Funeral – Praesentialis in Aeternum

Le 9 mars 2022 posté par Metalfreak

Line-up sur cet Album


  • Anders Eek : batterie
  • Erlend E. Nybø : guitare
  • Rune Gandrud : basse
  • Sindre Nedland : chant
  • André Aaslie : claviers, orchestrations
  • Magnus Olav Tveiten : guitare

Style:

Doom Metal Gothique

Date de sortie:

10 décembre 2021

Label:

Season of Mist

Note du SoilChroniqueur (Quantum) : 6/10

C’est dans l’éternité que, dès à présent, il faut vivre. Et c’est dès à présent qu’il faut vivre dans l’éternité. Qu’importe la vie éternelle, sans la conscience à chaque instant de cette durée.” André Gide

Funeral est un nom qui est porté par dix-sept groupes de metal dans le monde, inutile de dire que se tromper serait aisé dans ce mot que tout le monde connait et qui s’avère être simple comme bonjour. Celui qui nous intéresse ce soir, c’est un Funeral qui vient de Norvège. Une fois n’est pas coutume, ce pays scandinave livre un nouveau groupe de metal extrême à découvrir. Mais attention! Je viens de m’apercevoir que l’on a à faire avec un groupe assez ancien quand-même! La première année d’existence remonte à 1991 et s’est poursuivi jusqu’en 2003, avant de revenir aux affaires depuis 2004. 1991 les mecs ! J’avais un an ! D’ailleurs, le seul rescapé sur le line up de ces années lointaines est le batteur Anders Eek qui a quarante-sept ans, et qui a donc monté son groupe à dix-sept ans ! Nom de Zeus quoi, on pourrait considérer cet homme comme un musicien, un vrai ! En fin de compte, je m’extasie sûrement sur des clopinettes, mais je trouvais cette ancienneté remarquable. En tout cas, j’ai été un peu déçu par la discographie officielle du groupe. « Seulement » six albums durant toutes ces années, c’est vraiment maigre… Il y a d’ailleurs neuf années d’écart entre l’avant-dernier et celui qui se nomme Praesentialis in Aeternum. Il y a aussi cinq démos et deux compilations. Cela fait donc un quota de treize sorties en trente ans, voire plus ; je le répète : c’est maigre. Je m’attendais à bien plus, et même si ce dernier album sort chez Season of Mist, cela me questionne pas mal sur un point sur lequel je reviens souvent quand je constate des discographies aussi minces et des écarts aussi grands entre deux sorties : la motivation. On va voir, on va voir.

La pochette est selon moi un peu révélatrice de ce que je pensais au début, cette question autour de la motivation est essentielle dans une chronique. Loin de moi l’idée de dire qu’elle est moche, du tout ! Sur un style purement pictural, elle est même plutôt jolie. J’aime ses couleurs dans des nuances de gris, les sapins sont majestueux en étant aussi hauts (je ne sais pas si c’est possible dans la vraie vie, mais pourquoi pas) et ce décor brumeux en bas des arbres laisse planer un sentiment de mystère, tout aussi mortuaire qu’insondable d’une certaine manière. Je le redis, sur la forme je n’ai rien à redire, c’est bien réussi. Mais sur le fond, je pense qu’il y aurait eu largement moyen de choisir plus métaphorique, plus original que cette énième représentation d’une forêt en hiver, avec des conifères et des ambiances brumeuses. Le titre signifie « Présent à tout jamais », j’ai donc un peu de mal à trouver une concordance sensée avec le titre et l’artwork. Rien n’est réellement éternel et encore moins une forêt. Mais bon, je pense sincèrement que cela confirme à moitié ce que je pensais au départ : il n’y a pas eu vraiment de motivation mise dans la recherche de cet artwork. On a dû se dire un truc du genre « ouais on va prendre des sapins, du brouillard, et hop ! Cela fait bien metal, surtout par chez nous ! » Je suis peut-être dur, je m’en rends compte, mais pour un album sorti neuf ans après le précédent, censé être la continuité d’une reprise d’activités de 2004, et qui plus est un album sorti dans un label aussi important, je m’attendais vraiment à mieux. C’est dommage de ne pas creuser plus, de se contenter de ce qui marche parce que Funeral avait de quoi nous en mettre plein la vue.

Musicalement parlant, on est sur une sorte de doom metal à forts accents gothiques, même si en général dans la construction de ce genre l’un va rarement sans l’autre. Après c’est tellement sujet à controverses que je ne sais pas réellement si j’ai le droit ou l’expérience pour l’affirmer. On va partir du principe que oui. Ce qui me fait penser à cette dimension gothique, cela tient à peu de choses en vérité : les incorporations des claviers à la fois orchestrales et teintées, par courts instants, de sons synthwave et des ambiances très aériennes sur ce doom metal lent et pesant. Je note d’ailleurs quelques résidus de ce qui était au début de leur carrière leur étiquette musicale (qui m’aurait d’ailleurs plu davantage) de funeral doom metal, avec un son qui demeure un peu lourd (pas autant qu’au début bien entendu), des accords de guitares d’une lenteur extrême et une batterie jamais au diapason en matière d’agitation, plus centrée sur des marquages rythmiques. Vous avez remarqué que j’ai entamé un début d’analyse, tout simplement parce que la première écoute m’a laissé relativement stoïque. Je ne pense pas que l’album [b]Praesentialis in Aeternum[/b] soit mauvais, mais je n’ai pas adhéré plus que cela à la musique. Encore ai-je reconnu quelques élans de plaisir sur des passages, avec quelques riffs intéressants, mais je n’ai pas trouvé l’ensemble original en fait. Vendu comme du gothique, je me retrouve avec des ambiances orchestrales assez simples, manquant de grandiloquence et neutres dans ce qu’elles sont sensées apporter à la musique de Funeral. Il n’y a guère que quelques soli ou passages mélodiques aux guitares qui m’ont vraiment plu ! Le reste, ce n’est ni plus ni moins qu’un doom metal sans personnalité. Voilà…

Bon ! La production est bonne cela ne fait aucun doute, encore que je sois plus habitué à un son lourd, très doom death metal, donc il m’a fallu un peu de temps pour apprivoiser ce son très brut de pomme. Funeral nous livre une sorte d’entre-deux intéressant, avec une légère lourdeur dans les guitares et la basse, mais pas trop, de telle sorte qu’on ne tombe pas dans une sorte de redondance sonore. Après, j’aime bien quand il y a de la lourdeur, je suis donc étonné de constater que les orchestrations ont eu leur mot à dire dans cet ensemble instrumental assez simple dans son mixage. Elles auraient tout de même mérité un peu plus de mise en avant, je les trouve un poil trop en retrait. Quand on se targue de faire dans le metal gothique, il faut assumer d’avoir des ambiances en plus des instruments classiquement metal. Le chant reste un peu trop en avant quant à lui, mais au vu de l’imagerie dans les photographies de promotion très catholiques, je pense qu’il y a une volonté de faire liturgique que cela ne m’étonnerait pas. Dans tous les cas, même si je n’ai pas accroché, je reste en capacité de dire que la production est bonne, qu’il y a du boulot accompli en studio et que même si vous avez les esgourdes habituées à de la lourdeur bien grassouillette, au moins vous trouveriez-vous aux prises avec des sonorités plus convenues. Ce qui change !

Maintenant, dans l’esprit de Praesentialis in Aeternum, je suis bien en peine de dégager quelque chose de franchement vendeur. Je trouve la démarche d’écrire des textes en suédois forcément superbe, et l’effort qui a été fait de faire cela en mode versification n’attache que davantage mon intérêt. Je les ai traduits espérant trouver une accroche supplémentaire, mais au final c’est très fade. Il n’y a pas énormément de concret dans cette démarche artistique, et je soupçonne Funeral d’avoir voulu faire dans l’esthétique au détriment du sens derrière, ce qui corrobore mon hypothèse sur l’artwork tout aussi fade. Je ne sais pas si c’est ma rigidité cachée qui veut cela mais concernant Funeral, j’ai du mal à me dire que cet album vaut le coup. Je pense que c’est une tentative de retour, certes bien accompagnée par un gros label, mais qui sonne creux. Ce doom metal gothique n’a pas grand-chose pour argumenter et défendre un semblant de bout de gras, si tant est qu’il ne reste finalement pas que les os dans cette histoire. C’est un bon album, plus proche de moyen que de bon d’ailleurs, mais je n’ai pas pu entrer dedans, voilà.

Pour le chant, c’est sûrement ce qui sauve un peu l’ensemble, même si encore une fois je ne le trouve pas extraordinaire. En termes de technique vocale, on est sur un chant clair très convenu, pas franchement talentueux non plus mais au moins, maigre consolation, il chante juste. Du reste, je ne suis pas convaincu que cette technique soit la bonne. En même temps je ne sais pas laquelle il faudrait. C’est bizarre comme sensation. Peut-être un peu plus d’éclectisme ? Un chant féminin très angélique, ou un growl medium ? Honnêtement, je ne sais pas. Mais je retiens une chose : aller jusqu’à trouver que le chant, au demeurant très insipide, sauve les apparences de Praesentialis in Aeternum relève plus d’un constat amer que d’un soubresaut d’espoir… Bon, quoiqu’il advienne en tout cas, le chant sur cet album reste très simple et sans aucune intention plus haute que l’autre. J’aurais aimé un peu plus d’énergie et de conviction pour ma part. Et travailler davantage la technique, ce serait pas de trop non plus.

Difficile en ce sens d’encenser quoique ce soit (allitération !) pour conclure cette nouvelle chronique. Funeral revient aux affaires avec un sixième album du nom de Praesentialis in Aeternum, qui de base sur le papier ne présentait pas grand intérêt et qui n’a fait que confirmer ce que je craignais. Que cette musique doom metal gothique ne soit que le reflet de ce qui se fait aujourd’hui, avec un désamour profond pour le sens que l’on pourrait rendre encore plus fort sans tomber dans le marasme de ces groupes qui tentent vainement de revenir avec de l’entrain, mais qui ne récoltent que du découragement. Une question demeure à la lueur de cet album insipide et moyen dans sa conception générale : pourquoi ? Et une fois n’est pas coutume, je vais m’auto-citer sur une phrase qui me semblait résumer l’affaire en avance de la conclusion. Voici : « Je pense que c’est une tentative de retour, certes bien accompagnée par un gros label, mais qui sonne creux. Ce doom metal gothique n’a pas grand-chose pour argumenter et défendre un semblant de bout de gras, si tant est qu’il ne reste finalement pas que les os dans cette histoire… » A voir si les choses s’arrangent par la suite, mais pour moi c’est non.

Tracklist :

1. Ånd 08:08
2. Materie 06:26
3. Erindring I – Hovmod 08:56
4. Erindring II – Fall 10:55
5. Oppvåkning 09:56
6. Dvelen 11:35

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