Note du SoilChroniqueur (Quantum) : 8/10

“L’âme humaine est comme un gouffre qui attire Dieu, et Dieu s’y jette.” Julien Green

Pris par la fatigue, je n’ai pas le temps d’une introduction, et je m’en excuse. Passons de suite aux choses sérieuses avec Funeral Chasm et leur premier album Omniversal Existence !

Funeral Chasm est un groupe qui nous vient directement du Danemark, sans plus de détails mais cette petite touche de précision n’est pas si importante en fait. Il faut savoir qu’il s’agit d’une formation très jeune, qui date de l’an dernier, soit 2020, et qu’il s’agit d’un duo de musiciens. Affichant une belle quarantaine au compteur, les deux créateurs de ce nouveau groupe ne sont pas des enfants de chœur. Chacun a à son actif entre un et six groupes depuis leurs débuts, et partagent aussi la musique dans un autre groupe depuis 1997 : Above Ravens, qui produit du black metal pagan tout en autoproduction. Pour la partie discographique, Funeral Chasm sort son premier album cette année, après avoir produit un EP et deux singles. Cet album est étonnamment annoncé comme autoproduit, alors qu’il sort chez le label Asthetic Death. Mais bon! Cette incertitude polymorphe ne fait que renforcer l’attrait que je porte à ce groupe depuis le début et pour lequel je considère ce premier album comme une forme d’aboutissement méritée tant il est un groupe prometteur. J’ai d’ailleurs été un peu surpris de la mauvaise réception du premier EP. Allons-y!

Voyons l’artwork pour commencer. Sur le plus simple des constats, à savoir sur la forme, il est exceptionnellement beau! Ce côté très brillant et ces couleurs entre le violet et le rose, j’ai beau ne pas avoir une sensibilité quelconque pour cette vivacité visuelle, je trouve que l’effet est sublime. Il y a un côté maritime qui est d’ailleurs renforcé par les petites méduses blanches qui semblent monter tout doucement mais sûrement vers la surface. J’ai un peu plus de mal à identifier la chose qui trône au milieu de la pochette et qui amène justement cette extrême luminosité, si c’est une créature particulière, un truc un peu cellulaire ou juste une paréidolie volontaire. Mais en tout cas, je trouve que cet artwork fait d’une pierre deux coups : d’une part en plantant le décor en rapport avec le titre de l’album Omniversal Existence, et d’autre part en jouant la carte inédite, ou du moins très rare, de mettre en lumière dans le sens propre du terme l’album. Il y a aussi l’idée de l’existence dans sa forme primaire avec les méduses qui font partie des animaux les plus anciens sur la Terre, et cette créature qui pourrait être une sorte de représentation cellulaire primale. Bon! Vous l’aurez compris je pense, j’ai adoré l’artwork, il est splendide et mériterait une médaille si les JO de la musique existaient. Très bon choix!

Funeral Chasm, comme son nom l’indique, officie officiellement sur le papier dans un registre funeral doom metal. Honnêtement, j’ai du mal à le trouver ce registre sur la première écoute. Le funeral doom metal répond tout de même à une certaine codification précise et pointilleuse. Il faut une sorte de doom death metal extrêmement lourd, mais qui en plus de cela tombe sur des tempos hyper lents, du genre quasiment impossible à supporter pour le commun des mortels. Il y a en plus de cela un chant sur un style grunt grave très caverneux et gras, répondant à un besoin death metal très prépondérant. Alors, vous me direz : pourquoi je doute de l’appellation? Tout bêtement parce qu’il y a du chant clair en majorité sur les pistes, ou fifty-fifty dirons-nous, que la musique n’est pas si lente que cela, enfin pour du funeral. Et surtout que la lourdeur n’est manifestement pas death metal. Moralité : la musique de Funeral Chasm joue dans la cour du doom metal avec quelques passages un peu plus funèbres. Mais passé cet effet de surprise, la musique d’Omniversal Existence est vraiment pas mal! Innovante, oscillante entre des passages doom metal assez classiques et des moments plus expérimentaux, avec quelques ajouts aux claviers qui me paraissent importants mais pas assez utilisés pour pleinement avoir une place. Une musique déroutante à bien des points de vues, qui ne laisse pas indifférent.

La production joue un rôle capital dans la décision concernant ce premier album! Tout simplement parce qu’il faut trouver la synergie nécessaire pour équilibrer les débats, et je suis bien en peine de trouver un quelconque défaut à ce son. Si ce n’est d’être trompeur quand on reste campé sur la position du funeral doom metal. Mais après, on découvre bien vite un son très propre au doom metal tout court, avec comme je disais ces claviers qui apportent une belle touche atmosphérique et entrainante. Puis les guitares prennent le relais et amènent ainsi cette belle énergie lente, avec des mélodies somptueuses, à la limite du mal-être profond. Cette production est vraiment la grande force d’Omniverse Existence, Funeral Chasm joue un rôle bien funeste sans tomber dans l’extrême extrême. Intelligente et racée, que demander de plus?

Je n’ai pas vraiment eu le temps de creuser davantage aussi vais-je directement passer au chant que j’ai trouvé là encore fortement intéressant mais trompeur. Trompeur parce que le grunt grave est tellement profond que je me suis vraiment demandé s’il n’y avait pas confusion dans le style, et j’ai pour le coup trouvé que la solution était dans la question : les parties claires étant plus hautes dans le mixage, c’est bien le doom metal qui domine les débats. Après, c’est une belle initiative de mélanger le chant saturé et le clair puisqu’en plus de cela, le gars maitrise les deux registres d’une très belle manière. La technicité est là et bien prenante! Donc un chant trompeur certes, mais vraisemblablement innovateur et très beau!

C’est le moment de conclure! Funeral Chasm est un groupe que je suivais avant, je ne m’en suis pas caché et quelque part j’attendais cet album nommé Omniversal Existence. Par son concept et sa production, l’album surfe entre deux genres assez familiers que sont le funeral doom metal et le doom metal simple, et comme je n’ai pas envie de contredire nos deux amis danois, je mettrai les deux genres. Pour le reste, c’est une musique très bien construite, dotée d’un son caractéristique, mais l’ensemble peut paraître trompeur. Il est bon de rappeler que se mettre d’accord sur le style de metal proposé fait de bons amis, et j’ai été pour ma part un peu perdu par moment. Mais sincèrement, c’est un détail d’analyste du dimanche soir (si tant est que cette chronique est faite un vendredi), et il ne faudrait pas étouffer ce premier album qui révèle bien des surprises et des secrets. Comme l’a si bien dit Chris Metalfreak dans une de ces chroniques, j’aime le doom metal, surtout quand il est comme ça : innovant, expérimentant et surtout, talentueux. Bonne pioche que ce Funeral Chasm, je l’attendais d’autant plus!

Tracklist :

1. Embellishment of Inception 08:26
2. The Truth That Never Was 06:29
3. Mesmerising Clarity 06:37
4. Extracting the Flesh from the Gods 06:29
5. Sunrise Vertigo 06:51

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