sharks ». Une excellente surprise en ce qui me concerne. Enfin un groupe, français de surcroit, qui ose prendre des risques en sortant un peu des sentiers battus sans pour autant dénaturer le genre… Bravo, et merci !